Mémoires d'Hadrien

Si vous avez passé 17 ans et que vous ne connaissez pas encore Marguerite, n'hésitez pas à tourner les pages de ce livre. Si vous vous ennuyez, c'est que vous préférez sans doute Paulo Coelho ou Eric-Emmanuel Schmitt. Ce n'est pas grave, c'est juste dommage, parce que vous risquez de passer à côté d'une des plus belles expériences littéraires qui soient. Celle d'une Marguerite qui aurait pu dire, à la suite de Flaubert et de sa Bovary, "Hadrien, c'est moi".
L'histoire de cet homme "presque sage" racontée par lui, par elle, qui aurait pu être elle, récit qui aurait pu être lui, c'est un puissant récit sur la condition humaine, certes plus intellectuelle que sociale. Mais c'est un énorme moment de littérature. Et si, après, vous ne vous êtes pas ennuyé, c'est que vous aurez immensément de plaisir à lire tout Marguerite.

Mme Yourcenar, je vous aime.

Livre lu dans les années 1980. Pas encore assez mature pour aborder ce sujet traité avec une telle érudition et maitrise, mais cependant curieuse, cette lecture m'avait intriguée, intéressée, et j'avais à l'époque reconnu en MY une auteure qui brillait par ses qualités littéraires, sa maitrise de l'histoire et sa transcription en texte accessible à toute personne captivée. Ont suivi Souvenirs pieux et Archives du Nord. A relire aussi.
D'ailleurs, comme le dit si bien MY, « Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans »,
Trajan, empereur militaire, guerrier expansionniste et vainqueur, mais sans descendance, adopte Hadrien. Acte réalisé sur son lit de mort. L'histoire soupçonne que l'adoption ait été faite par Plotine (femme de Trajan qui le protégeait), car les deux hommes étaient plutôt en désaccord. Empereur à la mort de Trajan, de 117 à 138, il sera le pacificateur des territoires conquis par son prédécesseur. MY s'est imprégnée du IIème siècle romain pour imaginer les confidences que l'empereur Hadrien aurait pu écrire à son petit fils adoptif, Marc Aurèle, successeur d'Antonin, lui aussi adopté par Hadrien et empereur de 138 à 161. Ainsi, sous la plume de MY, Hadrien se confie : comment il succéda à Trajan en maintenant la paix du monde et rétablissant l'économie de l'empire. Homme sage, grand stratège et visionnaire, MY prête à l'empereur des méditations sur la nature humaine, l'amitié, le courage, sur les peuples et les hommes, sur les ressorts parfois dérisoires qui les animent, sur la médiocrité des sentiments et des passions qu'ils ont dans le coeur. Il y relate sa jeunesse, son expérience de la guerre et des conquêtes, ses voyages, son goût pour l'art, la science, la beauté, l'amour et le pouvoir. Hadrien est grec dans l'âme mais romain dans sa discipline et son histoire. Il ne fait pas mystère de ses sentiments amoureux dont un chapitre complet dédié à la description de sa passion tragique pour le jeune Antinoüs ou plus tard, celle de son corps affaibli par la maladie. S'il existe des livres de chevet, il doit en être un. Certainement un chef d'oeuvre.



Lien : https://www.babelio.com/conf..

Extraordinairement subtil et terriblement humain, Mémoires d'Hadrien est de ces ouvrages qui marquent durablement.

Qu'il est délicat d'oser prendre la plume après Marguerite Yourcenar, même pour simplement dire l'éblouissement que fut la lecture des mémoires d'Hadrien... Et comme on aimerait que nos dirigeants lisent, relisent et tirent les leçons de cette vie faite œuvre.

Un pur régal. Une langue française de toute beauté. de la dentelle de mots et un voyage dans cette antiquité devenue incroyablement proche de nous.
Une superbe histoire et des lignes exceptionnelles sur l'Amour.

Il existe déjà de nombreuses et très complètes critiques de ce livre et je serai bien incapable de les égaler. A écouter sur France Culture http://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/tous-les-chemins-menent-rome-34-memoires-dhadrien
Ou à lire ailleurs sur le net
http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1736
http://www.weblettres.net/sommaire.php?entree=18&rubrique=107&sousrub=558

Un livre qui a marqué mes 20 ans et que j'ai relu chaque décennie. Un de mes 10 livres préférés avec l'Oeuvre au noir. le thème, le point de vue, le style "togé", la structure : un pur bonheur de lecture. le point fort est d'avoir pris la transmission à Marc Aurèle comme départ.

