Les veilleuses

Un très bon roman avec une écriture simple mais soignée, qui se lit facilement mais qui n'est pas léger pour autant (quelques scènes montrent une réalité insoutenable) : le poids de la filiation, le passé génocidaire de l'occident (en particulier le régime nazi dont on découvre les débuts en Namibie quand elle était colonie allemande). , la difficulté des peuples premiers face au développement... Des thèmes abordés en suivant le cheminement d'une fille née du peuple Himba (ceux que rencontre Muriel Robin dans Voyage en terre inconnue) dans l'immensité aride de Namibie et d'un Français du ministère : un métissage riche mais plein de contradictions et d'injonctions dont il faudra se libérer pour "sortir de l'impuissance" et rassembler autrement.
Peut-être pas un livre pour les très rationnels, réfractaires à l'idée d'énergie invisible, mais pour ceux qui aiment réfléchir sur les manières de voir le monde avec un bon roman qui se lit bien.

Après la découverte du Blue Book d'Elise Fontenaille et suite aux conseils d'une Babeliote (merci Norlane), j'ai poursuivi ma découverte de la Namibie avec ce roman, magnifique. J'y ai retrouvé l'évocation historique du génocide perpétré par les allemands au début du 20ème siècle dans le sud-ouest africain, mais j'y ai surtout appris énormément sur les Himbas, ce peuple du nord-ouest de la Namibie, qui tente de maintenir son mode de vie ancestral mais se laisse inévitablement rattraper par la civilisation occidentale. Forte de son expérience en pays Himba, l'auteure Solenn Bardet nous les fait découvrir de l'intérieur d'un campement, celui de Tulipamwe, née de l'union d'un diplomate français et de la fille d'un chef Himba. Les Veilleuses raconte la vie de cette enfant, adolescente puis adulte, tiraillée entre ses deux lignées (sachant en plus que son père français est issu d'une famille allemande et pas n'importe laquelle), et se battant pour la survie du peuple Himba et de son mode de vie. Au centre de son combat, le projet de construction d'un barrage au niveau des chutes d'Epupa, qui engloutirait les terres pastorales essentielles aux Himbas. Ce projet, bien réel, depuis le début du 20ème siècle, a été plusieurs fois repoussé et constitue le fil conducteur de ce roman. Je suis heureuse d'avoir lu au préalable Blue Book, qui est davantage un documentaire qu'un roman, car il m'a permis de comprendre directement tout le volet génocide du roman, et d'apprécier d'autant plus la profondeur des tiraillements de la jeune Tulipamwe. Une très belle lecture que je recommande.

Un roman choisi pour faire avancer le challenge Globe Trotter - je n'étais pas encore passée en Namibie - qui m'a fait découvrir l'histoire de ce pays et notamment sa colonisation allemande dont je n'avais jamais entendu parler ! 

Le roman commence avec l'emprisonnement de Tulipamwe, accusée d'avoir usé de magie pour empêcher la construction d'un barrage en rendant malades les ouvriers chinois. 

Son père, un diplomate français lui apporte une rame de papier pour qu'elle écrive ses mémoires, ses souvenirs et explique son geste. 

Et c'est ainsi qu'elle déroule ses trente ans, née dans un petit village d'une femme célibataire, dont le propre père devient le père de l'enfant, celui qui l'élève et l'éduque. le père biologique réapparait dans sa vie lorsqu'elle a 9 ans et il l'invite à passer une semaine à Paris au moment des fêtes de fin d'année ! 

Les femmes de la tribu des Himbas, portent une jupette en peau de mouton et se couvrent le corps d'un mélange de graisse et d'ocre qui les habillent aussi bien que les frusques de fast fashion. Pour qu'elle prenne l'avion son beau-père lui achète un T shirt mais à l'arrivée, le choc des cultures est terrible ; les sièges de l'auto ne se remettront pas du contact de son corps et sa belle-mère sera hystérique à l'idée qu'elle puisse effleurer  ses murs et son mobilier blancs. 

Choc des cultures, choc des mondes. 

Le roman rend très bien les difficultés réciproques, le passage d'une vie frugale à l'opulence française, et, quand elle aura grandi, la rigidité occidentale des relations amoureuses quand tout est plus libre dans son ethnie. 

Un roman qui donne également beaucoup à voir et à comprendre sur les prémisses des camps de la mort déjà expérimentés par les nazis en Afrique dès les années 20 du XXème siècle.

Un roman qui montre aussi les 'trocs' diplomatiques : un barrage construit par mes industriels contre un accès à tes ressources naturelles ... 

Bref un roman passionnant, instructif et qui donne matière à réfléchir quant aux habitudes culturelles de chacun.
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