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4,27

sur 3381 notes
Pour moi, quand on évoque Marguerite Yourcenar c'est avant tout la première femme élue à l'Académie Française. J'étais encore toute jeune en 1980, mais je me rappelle que mon instit (bah oui, avant on appelait les professeurs des écoles comme cela) nous en avait parlé. Plus grande, je me suis juré de lire un jour une de ses oeuvres…Bon, là il est vrai que j'ai attendu quelques décennies avant de me lancer dans ces Mémoires d'Hadrien.
J'avais choisi ce titre car j'aime cette période de l'histoire et j'avais quelques petites connaissances sur cette époque et cet empereur.
Quelle belle plongée dans l'histoire et surtout dans la peau de l'empereur Hadrien ! Ce dernier, malade, sentant que ses jours sont comptés, envoie des lettres à Marc-Aurele, qui sera amené à devenir un jour empereur lui aussi.
Avec beaucoup de lucidité, Hadrien va revenir sur son passé et les actes importants de sa vie et de sa carrière d'empereur. Il sera aussi un visionnaire sur l'avenir de l'empire romain.
J'ai franchement adoré lire ce livre et j'ai vécu pendant un moment à la même époque que Hadrien. Je n'ai pu être qu'en admiration devant l'époustouflant travail de recherche de Marguerite Yourcenar. Car il faut en avoir fait des recherches pour arriver à restituer avec autant d'authenticité cette époque.
Retrouver l'histoire du fameux mur et aussi mes chers Sarmates m'a fait plaisir même si évidemment l'histoire ne se cantonne pas à ces épisodes du règne d'Hadrien.
J'ai découvert un empereur éclairé, plus préoccupé à faire la paix que la guerre contrairement à son prédécesseur Trajan. Je ne connaissais rien de son histoire familiale ni de sa passion pour Antinoüs.
C'est avec un style soutenu et élaboré, mais agréable à lire que Marguerite Yourcenar a raconté cette histoire à travers la bouche, ou plutôt les écrits d'Hadrien. C'est vrai que l'une ou l'autre fois j'ai dû relire une ou deux phrases car clairement ce livre se mérite.
Je ne sais pas si je lirais un jour L'oeuvre au noir, car au vu des critiques, c'est un livre qui me semble assez difficile à lire, mais je n'hésiterais pas à conseiller la lecture de celui-ci.

Challenge ABC 2017/2018

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Yourcenar m'a offert un plaisir extrêmement rare, confus, contradictoire: vouloir atteindre rapidement la dernière page tellement le récit est divin et en même temps freiner l'élan pour savourer chaque phrase tel un bon vin jusqu'à la lie.

C'est entre les lignes que Yourcenar nous livre des moments de sa vie mais c'est d'une telle finesse. Orfèvrerie de la pensée, de l'imagination.

Qu'est-ce donc ?
Yourcenar se lance (depuis sa jeunesse... elle passera donc des décennies à se lancer...) dans l' écriture des mémoires de l'empereur Hadrien. Au seuil de la mort, elle l'imagine rédigeant une longue lettre testamentaire destinée au jeune Marc Aurèle. Il lui parle des arcanes du pouvoir, de sa jeunesse en Espagne, de ses campagnes guerrières, de ses amours, son Amour d' Antinous, de sa vie entre Terre et mer, de son échec politique en Israël....

Le livre est un savant mélange de genres et de registres... Épistolaire, auto fiction, roman, réflexion philosophique.... Un coup de génie.

C'est avec un immense plaisir que je relirai ce chef d'oeuvre.

La cerise sur le festin littéraire est à trouver dans les notes de Yourcenar. Ici elle nous livre quelques détails sur la recette.

Évidemment ce livre a de l'Allure et répond à toutes les exigences (historiques, littéraires, narratives, linguistiques, syntaxiques et etc ...) pour entrer au Panthéon.

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Cela faisait longtemps que je voulais découvrir l'auteure Marguerite Yourcenar et en particulier son «Mémoires d'Hadrien», chef-d'oeuvre publié en 1951. Il trainait dans ma PAL depuis quelques années déjà, mais je dois avouer que le mot «mémoires» dans le titre me faisait lourdement hésiter, la peur de m'ennuyer peut-être ou que cela soit un peu trop indigeste... C'est le challenge Livre Historique 2019 de BazaR qui m'y a décidé cependant, c'était l'occasion ou jamais, et comme j'ai bien fait !

