Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de croyances et d'idées admises et vénérées se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se cristalliser. Tout ce qui était solide et stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané ; et les hommes sont forcés, enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux dégrisés
Au lieu d'adopter cette position défensive qui laisse à l'ennemi le choix du lieu de l'affrontement, il s'agit d'inverser la stratégie en assumant pleinement ce dont on est accusé : oui, le marxisme est dans le droit fil du christianisme ; oui, christianisme et marxisme doivent combattre main dans la main, derrière la barricade, le déferlement des nouvelles spiritualités. L'héritage chrétien authentique est bien trop précieux pour être abandonné aux freaks intégristes
Si nous voulons vraiment un exemple d’audace, exigeant ‘d’en avoir les couilles’ pour tenter l’impossible, mais qui en même temps fut une horreur, la cause de souffrances dépassant l’entendement, il suffit alors de songer à la collectivisation forcée entreprise par Staline dans l’Union soviétique de la fin des années 1920
Il est également crucial de garder à l'esprit le lien unissant le Décalogue (les commandements divins imposés traumatiquement) et son envers moderne, les «Droits de l'homme». Comme l'expérience de notre société libéral-permissive et postpolitique le démontre amplement, les Droits de l'homme sont en fin de compte, dans leur coeur même, les Droits autorisant la violation des Dix Commandements. Le «droit à la vie privée» : le droit à l'adultère, en secret, où personne ne me voit ni n'a le droit de fouiller ma vie. «Le droit au bonheur et à la propriété privée
La tradition judéo-chrétienne est donc à opposer strictement à la problématique gnostique et New Age de l'épanouissement et de l'accomplissement personnels : lorsque l'Ancien Testament nous commande d'aimer et de respecter notre prochain, ce n'est pas notre double imaginaire, notre semblable, qui est convoqué, mais le prochain en tant que Chose traumatique. Contrairement à l'attitude New Age qui en dernier ressort réduit l'Autre ou le Prochain à mon image au miroir, ou à une mesure le long de la voie de mon propre accomplissement individuel