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sur 2529 notes
Prix Pulitzer pour ce roman qui a pour héroïne Cora, née esclave dans une plantation de Géorgie, abandonnée par sa mère alors qu'elle n'a que dix ans. A seize ans Cora va suive Caesar et s'enfuir, grâce au « chemin de fer souterrain » (the underground railroad), mouvement solidaire qui permit à plusieurs dizaines de milliers d'esclaves de prendre le chemin de la liberté. Cora va ainsi traverser plusieurs états, dont la Caroline du Sud, la Caroline du Nord, le Tennessee avant de rejoindre l'Indiana ou elle pourra enfin vivre libre et en paix.

À travers le parcours fictif de Cora vers les années 1830, Colson Whitehead ne se contente pas de décrire ce que fut l'esclavage dans les plantations de tabac, de coton ou de canne à sucre du sud des États-Unis. Il décrit aussi les particularités de chaque état : l'hypocrisie des blancs de Caroline du Sud qui offre des emplois rémunérés mais incitent les jeunes femmes à la stérilisation médicale ; la radicalité de la Caroline du Nord qui ne veut ni plus ni moins qu'éradiquer les noirs au sein de ses frontières tout en se disant abolitionniste ; la jalousie et la violence des colons du Tennessee qui ne supportent pas que des noirs réussissent mieux qu'eux ; tous ces États du nord supposés contre l'esclavage mais qui ne protégeaient pas les noirs, ex-esclaves affranchis ou nés libres des chasseurs de primes.

Ce que décrite Colson Withehead c'est la philosophie, l'idéologie sur laquelle s'est construite la nation états-unienne, terreau du suprématiste blanc. Car la façon dont le peuple noir a été traité présente beaucoup de similitudes avec le traitement infligé aux tribus amérindiennes. Une idéologie qui continue à imprégner la société états-unienne deux siècles plus tard.

L'Underground Railroad était un terme figuratif utilisé pour désigner le réseau d'entraide constitué de blancs, d'anciens esclaves, de membres de divers courants religieux, unis dans la fraternité et le refus de l'esclavage. Pour les besoins de sa fiction Colson Withehead en fait un véritable réseau ferroviaire, renforçant pas là la puissance d'évocation du travail colossal effectué par ses hommes et ses femmes. Il aura fallu attende 2020 aux USA pour qu'une vraie reconnaissance leur soit faite au travers l'effigie d'Harriet Tubman sur les billets de 20 dollars.

Avec « Underground Railroad » Colson Whitehead nous livre un témoignage poignant, un roman envoutant et bouleversant, et une plongée dans l'âme profonde des États-Unis d'Amérique.

Edifiant et nécessaire.
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Avant la guerre de sécession dans une plantation de coton de Georgie, Cora, une jeune esclave abandonnée par sa mère qui a réussit à s'échapper, subit la cruauté et la terreur de la famille Randall. Dans cet environnement hostile, Caesar lui tend la main : un révélateur et un inspirateur qui lui fait prendre conscience de l'évidence, il faut fuir.