Bluffée...
Je suis bluffée par ce roman.

Bluffée par l'écriture de Marguerite Yourcenar.
Si sa plume ne m'a pas paru facile, - il faut se donner du temps et être au calme pour l'apprécier - elle a en revanche le mérite de nous immerger totalement dans les paysages et palais contemplés, dans cette ambiance romaine à travers les pensées et réflexions de l'empereur Hadrien. C'est bien simple, j'avais réellement le sentiment que c'était Hadrien qui s'exprimait.

Bluffée par les éléments historiques qui y ont été introduits, que ce soit les nombreux personnages historiques (philosophes, écrivains, artistes, politiciens, généraux militaires...), les anciens noms de royaumes ou encore des évènements sociaux ou militaires. L'auteure a su magistralement mélanger L Histoire et son interprétation des pensées de l'empereur. Le carnet de notes, ajouté à la suite du roman, aide à mesurer le travail de recherche (et de lecture) colossal effectué par Mme Yourcenar pour accoucher un tel ouvrage.

«L'une des meilleures manières de recréer la pensée d'un homme : reconstituer sa bibliothèque.»

Hadrien est au crépuscule de sa vie. C'est l'heure pour lui de faire le bilan de son parcours, de ses objectifs atteints ou pas, mais d'apporter également ses réflexions plus générales sur l'homme et son avenir. Il s'adresse pour cela au jeune Marc-Aurèle qui deviendra plus tard empereur à son tour.

Le roman est découpé de manière chronologique, chaque partie développant les différentes étapes jalonnant son histoire :
-sa jeunesse et sa progression militaire et sénatoriale qui l'amèneront vers le pouvoir,
-son projet impérial avec ce qu'il souhaite mettre en place et laisser derrière lui (un empire en paix avec de nombreuses constructions),
-sa période heureuse avec Antinoüs, ses voyages à travers l'empire et sa passion pour la culture héllénique,
-l'après Antinoüs, marqué par le deuil bien sûr, mais aussi par un investissement total dans les réformes.
-ses dernières années dans sa villa de Tibur et le choix du successeur...

J'y apprends pour ma part beaucoup de choses sur cet homme qui s'était donné pour mission de pacifier l'empire pour y faciliter l'agriculture, le commerce, mais également développer la culture et l'instruction avec entre autre l'établissement de bibliothèques. Son règne est marqué par une volonté de réformer et de construire. Un de ses voeux les plus chers était de redonner à Athènes ses lettres de noblesse...
J'y ai également appris sa passion pour les femmes, mais aussi son affection pour le jeune bithynien Antinoüs, une rencontre qui marqua profondément sa vie (il sera son favori et amant) et qui le plongera dans une profonde affliction lors de la mort mystérieuse et brutale du jeune homme. Hadrien fondera en son honneur la cité de Antinoé, aujourd'hui disparue, au bord du Nil où il sera divinisé...

Au-delà du portrait de cet empereur, on mesure que c'est un roman extrêmement riche, qui nous laisse méditer sur l'évolution des hommes, sur l'avenir de notre civilisation, sur les conséquences des choix qui sont fait par ceux qui ont le pouvoir et leur responsabilité, sur le chemin emprunté jusqu'à ce jour par l'humanité et le questionnement sur celui à suivre...

Il y aurait bien d'autres choses à en dire encore, mais je crois que le mieux est de le lire soi-même...

Challenge Livre Historique 2019
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Roman historique, retraçant la vie de l'empereur romain Hadrien, de sa jeunesse jusque sur son lit de mort.

Homme de dialogue et de paix, cultivé, sensible et sage , il essaiera de moderniser et d'unifier son empire, en améliorant les conditions de vie des esclaves et des femmes, en s'opposant aux inégalités , aux abus. Homme amoureux de la vie et de sa patrie, il voudra prolonger son oeuvre, en prenant soin de bien choisir son successeur, lui faisant part de ses passions, de ses curiosités et de ses espoirs.

C'est un visionnaire qui a foi en l'humanité, la liberté et la justice, même s'il est conscient que le chemin pour atteindre ce monde meilleur est semé d'embûches et d'éternels recommencements. La tâche est rude et il faudra plusieurs générations de sages empereurs comme lui pour accomplir sa vision du monde futur.

