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Yingxiang Cheng (Traducteur)
EAN : 9782742747382
58 pages
Actes Sud (10/03/2004)
3.03/5   15 notes
Résumé :

C'est à un véritable engouement que se trouve livrée une petite ville de la Chine populaire : l'orchidée Nobilis s'y cultive et s'y vend à prix d'or. Au point que cette précieuse ressource menace l'ordre moral meurtres, vols, injustices et frustrations, elle met au jour des pulsions incontrôlables. Seul le docteur Lu, médecin intègre, tente d'échapper au vertige. Mais de la noire orchidée monte la triple séduction du luxe, de la richesse et de la nouv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Achat le 28 mai 1988- le Pavé dans la mare- Saint-Germain-en Laye--- Lu 30 septembre 2022 !!!!...

Un immense Mea-Culpa....pour avoir oublié dans les rayonnages bien cachés d'un placard, cette célèbre auteure chinoise, Zhang Xinxin...Heureusement une réparation urgente d'un compteur ...m'a fait redécouvrir cette très ancienne acquisition !!!...

*** roman aussi bref que percutant...comme une fable, mettant quelque peu à mal la société chinoise, avide d'argent , de luxe, de nouveauté et de rêves consuméristes...

Dans une petite ville de la Chine populaire, un véritable engouement naît pour l'orchidée " Nobilis"...
l'histoire démarre avec la mort brutale d'un vieil homme, agressé par deux jeunes hommes, pour lui voler cette fameuse orchidée Nobilis !

Puis arrive notre personnage principal, le docteur Lu, médecin compétent, dévoué à ses patients et son métier, il vit célibataire, sans grande envie de sortir de ce célibat...sauf un bref moment où il s'intéresse à une de ses voisines, chanteuse....prise, à son tour par l'engouement des orchidées. La fameuse plante- fleur va les rapprocher fugitivement...toutefois,notre sympathique médecin, assez désabusé, va bien se rendre compte de la superficialité de cette nouvelle relation !

Zhang Xinxin a le talent rare de " raconter" et de décrire la société chinoise dans laquelle elle vit, dans une fiction aussi brève que virulente et désabusée ....passent au crible, tour à tour, la cupidité, l'addiction à l'argent, enlaidissant tous les rapports humains...Cupidité doublée trop souvent d'une servilité humaine bénissant " une Révolution " si elle lui apporte avantages et confort personnel, mais la reniant aussitôt qu'elle n'est plus utile !!

Tout ce remue-ménage débute comme une sympathique " lubie" où il d'abord question de beauté, de raffinement, jusqu'au moment où cette fameuse Nobilis commence à coûter des fortunes...et les travers humains, la cupidité vont exploser...Le Docteur Lu est pris, très brièvement, dans le tourbillon du moment !

Cependant, notre sage docteur, sait garder la tête froide et garder" mesure"...!
Parallèlement, à son caractère détaché de la cupidité généralisée de ses congénères, il retourne à sa " solitude volontaire", tant il prend conscience de la fragilité et velléités des rapports humains...socialement, politiquement comme individuellement !!

"Comme partout ailleurs, lorsque se mit à souffler la tempête de la " Grande Révolution ", la quasi totalité de la population se jeta à corps perdu dans le tourbillon avec la ferveur et le fanatisme des véritables fidèles. Au moment où fut proclamée la fin de la "Révolution ", tout le monde lui fit, de même, ses adieux en lui manifestant autant de haine que de dégoût. (...)
Depuis, on a acheté et dégusté ici ce qu'on n'aurait jamais osé s'offrir dans le passé en l'espace d'une ou plusieurs décennies. Jadis, chaque fois que l'on s'accordait une petite jouissance matérielle, on ressentait un obscur sentiment de culpabilité, comme un croyant en train d'enfreindre les Dix Commandements. "
( Actes Sud, 1988)

Une très courte fiction qui n'a l'air de rien, mais qui " tape très fort"...Je comprends mieux qu' à sa parution, cette publication a subi de sévères critiques...Quant au public , il lui fit un triomphe !

