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EAN : 9782370490698
288 pages
La Volte (20/09/2018)
3.53/5   17 notes
Résumé :
Il a la tête de l'emploi et le nom de son métier : Double. Neil Double. Agent anonyme chargé de remplacer les hommes d'affaires lors de salons auxquels personne ne souhaite se rendre, ce professionnel de la doublure passe sa vie entre hôtels de chaînes internationales et conventions en tous genres, logé de chambre en chambre au gré de ses déplacements. Et il aime ça. Une petite routine sans histoires où les draps sont propres et sans pli, où les savonnettes sont liv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Excursion topologique dans les congrès et hôtels pour cols blancs. Attention à ce ce qui pourrait se cacher derrière le règne de l'apparence.

Le travail de Neil Double ? Vous remplacez - si vous êtes un CSP++ - lors de congrès ennuyeux. Lui, l'ennuie des chambres d'hôtels sans âme, la nourriture standardisée, l'échange de carte de visite, les bars d'hôtels le soir, les aventures d'une nuit il adore cela.
Il aime particulièrement une chaine d'hôtel : Way Inn, dont il a la carte de membre Premium. Toujours accolé à un centre de congrès pour plus de commodités. Seule petite ombre au tableau, il n'aime pas trop la foultitude de costumes cravate qu'il doit côtoyer. Mais bon, chaque boulot a ses inconvénients, vite relégué en arrière plan grâce au doux cadre de vie de l'hôtel, de son mini bar, de sa clim et de ses douches brulantes.

Mais la vie est parfois taquine, et ce quotidien va être bouleversé par la rencontre d'une jeune femme dont la lubie est de prendre en photo les peintures ornant ces hôtels, peintes au kilomètre pour remplir les murs de tous ces Way In dans le monde. Il y a aussi cette carte d'accès à sa chambre qui refuse obstinément de lui ouvrir sa porte... Alors qu'il assistait au Congrès des organisateurs de congrès, le nec plus ultra des congrès, son quotidien rassurant se lézarde.

Way Inn, c'est trois livres en un : C'est d'abord une critique de l'uniformisation de la mondialisation, des cols blancs, de l'architecture des grands pôles d'activités, de l'apparence. C'est aussi un livre kafkaïen et un livre fantastique horrifique.Les trois genres s'imbriquent parfaitement ensemble, avec pour point commun ce Neil Double assez insipide, fantôme parmi les autres dont rien ne démarque du lot commun. le conformisme avant tout.
La critique passe bien, l'auteur utilisant régulièrement l'ironie, le second degré et aussi quelquefois quelques touches d'humour.
La mise en place est un peu longue, mais permet de mieux prendre connaissance de notre Monsieur Double et une fois que la machine se grippe, les pages se tournent à vitesse grand V.
Jouant sur l'apparence, la réalité et sa perception, c'est un roman légèrement priestien. Ce n'est pas un hasard si Christopher Priest ne tarit pas d'éloges sur ce texte.
J'avais aussi parfois l'impression de me retrouver dans un hôtel chez King, la mondialisation et les costume cravate prenant la place de la folie d'un Jack Torrance.

Une belle découverte aux frontières des genres.

Lu dans le cadre d'une opération Masse critique Babelio.
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Je remercie mille fois Babelio et les éditions La Volte pour la découverte de ce roman à côté duquel je serais sans doute passée sans les fabuleuses Masses Critiques. Lors de la dernière en date, j'avais sélectionnée une dizaine de titres, mais Way Inn était celui qui me laissait la plus perplexe. Je ne savais vraiment pas quoi m'attendre avec ce roman, j'ai hésité à le cocher au moment fatidique, je me suis lancée… et j'ai été sélectionnée pour celui-là. Et quelle chance car ce fut vraiment une lecture atypique.

Je venais de finir la première partie (le livre est divisé en trois parties) quand on m'a demandé si c'était bien. La seule réponse que j'ai pu donner était « je n'en sais rien ». J'avais lu une petite centaine de pages, mais je ne savais absolument pas si j'aimais ou pas. La lecture était agréable, Neil Double venait de passer sa première journée au congrès, on sentait bien qu'il y avait un grain de sable dans cette machinerie conformiste et bien réglée, mais je ne savais pas où j'allais.
Et puis le grain de sable est devenu caillou. Et c'est devenu captivant. Je vous dirais bien, si vous êtes intéressé·e par ce roman, de vous lancer tête baissée dans l'inconnu et de vous laisser surprendre. Mais si vous voulez en savoir plus, je continue.

Le caillou dans la chaussure donc. Retour à l'hôtel. Endroit sûr, sans surprise, confortable et neutre. Sauf que des petites dissonances viennent perturber cet univers bien huilée, lisse et aseptisé. Viennent troubler Neil, et nous par la même occasion. Ce petit dérangement qu'engendrent une carte démagnétisée, un bug informatique, rien de bien dramatique en soi, simple contrariété face à un outil qui ne fonctionne pas comme il le devrait.
Peu à peu, les perturbations s'amplifient et la situation devient folle. A moins que ce ne soit Neil ? Pendant un certain temps, je me suis interrogée : était-ce de la science-fiction ou du fantastique ? Etais-je face à une bien réelle technologie ou entité supérieure, ou Neil perdait-il les pédales ?
Je ne dirais pas quelle est l'opinion qui a fini par prendre le dessus, mais si SF il y a, nous sommes face à un trip d'hôtel maléfique. Mix réussi du terrifiant hôtel Overlook de Shining et d'un HAL version 2001 : l'odyssée de l'espace, manipulateur, omniscient (si les souvenirs que j'ai de ce dernier sont corrects).

