Comment parler de ce petit livre sublime de 88 pages, "Le journal de Sarashina", femme japonaise née en 1008, issue d'une génération de ministres et de lettres, lettres dont les femmes japonaises et en particulier elle et sa mère en firent partie. Illustré abondamment de tanka, "poèmes courts", il rapporte des événements vécus par l'écrivaine de l'âge de treize à cinquante-deux ans. D'une valeur littéraire indiscutable, un témoignage précieux sur la vie quotidienne et la condition des femmes de la haute et moyenne aristocratie de l'époque.
Merveilleuse découverte, résultat d'une escapade en librairie lors de mon dernier passage à Paris. Mes amis babeliotes qui aiment les beaux textes et la poésie l'apprécieront énormément.
"Du rouge feuillage
le brocart au coeur des monts
est plus beau qu'ailleurs
comment les froides averses
ont-elles ainsi pu le teindre
murmuré-je fascinée."
Commenter  J’apprécie         892
Merci beaucoup, Idil, de m'avoir recommandé ce livre! Une parenthèse délicate qui fait du bien...
Ce texte japonais fait partie des nikki," notes journalières ", regroupant sept livres de l'époque de Héian, du 9ème au 12ème siècle , écrits, sauf un, par des femmes.
Sarashina est la descendante d'un ministre et vient d'une famille lettrée. Son journal , écrit depuis l'adolescence jusqu'à 52 ans présente à la fois des passages en prose et des poèmes, rythmant son quotidien et ses pensées. Il donne de précieuses indications sur la Cour de l'empereur.
J'ai évidemment surtout aimé les tankas, ces courts poèmes empreints de beauté nostalgique.
" Inconsolable
le pluvier de la plage
où donc pourrait-il
en ce monde inconsistant
désormais laisser sa trace"....
Ils sont de sa plume mais aussi de femmes de son entourage, qui lui envoient. Sarashina, très sensible à la nature, qu'elle observe intensément, écrit également de très beaux paragraphes en prose.
" Le mont Fuji est dans cette province. Comme sur cette montagne à l'aspect étrange, que l'on croirait peinte en vert-bleu, s'entasse une neige qui jamais ne fond, elle parait vêtue d'un surtout blanc sur une robe de couleur foncée."
Une belle découverte, tout en finesse et poésie...
Commenter  J’apprécie         318
Le fenouil des champs
au bord de l'eau combien de fois
l'aurai-je cueilli
sans qu'aucun de mes espoirs
jamais ne soit accompli