La jeune fille est là, occupée à nettoyer la salade de son déjeuner sur l'évier de son minuscule appartement à une chambre situé au rez-de-chaussée, donnant directement sur la rue. Animé par son instinct de chasseur, en un éclair, l'homme entre par la fenêtre en renversant une jardinière qu'il replace correctement mais il n'a pas réussi à remettre la moustiquaire en place… Quelques temps après, le gardien de l'immeuble, intrigué par le mauvais état de la moustiquaire de la fenêtre, décide de rendre visite à la jeune occupante…
Au Québec, un individu dans la quarantaine circule en voiture, feint d'être perdu et demande poliment son chemin à la jeune femme qui marche en bordure de la chaussée.
Lors d'un apéritif sur une terrasse, un joyeux baratineur invite son interlocutrice à prolonger la soirée dans une boite de nuit. Aux petites heures du matin, l'homme qui s'est montré gentil, prévenant, se propose pour raccompagner la jeune femme chez elle. Chemin faisant, il en profite pour prendre une route qui les conduits droit dans les champs… La future victime veut s'échapper, mais les portes du véhicule sont verrouillées…
Sur la première scène de crime, le corps sans vie portant la trace de coups très violents, gît là, baignant dans le sang, au milieu du salon. Les secondes et troisièmes évocations pourraient laisser entrevoir que quelques jeunes personnes, tétanisées, se sont soumises et ont peut-être gardé ainsi le droit de vivre.
Nombreux sont les enquêteurs qui se retrouvent devant de tels faits criminels. Crimes qui seront de plus en plus difficiles à élucider plus le temps passe.
Il y a plus de soixante ans, quelques spécialistes ont eu l'idée, grâce à de nouvelles techniques et à la capacité de mémoire des premiers ordinateurs, de collecter des informations recueillies de plus en plus loin de leur terrain habituel d'observation et de constater que pour certains types de produits, telle ou telle partie de la clientèle pouvait être sensibilisée et intéressée par leurs marchandises (poudre à lessiver, boissons ou produits).
Depuis une quarantaine d'année, maintenant, quelques spécialistes du monde de la criminalité ont appliqué ces méthodes de collecte d'informations à leurs propres activités et ont tracés les premiers « profils » de leur « clientèle ».
Rien de nouveau sous les cieux, sinon que ces hommes de l'ombre, lorsqu'ils sont sur le terrain, n'apparaissent jamais au grand jour.
Le livre de
Danièle Zucker nous explique bien que cette méthode de travail ne propose pas toujours des solutions, mais des hypothèses à valeur de probabilité. La complexité du profiling – écrit-elle – est liée entre autres au bloc de connaissances qu'il véhicule. Ce corpus intègre différentes parties, dont les sciences psychologiques, la psychiatrie, la criminologie, l'étude du comportement criminel violent et déviant, les sciences médico-légales, la balistique,… Une connaissance approfondie des mécanismes psychiques, du fonctionnement des différents types de personnalités, de la psychopathologie et du comportement humain aberrant s'avère absolument indispensable.
Danièle Zucker écrit aussi « Si l'ego du profiler ne supporte pas qu'une hypothèse puisse être rejetée, autant ne pas faire ce métier ».