Je ne sais pas si j'ai réussi à comprendre ce livre mais il m'a donné des ailes! Les idées fusent à sa suite. Il me donne une furieuse envie d'écrire une fiction, de relire les classiques ou de poursuivre un
journal intime arrêté depuis longtemps!
Serait-ce à ces particularités qu'on reconnaît un grand livre? Sans doute pas mais toujours est-il que les citations y abondent, extraites des plus grands
oeuvres de toutes les époques et de tous les pays.
Voilà d'ailleurs le fond du problème: le narrateur, venu rejoindre Montano, son fils, libraire à Nantes, découvre qu'ils souffrent tous les deux du même mal de la littérature mais en sens contraire. Son fils, qui vient de publier un roman sur le cas énigmatique des écrivains qui renoncent à écrire, est à son tour paralysé par la page blanche. C'est le fameux Mal de Montano d'où le titre de l' ouvrage.
A l'inverse le père ne pense qu'à la littérature, ne vit qu'à travers elle et les écrivains qu'il connaît presque par coeur, se sent dépossédé de sa propre pensée par toutes les phrases et les références littéraires qu'il a engrangées durant toute sa vie et qui le parasitent. le fils souffre du vide, le père du trop plein!
Mais en réalité le mal est plus profond puisqu'il s'agit surtout du mal de la littérature elle-même qui se meurt de la mainmise commerciale et d'une production exagérée de romans qui la laisse exsangue. le remède serait le
journal personnel comme le fait l'auteur en ce moment même mais on apprend alors que ce
journal est une du
journal fictif il passe alors au dictionnaire de ses diaristes préférés et la liste est longue. Je retiens ceux que j'aime le mieux. fiction puisqu'il n'a pas de fils.
ide: le
journal de cet écrivain raconte l'histoire de quelqu'un qui a passé sa vie à essayer d'écrire un chef d'oeuvre et n'a pas réussi.
Witold Gonbrowicz: Il a évité de faire de son
journal une confession. Sa volonté a été celle de se créer au fur et à mesure. Dire au lecteur: « C'est ainsi que je voudrais être pour toi » et non «C'est ainsi que je suis.»
le grand thème du
journal intime du XXe siècle est la maladie.
Franz Kafka: Je ne crois pas qu'il y ait plus grand malade de littérature que kafka. Son
journal est terrifiant. Il craignait que la littérature ne l'aspire, comme un tourbillon, jusqu'à ce qu'il se perde dan ses contrées sans limites.
Katherine Mansfield: conteuse tchékhovienne et diariste angoissée. Tuberculeuse, la maladie fut le pivot de sa vie tourmentée et elle parlait de façon obsessionnelle de son mal dans son
journal, ce qui donne un rythme, une cadence, une régularité à son écriture.
William Somerset Maugham: Je partage avec Maugham la croyance que dans l'héroïque courage avec lequel l'homme affronte l'irrationalité du monde, il y a plus de beauté que dans la beauté de l'art.
Henri Michaux,
Cesare Pavese,
Fernando Pessoa,
Sergio Pitol,
Jules Renard,
Paul Valéry et son
Monsieur Teste.
Après quoi il écrit à son tour le
journal d'un homme trompé C'est précisément parce que la littérature nous permet de comprendre la vie qu'elle nous maintient en dehors d'elle.
Le Mal de Montano se termine dans un chalet de montagne suisse par la lecture du
Journal de voyage de
Montaigne en Italie par la Suisse et l'Allemagne. Il y retrouve le salut de l'esprit.
Un salut de l'esprit lié au salut de la littérature que je juge indispensable pour pouvoir attendre le jour où on trouvera la façon infaillible de disparaître de ce monde et de le faire définitivement.
Je sais bien ce que je fuis mais non pas ce que je cherche.
Montaigne.
Un livre difficile mais exaltant. Réservé probablement aux fous de littérature pure et dure.
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