Quel régal ! Une magnifique écriture.

En commençant cette chronique, j'ai presque l'impression que je devrais fournir une excuse, ou même un semblant d'excuse, pour justifier de n'avoir pas lu cet ouvrage plus tôt. Non seulement il siège très haut dans les rangs des classiques de la littérature française, c'est aussi une lecture totalement plaisante et agréable.

Les Mémoires d'Hadrien sont un mélange de souvenirs, d'histoire et de poésie. Je ne saurai dire comment fait Yourcenar pour opérer cette magie, le savoir-faire d'un métier que tant exercent mais où si peu excellent. En tout cas, cela marche à merveille. En lisant ce roman, nous sommes Hadrien. de sa tendre enfance à son lit de mort, on le suit dans ses mémoires adressées à son petit-fils Marc-Aurèle. Il relate les difficultés de la vie d'empereurs. Les vastes royaumes à gérer, les révoltes à mater, les paix à conserver, les complots à déjouer et les débats au sénat qu'il faudra remporter.

Ce qui m'a particulièrement touché, c'est comme Hadrien sait pertinemment que même Rome ne durera pas. L'idéal immortelle acclamée par tant de romains, autant les simples citoyens que les empereurs, de la Rome toute puissante, invincible, parfaite et éternelle est simplement rejeté par le réalisme d'Hadrien. Mais même face à cette fatalité, Hadrien tient à servir jusqu'à son dernier souffle et de passer le flambeau à des hommes dignes et assez forts pour le tenir haut le plus longtemps possible. Un petit écho à la philosophie camusienne ?

Toute sa vie, il se souciera du bien-être de son peuple et des siens, il règnera de manière juste et équitable. Son humilité le poussera à refuser les titres honorifiques attribués aux Césars lors de leur ascension au pouvoir. Il veut les mériter avant de les porter. Il sera aussi question de voyages en Égypte, à l'érection du mur qui portera son nom en Grande Bretagne, à son amour pour le monde Hellène et tout particulièrement Athènes, à ses passions amoureuses et amicales et à sa soif pour la lecture. Portrait d'un humaniste en avance sur son temps, qui gardera toujours une foi profonde en l'homme.

Le plus bel hommage qui nous reste au Divin Hadrien Auguste, Fils de Trajan, Conquérant des Parthes, Petit-Fils de Nerva, Grand Pontife, Revêtu pour la 22ème fois de la puissance Tributienne, Trois fois Consul deux fois triomphant, Père de la Patrie.



A lire et à relire à l'infini, car ce livre une fois lu, vous accompagnera pour la vie.



« Je ne méprise pas les hommes. Si je le faisais, je n'aurais aucun droit, ni aucune raison, d'essayer de les gouverner. Je les sais vains, ignorants, avides, inquiets, capables de presque tout pour réussir, pour se faire valoir, même à leurs propres yeux, ou tout simplement pour éviter de souffrir. Je le sais : je suis comme eux, du moins par moment, ou j'aurais pu l'être. Entre autrui et moi, les différences que j'aperçois sont trop négligeables pour compter dans l'addition finale. Je m'efforce donc que mon attitude soit aussi éloignée de la froide supériorité du philosophe que l'arrogance du César. Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs : cet assassin joue proprement de la flûte ; ce contremaître déchirant à coups de fouet le dos des esclaves est peut-être un bon fils ; cet idiot partagerait avec moi son dernier morceau de pain. Et il y en a peu auxquels on ne puisse apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède. »


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Pendant longtemps je me suis coupée de la littérature classique dans laquelle je me suis plongée pendant mes études. Ce livre est celui avec lequel j'ai renoué. Dès les premières phrases, j'ai été frappée par la beauté du style. le narrateur analyse avec une formidable lucidité les affres du genre humain, le rapport au pouvoir, à la mort, à l'amitié. Un grand livre au gout de noblesse, au sens...noble du terme.