C'est l'histoire de l'esclavage portée par la diversité des personnages mis en scène et du réseau clandestin nommé Underground Railroad, que Colson Whitehead matérialise avec une justesse qui puise son originalité dans son imaginaire enfantin. Et l'on suit ainsi Cora de gare en gare, dans des trains tous différents, poursuivie par un terrifiant chasseur d'esclaves. Chaque État symbolise alors une forme de racisme, de discrimination entre les blancs et les gens de couleur, ou au contraire un havre de paix. Mais une chose est certaine, la liberté et l'égalité ne sont jamais définitivement gagnées donnant ainsi à ce roman une dimension très actuelle. Pour autant, Colson Whitehead évite le piège de la victimisation et nous laisse un message très positif sur la responsabilité de chacun d'être "éclairé" (le livre est un objet essentiel de ce roman) et de lutte contre l'obscurantisme.
L'histoire est haletante - il s'agit d'une vraie épopée avec ses ressorts narratifs, tout en se rapprochant du conte initiatique qui aurait pour voyageur la liberté, avec un message politique assumé.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Colson Whitehead est un écrivain afro-américain, né en 1969 à New York. Il est romancier et nouvelliste, et aussi journaliste. Il est lauréat pour ce roman-ci du prix Pulitzer. Ce roman sera d'ailleurs réalisé au cinéma.
Ce roman retrace au plus vrai les souffrances de l'esclavage, les tortures endurées par les esclaves afro-américains en particulier dans les plantations du sud des USA, mais également sur l'ensemble du territoire au début du XIXème siècle (au moment où débute la conquête de l'Ouest) du fait des chasseurs d'esclaves.
Deux personnages principaux : Cora, jeune esclave de 16 ans, qui s'enfuit pour tenter de gagner les états libres du Nord et Ridgeway, un chasseur d'esclave qui la poursuivra à travers tous les états que Cora réussira à traverser. le fil rouge du roman est le réseau clandestin organisé par les abolitionnistes et les Noirs libres pour venir en aide aux esclaves en fuite, et ce réseau est matérialisé dans le roman par la sublime invention du « chemin de fer clandestin », situé dans les profondeurs de la terre, se frayant un chemin de gare clandestine en gare clandestine dans le sous-sol des états du sud au nord, jusqu'au Canada lui-même.

Cora va subir les pires tortures du fait des contremaîtres de la plantation dont elle est une des esclaves, et nous découvrirons ainsi la réalité quotidienne de cette vie de bête de somme, à qui on dénie toute humanité. La torture, le fouet, le viol, la mort rythment les jours. En parallèle on découvre la violence de cette Amérique qui se construit sur un génocide et l'asservissement d'êtres humains, les effroyables comportements des citoyens de certains états viscéralement racistes et la sensation capitale de la suprématie blanche dans ce melting pot de si nombreuses nationalités venues du monde entier.
Il s'agit pour Cora d'échapper à la traque brutale et permanente de Ridgeway, d' Etat en Etat, conduisant ainsi le lecteur à découvrir la disparité de cette nation fédérale.

Vous aurez présent à l'esprit l'Amérique d'aujourd'hui, celle d'Obama et celle de Trump, celle des armes et des massacres dans les écoles, celle du racisme et celle du rêve américain, et grâce à cette immersion dans cette période fondatrice des USA qu'est le temps de l'esclavage, vous découvrirez les fondamentaux qui régissent encore cet immense pays.
L'auteur utilise une écriture ample et dense, vive et illustrative, faite d'odeurs, de couleurs, de bruit et de fureur et ses personnages vous habiterons longtemps.

Un grand bravo à Serge Chauvin, traducteur.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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J'ai dû interrompre l'écoute de ce livre audio après les premiers chapitres. Croyant lire un livre historique sur l'histoire des afro-américains, j'ai dû m'avouer perdue quand l'Underground railroad - ce réseau qui aidait les esclaves fugitifs à quitter le sud des Etats-Unis esclavagistes pour les états du nord ou le Canada - s'est transformé en un chemin de fer souterrain parcourant les Etats-Unis du sud au nord et du début du XIXème siècle au milieu du XXème.
C'est donc bien loin d'être un roman historique comme certains semblent le penser, mais il doit se lire comme une allégorie du destin des afro-américains, avant ET après la guerre de Sécession.
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Cora est esclave dans une plantation de coton et décide de s'en échapper comme sa mère l'a fait avant elle.
Underground railroad est un système d'entraide sous terraine par une voie ferroviaire qui va l'aider à s'évader.
Mais dans certains états, le statut des esclaves n'est pas si simple, ce que va découvrir Cora au fur et à mesure de sa fuite...
Je comprends le succès de ce livre qui donne une autre vision de cette époque.
Même si pour moi ce n'est pas un coup de coeur, c'était une lecture agréable et intéressante.
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Je ne peux que vous inviter à découvrir ce chef d'oeuvre, une lecture prenante, haletante, sur l'esclavage et le racisme aux Etats-Unis au 19ème siècle. C'est l'histoire de Cora, une jeune esclave qui décidera de s'enfuir de la plantation de coton où elle trime depuis sa naissance afin d'échapper à la violence d'un propriétaire sans scrupules et espérer une vie meilleure. Roman magnifique et bouleversant qui paradoxalement m'a laissée avec un profond sentiment de liberté.
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Nous suivons Cora, 16 ans jeune esclave dans l'état de Géorgie lors de son évasion. Un périple qui va lui faire traverser plusieurs états d'Amérique et donc lui faire voir en même temps différentes formes d'oppression vis à vis des personnes de couleur !
Cette évasion n'aurait pas pu se faire sans le Underground Railroad. En effet, elle va se retrouver à prendre plusieurs fois un train souterrain conduit par des abolitionnistes blancs afin de s'éloigner de sa plantation de coton et surtout des chasseurs d'esclaves à ses trousses !
À savoir que le Underground Railroad est en réalité un réseau clandestin d'aide aux esclaves fugitifs mais l'auteur dans son roman à préféré l'imaginer sous la forme d'un vrai chemin de fer souterrain clandestin.