Marguerite Yourcenar a imaginé les mémoires de ce grand empereur, elle a voulu «refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors».
C'est un voyage dans le temps, avec de multiples détails historiques et, même si l'écriture de marguerite Yourcenar est très belle , je m'y suis parfois égarée, l'ennui me gagnant par moment. J'ai cependant aimé cette rencontre avec Hadrien, sa soif de découverte et son désir de se connaitre, de pénétrer jusqu'au plus profond de son âme , de la conscience de soi.
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Détour par la Rome antique telle qu'imaginée par l'Académicienne Marguerite Yourcenar.

D'entrée de jeu, l'écrivaine nous place dans le roman plutôt que la biographie en débutant le texte par des pensées d'Hadrien, un homme malade qui écrit à son petit-fils adoptif. Bien que l'ouvrage soit très bien documenté, on sait que l'autrice ne peut pas être « dans la tête » d'Hadrien et connaître ses pensées.

Ce procédé littéraire donne un côté plus humain au personnage qui devient plus attachant et rend la lecture plus accessible. Il permet aussi à Marguerite Yourcenar de mettre ses propres réflexions dans la bouche d'Hadrien. Avec la grande qualité de son érudition et de son écriture, ce sont des dizaines citations que j'aurais pu reproduire, sur des sujets aussi variés que l'insomnie, la bureaucratie ou le déclin de la civilisation.

En choisissant les « Mémoires », plutôt que la biographie, Yourcenar donne la parole à Hadrien. Elle choisit donc de présenter le point de vue du grand homme, sa version des faits, pas de place ici pour d'éventuelles opinions de ses victimes. Pour devenir empereur, il faut une forte estime de soi (peut-être même un brin de narcissisme) et on s'attend donc à ce qu'il donne une image positive de lui-même dans ses mémoires. Hadrien n'a pas fait de massacres ou de génocides, il a pacifié. Il ne comprend pas pourquoi un peuple peut se révolter pour ne plus être soumis aux coutumes et aux lois bienveillantes de Rome. Il n'avait pas le choix d'être un despote et de faire assassiner ses ennemis, c'était pour protéger l'Empire…

De même, lorsqu'Hadrien parle de son jeune amant Antinoüs qui éventuellement se suicide, il en fait l'éloge, raconte combien il a été malheureux de sa mort et décrit les statues et les monuments qu'il a fait ériger en son honneur. Peu auparavant, j'avais lu « Le Consentement «  de Vanessa Springora et je me suis demandé quelles auraient pu être les « Mémoires d'Antinoüs »? (Et si Vanessa s'était suicidée « par amour », son écrivain éphébophile n'aurait-il pas élevé pour elle des monuments de mots dans ses mémoires ?)

Cette place importante que donne Yourcenar aux amours homosexuelles d'Hadrien n'est peut-être pas anodine, car ce pourrait être pour elle une façon de défendre une cause. En effet, au moment de la publication des Mémoires, elle vit aux États-Unis, en couple avec une autre femme, alors que, jusqu'en 1962, les 50 États américains criminalisaient les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Au final, une lecture très intéressante que je n'aurais pas faite si ce n'avait été du défi « mission impossible » proposé par l'émission littéraire quotidienne à la radio de Radio-Canada : « Plus on est de fous plus on lit »*. Un défi qui s'est avéré tout à fait possible et agréable, un défi que je suis très heureuse d'avoir relevé!

