Le titre de « Juste parmi les nations » récompense toute personne qui, au péril de sa vie et sans contrepartie, à sauvé au moins un Juif au cours des années 1940. Il s'agit de la plus haute distinction civile décernée par l'État d'Israël, depuis 1963.
Les Justes français, qui étaient-ils ? D'où venaient-ils?
Rien ne semble réunir ces femmes et ces hommes si ce n'est leur générosité, leur grandeur d'âme.
Ces héros solitaires semblent tout de même souvent portés par des réseaux de solidarités religieuses ou humanitaires, par des lieux à forte identité comme le village de Chambon sur Lignon.
Les actes héroïques ne manquent pas : ils vont de la mise à l'abri d'enfants cachés à la fabrication de faux papiers, de l'hébergement dans des bourgs de montagne aux filières d'évasion…
L'autrice met un nom à ces anonymes. Elle dresse le portrait de quelques Justes et nous transmet un message d'humanité intense tout en nous rappelant qu'une autre France a existé face à celle de Vichy.
C'est le livre qu'il faut pour ne pas désespérer de la nature humaine. Pour se dire qu'il n'y a pas eu, en notre douce France,entre 39 et 45, que des victimes et des bourreaux, des résistants et des collabos.
Il y a eu aussi des citoyens, de simples hommes, qui sans prendre les armes, ont eu l'héroïsme tranquille de protéger, de cacher, de nourrir et de sauver leur prochain- sans souci de son origine ou de sa confession.
Un livre qui malheureusement pêche un peu par l'écriture mais l'important n'est sans doute pas là. C'est un très beau travail de mémoire, qui parfois m'a fait monter les larmes aux yeux.
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Ce livre m'a été offert dans le cadre d'une opération masse critique. Laurence Walbrou nous conte l'histoire de quelques Justes, ceux reconnus pour avoir, au péril de leur vie (certains n'en réchapperons pas), caché des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Je ferai une critique sur la forme et sur le fond.
Sur la forme, l'ouvrage est agréable à lire, écrit dans une langue riche et parfois poétique. Petit bémol, ces tournures poétiques font que l'on a un peu de peine à rentrer dans certaines des nouvelles, l'auteure prenant le temps de poser le contexte et le décor avec force détails.
Sur le fond ensuite, c'est clairement un livre qui donne mal au ventre. Peu de choses nous sont épargnées de la traque des Juifs, de leur parquement dans des camps mais aussi de leur extermination pure et simple. Mais on retient bien sûr également l'action de ces femmes et de ces hommes de toute confession qui, inlassablement, en ont sauvés autant que possible, arrachant aussi les enfants à leurs parents pour leur éviter une issue tragique. La question que l'on pourrait être amené à se poser après avoir reposé ce livre est : qu'aurais-je fait ? Et aussi : que ferai-je ?
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Les godillots cloutés du policier écrasent le visage de la femme jetée au sol, pauvre poupée désarticulée qui ne se protège plus des coups. L'homme rit de voir la jupe relevée dévoiler des jambes à la peau nue et hâlée. La femme se meurt, et le bourreau frappe cette tête comme un ballon, les longs cheveux défaits se poissent de poussière et de sang.
- Mais pourquoi ? Pourquoi, qu'est-ce qu'elle a fait ?
Moussa, incrédule, paralysé par l'horreur, s'interroge.
- Vous voyez bien, répond un homme en canotier. Ils sont en train de corriger une Juive !
L'humiliation et la défaite, elle les avait connues elle aussi , lorsque, toute fière du diplôme d'infirmière obtenu à Lille en mars 1940, elle avait dû quitter l'hôpital militaire de Montpellier où ils s'étaient réfugiés, le Maréchal décrétant qu'une Juive n'était plus digne de porter le bel uniforme dont elle était si fière.
Au Jugement on ne me demandera pas si j'ai respecté les préceptes ascétiques ni combien de prières j'ai faites, la tête baissée ou à genoux. Mais on me demandera si j'ai nourri celui qui avait faim, si j'ai vêtu celui qui allait nu, si j'ai rendu visite à celui qui était à l'hôpital ou en prison.