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sur 2793 notes
Il est intéressant pour moi de faire cette "analyse" (si on peut appeler ça une analyse). Je suis à la fois des deux côtés du rideau : patiente objet qui écarte les cuisses pour le spéculum de torture ; professionnelle de santé (allez quasi presque soyez sympa) qui délicatement insère l'objet pour observer les bas fond d'une femme. Je me reconnais donc dans les deux points de vue (comme notre protagoniste finalement). de manière peut être un peu plus modérée disons : en effet, Jean "Djinn" Atwood nous est dépeinte comme une interne de gynécologie-obstétrique agaçante et pédante ; et chacune de ses réflexions ont été pour moi un calvaire sans nom. Je ne dis pas que j'avais envie de lui faire du mal, mais un peu. Modérément car je ne suis pas foncièrement violente. Quoiqu'il en soit, notre protagoniste qu'on adore haïr - Martin Winckler est très doué pour nous faire détester ce personnage - brillante interne femme qui arrive à se faire une place dans les blocs opératoires au milieu d'hommes (bouquin écrit en 2009, la profession se féminise de plus en plus, on est en train de renverser la tendance uhu) dans une ambiance globalement "qui a la plus grosse" (vous m'excuserez les grossièretés), doit effectuer un semestre de gynécologie médicale pour pouvoir valider son cursus et devenir chef de clinique (c'est après interne, ils sont sympa les cc ils nous font des petits cours et j'ai remarqué qu'ils étaient tous beaux, en mode c'est inhérent au poste, si t'es moche tu deviens pas cc) dans un prestigieux établissement de santé. Exit les tenues de bloc (tu le voies venir le truc gros comme une soucoupe volante ?), bienvenue chez le docteur Karma (Franz de son petit nom) dans l'unité 77.
La cohabitation entre barbe bleue (Franz, enfin le Dr Karma mais tout le monde l'appelle Franz) et "Djinn" débute de manière totalement anarchique, du style vous trempez un chat dans l'eau, ça fait pareil que kaboum l'implosion de toutes les convictions de notre presque cheffe de clinique qui connaît tout par coeur. Car quelle chance, notre petit génie a une mémoire photographique et retient tout ce qu'elle lit (après, pas sur que ça apporte une certaine vision critique de la chose de tout savoir et de te référer seulement aux bouquins). Donc "Djinn", elle régurgite les recommandations, ne regarde pas les femmes, s'insurge devant 3 grammes de trop, une grossesse tardive... À l'opposé, le Dr Karma (même toi qui aime pas les gynécos tu le voudrais en gynéco), c'est le super pro qui fait tout en douceur, t'explique tout, cherche des solutions avec toi ; sans te juger sur quoi que ce soit (c'est pas ce que devrait faire tous les professionnels de santé en soi ?). Sexualité, contraception, doutes, tu peux lui parler de tout, et à coup de hochement de tête et de hhhmmm bien placés, tu ressors de consultation avec des réponses à toutes tes questions.
Vu de là, la présentation des personnages fait un peu caricaturale, je le conçois. Mais vous seriez étonnés du nombre de chose que l'on voit en stage, et de la disparité de la disponibilité des docteurs. le manque d'empathie de certains. Je souligne le mot empathie, c'est quelque chose que l'on nous apprend explicitement dans nos cours et qui pourtant n'est pas toujours appliqué par les ainés (aussi par les jeunes faut pas se mentir). Bon j'arrête de divaguer, mais du coup "Djinn", il lui en manque sacrément de l'empathie (tu me vois venir là ?). le déroulement du livre suit finalement l'évolution de "Djinn" dans ce service, le changement de sa vision des choses, le tout agrémenté de témoignages de femmes qui nous racontent leurs histoires, leurs peurs, leurs envie, rendant à la patiente l'humanité qu'elle perd quand elle rentre dans ce bureau, observée de haut par le rapace à la blouse blanche.
L'écriture de ce roman est assez originale puisque (et je l'ai dis plus haut, je radote un peu pardonnez-moi), on alterne entre les monologues logorrhéiques de "Djinn" qui restent incisifs, donc qui ne perdent pas le lecteur ; les témoignages à la première personne des patientes que "Djinn" vient à examiner-écouter-soigner avec le Dr Karma ; et les moments de communication entre ces deux êtres, qui passent de l'implosion à la symbiose. le roman sert, autant à "Djinn" qu'au lecteur à dénoncer certaines pratiques aberrantes encore réalisées de nos jours, comme les mutilations génitales sur les enfants intersexes en vue d'une "réassignation sexuelle" à la naissance. On a aussi quelques clins d'oeil à l'influence de l'industrie pharmaceutique et de leur participation à ces pratiques douteuses (WOP on te voit).
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui , malgré évidemment une pratique de la médecine un peu idéaliste (on y arrivera avec le temps, je l'espère), est un véritable appel à la tolérance, l'inclusion (du côté du public), et aussi un sorte de rappel à l'ordre à la profession médical. Nous ne sommes pas des tout puissants au savoir infini ; et la relation que nous entretenons avec les malades devraient se faire d'égal à égal, une médecine centrée sur le patient avec de la coopération et non pas du paternalisme (ce que l'on nous explique de plus en plus dans nos cours par ailleurs, mais qui semble évident).
Oui ? Alors je suis un peu désolée pour cette chronique car j'ai vraiment plus parlé de mon ressenti par rapport à mon expérience personnelle qu'autre chose (clairement j'étais trop biaisée pour que ce soit objectif), mais je pense que ce livre a un impact assez fort et qu'il mérite qu'on le lise.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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J'ai aimé en apprendre plus sur certains aspects médicaux grâce au livre le choeur des femmes de Martin Winckler, mais ce roman n'a pas les qualités littéraires que j'attends. Ceci étant dit, j'ai lu ce livre paru en 2009 avec ma vision de la médecine de 2023, je ne suis donc pas très objective.

