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EAN : 9782897128807
218 pages
Mémoire d'Encrier (26/09/2022)
4.27/5   13 notes
Résumé :
Agronome portugais exilé en France, Alvare cherche un paradis hors du monde. Il débarque à Montréal, où il croit trouver cet Eden dans une serre hydroponique sur le Champ des possibles, dans le Mile-End. Or la serre, univers fragile, est détruite. Alvare doit tout recommencer en Islande, dans une ferme cubique économe et productive : l’avenir de la production agroindustrielle. Amoureux de Hinrika, sa collègue, Alvare rêve de trouver ancrage auprès d’elle et de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
S'ancrer…

Voilà une chose avec laquelle Alvare a du mal. Il est né portugais, a fait ses études supérieures à Paris. Commence une vie de couple classique pour lui mais une question lancinante remet tout en cause : et maintenant ?

Que faire d'une vie banale, sans heurts mais sans saveur. Une vie où l'on ne fait que ce qui est convenu, attendu de nous?

Lui, l'ingénieur agronome, décide donc de partir pour Montréal pour le champ des possibles, une ferme hydroponique. Un lieu où les plantes se développent sans difficultés, où tous leurs besoins sont satisfaits : température optimum, solution nutritive etc.

Dans ce monde aseptisé mais calme, Alvare semble prêt pour un temps à trouver une place, sa place dans cette monotonie pleine de sens. Mais son trajet ne va pas s'arrêter là et c'est sur des terres minérales à souhait, en Islande, qu'il finira, peut-être, par trouver un point d'ancrage.

Ce premier roman de Philippe Yong, dit au final beaucoup de nous en parlant de plantes élevées dans des conditions optimales. Les fruits et les légumes sont beaux, semblables mais leurs racines sont fragiles.

J'ai aimé l'ambivalence du propos de Philippe Yong, on se sent comme l'agronome admiratif des progrès réalisés notamment en culture mais également triste de cette aseptisation, comme si la nature était gouvernée. Et évoquer les plantes, n'est-ce pas aussi une façon d'évoquer l'aseptisation de nos vies modernes ?

C'est, également, un périple sur plusieurs lieux qui nous attend dans ce livre, une réflexion sur ce qui nous attache à un lieu à l'image des interrogations du personnel principal. Mais c'est un voyage délicat et doux, la plume de l'auteur narrant avec douceur le cheminement d'Alvare.

J'ai été moins séduite par la toute fin du roman mais néanmoins ce fut une belle découverte.
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Philippe Yong, français d'origine coréenne, est professeur de français à Montréal. «  Hors-sol » est son premier roman.


Jeune agronome portugais exilé en France, Alvare cherche un lieu protégé ou vivre et travailler . Il débarque à Montréal, où il croit trouver l'endroit idéal : il est employé par La Firme dans une serre hydroponique ( cultures maraîchères nourries par solution nutritive sans besoin de terre) sur le Champ des possibles, friche mise en valeur par un mouvement locavore . Au coeur de l'hiver, cette serre fragile, alimentée par un forage d'eau chaude , se dérègle et en quelques heures et toutes les cultures sont détruites .
Alvare est envoyé en Islande, dans une ferme cubique ,économe et productive qui symbolise l'avenir de l'agronomie productrice et saine. Amoureux de Hinrika, sa collègue, Alvare rêve de trouver ancrage auprès d'elle , dans ce petit port isolé et sauvage.

C'est un texte qui décrit en parallèle deux entités hors-sol : Alvare, jeune agronome, qui se cherche à travers tous les pays traversés, à la personnalité plastique telle que son prénom évolue au cours du roman. En parallèle, l'auteur décrit l'univers agronomique des serres hydroponiques ou grandissent des variétés végétales nourries seulement de solutions nutritives et qui changent peu à peu de constitution. Leurs racines blanchissent, deviennent fragiles et cassantes tandis que leurs saveurs se modifient.
Le personnage d'Alvare est un homme discret et déraciné, à l'identité flottante qui recherche un monde idéal qu'il trouve dans l'atmosphère moite, douce et protectrice des serres ou tout est contrôlé ; alors que la vie sociale extérieure lui est compliquée. On le voit se heurter à la société de communication qui veut le représenter comme l'image d'une immigration réussie .
On pressent que l'Islande , dans sa nature sauvage et ses fjords isolés , pourront l'aider à s'implanter dans cette mini-société qu'est cette ferme idéale et son petit village protégé. Alvare se laisse emporter par une belle histoire d'amour , s'intègre peu à peu dans cette communauté, découvre les superbes paysages qui le rassurent .
J'ai aimé cette écriture introspective, lente, sensible qui décrit avec pudeur le personnage d'Alvare dans toute sa complexité .
L'aspect agronomique des cultures hors-sol est traité avec rigueur , en évoquant toutes les dérives environnementales et organoleptiques de ces techniques.
L'auteur nous décrit avec précision cette petite communauté d'Islande  aux traditions ancrées mais empreinte de grandes libertés à travers ces mères qui élèvent seules leurs enfants .

