Chez les Yan

"La nuit noire m'a donné des yeux noirs, moi je m'en sers pour chercher la lumière", p 471 Gu Cheng. Cette citation assez classique pour une biographie, prend ici un sens plus aigu peut-être, tant la complexité des événements, qui ont traversé la Chine, dépasse l'imagination et par certains moments l'horreur.


"Chez les Yan", est un livre écrit par une femme, Yan Lan, qui aujourd'hui possède une culture littéraire française, qui lui a permis d'écrire 500 pages sur l'histoire de la Chine et de sa famille.
Cette famille, les Yan, a côtoyé depuis Sun Yat Sen tous les dirigeants de la Chine jusqu'à nos jours. le grand-père de Yan Lan, Baohang, fut le confident de Chiang Kai-shek et de Mao Zedong, puis de Deng Xiaoping.


Le père de Yan Lan, Yan Mingfu, diplomate, interprète personnel de Mao pour la Russie, sera un jour au coeur des événements de Tiananmen.
Au plan familial un évènement va jouer un rôle déterminant dans la vie de ce grand père mythique, sa rencontre avec l'association YMCA d'origine anglaise. Ainsi en 1916 à l'age de 21 ans Yan Baohang se convertit au protestantisme.


"Peu importe la couleur du chat. Noir ou blanc, l'essentiel est qu'il attrape la souris."
Qui sont les chats qui gravitaient autour de la Chine, avant la chute de l'impératrice, il y a les mongols, les russes, les japonais...Puis croqués de toutes parts, des comptoirs européens se pressaient au chevet du malade.
Quand le Grand-Père apprend à lire les ennuis commencent, deux lignes se dessinent, d'abord la route du nationaliste celle de Chiang Kai-shek, ou celle d'épouser la cause communiste et se rapprocher de l'enseignement reçu du YMCA.


N'est ce pas une devise ancestrale chinoise :
C'est quand on apprend à lire que les ennuis commencent. Mais c'est quand on commence à lire que tout commence..
La Révolution culturelle fait basculer la vie des Yan. Lan Yan a neuf ans quand, un soir, les gardes rouges font irruption dans la vie de ce très haut dignitaire, une radio confisquée serait-elle un poste émetteur ?
Un prétexte, comme pour l'arrestation de Deng Xiaoping, dont le fils tenta de se suicider, brillant élève il restera un éternel hémiplégique.


Étaient-ils bourgeois ou intellectuels ?
Son grand-père meurt en prison 7 mois plus tard.
Son père croupira en captivité pendant sept ans et demi.
La bande des quatre va se disloquer, la femme de Mao se suicidera.
Wu Keliang, la maman de Yan Lan est reléguée dans un camp de rééducation par le travail où elle passera cinq ans avec sa fille.


Mais comment relier tous ces destins avec le temps présent, et détricoter l'histoire. La lucidité nécessaire à Yan Lan pour rédiger cette saga, a du naviguer avec elle pendant 500 pages. le courant des mots découverts à Genève a permis à Yan Lan de prendre du recul.
Un puzzle historique s'est mis en place, on découvre peu à peu cette sensation de toucher quelques points essentiels des réalités chinoises, celles des femmes et des Hommes, qui en libérant leurs énergies commençaient à se heurter aux vrais obstacles, ceux de l'immense peuple de la Chine.