Jean (Djinn) Atwood (elle n'a jamais entendu parler de Margaret Atwood) est une brillante interne qui rêve de devenir chirurgienne gynécologique, mais on lui impose de passer six mois dans un service « Médecine de la femme », dirigé par un simple médecin généraliste. En colère, elle ne manque pas de le faire sentir au personnel comme aux patients. Elle va cependant apprendre une foule de choses, et par ricochet le lecteur apprendra aussi.

J'ai aimé ce service et la façon dont les femmes y sont traitées. J'ai découvert les personnes intersexes, la violence de certaines décisions médicales que nous avons pourtant appris à respecter (plus tout le monde, il est vrai).

À la page 400, j'ai commencé à m'ennuyer, il ne se passe pas grand-chose et le livre devient répétitif. Oui, on a compris, la médecine pourrait faire mieux pour les femmes, pour les hommes également. Quant à la fin, elle est aussi tortueuse qu'invraisemblable. Décevante.

Le roman a été publié en 2009 et ça se sent. Quel médecin à la salle d'attente bondée en 2023 a le temps nécessaire d'écouter longuement ses patients ou ses patientes ? Trouver un médecin est parfois le parcours du combattant, alors s'il faut en plus, en choisir un gentil et attentif !

Lien : https://dequoilire.com/le-ch..
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J'ai adoré ce livre. Tellement de sujets importants sont abordés !
Passons sur le fait que Jean, totalement réfractaire au début du stage, ait déjà fissuré la quasi totalité de sa carapace au bout de 2 jours à peine.
Mais le reste ! Incroyable... Un roman féministe, plein de tolérance et de respect pour les femmes qui n'ont pas une vie facile et doivent parfois faire des choix plus que douteux. Une leçon d'humanité et d'humilité.
Ou comment une rencontre avec un médecin extraordinaire peut changer notre vie (en tant que patiente) ou notre façon d'exercer (en tant qu'étudiante en médecine).
Mais ce que cache ce livre sous cette coquille d'amour et de bienveillance, c'est un véritable plaidoyer contre la mutilation encore malheureusement quasi systématique des personnes intersexes à la naissance.
C'est beau. Lisez ce livre !
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Un livre qui fait découvrir le parcours patient et le rôle primordial que peut ou doit jouer le médecin dans la vie d'une patiente.
Ce roman semble, à la fois réaliste et un peu romancé avec le parcours du personnage principal.
C'est une belle découverte


