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sur 352 notes
Encore une bien jolie découverte chez Gallmeister, avec ce petit (par la taille, pas par le talent) roman de Larry Watson. Allez-y les yeux fermés : c'est une petite pépite. "Ce que j'entendis annonçait une telle rupture dans nos existences, un tel abîme séparant désormais ce que nous étions de ce que nous ne serions plus jamais, qu'il faudrait, semble-t-il, mesurer le temps à cette aune."

C'est l'été. David Hayden a douze ans. Et il n'oubliera jamais cet été. Un été où tout bascule, un été qui le fait soudainement grandir. "Si j'étais rentré dans la maison, si j'étais resté dans la cuisine, ou à l'inverse si j'étais parti dans la même direction qu'Oncle Frank, je n'aurais jamais entendu la conversation entre mon père et ma mère et j'aurais peut-être gardé toute ma vie des illusions sur ma famille en particulier et sur le genre humain en général."

Cet été-là, une femme amérindienne accuse l'oncle du garçon, l'un des notables les plus respectés du comté, de violences, une affaire qui embarrasse bien le père et shérif de la petite ville, amené à enquêter sur son frère très respecté. "C'est ainsi que la vérité m'apparut. Oncle Frank était le frère de mon père. Et mon père le connaissait aussi bien que n'importe quel autre homme ou femme. Et mon père savait qu'il était coupable."

A la hauteur des grands classiques de l'ouest américain, à l'instar d'un Norman Maclean à qui la structure du titre est empruntée (voir Montana 1919 où l'auteur mythique raconte l'été de ses 17 ans). Sobre, efficace, tout en retenue, émouvant et touchant, avec Montana 1948, Larry Watson s'inscrit clairement dans la lignée de ces auteurs du Montana - on parle improprement d'école - que sont Raymond Carver, James Lee Burke, Richard Ford ou Thomas Savage (voir mon billet sur le sublime Pouvoir du chien), souvent injustement réduits à du nature writing et des histoires de randonnée et de pêche à la mouche.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Montana, c'est… Comment vous dire ? C'est fort ! La sauce à l'air d'avoir un goût de déjà-lu, mais une fois en bouche, c'est âpre, piquant, corsé, rude, poignant… C'est pas pour les minets.

David Hayden est le narrateur, il a douze ans en cet été 1948. Direction le Nord-Est du trou du cul du Montana, en l'occurrence la petite ville de Bentrock. La famille Hayden sont des notables et cela a toute son importance.

Julian, le grand-père a été le shérif du comté avant de faire de son fils cadet, Wesley – père de David – être le calife à la place du calife.

Quant à Frank, le frère aîné, c'est un homme admiré de tous, à la fois pour son statut de héros de guerre et parce qu'il est docteur. Jusqu'au jour où le cadet apprend que son aîné n'est pas tout blanc…

Les secrets de famille dont tout le monde a connaissance mais dont personne ne veut être celui qui le déterre, c'est vieux comme le monde. Des tas d'auteurs l'ont traité, mais malgré tout, Larry Watson arrive à nous donner des sueurs froides tant le sentiment d'étouffement est grand durant la lecture.

Au travers le récit d'un homme qui se souviens de l'été de ses 12 ans, nous suivons tout ce qui découlera du fait que Wesley Hayden, shérif, enquêtera sur son frère, Franck, qui aurait eu les mains et la queue baladeuse avec les indiennes qu'il auscultait contre leur gré.

Oui, monsieur est médecin et il aimait jouer au docteur et mettre les doigts ailleurs que dans les oreilles. Ce sont, du moins, les accusations de Mary Little Soldier, l'indienne sioux et nurse de David.

Faut-il se taire ou dénoncer son frère ? Wesleyy aura-t-il le courage d'inculper son frère, le chouchou de papa ? Peut-on ruiner le vie de son frangin, héros de la guerre et respecté de tous ou laisser pisser le mérinos ? Après tout, ce ne sont que des indiennes…

En 1948, le racisme est loin d'être éradiqué et la société à l'air d'avoir encore des relents de far-west non civilisé. Les paysages sont arides, comme les gens qui vivent là-bas.

La douleur intérieure que vont ressentir certains personnages est latente, évoluant petit à petit. C'est un peu comme une rage de dent. Au début, ça dérange, mais on supporte quand même la douleur, pensant que ça va passer.

Mais ça ne passe pas et la douleur devient de plus en plus forte, elle pulse, l'abcès suinte, ça nous lance et même lorsqu'il est crevé, on souffre toujours.

Dans ce roman noir, même après avoir extrait la dent pourrie, la gencive saigne toujours et le trou ne cicatrise jamais.