Une très belle découverte que ce texte original et sensible sur les déracinés.
Je remercie Masse Critique et les Editions Mémoire d'Encrier pour cette découverte.






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“ Je me sens bien partout, vous savez, je suis comme mes plantes, je m'adapte”

Hors-sol suit les pérégrinations d'Alvaro. Ce jeune agronome portugais est un nomade des temps moderne. Son travail l'amène autant à explorer de nouvelles contrées que de nouvelles expérimentations. Après Paris, où Alvaro devient Alvare, l'ingénieur découvre Montréal et son “champ des possibles”. C'est ce nom très “green marketing” que la ville a choisi pour décrire la première serre hydroponique dont Alvare sera le responsable.

Je vous rassure tout de suite, aucune connaissance en agronomie n'est nécessaire à la lecture de ce roman. À travers les yeux d'Alvare tout devient limpide et même merveilleux. L'auteur a su retranscrire avec beaucoup d'intérêt et de magie cet univers scientifique dédié aux plantes et l'agriculture. On imagine aisément la serre d'Alvare, tel un refuge et un lieu hors du temps. Notre héros parait d'ailleurs lui aussi parfois déconnecté de son époque. Bien qu'acteur principal de ce roman, Alvare est un personnage pudique, en observation sur le monde qui l'entoure. le récit s'attarde souvent sur sa vision d'expatrié, à la fois poétique et critique. J'ai corné beaucoup de pages tant j'ai apprécié ce regard et la plume de Philippe Yong à ce sujet.

Si Montréal ne vous semble pas assez dépaysant à votre goût, vous serez séduit par la seconde partie du roman qui explore une terre beaucoup plus sauvage. Alvare débarque en Islande pour un projet écologique totalement inédit, considéré comme l'avenir de la production agro-industrielle. Encore une fois, les descriptions du romancier sont à la hauteur et nous transportent. Dans la ville aussi mignonne qu'imprononçable de Flúðirfjörður, Alvare semble trouver sa place et même l'amour, mais bien qu'accueillante, l'Islande et sa communauté restent très indépendantes.

Hors-Sol est le roman inattendu de cette rentrée littéraire. Un livre dont je serais surement passé à côté sans l'opération Mass critique de Babelio. Hors-sol pose un regard perspicace sur le déracinement. Un récit à la fois moderne, dépaysant et onirique. Une lecture qui m'a cueillie sans que je m'en rende compte grâce une plume très élégante et maitrisée. Je vous conseille fortement Hors-sol pour sortir des sentiers battus et partir, vous aussi, en exploration.
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"Dans les colonies de pingouins, en Antarctique, il arrivait aussi qu'un individu, quittant la chaleur rassurante du groupe et de ses congénères, marche obstinément vers l'intérieur du continent glacé. Rien ne l'y attendait qu'une mort certaine. Pourquoi partir ainsi et fuir la vie ?"

Le premier roman de Philippe Yong, Hors-sol, est la promesse d'une belle carrière, et j'ai hâte de lire son deuxième roman, actuellement entre les mains de son éditeur. D'origine coréenne, il a grandi en France et vit aujourd'hui à Montréal, où il enseigne la littérature. Il est fasciné par l'Islande, qu'il a visitée à plusieurs reprises. Son livre de chevet est le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa (le choix du prénom de son personnage principal n'est donc pas anodin, mais un clin d'oeil !) Voici quelques clés de son roman...

Alvare, agronome portugais, s'adapte et, comme ses plantes cultivées en hydroponie, il est hors-sol. Il quitte Irène, Paris et la vie monotone qu'il aurait pu mener sans déplaisir pour Montréal et sa serre du Champs des Possibles. Lorsque la serre est détruite, il est à nouveau déraciné et rejoint l'Islande et le projet de la première ferme cubique islandaise. Sa rencontre avec ce pays volcanique où pas un arbre ne pousse, et avec sa collègue Hinrika, change sa façon de penser, tant les Islandais sont ancrés à leur terre et à leurs traditions.Pour construire son personnage Hinrika et mieux comprendre cette communauté soudée de femmes fortes et indépendantes, il s'est inspiré des travaux d'Auður Ava Ólafsdóttir.