Au fil du livre se crée un véritable décalage. Tout d'abord, nous avons le Neil Double du début. Sûr de lui et de son anonymat dans un monde réglé comme du papier à musique. Une communauté de commerciaux et de costards-cravates, une routine proprette – check-in, petit-déjeuner à l'hôtel, congrès, rencontres, sourires, poignées de main, conversations creuses, réunions, douche et nuit à l'hôtel, check-out, et on recommence –, un monde sans surprise en somme. Un univers professionnel plutôt ennuyeux mais ordinaire. Puis les anomalies débarquent et ce qui était si lisse devient le théâtre des révélations les plus folles, ce qui était si sécurisant par sa familiarité devient un gouffre de perplexité et de terreur.

Conformisme devient surréalisme. Certitudes deviennent énigmes. Transformer un hôtel de chaîne en jungle sauvage aux frontières impalpables, Will Wiles y parvient à merveille et remet en question nos habitudes machinales de consommateurs et consommatrices dans une société mondialisée. Car, au final, on peut s'interroger. Qu'est-ce qui est le plus absurde, le plus cauchemardesque ? Un hôtel vivant et tentaculaire ou notre société de consommation ?
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Bienvenue au Way Inn

Ah, les Editions La Volte... Participez pour la première fois à une Masse Critique de Babelio et obtenir le droit de lire un ouvrage de cette maison d'édition était à la fois une bénédiction - la qualité de la ligne éditoriale n'étant plus à démontrer - à la fois une malédiction - proportionnelle à la difficulté d'accès de certains ouvrages.

Avec Way Inn, de Will Wiles, auteur anglais et rédacteur au sein de la revue de Design et d'Architecture Icon, je savais la marche haute, et tant mieux j'adore cela. Un peu moins de 300 pages, une couverture rouge appelant à la vigilance, une illustration rappelant le style d'Escher qui déborde sur le tranche, l'objet est beau et attire l'oeil. le pitch : une doublure professionnelle d'hommes d'affaires souhaitant éviter les salons et congrès va voir sa vie confortable basculer...Je n'en dis pas plus, les présentations sont faites, Bienvenue au Way Inn.

Le récit est construit à la 1ère personne, ce qui contraste fortement avec le côté (faussement) aseptisé de notre narrateur, Neil Double. Neil Double aime les hôtels, sa vie d'anonyme sans attache et son métier de doublure. Dans la présentation notre personnage principal et le décor m'ont fait pensé au film In The Air de Jason Reitman (Avec G. Clooney et Anna "coeur avec les doigts" Kendrick) ; univers professionnel, timing, rencontres, tout se déroule à la perfection. On parcours les premières pages avec un mélange d'ennui, et l'envie que ce petit monde s'effondre autour de notre anti-héro.


Notre souhait est exaucé et on assiste à la lente déliquescence professionnelle de Neil, d'abord, avant d'ouvrir la porte d'une nouvelle dimension, plus horrifique. Clairement, et même après avoir tourné la dernière page du roman, je me suis demandé si ce que nous raconte Neil n'est pas le fruit de son imagination en plein burn-out. Il y a du Horla de Maupassant et du Innsmouth de Lovecraft ce texte. Les lecteurs friands de ce mauvais genre de lecture devrait apprécier.

j'ai beaucoup apprécié ce livre, la lecture est fluide, on se prend d'affection pour les protagonistes, tous les protagonistes ; et il faut souligner la qualité de la traduction française.
Le livre est bourré de clins d'oeil, volontaires ou non, j'ai évoqué Maupassant, Lovecraft, Georges Clooney, mais on peut aussi parler du Seigneurs des Anneaux et le mythe de Faust.
Une très bonne surprise, encore merci à Babelio pour cette participation à la Masse Critique.
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Un livre de science-fiction, où j'ai été transportée ailleurs de façon exponentielle. Toujours intrigant, ce thème du double qui nous fait passer de l'autre côté du miroir, dans un monde qui ressemble au nôtre et qui l'amplifie.

Au début, Neil Double se réveille, l'oeil ouvert sur un radio réveil. Il repense à la fille du bar de l'hôtel Way Inn où il séjourne. Cette fille qui repère des lieux pour les hôtels, c'est son métier... Neil est heureux, il a un métier qu'il adore, il le pratique en séjournant dans ces lieux où l'on est anonyme. Neil est là pour un Congrès.

… Mais un matin on lui interdit l'entrée au workshop et le cauchemar va commencer pour lui. C'est le début de ses souffrances.

