Lama Kroft et le vol du caleçon

Attention parodie, évidemment.
Nous connaissions bien déja "John Chatterton" d'Yvan Pommaux (Ecole des Loisirs) en album, pour la parodie jeunesse du détective privé façon Polar ou "Le mystère du slip-panthère", enquête d'un Sherlock junior en format de poche, Félix File-Filou, de Gérard Moncomble (Milan Jeunesse). Les deux étaient d'un niveau Première Lecture.
Point encore dans ce registre d'agents secrets, nous semble-t-il.
Normal, nous ne devrons pas confondre policier, détective et agents secrets, du tout.
En lecture, le mode du récit policier suivra un découpage bien précis pour le lecteur, il y aura un cheminement à retrouver dans cette aventure qui comptera sur la matière grise du personnage : du crime, nous partirons vers/ la recherche de témoins, celle d'indices, de coupables, de mobile, la recherche de l'arme du crime et l'heure du crime. 
On l'aura remarqué, policiers et détectives se disputeront les enquêtes, les uns assermentés au service du système judiciaire (les légitimes d'enquête) et les autres à leur propre compte, souvent engagé par un proche de la victime ou le suspect lui-même soupçonné injustement. Les privés reprendront le relais lorsque les clients jugeront le service public négligent (on comprendra les tensions).

Pour les récits d'agents de l'Etat, il n'y aura pas de criminel à mettre sous les verrous mais des missions diplomatiques ou secrètes au nom de la sécurité nationale (il faudra sauver le pays, la reine, le président voire le monde d'un complot visant à le contrôler ou le détruire). 
Nous y trouverons sans doute plus d'action, avec ses missions d'infiltration, de fausses identités, l'urgence de l'extraction d'un document ou d'une personne, avec des gadgets ultra sophistiqués,
L'agent secret aura un plan et en cas de couverture dévoilée il ne faudra pas lésiner sur les prises d'arts martiaux  qui cassent des briques pour filer dare-dare et regagner son pays d'une cabriole vers un moyen de fuite motorisé.
Les références qui nous viennent dans le genre seront évidemment l'agent secret britannique James Bond- héros de l'auteur Ian Fleming et l'aventurière américaine archéologue, Lara Croft, création d'un jeu vidéo à succès.
Voici pour la mise en place. Vous êtes désormais prêts, jeunes lecteurs, pour l'aventure de "Lama Kroft: et le vol du caleçon"!

La mission de Lama Kroft sera difficile et embarrassante : retrouver le caleçon du Premier Ministre.
Bigre, nous sourions et nous voyons le scandale arriver à gros sabot si le monde savait ce contribuable les fesses à l'air.
Aussitôt avertie, aussitôt partie. 
Chaque minute compte, on le comprendra et les auteurs Angela Woolfe et Duncan Beedie feront de notre héroïne Lama une professionnelle.
Pour le dynamisme de l'aventure, ils miseront sur un rythme de raccourcis, où Lama Kroft tombera d'un piège à un autre, comme si l'ennemi connaissait d'avance ses pensées ou son plan d'action. Damned !
L'album reprendra la grande recette du film d'espionnage, de l'action non-stop jusqu'à la fin, un piège/une contre-offensive (l'espion ne dormira que lorsque la mission sera exécutée, nous le savons des films du genre, jeunes gens. Avons-nous déja vu un Bond dormir ? 
Oui, certe, jeunes lecteurs, à la fin mais...cof...passons, revenons à notre album).

Lama Kroft est seule en scène, pour le plaisir des jeunes lecteurs d'environ 6-7 ans (et c'est exempt de dialogues mais attention, pas de textes).
Un narrateur extérieur très motivé et excité, il faudra l'avouer, commentera l'action pour nous, comme on anime un match de sport à la télévision.
Tic-tac-tic-tac, mais qui en voudrait au caleçon du Premier Ministre, bon sang ? Quel suspens !

Nous aimerons aussitôt l'esthétique très "Bond" ou série TV d'espionnage sixties, avec ses découpages d'action BD et ses ombres chinoises d'un charme pop très coloré.
Nous serons installés dans l'ambiance culturelle avec ce visuel identifiable, même par les plus jeunes (de nombreux animés feront hommage à cet âge du genre).
C'est d'un joli cliché pour de rire, le scénario est somme toute très simple, c'est une belle excuse pour savourer le pastiche et tout sera orchestré afin de faire rire le lectorat avec ses personnages anthropomorphes agents ou espions. 
Cela devrait plaire.