(8) L'idée fondamentale de la cosmologie qui doit maintenant être avancée pour la solution de ces questions est la doctrine de l'unité et de l'animation du monde, l'équation « cosmos = être vivant ». Sur ce point, l'origine de l'exposé dans le Timée de Platon est claire. Est également claire la provenance des principes qui, à l'intérieur de ce cadre, sont destinés à expliquer les phénomènes : ce sont la doctrine stoïcienne de la « sympathie», la doctrine stoïcienne de l'enchantement, plus précisément de la magie, la théodicée stoïcienne du cosmos. Ce qui existe dans le monde n'existe pas comme pièce détachée, mais comme partie. Celle-ci a un rapport vital au tout. Elle ne s'inscrit peut-être pas entièrement dans ce rapport: si elle participe de l'âme, qui est la vie du grand tout, elle se dérobe, dans la mesure précisément où elle est âme, au sensible, au simple fait d'être partie, mais dans la mesure où elle relève du sensible, elle reste attachée au sensible. La sympathie est rendue possible en vertu de cette unité vivante: le corps vivant agit et subit en tant qu'unité; il existe une causalité de l'organisme qui n'est pas liée aux conditions de la causalité mécanique, qui lui est même opposée. (p. 101)
Pour l'évolution que le néoplatonisme de Plotin va dès lors subir, il n'y a guère rien de plus caractéristique que la manière qu'a Porphyre de mettre de l'ordre dans le legs de son maître. Il ne lui suffit pas d'éditer les pièces isolées dans l'ordre dans lequel elles ont vu le jour, mais il les fait entrer dans un < système >. Le premier livre contient des questions morales, le deuxième des questions physiques et cosmologiques, le troisième encore d'autres questions cosmologiques et des examens apparentés, le quatrième traite de l'âme, le cinquième, bien que non exclusivement, du « l'Intellect », le sixième de « l'Un ». (p. 112)