Je trouve que Mao est un peu oublié dans le palmarès des grands massacreurs du XXe siècle. Bien sûr, je ne conteste pas qu'Hitler y mérite la première place : sa carrière fut hélas courte mais brillante et il faut, je trouve, lui décerner un « bonus de style ». Son acolyte italien fait un peu pâle figure à côté, mais il s'est bien défendu et a le mérite d'être un pionnier, un inspirateur dont l'influence fut grande. Staline fut lui aussi un grand champion. Il sut bien gérer sa carrière et tenir la distance contrairement aux deux autres, et en nombre de morts il les surpasse. Bravo à lui.
Et Mao dans tout ça ? Il est à mon goût trop mis en retrait, souvent derrière des petits joueurs comme Franco ou Pinochet dont on pourrait dire : Pas mauvais mais peut mieux faire. Il a pourtant sa place sur le podium. Une carrière longue, jalonnée de belles trouvailles ayant causé des millions de morts : mouvement anti-droitiste (pas mal), Grand Bond en avant (superbe!), Révolution Culturelle (original)... On peut aussi ajouter que Mao inspirât le plus parfait des régimes que le monde ait jamais connu : celui des khmers rouges, admirable mélange de maoïsme et de nationalisme les plus extrêmes.
Alors ? Pourquoi tant d'injustice à son égard ? La faute du PCC toujours au pouvoir et qui censure son oeuvre ? La faute de Warhol qui en fit une icône pop ? de la distance Chine/France ?... Espérons que ce livre puisse contribuer à faire reconnaître son génie. Il y est question, comme son nom l'indique, de massacres mais attention! de beaux massacres bien absurdes, alliant quantité ET qualité. Un fusillé c'est bien mais un gosse torturé à mort c'est quand même autre chose.
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420 pages d'abominations, d'horreurs, de massacres.
420 pages essentielles qui nous plongent dans une époque oubliée par beaucoup, manipulée par certains hommes politiques (pas seulement asiatiques).
Comment ne pas faire lien avec la théorie des 4 vieilleries dont il fallait se débarrasser (vieilles idées, vieilles coutumes, vieille culture, vieilles habitudes) et certains mouvements d'aujourd'hui ?
Un livre nécessaire, dont on ressort épuisé.
Reste l'histoire tragique de tous ces gens, de toutes ces vies. Massacrées au nom de quoi ? de la justice sociale apparemment.
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Dans la rue, les enfants nous humiliaient en nous traitant de "sales bâtards du "Parti mongol" " et lançaient sur nous des briques et des morceaux de tuile. [...] Un fils d'ouvrier qui avait déjà redoublé deux fois se rua sur moi en hurlant: "Vous, les gens louches, dehors!" Je fus exclu de l'école. [...] A l'extérieur nous étions humiliés et, à la maison, nous élevions des chats et des lapins. Ces derniers se reproduisaient à la vitesse de l'éclair et, en peu de temps, il y en eu plus d'une vingtaine. Tous les chatons qui venaient de naître moururent; leur mère adopta les lapereaux et se mis à les nourrir comme s'il s'était agi de ses petits. En voyant qu'entre les animaux il existait de l'amour et de la tendresse alors que, dans le monde des hommes, tout n'était que cruauté et froideur, je me mis à pleurer, à l'abri des regards. Je n'avais pas versé de larmes comme ça depuis l'arrestation de ma mère.