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Alvaro, nomade tourmenté par la question " Et maintenant ?". Je me suis retrouvée dans ce personnage (j'ai beaucoup voyagé dans ma vingtaine, sans doute pour échapper à la monotonie d'une vie rangée, et j'ai vécu 8 ans au Japon avant de revenir à mes racines), j'ai aimé découvrir le monde aseptisé des serres hydroponiques (on sent le travail de documentation en amont) et j'ai été totalement dépaysée par les descriptions de l'Islande.

Une lecture atypique et très agréable....

"Cette belle liberté se teintait aujourd'hui d'une immense fatigue. le nomade moderne, qui usait du luxe inouï de l'exil volontaire, s'adaptait, certes, mais que restait-il de ses racines ? Avaient-elles, comme celles de ses plantes, perdu toute force, tout ancrage, habitué qu'il était à flotter dans le confort de ce monde qui se donnait à lui sans effort ? Il était hors-sol, là comme ailleurs. Par choix, sans doute, mais à quel prix ? Quand, à force de se décentrer ainsi, allait-il finir par dériver sans retour ?"
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi part-on, pourquoi reste-t-on ? Il n’avait pas le sentiment d’avoir pris la fuite et pourtant, comment décrire autrement le claquement de ses pas pressés dans l’escalier, le plaisir qu’il avait ressenti en tirant sa valise sur le pavé inégal de cette rue qui n’était déjà plus la sienne ? Quitter une vie que j’aurais pu vivre sans déplaisir...
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Avec la classe de primaire 2° année de l'école Lambert- Closse. tout avait assez bien commencé. Les élèves, main sur l'épaule du camarade qui cheminait devant eux, semblaient comme effrayés à l'idée d'effleurer une plante. Lorsque Alvare, près du panneau de contrôle, leur expliqua comment modifier l'environnement de la serre, il ne put s'empêcher de sourire en les voyant muets face à lui, les épaules rentrées, blottis tels une colonie de manchots empereurs couvant leurs œufs. L'enseignante, quant à elle, s'émerveillait et hochait la tête avec admiration à chacun de ses mots. Il était sensible à leur réserve. Eux découvraient un monde sans arriver en conquérants. IIs n'avaient à gagner de l'heure passée ici qu'un temps hors des murs de leur école. Alvare parcourait le groupe du regard:y en avait-il un ou une qui, comme lui à Lisbonne, allait se souvenir de ce délicieux moment en t-shirt, au cœur d'une chaleur moite qui faisait oublier 1'hiver ? Peut-être celle qui, rompant les rangs, s'attardait en arrière, et avait caché dans ses poches deux fraises encore vertes..
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Alvare décida que Pessoa, dans sa quête absolue de la beauté du monde, avait été un parfait abri pour cette fleur. II le plaça délicatement au côté des "Rêveries du promeneur solitaire" de Rousseau. Les deux livres semblèrent s'entendre: entre le comptable poète et l'herboriste misanthrope, une bien belle amitié de papier pourrait naître. L'intranquillité de Pessoa, la souffrance narcissique de Jean-Jacques : lequel de ces deux immenses fardeaux allait alléger l'autre? Les deux volumes maintenant soudés pouvaient désormais s'épauler. Il s'éloigna et regagna le velours bleu du fauteuil. I regarda sa bibliothèque, baignée dans la lumière des années soixante de ce coin de salon. Cette projection de lui-même qui le rassurait et l'ancrait.
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Une existence sans lutte: voilà au fond ce que la serre offrait à ses plantes, et lui-même se plaisait dans la douceur un peu moite de ce milieu humide et stable, sans surprise. Face à la mélancolie un peu vaine de l'expatrié volontaire, il lui restait ce refuge, où tout répondait à une logique simple, aisément contrôlable : nourrir ses plantes, les faire croître, pour qu'elles nourrissent à leur tour.
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Il avait dû se taire longtemps, car quand le bruit des verres qui trinquaient le ramena au bar, entre Asgeir et Hinrika, il la vit lui sourire. Et il sut ce qu'elle pensait : ici, on ne dérangeait pas un homme qui rêve. On attendait.
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Avec - Yves Beauchemin, Auteur·rice - Marie Hélène Poitras, Auteur·rice - Monique Proulx, Auteur·rice - Philippe Yong, Animateurrice
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