Après cet oubli involontaire et injustifié, je vais me précipiter pour faire des demandes sur ses autres textes à la Réserve centrale des bibliothèques de la ville de Paris, pour enfin approfondir l'oeuvre de cette Dame des Lettres chinoises...

Deuxième rattrapage pour atténuer cet oubli cruel, je vais déposer ce précieux petit livre dans un kiosque de " livres- voyageurs" fort sympathique, que j'affectionne particulièrement, situé dans le Square des Poètes, attenant les Serres d'auteuil.... Ce petit livre rattrapera ainsi, sa trop longue période de confinement !!
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Une curieuse histoire (courte) que ce récit comportant deux personnages centraux : le docteur Lu, et…une orchidée foncée Nobilis. Les événements se déroulent dans une petite ville chinoise dont les habitants ne vivent que pour cette plante, qui tire sa noblesse, et son prix parfois exorbitant, de la passion que lui vouait le dernier empereur au début du XXème siècle.
A tel point que la première scène s'ouvre sur un meurtre, deux hommes n'hésitant pas, pour voler une Nobilis, à tuer son propriétaire.
Puis les projecteurs se braquent sur le docteur Lu, chirurgien hospitalier, qui va notamment sauver la vie d'un malade, avoir un béguin pour sa nouvelle voisine de palier, chanteuse de son état, sous le regard d'une autre commère de voisine…Mais l'irruption de ces personnages n'est qu'un prétexte pour mettre en vedette la Nobilis, d'abord offerte à Lu par le malade qu'il a sauvé. Mais l'association des amateurs d'orchidées Nobilis a été prévenue des caractéristiques extraordinaire du spécimen. Dès lors, une foule de commerçants, curieux, et même touristes et journalistes déboulent dans l'immeuble ! Nous suivons alors le regard consterné de Lu devant tant d'agitation frénétique, de fièvre acheteuse, le spectacle de son ami anesthésiste Zhao…Lu qui va finalement se laisser emprunter son trésor par sa charmante voisine, qui va elle-même se la faire piquer par un mystérieux voleur. Lu se lance alors dans une course-poursuite finale effrénée et pour le moins fantastique…

Etonnante histoire par le style narratif, d'abord. Les aventures de Lu sont contées au présent, ce qui produit une sensation de rythme enlevé. le sujet sous-jacent est clairement une critique du capitalisme. Lu est témoin de la véritable folie spéculative qui s'empare des hommes, d'une cupidité parfois sans bornes. Si les démonstrations des commerçants pourraient d'abord prêter à sourire, l'atmosphère change vers la fin, avec une orchidée personnifiée prenant un caractère invasif, inquiétant, monstrueux, incontrôlable, véritable métaphore d'un capitalisme qui irrésistiblement étend sa toile, dans une ambiance cauchemardesque.

Pour moi pas un chef-d'oeuvre inoubliable, mais une petite fable intéressante, dénonciatrice des dérives de l'argent-roi à l'oeuvre aujourd'hui dans le monde, et notamment dans une Chine qui change à un rythme effréné, au risque d’y perdre son âme.
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Je viens de terminer ces quelques pages qui se prétendent roman et je suis plus que perplexe. Quel sens a ce texte, quelle est sa finalité ?
Il y est question de la condamnation pour meurtre d'un homme et ses deux complices puis d'un dialogue entre médecins dans une salle d'opération avant que nous suivions l'un de ces deux médecins chez lui. Avec toujours pour thème l'orchidée Nobilis. Réalité et onirisme semblent se lier mais dans quel but ?
Cela m'a rappelé Semper Augustus pour le sujet : la folie qui s'empare d'une ville à propos d'une fleur mais en infiniment moins bien.
Ce n'est pas désagréable à lire mais cela n'a à mon sens pas beaucoup d'intérêt.
Mais bon on ne perd qu'une heure, ce n'est pas un grand mal, et qui sait, à vous il peut plaire ?
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Le roman pourrait commencer comme un petit polar avec le meurtre d'un vieil homme. Qu'a-t-il fait pour mériter un tel sort ? Pas grand-chose, juste posséder chez lui une orchidée, bien d'une valeur apparemment inestimable que deux voleurs ont tenté de s'approprier de façon illégale. Peut-être va-t-il y avoir une enquête policière en bonne et due forme afin de rechercher les assassins. Même pas… Un troisième complice, pris de remord, les dénoncent aussitôt. Fin du roman noir (au bout de 5 pages). Mais le roman continue, vers une autre écriture, vers de la poésie, vers du rêve, empreinte de belles images, agrémentée d'un léger parfum d'amour frais. Non dénuée d'humour, le roman trouve sa place aussi dans un ton sarcastique et montre les aspects les plus néfastes de la spéculation et de la capitalisation.