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Interne en gynécologie, Jean doit se plier à suivre Dr Karma. Saturée de principes, froide, Jean est un drôle de personnage. Dr Karma est bienveillant, gentil, bien-pensant. Et Jean voit ses ambitions froissées en tombant des nues par un médecin qui ne voit pas du tout, mais pas du tout, la gynécologie comme elle.
A la fois cruel et émouvant, sans tabou, on nous livre là un univers brutal et sans concessions, une violence institutionnelle envers la femme, à commencer par les multiples questions des très jeunes filles qui restent sans réponse, quand ce n'est pas "simplement" la violence verbale, voire morale, du corps médical... et en suspens l'appropriation du corps de la femme par le médecin, le législateur...
À l'évocation de ces cas, la question qui vient est : Est-ce que les choses ont réellement changé ? Est-ce que le monde qu'on dit changé a-t-il évolué vraiment ?
Et Jean, l'interne, qui se défend toute empathie envers toutes ces patientes !
Il m'attendait depuis longtemps dans ma PAL et, bouillant d'avance à l'évocation des violences gynécologiques, je le laissais de côté, cherchant et trouvant plus beau à lire. Finalement, je l'attaque et je suis plutôt surprise à chaque page, enfin au début ! puis j'ai déchanté... et au premier tiers j'ai ce sentiment de fatigue.
Je le prêterai à tous les hommes de mon entourage parce que moi, Sylvie, la femme, je dis STOP, j'arrête à la page 242. Cet ouvrage est un véritable manifeste pour la femme au début, enfin à ce que j'ai cru. Vraiment après la page 200, je ne m'y retrouve plus.
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Ce roman m'a bouleversée !
Je n'étais pas, à l'époque où je l'ai lu, sensibilisée aux violences obstétricales ni à la déshumanisation des soins.
Je le conseille à toutes les femmes qui passent la porte de ma bouquinerie : c'est un beau roman et son message est très beau.
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"J'exercerai ma profession avec conscience et dignité, dans le respect des bonnes pratiques médicales." Extrait du Serment d'Hippocrate.
Quoi de mieux qu'un extrait de ce serment pour débuter la critique de ce livre. Jean Atwood est médecin, interne et major de sa promo. En ce sens, elle sait, Elle connait ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Jean est scolaire. Elle applique. Texto, ce qu'elle a appris pendant ses (longues) études de médecine. Elle n'a qu'une idée en tête : la chirurgie réparatrice des organes génitaux. A tel point que les consultations en gynécologie-obstétrique, ça la barbe, ça l'emmerde. Elle sait, alors les autres femmes n'ont qu'à savoir!

Le choeur des Femmes, c'est 670 pages d'un récit clamant haut et fort le droit d'exister des personnes intersexes, d'un récit mettant en exergue le désert médical qu'il peut exister pour les femmes.
J'ai particulièrement apprécié les moments de l'histoire ou y était décrits les extraits de consultations avec des femmes au profil différents. Ce roman m'a tellement plu qu'il est difficile d'en faire une critique. Je le conseille à toute personne étant intéressée par les questions féministes, par la gynécologie, la sexologie, les droits LGBTQIA+, la médecine féminine. Au delà d'un récit sur l'intersexualité, c'est aussi un récit sur les désillusions d'une jeune médecin stagiaire face à un système précaire, tourné vers le profit. En fait, le choeur des femmes, ce n'est pas une histoire, c'est plusieurs histoires au sein d'un même livre. C'est émouvant.
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Jean Atwood jeune interne en gynécologie doit effectuer un stage dans un service de médecine consacrée aux femmes.
Elle va donc devoir s'adapter aux méthodes de travail du docteur Frantz Karma.
C'est un homme exceptionnel qui est à l'écoute de ses patientes, un homme plein d'humanité qui prend son temps pour expliquer et répondre aux questions de ses patientes. Elle n'a pas l'habitude de travailler comme ça pour elle c'est une perte de temps, Jean ne supporte pas les plaintes et les jérémiades de toutes ces femmes.Elle est méprisante et arrogante...Elle surnommé le docteur Frantz Karma Barbe bleue !

Les sujets abordés sont tous ceux qui concernent les femmes, des douleurs de règles, l'avortement, les problèmes de couple,de stérilité, multiples sujets don't un que je ne connaissais pas l'intersexualité.

Aux trois-quarts du livre, l'auteur change de direction et c'est la vie personnelle de Jean qui est abordé.
Deux révélations importantes vont y être faites que je n'avais pas soupçonné.
Et en réfléchissant quelques informations nous avait été donné, je les avais entendu et lu sans vraiment y prêter attention.
Magnique!
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Voici un roman féministe, humaniste et progressiste : un roman qui donne du baume au coeur !