Dans ce roman kafkaïen, on est dans une atmosphère feutrée d'hôtel de luxe, avec des kilomètres de couloirs, où tout est clean et confortable. C'est une écriture factuelle, et qui s'attache aux décors, au temps, à la dimension espace-temps. J'ai beaucoup aimé le regard de l'auteur sur les lieux, et maintenant, je ne vois plus les hôtels de la même façon qu'avant. Un bon livre.
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Je m'étonne encore d'avoir lu avec un tel intérêt le début de "Way Inn". le style y est sans doute pour beaucoup. Parce que si l'atmosphère s'annonce assez étrange déjà dans les premières pages, ce n'est que par petites touches, et l'histoire semble d'abord assez aride. En effet, le narrateur (Neil Double) participe à un salon professionnel ordinaire, et ce n'est pour lui qu'un énième événement du même genre. Même s'il a un rôle inhabituel (il se fait passer pour quelqu'un qui n'avait pas envie de venir), il ne raconte rien d'inattendu, ce salon est des plus banales, le cadre est celui des grandes chaînes d'hotel génériques, et à ce rythme-là on ne devrait pas tarder à bâiller d'ennui. Mais j'ai lu ce début en étant amusée par le côté détaché et même blasé du narrateur, ce qui m'a fait patienter jusqu'au moment où l'anormalité démarre pour de bon.

A partir de cet instant où le narrateur prend conscience que les choses ne tournent pas rond, on entre dans le surnaturel. Way Inn pourrait faire penser à un maison hantée (enfin, un hôtel moderne hanté), mais on ne trouve aucun cliché du genre, dedans heureusement. Pas de fantôme, mais plutôt un bâtiment presque vivant, ou un territoire à explorer, à essayer de comprendre. A la fois menacé et curieux, le narrateur s'enfonce dans l'étrangeté aussi bien pour échapper à des dangers inexplicables que pour donner un sens à ce qui lui arrive.

J'ai trouvé le roman original, aucun élément ne m'a donné d'impression de déjà-vu et revu, mais c'est peut-être parce que je lis très peu de thriller ou d'horreur. Je ne savais pas du tout où l'histoire m'emenait et c'était pour moi un vrai plaisir. Au final, Way Inn n'est pas un roman fort ou particulièrement marquant, mais c'est pour moi une bonne découverte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Depuis toujours, je crois que les hôtels sont des endroits particuliers, des endroits importants. Puissants. Dans un hôtel, on devient une personne différente. On reste soi, mais avec de nouvelles possibilités, un nouveau potentiel. Et j’ai cherché des carrières qui me permettraient de passer le plus de temps possible à l’hôtel, afin de vivre dans la peau de cet homme hôtelisé, amélioré, libre. (…) Ce monde dans lequel je vis, c’est comme une ville immense peuplée uniquement de passants, de gens qui y restent quelques jours avant de rentrer chez eux. Cette ville, ce monde, j’y vis. Je ne suis pas un passant. J’habite ici.
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Moquette café au lait, bureau avec siège en acier et osier, écran plat au mur et, bien sûr, peinture abstraite insipide. Comme toutes les autres chambres d'hôtel que j'avais connues: neutre, familière, évasive, inscrite dans aucun style et dans aucune culture. J'avais lu que les palettes de couleurs des grandes chaînes hôtelières étaient pensées pour la lumière artificielle, car on savait que les clients ne verraient guère leur chambre qu'à la nuit tombée. Le même principe devait s'appliquer aux tableaux sur les murs - et je repensai alors à la femme du bar, à ce qu'elle avait dit à propos des tableaux. Le bourdonnement indistinct semblait être un peu plus fort à présent; ce devait être la clim, ou le minibar sous le bureau. C'était un son doux, presque apaisant, signe que j'étais entouré de systèmes perfectionnés qui assuraient mon confort.
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Adam et moi avions la même position au sujet des phrases creuses chères que s’échangent les hommes : nous les haïssions. Il m’avait fait découvrir le terme « fonction phatique » qui désigne l’usage purement social de la parole, détachée de tout rôle de transmission du sens : quand on vous demande « ça va ? » sans attendre de réponse sincère. Du bruit, disait-il, du bruit inutile, des parasites sur la bande passante humaine. Eliminez tous les énoncés phatiques, et les interactions deviendront bien plus efficaces. C’était sa vision du monde, et elle me plaisait infiniment. Terminés, les bavardages vides et les coups de coudes complices. Mais nous avions transformé cette conviction commune en un refrain personnel, un jeu pour deux joueurs seulement : quand nous nous croisions, nous tâchions de faire durer les échanges phatiques le plus longtemps possible, en répétant les mêmes clichés, les mêmes expressions toutes faires, pour ne surtout rien dire, jusqu’à ce que l’un des deux craque et que nous puissions parler de choses réellement importantes.
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Ma stupeur refluait, mais j’avais du mal à former des phrases capables de décrire ma nouvelle réalité sans paraître délirantes. Les mots étaient là : hôtel, couloir, reliés ; distordu, courbe, infini. Mais les assembler… ça ne marchait pas. J’avais peur de ce que j’allais dire, d’articuler ce que je n’aurais jamais voulu croire.
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