Mais comment est-ce qu'une orchidée aux feuillages noires intenses arrivent à rendre fou tout un village (à l'exception du docteur Lu qui a su toujours resté intègre à son mode de vie) ? Elle est belle et attise toutes les convoitises, toutes les pulsions trop longtemps refoulées de ce peuple chinois. Elle est devenue le centre de toutes les attentions. Elle sert de lien pour rassembler et unir les gens. Mais elle est surtout le moyen de devenir riche en capitalisant sur une feuille, en spéculant sur un simple bout de tige. Un court roman d'à peine 58 pages qui se lit comme dans un rêve. Je ferme les yeux, et je me retrouve dans un hamac, au milieu d'une serre tropicale, avec ce livre, des odeurs de fleurs envahissant et bouleversant mon petit univers imaginaire et le chant des oiseaux pour m'accompagner dans cette lecture. L'écriture a aussi ce pouvoir de magie.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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très petit livre par la quantité de pages mais grand par la poésie , l'humour et la délicatesse du récit. Et tout cela pour la belle orchidée noire, qui se vend à prix d'or dans une petite ville de la Chine populaire. La couverture est déjà un régal.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Certaines orchidées Nobilis, très renommées, sont gratifiées de sobriquets amusants tel que "Tête de moine", "Masque du diable" ou "Dames de la famille Han", comme des enfants trouvés rebaptisés par leurs parents adoptifs. Les prix sont variés : cinquante à cent yuans le plus souvent. Mais ils peuvent aller jusqu'à mille ou deux mille yuans. Tout dépend de la qualité de la marchandise. Les espèces de haut de gamme ne sont évidemment pas mises en vente ici ; elles ne sont pas pour le grand public.
Perdu parmi ces fleurs, le docteur Lu s'enfonce dans un abîme de réflexion à la façon de l'homme de Qi qui redoutait que le ciel lui tombe sur la tête. Le prix du pot d'orchidées Nobilis a dépassé très largement, lui semble-t-il, sa valeur réelle. Mais qu'est-ce qui fonde, en dernière analyse, la valeur réelle d'un objet ? Dans un système d'échanges semi-ouvert semi-fermé, c'est de façon fantaisiste que sont fixés les prix de vente, au gré des variations de besoins sommaires immédiatistes, de rumeurs plus ou moins fondées et de la cotation des cours effectivement pratiqués. Les orchidées Nobilis, quant à elles, ne relèvent ni de la catégorie des denrées alimentaires, ni de celle des produits finis de l'industrie ou de l'artisanat, ni de celle des matières premières génératrices du processus de la reproduction élargie. C'est d'elles-mêmes qu'elles fleurissent et puis qu'elles se fanent ; mais l'argent qu'elles engendrent ne cesse, lui, de culbuter sur lui-même. Il arrivera sans doute un jour où nos fleurs ne seront plus demandées par personne, sur l'autre rive de la mer. On y est peut-être déjà, du reste. Ce jour-là, celui de la saturation du marché des orchidées Nobilis, on se mordra les doigts d'avoir tant profité d'une valeur ajoutée surgie de presque nulle part et de s'en trouver soudain privé...Mais à quoi bon nous faire de la bile ? Lorsqu'on sera saturés d'orchidées Nobilis, surgira, qui sait ? de quelque part, d'Amérique ou d'un quelconque riche pays du Moyen-Orient, une passion pour nos crachoirs ou pour nos pots de tabac à priser ; et sans doute ne sera-ce plus ici, dans notre ville, qu'on fera fortune avec ça, mais dans une autre, et pourtant toujours selon le même schéma : la foire pour commencer, et puis, très rapidement, la grosse affaire.
