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Mireille Cohendy (Traducteur)
EAN : 9782490501250
196 pages
Editions du Typhon (25/08/2022)
3.87/5   27 notes
Résumé :
« Impubliable, honteux, malsain » voilà à quoi s’est heurtée Dola de Jong quand elle tenta de faire publier son roman en 1954. Aujourd’hui considéré comme un classique de la littérature en Hollande et aux États-Unis, Les désirs flous (Die thuiswacht) n’avait jamais été traduit en français.

Été 1939 à Amsterdam, par un heureux hasard, la sage Béa rencontre la fougueuse Érica. S’ensuit une colocation entre les deux jeunes femmes. Bouillonnante, Érica fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
J'ai dans l'ensemble réellement apprécié cette lecture qui est à la fois révolutionnaire (parler d'un amour lesbien à cette époque) et très pudique. Les sentiments des personnages sont en effet subtils et suggérés, ce qui confère une certaine poésie au récit. Cela peut surprendre pour qui s'attendait à une relation homosexuelle plus évidente, mais qui est en réalité logique quand on replace le roman dans le contexte de l'époque à laquelle il a été écrit.

J'ai mis cependant un peu de temps à aimer l'histoire à cause du caractère des personnages (c'est donc totalement personnel). Béa est très passive et influençable, elle n'ose pas s'affirmer. Erica est d'un égoïsme sans nom, manipulatrice, et se fiche du mal qu'elle peut faire aux autres tant qu'elle y trouve son compte. La relation entre les deux est clairement toxique, et l'incapacité de Béa à remettre Erica à sa place m'a exaspérée plus d'une fois, ayant moi-même un caractère foncièrement différent. J'imagine cependant que cela signifie que j'étais investie dans l'histoire.

La pudeur du roman peut également être à double tranchant. Ce ne sont en effet pas seulement les sentiments entre les deux femmes qui sont à peine évoqués, mais également l'enfance d'Erica et la relation avec ses parents, dont on comprend qu'elles servent de contexte pour expliquer l'attitude d'Erica, mais qui nous sont données par miettes, si bien que ce n'est pas toujours suffisant pour nous faire ressentir de l'empathie pour elle et pour comprendre vraiment son histoire. Toute la première partie du roman se concentre ainsi sur la relation entre les deux femmes, sur les abus psychologiques d'Erica envers Béa et l'incapacité de Béa à la sortir de sa vie.

J'ai finalement adoré ma lecture dans la deuxième partie du livre, où l'on sort davantage de la dynamique entre les deux femmes pour y inclure le contexte historique, à savoir l'arrivée de l'idéologie nazie aux Pays-Bas et la déportation des juifs du pays. Dans ce contexte, les personnages prennent plus de profondeur : Erica s'engage contre le nazisme, idéologie adoptée par sa propre mère, et Béa tente tout ce qu'elle peut pour protéger Erica, elle-même à moitié juive par son père.

Je n'en dirai pas plus pour ne rien gâcher de votre lecture si vous ne l'avez pas encore lu, mais cette seconde partie valait selon moi largement la peine de m'énerver lors de la première. La fin est en effet bouleversante, et m'a aidée à finalement me réconcilier avec les personnages.
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Désirs flous et flammes jumelles.
Erica et Béa se ressemblent si peu, et pourtant. Comme la terre et l'eau, elles se nourrissent. Erica est insaisissable, elle file entre les doigts de Béa qui ne comprend pas cette énergie, ce besoin d'être en mouvement. Cette difficulté réelle à trouver une place. Béa est ancrée. Les pieds dans le sol, droite. Un peu rigide peut-être. Elle aime cette vie monotone, de l'appartement au travail, du travail au cinéma parfois. Béa n'a pas la tête dans les étoiles, là où Erica fait des plans sur la comète. Béa et Erica sont amies, mais l'une se sait lesbienne quand l'autre n'ose même pas l'imaginer. le flou du désir et le feu que l'eau et la terre éteignent.

Une histoire aussi universelle qu'intemporelle. Celle de l'amitié amoureuse, des regards qui en disent long et que parfois on ne saisit pas. Une histoire banale ? Sauf qu'elle se déroule à la fin des années 30, à Amsterdam. Que des lignes de forces se dessinent et qu'il n'est pas bon de les franchir. Être dans le cadre ou prendre le risque d'être trop visible, trop repérable. Erica n'est pas de celles qu'on fait entrer dans un cadre. Béa n'est pas de celles qui le dépasse. Erica, en plus d'être lesbienne, un peu artiste, decouvre sa possible judéité. Béa tente de la protéger, de la sauver. Mais, peut-on vraiment sauver qui que ce soit ?

Dola de Jong va faire scandale avec ce texte jugé impubliable dans l'Europe des années 50, qui n'a ni envie de se frotter à ce passé encore trop à vif ni à une histoire d'amour si peu conventionnelle pour l'époque. Mais elle va marquer l'histoire de la littérature. Ce livre publié pour la première fois en France par les éditions du typhon est un classique aux États-Unis. Pour preuve, il a même influencé Patricia Highsmith pour son roman The price of salt (adapté au cinéma en 2015 par Todd Haynes, avec Cate Blanchett qui joue une parfaite Carol).