(disponible sur le web : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/373/plus-on-est-de-fous-plus-on-lit)
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Erudit mais bien ennuyeux !
Qu'est-ce qui ne va pas, chez moi, pour m'être autant ennuyé à la lecture de ce chef d'oeuvre ? Je viens de parcourir les avis cinq étoiles pour tenter de comprendre ce que j'ai raté : « L'écriture est splendide, le vocabulaire est merveilleux », « le style est limpide, esthétique, élaboré », « Un concentré d'érudition, de talent...un pur chef d'oeuvre ! », « un Hadrien plus vrai que nature. »
Il y a beaucoup d'adjectifs et d'affirmations mais peu de démonstration comme si les lecteurs avaient du mal à concrétiser leur plaisir. Allons voir ce que disent les grincheux ?
Oiseaulire me semble plus précise et nettement plus convaincante :
« L'empereur Hadrien développe des réflexions bien contemporaines qui sont plutôt celles de Marguerite Yourcenar elle-même : un parfum d'anachronisme se dégage de ce roman, accentué par la volonté de l'auteure de restituer autant que possible le style à la fois fleuri et viril des textes anciens.
Hadrien se présente comme un homme pourvu de mille qualités : peu de pages dans lesquelles, sous une apparente modestie, il ne fasse sa propre apologie : voyez comme je suis intelligent, sensible, viril, perspicace, lettré, aimant la paix mais bon guerrier et stratège, excellent ami, bon chef d'état, amoureux sincère. Seule ma carrière d'époux n'est pas exemplaire, mais est-ce ma faute ? Sabine est si maussade.
Il m'a semblé lire une excellente dissertation, pleine de solides qualités, mais lisse, très lisse, un exercice académique bien mené sans aspérité, sans vrai souffle. Intelligent mais sans génie. »
Ca semble acquis, Hadrien n'aimait pas sa femme qui le lui rendait bien. Il préférait les garçons en particulier le (très) jeune Antinoüs qui, si j'en crois la statuaire, était effectivement très beau. Il mit fin aux guerres de conquête de son prédécesseur Trajan… quoique… il mit quatre années à « pacifier » la Judée (comprendre mâter la rébellion juive qu'il avait provoquée en décidant de faire bâtir un temple dédié à Jupiter sur l'emplacement du Temple) de telle sorte que «cinquante forteresses, et plus de neuf cents villes et villages avaient été saccagés et anéantis ; l'ennemi avait perdu près de six cent mille hommes » et, détail intéressant, aujourd'hui encore : « La Judée fut rayée de la carte, et prit par mon ordre le nom de Palestine. »
Privé de descendance, il ne le regretta pas : « certes, aux heures de lassitude et de faiblesse où l'on se renie soi-même, je me suis parfois reproché de n'avoir pas pris la peine d'engendrer un fils, qui m'eût continué. Mais ce regret si vain repose sur deux hypothèses également douteuses : celles qu'un fils nécessairement nous prolonge, et celle que cet étrange amas de bien et de mal, cette masse de particularités infimes et bizarres qui constitue une personne, mérite d'être prolongé. »
Il y a bien quelques pages émouvantes sur la fin de vie, ses affres et ses hontes, quelques intéressantes considérations politico-philosophiques sur l'empire, son expansion, ses limites et son déclin, dont on peut malgré tout penser qu'elles sont, comme les lignes ci-dessus, plus imputables à Marguerite qu'à Hadrien. Rien de bien palpitant. de même les, à mon goût, trop longs développements sur « l'attachement » de l'empereur au jeune (14 ans) Antinoüs, les références à Achille et Patrocle et la divinisation du jeune homme, pourraient sans doute, pour des esprits étroits dont j'avoue ne pas être totalement éloigné, apparaître comme un manifeste pro domo en faveur de moeurs qu'à la vision idyllique de Marguerite, les esprits chagrins pourraient opposer celle de l'historien Sextus Aurelius Victor écrivant dans son Livre des Césars, près de 250 ans après, alors que les relations entre hommes et éphèbes sont tombées en disgrâce : « On le (Hadrien) vit enfin rechercher, avec une scrupuleuse sollicitude, tous les raffinements du luxe et de la volupté. Dès lors mille bruits coururent à sa honte : on l'accusa d'avoir flétri l'honneur de jeunes garçons, d'avoir brûlé pour Antinoüs d'une passion contre nature : c'était là, disait-on, le seul motif pour lequel il avait donné le nom de cet adolescent à une ville qu'il avait fondée ; c'était pour cette raison qu'il avait élevé des statues à ce favori ».
Il pourrait paraître piquant qu'à une époque où tout un chacun condamne à juste titre un Weinstein, personne ne se demande si le petit Antinoüs était vraiment consentant au « grand amour » d'un empereur de quarante ans dont ce roman fait le panégyrique.
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Ce livre, exigeant, est un véritable chef d'oeuvre.