Alors, jeune David, tu avais des illusions sur le monde des adultes ? Ben tiens, elles viennent de sombrer aussi profond que le Titanic, entrainant ton innocence en même temps.

D'ailleurs, comme tu le dis si bien, si ton père se dispute avec ton grand-père, tu n'iras plus chez eux et tu devras faire une croix sur ton poney… À 12 ans, on a des pensées très égoïstes.

160 pages, c'est court, mais qu'est-ce que c'était intense !!

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une grande virée dans le Montana. Très rafraichissante, très western. Affrontement de deux cultures. En témoin un jeune garçon de 12 ans David qui va assister au déchirement familiale.
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Le narrateur nous emporte dans le Montana, il se souvient d'une affaire de famille qui bouleversa son enfance. Une lutte fratricide va s'engager entre son père qui est shérif et son oncle médecin.
Ce roman est comme un western tragique mais aussi un drame social. le thème du racisme, le mépris des minorités est encore d'actualité. Il s'en dégage une tension incroyable, l'écriture est toute simple, d'une beauté limpide.
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Peut s'approcher de "l'Attrape coeur", une écriture fluide, simple et pénétrante, une capsule temporelle délectable...
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Ces auteurs Américains, quel talent !!! Je ne m'en lasse pas. Une famille unie, le père est Wesley Hayden,il incarne la loi avec sincérité, pas de passe-droit, la même justice pour tous. Au regard de ses parents, il y a toujours été relégué au second rang, son frère a un métier plus respectable, plus reconnu : il est médecin. Au sein du foyer de Wesley, une jeune indienne s'occupe de la maison et de David, un enfant d'une douzaine d'année. C'est lui qui va nous conter cette histoire. La jeune fille tombe malade, elle sera soignée contre son gré par l'oncle médecin mais elle fera de terribles révélations sur cet homme. Ces révélations vont faire éclater l'harmonie de toute cette famille, Wesley doit- il arrêter son frère ? Malgré les pressions, les tentatives d'évasion, il ne se parjurera pas, ces convictions sont trop fortes, qu'importe que les victimes soient des Indiennes, la loi est la loi ! Un très bon roman, on se laisse entraîner par cette histoire, par le regard de cet enfant qui avait tant d'admiration pour son oncle, qui assiste à la confrontation des différents membres de la famille, par les hésitations de son père face au choix dont il sait qu'il détruira tout. A lire absolument Nena
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L'est du Montana de Watson est une contrée bien éloignée des montagnes que l'on retrouve le plus souvent dans les récits de cet état, des plaines desséchées, sans fin, parcourues sans répit par les vents.
Montana 1948 est une histoire de famille et une histoire de justice, une histoire dans laquelle Larry Watson confronte famille et justice dans toute la complexité d'une situation aussi terrible que tragique. Un été qui voit toutes les tensions accumulées dans les générations précédentes de Hayden et dans une terre qui ne pardonne aucune vulnérabilité, atteindre leur paroxysme et défaire le tissus familial et local à travers deux frères.

La narration est fine, constituée d'épaisseurs variées et subtilement entrelacées, tissant douceur et rudesse au fil d'odeurs, de couleurs et de sons, au fil du vent du pays.
1948. Et pourtant, un film se superpose presque inconsciemment au regard que David Hayden pose sur Bentrock, Montana, lui donnant aspects et rythmes des "Frontier Towns" du siècle précédent.

Un récit extraordinaire par la contradiction irréconciliable de son contenu et des impressions qu'il génère au fur et à mesure de la lecture. Tantôt naïf et presque anodin, tantôt déchirant et complexe.
Quel meilleur point de vue que le regard d'un enfant sur le point de grandir trop vite, aiguisé de touches rétrospectives de l'adulte qu'il est devenu.
Tant de richesses dans un si petit livre !
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Ce petit livre est un veritable bijou ! J'ai été captivée par cette histoire racontée à travers les souvenirs d'un jeune garçon de 12 ans . Entre un père sherif et un oncle medecin, David va quitter progressivement l'enfance et découvrir le monde quelquefois cruel des adultes . Dans une Amérique d'après guerre, -nous sommes en 1948-, mais aussi dans un état reculé et très rural, cette histoire se lit d'une traite
On se laisse transporter par cette narration et ce style tres fluide.
C'est le premier livre que je lis de Larry Watson, mais surement pas le dernier !!
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Bentrock, dans le Montana, l'été 1948. Cette ville est le chef-lieu de Mercer County, le fief de la famille Hayden. David Hayden, douze ans, y vit avec ses parents. le père est le shérif du comté, comme son propre père l'était avant lui. Au cours de cet été, Marie, une indienne travaillant comme aide au domicile des Hayden, accuse Frank Hayden, l'oncle de David, d'agression sexuelle. le père de David va ainsi devoir enquêter sur les accusations proférées à l'encontre de son frère aîné…