Un périple épuisant et rempli d'atrocités.. en effet, en Caroline du Sud pensant être à l'abri et voyant une ville où blancs et noirs se "cotoient" elle va tomber de haut en voyant ce que cache réellement cet état.. stérilisation de forces des femmes noires, expérimentations médicales sur les hommes.. allant même jusqu'à déterrer les cadavres des noirs afin de les utiliser pour la médecine.. puis la voilà parti en Caroline du Nord afin d'échapper au chasseur d'esclave à ses trousses. Et là c'est même pire que le sud.. libre sans être libre puisqu'elle va se retrouver  cacher dans les combles d'une maison d'une famille et ne pas en sortir de la journée pdt des semaines.. de sa cachette, elle a vue sur un parc et va assister à chaque vendredi à une nouvelle pendaison de fugitifs esclaves comme elle, qui se cachent. Elle va être vite rattrapé par le chasseur à ses trousses...
Un roman à lire pour comprendre cette partie de l'histoire de l'Amérique même si ce roman est une fiction, il y a quelques parts de vérité dans tout ca . Certains passages sont assez durs..
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Après la lecture de « Nickel boys », « The Underground Railroad » (bien que sorti avant « Nickel boys ») est encore un roman choc sur l'esclavage et la traite des noirs. Un livre détaillé et passionnant que je recommande fortement.
Le dernier livre de Colson Whitehead, « Harlem shuffle » est déjà sur ma liste de lecture.
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Dans le joyeux alphabet des ignominies humaines, je prends le E.
E comme esclavage, comme eugénisme, mais aussi comme espoir.
Colson Whitehead nous plonge tête première dans les fondements de sa belle Amérique en retraçant l'histoire de Cora, jeune esclave d'un état cotonnier, la Géorgie.
"Être libre n'est pas une question de chaîne ni d'espace disponible". Cora est née intrinsèquement libre dans son âme, et son destin ne pouvait que la conduire sur les chemins de la fuite.
Si Colson Whitehead prend quelques libertés avec la réalité, tout, dans son roman s'appuie sur une vérité documentée.
L'underground railroad n'était pas un chemin de fer souterrain, il était une organisation secrète de passeurs qui a permis pendant de nombreuses années de conduire au delà de la ligne Mason Dixon des milliers d'esclaves fugitifs. Noirs affranchis et blancs abolitionnistes oeuvraient sur tout le territoire pour offrir aide et secours à ceux du sud qui tentaient l'aventure de la dernière chance.
Rien n'est épargné dans ces pages. On pense avoir tout lu, tout encaissé mais ce n'est pas encore assez. La réification des humains ouvre champ libre à tous les instincts aussi mercantiles que sadiques.
Passionnante autant qu'effarante, la découverte de programmes eugénistes institutionnalisés dans de nombreux états. Ainsi, la Caroline du sud et celle du nord stérilisaient massivement les populations noires tout en lançant des programmes de recherche visant à la création d'une race servile et docile qui remplacerait avantageusement ces négres paresseux et sournois dont l'accroissement exponentiel représentait un véritable danger. Entre 1800 et 1860, leur nombre était passé de 800000 à quatre millions.
"Follow the drinking gourd", suis la grande ourse, elle est le premier jalon de cette route de la liberté dont Billie Holiday a chanté les "stranges fruits", corps noirs pendus aux arbres.
Chaque continent peut se targuer de son génocide et de ses Justes. Avec brio, Colson Whitehead relate celui de l'Amérique en rendant un hommage émouvant à ces milliers d'hommes et de femmes qui, au péril de leur vie, ont lutté pour tracer ce chemin du sud au nord.
Des routes que d'autres avaient déjà nommé "chemin des larmes et des morts", empruntées par les amérindiens chassés et massacrés et qu'ils ont dammées de leur sang.
De l'histoire qui bégaie sans jamais se lasser... Certains livres vous font juif ou nègre, celui ci en est un.
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Avec 458 critiques sur ce roman, je me demande ce que je peux bien rajouter pour vous motiver à lire ce roman.