C'est un texte sensible, aux silences éloquents. Si la plume de l'autrice peut s'avérer factuelle voire froide, c'est pour mieux en révéler la chaleur qui couve. L'eau, la terre, le feu et, l'air de rien, un texte majeur qu'il aurait été dommage de ne pas découvrir.
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Les désirs flous est un roman tendre aux émotions pudiques et au ton juste.

Dola de Jong nous offre deux personnages aux caractères antinomiques pour une relation explosive. D'un côté, il y a Béa, une jeune femme effacée, au caractère souple et conciliant, et de l'autre, Erica et son tempérament de feu.

Toutes deux emménagent ensemble après un coup de foudre chez une connaissance commune. Si dans les premières heures de leur relation la cohabitation se passe bien, peu à peu leurs relations se dégradent. Leur bonne entente est semblable à un numéro d'équilibriste, surtout de la part de Béa qui se met en quatre pour ne pas froisser Erica.

Finalement, Dola de Jong nous donne à lire une romance passionnelle, car avec Erica c'est tout ou rien, cette femme intense qui en fera voir de toutes les couleurs à Béa. Et puis, si nous sommes dans la tête et dans le coeur de Béa, Erica nous apparaît comme une mystérieuse tornade qui ne se dévoile jamais tout à fait. Peu à peu l'auteur distille des informations sur ce personnage haut en couleur permettant de justifier son comportement, et chacun de ces éléments on prend plaisir à le lire, car malgré tout, on a envie de comprendre ce personnage que Béa aime tant.

Ce récit nous offre une histoire intimiste, nous sommes dans le quotidien de ces deux femmes, on se lève et on dîne avec elles. A leurs côtés, nous vivrons l'amitié, l'amour et la haine. On verra la montée (et les ravages) du nazisme, et on survivra à bon nombre de drames.

Les émotions sont justes et nous offrent une relation profonde qui toujours suggérée ne sera jamais pleinement avouée.

Une superbe histoire qui a dû demander beaucoup de force et d'audace à cette auteure pour publier une romance suggérant un amour féminin dans les années 50 !
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Amsterdam 1938.
Béa, la trop sage et trop prudente.
Erica, l'imprévisible et l'indomptable.
Deux amies et le désir qui s'invite
Immédiat, inexorable, comme une sensation définitive et fatale.
L'Histoire et la terreur grondent au loin,
Il est urgent de vivre.
Erica virevolte, une tornade de liberté.
Béa fait taire ses sentiments,
Les convenances l'enserrent mais Erica la submerge…
La résistance est vaine, désir et sentiments s'en mêlent.
Entre bonheur d'être ensemble et toxicité,
Liées pour l'éternité sans le dire.
Seules au monde. Seules dans un monde hostile.
Une mère nazie. Un secret de famille. Un père juif ? Peut-être…
Il faut courir. Après le temps. Après l'amour. Après la liberté.
Avant de se dire qu'il est déjà trop tard.
Oui, mais l'une souffle la vie, quand l'autre la subit.
L'amour a ses secrets et es tremblements.
Les exaltés l'incarnent sans retenue ni peur du danger.
Les hésitants l'enfouissent pour mieux le regretter, à jamais.

Deux femmes qui savent l'urgence, déchirées entre les non-dits et la pression de l'Histoire. Deux femmes qui vivent aux antipodes du désir de l'une pour l'autre.
Et c'est dans les creux des mots pudiques de Dola de Jong que la sensualité se lit et que l'émotion monte crescendo jusqu'au dénouement qui nous sert le coeur.

Un texte qui en 1954 fit d'abord scandale avant de devenir un classique aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Encore un superbe travail d'édition de la part du Typhon qui nous offre pour la première fois la traduction française de désirs flous de Béa et Erica. Une très belle idée.
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Je n'ai pas vraiment apprécié cette histoire. C'est probablement une question de goût. L'héroïne totalement moulée dans son rôle de jeune travailleuse indépendante, vit à Amsterdam avec une fille qui est totalement son opposée.
Elle s'inquiète pour elle, cuisine pour elle, l'entretient.
Le flou n'est pas seulement présent dans les désirs mais aussi dans l'histoire en elle-même: à lire ce livre, je me sentais comme sur le point de découvrir quelque chose (une bonne intrigue?), je le ferme sans l'avoir trouvé.
L'écriture est belle mais desservie par une histoire plate et des séquences de vie répétitives: une fille qui attend et s'inquiète, depuis sa vie sans teint, l'autre qui est totalement libre et sans attache, sombrant vers une vie de plus en plus sordide.
Remis dans le contexte, je comprends mieux le roman, et l'éventuel scandale qu'a pu provoquer sa publication.
Cependant l'autrice a été suffisamment fine pour ne rien dévoiler directement, les sentiments, les orientations sexuelles sont voilées, tout se devine, peut être un peu trop à mon goût, sauf la fin qui elle est claire depuis le début du roman et de ce fait ne provoque pas d'émotions particulières.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce fut une de ces soirées pendant lesquelles les pires banalités sont jetées dans l'arène avec bravoure, dans le seul but d'attirer l'attention, et peut-étre de compenser ainsi une certaine raideur. Ce genre de soirées où meme les réflexions les plus profondes restent dans le vague, comme des ballons échappés de la main d'un enfant et qui, collés au plafond. se ratatinent.
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Les hommes sont comme des ombres dans les coulisses de ma vie.
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