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Comme partout ailleurs, lorsque se mit à souffler la tempête de la " Grande Révolution ", la quasi totalité de la population se jeta à corps perdu dans le tourbillon avec la ferveur et le fanatisme des véritables fidèles. Au moment où fut proclamée la fin de la "Révolution ", tout le monde lui fit, de même, ses adieux en lui manifestant autant de haine que de dégoût. (...)
Depuis, on a acheté et dégusté ici ce qu'on n'aurait jamais osé s'offrir dans le passé en l'espace d'une ou plusieurs décennies. Jadis, chaque fois que l'on s'accordait une petite jouissance matérielle, on ressentait un obscur sentiment de culpabilité, comme un croyant en train d'enfreindre les Dix Commandements.
( Actes Sud, 1988, p.16)
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Le docteur Lu a beau scruter attentivement les petits yeux scintillants de son malade, il n'y voit toujours pas clair.
"Je voudrais vous offrir quelque chose ! Ces jours-ci, je vous ai bien observé : vous êtes un homme bon ; et je vous fais confiance. Si vous voulez me sauver la vie, je vous ferai don de quelque chose de jamais vu."
Le docteur Lu recule lentement, les bras croisés, et s'affale sur l'appui de la fenêtre. Est-ce l'indignation, la colère ou l'étonnement qui l'envahit ? L'oeil fixé sur le numéro 15, il réfléchit.
En effet, se dit-il, lorsque l'on veut exprimer, aujourd'hui, par des mots simples, des sentiments d'amitié sincère ou de simple confiance, c'est interprété comme de la comédie ou de la pure hypocrisie. On préfère infiniment les réalités en forme d'objets matériels bien tangibles pour représenter les relations à nouer entre être humains. Offrir un cadeau à un médecin que l'on consulte est devenu une pratique courante, toute naturelle : on nous paie ainsi, à nous médecins, un supplément de cotisation d'assurance-vie. Les bouchers offrent des travers de porc ; les cordonniers, des paires de chaussures ; les campagnards, de l'huile, des cacahuètes, des lentilles vertes...Mais comment tolérer ça ? Qu'on te fasse des cadeaux, passe encore ; tu es libre, après tout, de les refuser ; et on comprend que tu les refuses. Mais je n'ai encore jamais vu quelqu'un qui fasse état devant toi, comme d'une vérité absolue, de l'obligation de faire des cadeaux.
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Si vous changez votre angle de vue, pourtant, vous mesurez combien, dans les soins fastidieux que l'on prodigue aux plantes et dans l'attente patiente des bourgeons qui doivent surgir de leurs touffes de verdure, parle l'inépuisable énergie déployée par l'être humain pour améliorer petit à petit, coûte que coûte, l'environnement de sa vie. Hélas ! Ici, dans cette ville, les orchidées Nobilis, elles sont conservées dans des serres, cachées dans les profondeurs des demeures ; elles recommencent à mener, au sein du peuple, une vie de palais.
( Actes Sud, 1988)
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Tout cela pour un pot d'orchidées
Nobilis ! Deux vies humaines plus de vingt ans de taule, est-ce un prix à payer pour de pareilles fleurs, même en admettant qu'elles valent une fortune ? (...)

Se racontant tout cela les uns aux autres et en discutant à n'en plus finir, les gens font étalage de leur fidélité de bon aloi aux grands principes de la morale, assouvissent une curiosité réellement insatiable, et ouvrent ainsi, en eux, du même coup, les vannes d'inavouables désirs trop longtemps refoulés. Sans doute l'épouvante et le malheur d'autrui rencontrés sur leur chemin ont-ils d'un seul coup densifié leurs jours si insipides et si machinalement vécus...
( Actes Sud, 1988)
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