Mrs C raconte à notre narrateur une poignante d'une histoire qu'elle a connu il y a plus de vingt de cela, une histoire qui n'a duré que vingt-quatre heures donc une jour...
En effet, en ce laps de temps madame C a connu des plus fortes émotions qui n'ont jamais cessé de hanter sa vie. vingt-quatre d'une vie qui pour d'autres il aurait fallu plus de dix ans pour faire vivre des émotions auxquelles a été sujette. Si bien qu'elle a conservé secrètement cette histoire dans son coeur..
Et là pour une première fois, elle se livre à notre narrateur. Elle lui relate cette histoire qui a perturbé sa conscience, troublé la tranquillité de son âme, une histoire d'amour d'un seul jour qui l'a fait vivre cet amour passionnel que poste souvent cupidon où l'on parle de coup de foudre.
En même temps toujours dans ce laps de temps de vingt-quatre heures, elle connait aussi une terrible déception...lé débit impeccable par lequel est né cet amour est le même par lequel cet amour va se volatiliser...
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Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme
Magnifique ! Cette longue nouvelle commence doucement par une conversation qui tourne à l'affrontement verbal dans une petite pension bourgeoise. On déplore ou on accepte le départ subit de dame Henriette avec un jeune homme. On se questionne sur le coup de foudre, sur les raisons qui l'ont poussée à poser un tel geste... Puis voilà que Mrs C. éprouve le besoin de confier au narrateur un épisode de sa vie en privé. C'est à ce moment que le récit prend son envol et qu'on se laisse entraîner dans le tourbillon des confidences de Mrs C. On ne peut que lire avec passion les passions qui animent les personnages en présence.
Je découvre Sweig et le vertige de le lire. Il sait d'un trait décrire avec force les comportements humains. Ici tout se lit dans le jeu des mains d'un joueur invétéré, dans les pas indécis de Mrs C. qui veut lui venir en aide. L'art de Sweig, semble-t-il, est celui du récit dans le récit qu'il sait rendre ici ô combien vivant et prenant. le personnage de Mrs C, je crois bien, a quelque chose d'immortel. Il demeure en nous comme une figure universelle. J'ai adoré.
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Zweig est sans conteste un de mes auteurs favoris.
Ici j'ai donc choisi de découvrir un de ses nombreux ouvrages, et mon avis ne sera pas aussi enthousiaste que pour ses autres romans. Je n'ai pas été emportée par cette histoire. Elle n'avait que peu d'intérêt à mon sens. C'est toujours remarquablement écrit, mais cette femme qui critiquait une autre femme ayant réussi là où elle a “échoué” m'a laissé de marbre. Sans doute ce côté bien-pensance de l'époque où il faut être irréprochable et donc jeter la première pierre.
L'avantage est que cette histoire se lit en très peu de temps, mais cette Mrs C. n'a pas su attiser ma sympathie. C'est parce que le narrateur est ouvert et bienveillant qu'elle se confie à lui, mais elle était la première à critiquer Madame Henriette sans la connaître. (c'est d'ailleurs la particularité de ce livre, la plupart des personnages n'ont pas de nom, mais sont anonymes).
Pour résumer, une écriture que j'aime toujours autant qui dépeint la société et ses travers, mais une histoire qui n'aura pas su m'intriguer et m'emporter.
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Deux personnages, deux passions, une vie entière marquée par une rencontre de quelques heures.
Bien que court, Zweig maîtrise encore une fois son histoire avec une description précise de la pensée et des sentiments de ses personnages tels que la passion, la douleur, l'angoisse … c'est très dense en émotions et en thèmes de réflexion
Cette nouvelle en mode enchâssé fut un très bon moment de lecture pour moi. Au-delà de l'aspect romanesque, qui s'efface bien vite devant la réalité la plus triviale, l'auteur évoque aussi l'hypocrisie des conventions sociales qui prévalaient dans les milieux bourgeois de l'époque, véritables étouffoirs des passions amoureuses
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La plupart des gens n'ont qu'une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n'arrive guère à les émouvoir ; mais si devant leur yeux à portée immédiate de leur sensibilité, se produit quelque chose, même de peu d'importance, aussitôt bouillonne en eux une passion démesurée. Alors ils compensent, dans une certaine mesure, la rareté de l'intérêt qu'ils prennent aux événements extérieurs par une véhémence déplacée et exagérée.
Malgré tout, le temps a un grand pouvoir, et l'âge amortit de façon étrange tous les sentiments. On sent qu'on est plus près de la mort ; son ombre tombe noire sur le chemin ; les choses paraissent moins vives, elles n'affectent plus autant les parties profondes de l'être et elles perdent beaucoup de leur puissance dangereuse.
- À coup sur, les tribunaux sont plus sévères que moi en ces matières [d'ordre moral] ; ils ont pour mission de protéger implacablement les mœurs et les conventions générales ; cela les obligent à condamner au lieu d'excuser. Mais moi, simple particulier, je ne vois pas pourquoi de mon propre mouvement j'assumerai a le rôle du ministère public. Je préfère etre défenseur de profession. J'ai personnellement plus de plaisir à comprendre les hommes qu'à les juger.
" Vous avec parfaitement raison ; la demi-vérité ne vaut rien, il faut qu'elle soit entière. [..] "
Non, jamais, jamais encore, je n’avais vu des mains ayant une
expression si extraordinairement parlante, une forme d’agitation et de tension si spasmodique. Sous cette grande voûte, tout le reste, le murmure qui remplissait les salons, les cris
bruyant des croupiers, le va-et-vient des gens et celui de la boule elle-même, qui maintenant, lancée de haut, bondissait comme une possédée dans sa cage ronde au parquet luisant, -toute cette multiplicité d’impressions s’enchevêtrant et se succédant pêle-mêle et obsédant les nerfs avec violence, tout cela
paraissait brusquement mort et immobile à côté de ces deux mains frémissantes, haletantes, comme essoufflées, en attente, grelottantes et frissonnantes, à côté de ces deux mains inouïes qui me
fascinaient quasiment et accaparaient toute mon attention.
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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