Jean-Luc Wauthier se pose en successeur de
Marguerite Yourcenar. Mais Romulus Augustulus, empereur de la chute de l'empire romain n'est pas Hadrien. Alors,
Wauthier sera-t-il le nouveau
Yourcenar ?
Julius, un vieux savetier au soir de sa vie, sent ses forces décliner et les souvenirs de sa jeunesse revenir en force. Une jeunesse où Julius le savetier n'existait pas. Un temps, où il s'appelait Romulus Augustule, le dernier empereur de l'empire romain. Il se souvient de son enfance, de son père autoritaire et méprisant, de son maître, de son impression d'être prisonnier. Puis de ses années de règne, où il ne décida de rien. Que peut-on imposer à 14 ans ? Désormais, c'est de sa charge qu'il est prisonnier. Puis il apprend l'assassinat de son père. Il assiste au massacre de ses domestiques. Il pense qu'il va également mourir. Mais celui qui a conduit l'insurrection l'envoi en exil. Ici devrait s'arrêter son histoire. Mais un ancien empereur est dangereux pour les autres prétendants. Il doit de nouveau fuir pour sauver sa vie. Cette dernière fuite lui enlèvera tout espoir de reconquérir son trône. Mais est-ce vraiment ce qu'il désire ? N'a-t-il pas enfin trouvé cette liberté dont il est privé depuis l'enfance, dans les bras d'Amélia ?
Et dire que j'ai failli passer à côté ! J'ai eu ce livre il y a peu. Adorant les romans historiques, j'avais décidé de le lire pour le concours "ABC". Mais la note des votes (2.5/5) et le fait que l'auteur se pose en successeur de
Marguerite Yourcenar m'a fait peur, je l'avoue. Mais j'avais le choix entre un space-opéra et ce livre, assez court, au passage. Alors même en cas de déception, cela passerait vite !
Mais au contraire. Aucune déception. Quelle douceur sort de ces pages ! Non, il ne faut surtout pas chercher un parallèle avec "les
mémoires d'Hadrien". Ici, pas de grandes questions existentielles ou politiques. Ce n'est qu'un enfant dont l'ambition de son père a placé à la tête d'un empire en déclin. Il n'a rien choisi, sinon celui d'aimer. C'est par les yeux de cet enfant surprotégé que nous apercevons les tumultes de cet immense empire sur le point de s'effondrer. Lui-même ne sait pas qu'il sera empereur jusqu'au moment où il se trouve assis sur le trône. Mais pour lui, ce n'est qu'un changement de prison. Aucune liberté de mouvements. Et pourtant, il rêve de devenir un grand homme, de rassembler les peuples dans la paix. Mais que peut un adolescent contre le reste du monde ? Aussi, il abandonne ses rêves de grandeur, retourne à l'anonymat, devient l'observateur de ses successeurs, de leurs erreurs, de leurs échecs, de leur mort. Et lui, le savetier, se contente de la douceur des bras de sa compagne. le roman ne cherche donc pas à retracer la décadence d'un empire mais plutôt à mettre en parallèle deux vies différentes : celle qu'on lui a imposé, faite de pouvoir et celle qu'il a choisi, celle de liberté. Ce n'est qu'au moment de la mort, qu'il décide, au travers d'un journal, de faire le point.
Ce livre ne nous apprendra rien sur la vie à Ravenne au Ve siècle. Juste un aperçu de la tension créée par la puissance montante des "barbares", l'omniprésence de l'empire d'Orient, les guerres de pouvoirs entre ces deux clans. Mais rien sur la vie quotidienne. Aussi, il ne faut pas spécialement voir ici un roman historique. Il s'agit plutôt d'un hymne à l'amour, de la difficulté de perdre son compagnon et de devoir continuer à vivre. L'auteur a pris pour héros un dernier empereur. Cela aurait pu être n'importe quel autre personnage. Il reste cependant une belle histoire à découvrir…