Il allie avec pertinence faits historiques avérés et fiction, descriptions et réflexions philosophiques.
Hadrien, sur son lit de mort, évoque sa vie, ses joies et ses peines, ses réussites et ses déceptions, avec une intelligence certaine et des réflexions très modernes.
C'est une véritable plongée au coeur de l'antiquité, bourrée de références difficiles à comprendre pour le néophyte, mais le tout est relativement abordable et c'est une approche captivante de l'histoire antique.
Certains passages sont réellement splendides et le récit d'Hadrien est émaillé de nombreuses questions philosophiques amenées avec intelligence.
C'est une lecture qu'il faut déguster avec lenteur, et, c'est là le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, avec une attention soutenue.
A découvrir absolument, ne serait-ce que pour la langue magnifique...
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"Memoires d'Hadrien", ou le livre de chevet idéal. Celui que l'on lit et relit, dont on coche les phrases qui vous correspondent si bien. Celui qui met à nu , intimement, un grand homme, et délivre en même temps un message universel.
Merci à Marguerite Yourcenar d'avoir aussi bien su digérer les tonnes (du moins c'est ce que j'imagine) de documentation sur le règne de ce grand empereur, de se les être appropriées au point que Hadrien vieillissant, c'est Marguerite jeune prodige de la littérature (le projet de ces Mémoires est né en 1925) , et Yourcenar vieillissante, c'est Hadrien dans toute la splendeur de sa jeunesse.
En fait, ces deux vies se sont fondues dans un mimétisme fascinant. J'aime ce concept d'un écrivain érudit qui va glaner au gré des différents témoignages et récits historiques la quintessence de son personnage, pour le porter littéralement, le sublimer et en faire ressortir l'humain.
A cela s'ajoute bien sûr la plume ô combien précise et évocatrice de Marguerite, qui accompagne l'esthète, l'homme d'état, et l'homme qui sait que ses jours sont comptés, mais qui défie la mort en se tournant du côté des vivants.
Bravo , mille fois bravo ! Ce livre est fascinant.
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Ceci n'est pas un roman historique! Marguerite Yourcenar récusait cette appellation pour son roman. C'est que chacun de ses livres était un projet unique. Son côté aristo empêchait qu'il se mêle au commun des reconstitutions hâtives. Et, en un sens, on la comprend.
Quand on voit la somme de documentation et de d'érudition qu'il a fallu pour ce roman, l'écrire n'était pas à la portée de n'importe qui. Les historiens l'ont admirée pour cela. Et elle savait bien qu'elle n'était pas n'importe qui!
La lecture de cette oeuvre se perdait dans le passé, sa relecture a été savoureuse. J'en ai sans doute mieux goûté toutes les subtilités. La prose est somptueuse sans être rébarbative. le point de vue est singulier mais vise l'universel. L'immersion dans l'Antiquité est une grande réussite. Pour y parvenir, l'auteur (elle n'aimait pas la féminisation du vocabulaire) se mettait dans une sorte d'état second empathique avec son personnage. Pour autant, elle n'en fait pas un homme idéal: il a ses doutes, ses défauts, ses erreurs, et ses fautes.
Tout cela pourrait sembler suranné ou passéiste. Mais le miracle est que cela nous touche. Peut-être l'humanisme n'est-il pas tout-à-fait dépassé. L'ambition, le pouvoir, la guerre et la paix, l'argent, les effets de nos actions, l'aménagement de l'espace, l'architecture, la tolérance, l'amour et le mariage, la vieillesse, la maladie, la mort, voilà qui est de tout temps. Cela appartient à l'humain, pas aux hommes ou en femmes en particulier.
Et Marguerite Yourcenar glisse dans son oeuvre ce qui lui tient à coeur: l'homosexualité bien sûr, à travers le personnage d'Antinoüs, et même si l'homosexualité antique était vécue bien différemment d'aujourd'hui, et aussi les préoccupations environnementales, moins évidentes, mais qui pressentent la fin d'un monde.
Le seul petit bémol est qu'elle a voulu tout dire de son personnage. de là un côté systématique et platement chronologique. Mais ce défaut là est largement compensé par tout le reste.
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Que dire de plus sur ce livre qui n'a déjà été écrit. J'ai été transporté dès les premiers mots et mon attention n'a pas faibli. Je suis éblouie par tant de talent. Yourcenar est une grande dame de la littérature, un joyau, un diamant brut. Ce livre m'a jeté à terre. C'est une oeuvre magistrale. Un chef-d'oeuvre. Un livre à lire une fois dans sa vie. Ma critique s'arrête ici parce que je ne saurai trouver plus de mots pour dire à quel point je suis contente comme lectrice d'avoir eu ce bouquin entre les mains.
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