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EAN : 9782874896637
216 pages
Weyrich (08/11/2021)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Le 18 décembre 1944, Bastogne est pratiquement sans défense alors que deux Panzer Division s’apprêtent à déferler sur elle. Les parachutistes de la 101st Airborne Division et le CCB de la 10th Armored Division ont juste le temps de prendre position à Noville, Longvilly et Wardin pour retarder la marée blindée allemande. Celle-ci se divise comme le ferait l’eau d’un torrent rencontrant une pierre : les Panzer passent au nord et au sud de Bastogne, encerclant du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La première chose qui frappe, en plus de la photo sur la couverture où l'on voit une colonne allemande dans le paysage enneigé, c'est la qualité de finition de l'ouvrage : une solide couverture cartonnée protégeant un papier glacé satiné mettant en valeur les multiples photographies, les cartes de toute beauté, les organigrammes très clairs des unités en présence, les dessins des véhicules et pièces d'artillerie minutieusement reproduits dans des couleurs aussi proches que possible de ce que cela pouvait être sur le terrain.

Bon ! D'accord ! C'est un très bon point ! Et le texte alors ?
Hugues Wenkin n'y va pas avec le dos de la cuiller ! Alors que tout le monde s'est habitué à ce que la Bataille des Ardennes ait été livrée presque exclusivement par les Américains autour de Bastogne, il nous entraîne, par ses recherches minutieuses, à examiner le rôle des Britanniques et du maréchal Montgomery en particulier. J'avoue, la tête basse et rouge de confusion, que sa démonstration a fait plus que me troubler dans la mesure où je n'avais pas beaucoup d'admiration pour Monty (Montgomery) et que le rôle des Britanniques dans cette bataille me semblait insignifiant ! Après guerre, les Américains ont tout fait pour minimiser le rôle du maréchal anglais.
S'agit-il d'un livre « révisionniste » ? Pas du tout ! Hugues Wenkin s'est détaché des images d'Épinal et d'une certaine propagande américaine qui a pratiquement tout centré sur Bastogne, alors que la Bataille des Ardennes, c'est bien plus que cela et que des combats très rudes se sont tenus ailleurs, notamment plus au nord de la ville. Que l'on ne s'y trompe pas : Wenkin ne nie pas le rôle des troupes américaines ayant défendu Bastogne, il le remet en perspective par rapport à un secteur bien plus large, celui de l'offensive allemande visant à reprendre le port d'Anvers. Il y parle, notamment, de divisions américaines qui ont été étrillées aux premières heures de l'attaque allemande et qui n'ont pas fait l'objet de multiples éloges auxquelles elles auraient pu prétendre de par leur sacrifice. Il montre aussi qu'avec les années, les Américains ont eu tendance à gonfler la puissance des effectifs engagés par les Allemands. Un exemple ? L'artillerie allemande était surtout composée de « petits calibres » (75mm et 105mm) qui ne tiraient, faute d'obus, que pour appuyer leurs offensives. On est donc très loin des déluges de feu. Les Américains, dans la bonne ville de Bastogne, n'étaient pas pris sous des bombardements constants (mais cela n'a pas empêché la petite ville de connaître des destructions importantes, vu son importance stratégique de noeud routier).
Les fans de “Band of Brothers” (Frères d'Armes), dont je fais partie, risquent d'être déçus par le rôle joué par la « Easy Company » lors de ces combats où ils étaient loin d'être aux premières loges, là où cela a cogné le plus fort. Hugues Wenkin ne les dénigre pas. Il remet les choses à leur juste place. Les troupes du génie, en minant les routes, et l'artillerie en grand nombre du côté américain, ont aussi joué un rôle considérable. Non, la bataille des Ardennes, ce ne sont pas les paras de la 101e Division aéroportée seuls contre tous. Ils y ont tenu une place cruciale… aux côtés d'autres unités moins célèbres. Les paras ont été envoyés à Bastogne alors qu'ils commençaient à peine à se reposer pour freiner autant que possible l'avance allemande avant que des unités mieux équipées et organisées puissent venir repousser les troupes ennemies.
« Quelle est la légitimité de ce monsieur Wenkin ? », me demanderez-vous fort à propos. Je vous répondrai qu'il suffit de jeter un coup d'oeil à sa très imposante bibliographie qui contient des dizaines et des dizaines de sources « primaires », sorties tout droit des archives de l'armée US avec notamment les interrogatoires des protagonistes au lendemain de la bataille par les services historiographiques de l'armée américaine, documents non amendés (contrairement) ce qui se fera par la suite) et qui révèlent toutes les erreurs, mais pas que, commises par les unités américaines. Contrairement à beaucoup d'auteurs qui ont compilé des ouvrages d'autres auteurs pour donner leur vision de cette bataille des Ardennes, Hugues Wenkin s'est plongé dans des documents purement militaires rédigés directement après les faits. Il a aussi puisé dans les archives militaires britanniques trop souvent méconnues et ignorées. Quant aux archives militaires allemandes, elles ont été, en partie, embarquées par les Américains et se trouvent aux USA.
Alors ? L'intervention des Britishs, essentielle ou accessoire ? Eh ! Eh ! Vous ne croyez tout de même pas que je vais vous refiler la réponse, non ? Lisez « La course à la Meuse » ! J'interroge dans un mois !

