A lui seul, bien des personnages.
Qui est vraiment Martin Odum, ancien agent de la CIA, devenu détective privé à New York? Dante Pippen, un Irlandais de l'IRA, expert en explosifs, qui forme des terroristes dans un camp d'entraînement du Hezbollah? Lincoln Dittmann, universitaire spécialiste de la guerre de Sécession? Combien d'autres identités peut-on lui prêter?
La légende, comme l'a vulgarisé depuis l'excellente série le Bureau des Légendes, est l'agent dont on a façonné une identité nouvelle et fictive, complète et fouillée, mais assez banale pour qu'elle colle à la réalité. Légendes, c'est l'art de vivre dans le mensonge, la faculté d'endosser des identités multiples qu'elles soient culturelles, ou religieuses, afin de mener à bien les missions octroyées: espionner, informer, duper, charmer, trahir…et ce, au risque de se perdre. Souvenons nous de XIII.
Martin Odum a parcouru le monde pour le compte de la CIA, eut bon nombre de vies. Aujourd'hui, pour les beaux yeux d'une cliente, sur la piste de Samat Ougor-Jilov, neveu d'un oligarque qui règne sur le crime organisé en Russie, il fouine aux Etats-Unis, en Israël, en République tchèque, tout en poursuivant ses séances auprès de sa psychiatre qui veut savoir qu'il est réellement Odum. Il y a du Goliadkine la-dessous…
A travers le thème de l'identité, et le prisme du roman d'espionnage, Robert Littell nous offre une autopsie en règle de feue l'URSS, démembrée après la chute du communisme, livrée aux manoeuvres des Etats-Unis et du crime organisé, dans le fracas de l'humanité qui se désagrège. Excellent.
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Ce qu'il y avait de plus remarquable avec l'Union Soviétique, c'est que personne -personne- ne croyait au communisme. Ce qui signifiait qu'une fois que vous aviez recruté un Russe, il faisait un espion extraordinaire, pour la simple raison qu'il avait grandi dans une société où tout le monde, des membres du Politburo aux guides d'Intourist, vivait dans la dissimulation dans le seul but de survivre. Quand un Russe acceptait d'espionner pour vous, il avait déjà été formé et ce n'est pas une image, à vivre deux vies.
- C'est quoi, tous ces journaux par terre? s'étonna t-elle.
En l'entendant parler, Martin se rappela combien une voix humaine normale peut être musicale à l'oreille.
- C'est un truc que j'ai piqué dans Le Faucon maltais: un type qui s'appelait Thursby mettait toujours des journaux autour de son lit pour que personne ne puisse s'approcher de lui pendant son sommeil. J'ai appris tout ce que je sais de mon métier de privé avec Humphrey Bogart, reprit-il, commençant à être à bout de patience.
L'écrivain américain Mencken a défini un jour un idéaliste comme quelqu'un qui, remarquant que la rose sent meilleur que le chou, en conclut qu'elle devrait faire de meilleures soupes.
L'écrivain américain Mencken a défini un jour un idéaliste comme quelqu'un qui, remarquant que la rose sent meilleur que le chou, en conclut qu'elle devrait faire de meilleures soupes.
Si vous êtes assez stupides pour dîner avec le diable, pour l'amour du ciel, prenez une très longue cuillère.
La peste sur vos deux familles de Robert Littell - La chronique de Clara Dupont-Monod