L'écriture de ce roman assez court est fine et précise, d'une grande sensibilité, probablement car elle traduit le point de vue d'un enfant. Ce dernier voit sa famille déchirée en raison des agissements de son oncle, lesquels ne sont d'ailleurs que brièvement décrits, suffisamment cependant pour que l'on comprenne la gravité des faits.
David voit ainsi son père, qui n'a pas véritablement choisi son métier de shérif (il a plus suivi – subi ?- la tradition familiale), se dresser contre son propre père afin de faire respecter la justice, quitte à en subir d'injustes reproches (une jalousie supposée vis-à-vis d'un frère héros de guerre).
Ce roman interroge sur la notion même de justice, le rapport que chacun entretient vis-à-vis d'elle. Pour le grand-père, qui ne comprend pas que l'on puisse considérer comme coupable son fils Franck eu égard à l'identité même des victimes, des indiennes, la justice semble être à géométrie variable. Pour le père de David en revanche, un homme d'honneur, courageux, la justice doit se montrer inflexible : bien qu'écrasé par le poids de sa décision, il décide ainsi, en dépit de l'identité du coupable, de rendre justice aux victimes (Marie n'étant en effet pas la seule à avoir subie de telles agressions).
En ces quelques mois d'été, David va ainsi subitement grandir, se confronter, avec cette histoire, au monde des adultes, à ses drames et conflits, à la nécessité d'opérer des choix, et d'assumer les conséquences de ceux-ci.
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David Hayden a douze ans. Il aime son père, shérif de la petite ville de Bentrock, sa mère, dévote femme au foyer, et les larges plaines verdoyantes du Montana où il a l'habitude de se promener à cheval, carabine à la main, pour chasser les coyotes. Il aime aussi Marie Little Soldier, une douce et belle squaw qui s'est occupée de lui depuis sa toute petite enfance. David est donc un enfant heureux, jusqu'au jour où il surprend par accident un abominable secret : des jeunes indiennes, dont sa chère amie Marie, auraient porté de répugnantes accusations contre son oncle Franck Hayden, le très respecté médecin de la ville et héros de la guerre du Pacifique. Non content de se livrer à des attouchements sur la personne de ses patientes sioux, l'oncle Franck en aurait même violenté quelques-unes et tout ceci dans le plus grand secret…

Terrible révélation pour un aussi jeune garçon, mais bien plus terrible encore pour son père, Wesley, qui se retrouve confronté à un choix cornélien : refuser de prêter foi aux témoignages des plaignantes ou emprisonner son propre frère – un emprisonnement que n'acceptera jamais le grand-père de David, le vieux Julian Hayden, richissime propriétaire de la région et monarque absolu de la famille Hayden. David n'a que douze ans, mais, avant que ce dramatique été de 1948 ne prenne fin, il sera définitivement entré dans l'âge adulte et aura perdu la majorité des illusions de son enfance, emmagasinant de sombres souvenirs qui continueront à la hanter bien des décennies plus tard.

Tant de force dans un si petit livre, ça vous donnerait presque envie d'en béer d'admiration… Avec des mots simples, crus et puissants – ceux d'un petit garçon trop vite muri par la fatalité – Larry Watson nous conte un bouleversant drame familial. le témoignage du jeune David est désarmant de réalisme et seule la fraîcheur de sa narration permet de rendre supportable la dureté des thèmes évoqués : viol, meurtre, racisme extrême ou ordinaire, perversité et cruauté des hommes quand aucun frein n'est mis à leurs mauvais penchants. Les autres protagonistes sont également très bien typés, particulièrement le père de David, Wesley Hayden, un personnage d'autant plus touchant qu'il n'est pas du tout montré sous un jour idéalisé : homme sensible mais trop conciliant, facilement influencé par les préjugés de son époque (les indiens sont paresseux, ils sont sales, superstitieux, ignorants, etc…), il saura pourtant affronter avec une étonnante dignité la situation, quitte à détruire à jamais la seule existence qu'il ait connu. Je ne saurais conseiller avec trop de chaleur ce superbe et ô combien poignant petit roman !

(J'en profite pour clamer une bonne fois pour toutes mon amour pour l'excellente collection Totem dont j'apprécie autant la ligne éditoriale que les choix d'auteurs : Larry McMurtry, Glendon Swarthout, Larry Watson, David Vann, Craig Johnson, Bruce Machart… Si tous ne m'ont pas fait planer, aucun ne m'a déçue, ce dont je remercie très chaleureusement les éditions Gallmeister ! Et longue vie au western littéraire !)
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