Yan Lan a grandi dans la proximité des hommes les plus puissants de la Chine, de Zhou Enlai à Deng Xiaoping… Son grand-père, Yan Baohang, d'abord compagnon de route du nationaliste Chiang Kai-shek, épouse la cause communiste et sera agent secret pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, Yan Mingfu, diplomate, interprète personnel de Mao pour le russe, est le seul témoin vivant des discussions entre Mao et les dirigeants soviétiques.
Mais la Révolution culturelle fait basculer la vie des Yan. Lan a neuf ans quand, un soir, les Gardes rouges font irruption dans l'appartement familial. Son grand-père est jeté en prison et meurt sept mois plus tard. Son père croupira dans une cellule pendant sept ans et demi. Sa mère, Wu Keliang, diplomate, accusée d'être issue d'une famille de contre-révolutionnaires, est reléguée dans un camp de rééducation par le travail où elle passera cinq ans avec sa fille.
En retraçant la vie des siens, Yan Lan fait revivre un siècle d'histoire chinoise, du dernier empereur à aujourd'hui, en passant par la Révolution culturelle où vient se fracasser son enfance. Comme rarement, le lecteur pénètre les arcanes d'un système devenu fou qui décimera une grande partie de l'élite intellectuelle, économique et politique du pays. Pourtant la Chine s'est relevée, et l'histoire des Yan après la mort de Mao est celle du réveil chinois.

La petite fille broyée par la Révolution culturelle est devenue l'une des femmes d'affaires les plus actives de son pays. La saga des Yan se poursuit, en écho avec les évolutions de la Chine contemporaine.

Opinion :
La partie historique est un peu longue pour une non-spécialiste. Mais ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que le grand père Yan Baoang était aux côtés de Chiang Kai-Shek en 1934. puis assiste Zhou Enlai dans la préparation des travaux du Sénat chinois. Il sera arrêté en1967 et mourra 7 mois plus tard.
Son fils Yan Mingfu sera arrêté en 1967 et restera en prison 7 ans jusqu'en 1975
Mingfu était diplomate a accompagné la délégation chinoise à Moscou avec Kroutchev. Interprète personnel de Mao pour le russe.
Wu Keliang, mère de Lan (l'auteur) est envoyée en 1968 en camp de travail dans le Heilongjiang, près de la frontière soviétique, puis dans le Henan où Lan, 12 ans, est autorisée à la rejoindre. Keliang était interprète à Rome.

Toute cette famille a toujours été au service de la Chine sous tous les régimes.
Lan a fait de très bonnes études à Genève, Harvard. Elle est devenue associée dans le Gide Loyrette Nouel. Elle revendique son statut de femme (cf Chine !),1er cabinet à Pékin puis dans la banque Lazard,

SYNOPSIS : saga familiale biographique Chinoise depuis la présidence de Zhou Enlai à Deng Xioping. La narratrice, issue d'une famille proche du pouvoir, est un témoin oculaire de la plupart des évènements relatés, sinon, ce sont ses proches qui le lui ont rapportés.

CE LIVRE EST D'UNE PRECISION ETONNANTE sur près d'un siècle de l'histoire mouvementée de la Chine. Une précision d'horloger, ai- je envie d'écrire ? Passionnant pour les férus d'histoire. 4/5 pour l'intérêt du récit. Mais pas 5, car n'est pas historien qui veut. Yan Lan, sans doute dans un souci de véracité, s'en tient au récit et aux faits. La lecture est donc parfois fastidieuse et lassante. Pas de dialogue, pas d'élan ni d'émotion dans la narration. Une écriture (en français ! sans doute cela influence-t-il le style) assez plate et dénuée de toute émotion. Sur 522 pages, cela peut paraitre long parfois.

Quand l'histoire personnelle rencontre l'"Histoire". Ce livre permet de se rendre compte de ce qu'il s'est passé en Chine au XX ème siècle, et de l'impact sur les familles.
Bien écrit, il relate l'histoire d'une famille qui a participé a l'avènement du communisme, de sa chute au temps de la révolution culturelle, et de la conversion a l'économie de marché.
C'est une belle leçon d'histoire contemporaine.

l'histoire de la famille de l'autrice, dont le grand-père, porcher à 5ans, devient ministre du Parti Communiste Chinois; on traverse l'Histoire de la Chine contemporaine à travers l'histoire de cette famille chinoise. Si les points de vue politiques sont à croiser, la valeur documentaire du récit est indéniable