Mise en garde :

Monsieur Wenkin est historien militaire. Son ouvrage ne se lit pas comme un roman ! Il utilise les termes précis, y compris les abréviations en usage dans les diverses armées. Il les explique lors de leur première utilisation, après, il faut s'y faire… Et ce n'est pas facile… Toutes ne sont pas explicitées. Je présume que CCD correspond à Combat Command Division (Commandement de Combat de Division) et CCR à Combat Command Regiment (Commandement de Combat de Régiment). L'auteur a l'habitude de s'adresser à un public averti qui est familiarisé avec ces appellations. Pour atteindre un plus large public, il convient de faire oeuvre de pédagogie et de donner plus d'explications.
Un glossaire en fin de volume aurait été le bienvenu. L'écriture en entier lors de la première utilisation du vocable ne suffit pas. Un exemple ? 902. Pz-Gr-Rgt (appellation officielle allemande) désigne le 902e Régiment de Panzer grenadiers. le lecteur lambda qui s'intéresse à l'histoire militaire sans connaissances précises risque de ne rien y comprendre.

De même, il n'aurait pas été inutile de préciser la hiérarchie : en simplifiant, une armée (un pays peut en compter plusieurs) se subdivise en corps d'armées, comprenant chacun au moins deux divisions qui se subdivisent à leur tour en au moins deux régiments qui comprennent au moins deux bataillons qui à leur tour comptent plusieurs compagnies (infanterie), escadrons (chars), batteries (artillerie). Chaque compagnie/escadron/batterie se subdivise en pelotons, etc. Il existe en plus des unités spécifiques qui appartiennent au corps d'armée, ou à la division, comme, par exemples des troupes des transmissions ou du génie.
Pour suivre les opérations narrées par Hugues Wenkin, je recommande l'excellente carte des pages 78-79 qui donne une localisation précise des lieux autour de Bastogne et qui permet d'interpréter au mieux les textes.

Conclusion :
Un excellent ouvrage précis et méticuleux qui nécessite d'être un minimum habitué avec les appellations militaires et l'organisation des diverses unités qui composent une armée. Certains lecteurs, peu familiarisés avec le fait militaire, peuvent tout simplement trouver leur bonheur dans les nombreuses photos et leurs légendes à défaut de connaître la composition et le placement précis de chaque unité ou sous-unité. Ils y trouveront aussi des témoignages à l'échelle humaine et des portraits de personnages, dont celui de McAuliffe qui commanda si brillamment à Bastogne. Ce livre peut donc aussi plaire à un très large public.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[...] nous sommes conscients des limites de ce travail d'historien. Toucher la stricte vérité est impossible, elle est à jamais inaccessible, car trop d'informations sont perdues. Retracer le déroulement des faits n'est rien d'autre qu'une reconstruction au travers d'éléments disparates.
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[...] les batailles de Marche et de Marnach n'ont pas de référent dans le roman national américain. Alors que Bastogne, c'est une sorte de Fort Alamo qui, cette fois, se termine bien. Pour une fois, la cavalerie n'arrivera pas en retard, ou alors juste un peu, pour maintenir le suspense jusqu'au bout.
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Nous ne sommes pas ici pour récrire l'histoire ; notre but est de revenir avec une analyse moins manichéenne que ce récit qui nous a été imposé par l'American soft power à grand renfort de publications et de cinéma. Non, les Screaming Eagles à eux seuls n'ont pas gagné la bataille des Ardennes. Ils n'ont été à la bonne place qu'au bon moment ; les GI's de la 28th ID sacrifiés sur les crêtes de Marnach, ceux de la 84th ID autour de Marche n'étaient pas, eux, aussi bien lotis. Ils ont pris le choc frontal au moment où l'adversaire était le plus puissant.
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