Beaucoup diront que c'est un éternel naïf indécis toujours en quête de gloire et de popularité qui subit les événements (et c'est un peu vrai). Beaucoup d'autres diront qu'il est avant tout le Héros des Deux Mondes, un grand défenseur de la Liberté, dont l'extraordinaire préservation de ses principes tout au long de sa vie fascine, alors que se succèdent régimes, bouleversements sociaux etc. (et c'est un peu vrai aussi). « Gilbert » est tout cela à la fois en un sens ce qui fait de toute tentative de biographie non-partisane un numéro d'équilibriste. le défi de la conciliation est plutôt bien relevé par Zecchini. L'auteur contraste consciencieusement l'homme idéalisé et ses caricatures. On arrive bien à se rendre compte que ce personnage est d'une constance... déroutante et que son histoire atypique nous enseigne à quel point il a traversé une série de périodes troubles et agitées (difficile, voire impossible, de choisir le camp du compromis!). La rigueur du travail de documentation, très louable et importante pour être au plus proche des faits, rend parfois la lecture un peu écrasante. Mais s'il faut donc parfois « s'accrocher », nous devenons finalement, par et avec Gilbert, des spectateurs et observateurs qui ne savent plus trop où donner de la tête depuis que, selon la légende, "The World turned Upside Down " à Yorktown.
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La nouvelle biographie du héros de la guerre d’indépendance américaine La Fayette, un héraut de la liberté, de Laurent Zecchini, confirme que sa célébrité est en partie injustifiée.
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Aucune [autre de ses démarches] cependant n'illustre davantage l'engagement de Gilbert [de Lafayette] en faveur des droits de l'homme que son combat pour l'émancipation graduelle des esclaves, premier pas dans son esprit vers l'abolition de l'esclavage. Lafayette ne connaîtra pas cette ultime étape, qui n'interviendra en France que longtemps après sa mort, le 27 avril 1848, avec le décret de Victor Schœlcher. Il y eut une brève lueur d'espoir avec le décret d'abolition du 16 pluviôse an II (4 février 1794), à laquelle Bonaparte mit fin, le 20 mai 1802, en rétablissant l'esclavage dans toutes les colonies. Gilbert n'a pas profité longtemps de cet intermède abolitionniste : emprisonné en 1794, il n'est rentré sur le territoire national qu'en 1799. En mai et juillet 1802, alors qu'il est installé à Lagrange, la France donne même un tour de vis dans un sens rétrograde en excluant de l'armée les officiers de couleur, et en interdisant toute présence des « Noirs et gens de couleur » sur le territoire national. Quelques mois plus tard, le 8 janvier 1803, cet arsenal juridique raciste est complété par l'interdiction des mariages mixtes. Toute sa vie, de son premier voyage en Amérique en 1777, où il découvrira la réalité du sort des Noirs, jusqu'à sa mort, Lafayette ne cessera de se battre en faveur de l'abolition.