C'est un ouvrage qui se lit vite, presque 600 pages dévorées en quelques jours. Martin Winckler a une écriture fluide et le sens du rythme. Son récit alterne habilement entre les monologues des patientes, les comptes rendus de consultations, les réflexions des personnages, les joutes verbales entre l'interne et le docteur et les scènes de la vie quotidienne de Jean Atwood.

C'est l'histoire d'une rencontre entre deux personnes, Jean Atwood, jeune interne spécialisée en gynécologie chirurgicale envoyée dans l'unité 77 « Médecine de la femme », et le docteur Franz Karma, même pas gynécologue mais généraliste !, responsable de l'unité.

Une rencontre qui est d'abord une confrontation. Jean Atwood est sûre d'elle, condescendante, formatée par la faculté dont elle sort et très remontée : contre le service dans lequel on l'envoie, contre le médecin qui va la former, contre les hommes et surtout contre les patientes qui viennent consulter. le deuxième, Franz Karma, est un docteur expérimenté, patient, à l'écoute de ses patientes et plein de bienveillance à leur égard.

Dès le début, on ne peut s'empêcher d'aimer Franz Karma.

Pour Franz Karma, le soignant, c'est celui à qui le patient prend la main. Ce n'est pas un docteur, c'est un soignant, un soignant patient* (expression de l'auteur), qui ne se sent pas supérieur, qui n'a ni a priori ni préjugés, qui donne la parole aux femmes qu'il reçoit et les écoute sans les interrompre.

Le Choeur des femmes est d'abord un roman polyphonique, où résonnent les voix de femmes de tous âges et de toutes conditions, qui se content avec leurs problèmes, leur tempo, leurs mots et leur mélodie propre.

C'est un roman de formation pour Jean Atwood. Sa mauvaise humeur et sa mauvaise volonté durant les premières consultations, confrontées à la patience et au sens de l'écoute de Franz Karma, font des étincelles. Mais, peu à peu, avec douceur et intelligence, Franz Karma va l'amener à se remettre en question et va lui apprendre à soigner.

C'est un roman documentaire : on y trouve une mine de renseignements sur les différents moyens de contraception, les maladies qui peuvent toucher les femmes, etc. En effet, Martin Winckler est lui-même médecin généraliste expert dans le domaine de la contraception et, comme il le stipule dans l'avertissement en exergue de l'ouvrage : Ce livre est un roman : les personnages, l'Unité 77, la ville de Tourmens, son CHU et les évènements qui s'y déroulent sont imaginaires. Mais presque tout le reste est vrai.

Mais c'est aussi un roman du secret, celui de Jean Atwood, un secret bien caché sous une carapace qui se fendille au fur et à mesure de son séjour à l'unité 77, avec des indices disséminés habilement au fur et à mesure du récit.

Et, enfin, c'est un roman féministe. En effet, comment ne pas s'indigner, au regard de sa propre expérience peut-être et de tous les témoignages relatés par les amies, les parentes ou encore les sites internet, de tous les épisodes choquants, voire traumatisants, de visites chez le gynécologue ? Grossophobes, homophobes, infantilisants, brutes, juges, méprisants, opérant sans consentement, etc. les qualificatifs et les exemples sont malheureusement nombreux. Dans ce roman, Martin Winckler redonne sa place à la patiente comme être pensant, se questionnant, réfléchissant, parlant… et méritant d'être écouté. Parce qu'il faut pouvoir parler pour se faire comprendre, laisser la place aux mots des femmes avant les ordonnances des médecins. Et il donne la possibilité de concevoir une médecine plus moderne et plus humaine.

Évidemment, on ne peut que conseiller la lecture de ce roman à toutes les femmes, aux adolescentes avant leur première consultation (parce que ça peut servir de connaître ses droits !), mais aussi aux hommes et à tous ceux qui ont envie de lire ce livre passionnant, instructif, révoltant parfois, comme dans la vraie vie. Et bien sûr aux gynécologues, surtout aux gynécologues, comme un livre salutaire à plusieurs titres. Parce qu'il n'y a pas que dans la rue ou le foyer conjugal que les droits des femmes sont bafoués et doivent cesser de l'être.

Donc, pour ce livre, pour toute l'empathie à l'égard des patientes qu'il contient, pour les idées progressistes et humanistes qu'il véhicule, pour son engagement, merci infiniment monsieur Winckler !
Lien : https://lachevedebouquiner.w..
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