J'ai ressenti trop de douleurs pour ses êtres humains que l'on a kidnappé, arraché de leur pays, arraché à leur famille, séparé de leur maman, de leurs frères, de leurs bébés, de leur conjoint, j'ai pleuré pour ses êtres humains que l'on a ramené de force sur une Terre volée, j'ai pleuré de savoir qu'on les a torturés, violés, enchaînés, fouettés, humiliés, rabaissés, massacrés, ceux qui ont été méprisés, haïs, suppliciés. Et pour quelle raison ? Je n'arrive pas à comprendre. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut comprendre ou justifier. Parfois on trouve des excuses pour justifier des actes abominables, comme vouloir castrer des violeurs, ou séquestrer dans une cave un voisin trop bruyant et irrespectueux, ou manger les riches à la sauce Barbecue. Mais, ce qui se passe dans ce roman, que je savais depuis Toni Morrison, que nous savons tous, CE N'EST PAS JUSTIFIABLE !! On n'aura pas besoin de regarder Human Centipède ou A Serbian Movie pour se dire que l'être humain peut se comporter comme un gros connard, L'HORREUR N'EST PAS UN FILM. Et ce n'est pas le fruit d'un riche scientifique psychotique qui se fait chier dans sa villa huppée, mais celui d'une Nation tout entière. Une Nation qui se glorifie du sang des autres pour raconter son Histoire en abusant du concept de « destinée manifeste ». Mais ce n'est que « Des corps volés qui travaillaient une terre volée. » Comme beaucoup d'autres Histoires et beaucoup d'autres Nations (cessons de croire que l'Europe vaut mieux, puisqu'elle squattait et imposait sa culture dans les colonies). Mais je me dis, à quel niveau de bêtise et de cruauté faut-il atteindre, pour en plus, vouloir se battre jusqu'à la mort lors une guerre civile, pour bénéficier du droit de continuer à être cruel et sanguinaire vis-à-vis d'une communauté…C'est juste hallucinant en fait quand on y repense.

Je ne vais pas m'attarder sur ce que nous savons déjà, sur le résumé, sur la qualité soignée de l'écriture de Colson Whitehead, ni les détails du contenu car cela a été fait 458 fois.


Ce billet est juste là pour ramener Underground Railround sur la page d'accueil de Babelio, pour ne pas qu'on oublie. Et tant qu'il sera lu, nous n'oublierons pas que l'esclavage fait partie de la pire du pire des cruautés. Car tout ce que l'on peut vivre dans l'horreur (viol, séquestration, torture, violence, domination, enlèvement, séparation, meurtre) se regroupe dans ce seul mot. Ce roman mérite d'être lu pour ce qu'il représente. Que ce soit celui-ci ou Beloved ou un autre, tant qu'il n'embellit pas ou n'occulte pas cette atroce vérité.
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