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EAN : 9782359252187
96 pages
Les Empêcheurs de penser en rond (06/01/2022)
3.82/5   38 notes
Résumé :
À quelles conditions l'écologie, au lieu d'être un ensemble de mouvements parmi d'autres, pourrait-elle organiser la politique autour d'elle ? Peut-elle aspirer à définir l'horizon politique comme l'ont fait, à d'autres périodes, le libéralisme, puis les socialismes, le néolibéralisme et enfin, plus récemment, les partis illibéraux ou néofascistes dont l'ascendant ne cesse de croître ? Peut-elle apprendre de l'histoire sociale comment émergent les nouveaux mouvement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vademecum court et très précis, coécrit par le philosophe et sociologue Bruno Latour, et Nikolaj Schultz, jeune doctorant en géo-sociologie danois. Un vieil écolo passant la main à un jeune intellectuel.
Pour quel objectif ? Fédérer autour d'idées souvent difficiles et amener ces dernières au pouvoir. En soixante-seize paragraphes, définir, après les classes sociales Marxistes, une « classe écologique ».
Cette dernière ne se définit pas comme la classe anti-capitaliste du passé même si elle s'ancre dans la préférence donnée par la gauche au commun plutôt qu'à l'individualisme, mais elle refuse le dogme de la production comme alpha et oméga du progrès. Fini la croissance, bienvenu à la prospérité. « Il ne s'agit pas de décroître mais d'enfin prospérer ».
Ceci en conciliant le monde « où l'on vit » et le monde « dont on vit ».
Un livre très intéressant, quel que soit votre orientation politique car comme le disent les auteurs, l'écologie est partout et nulle part. Donc forcément dans nos têtes. Alors ce petit bouquin participe à y mettre un peu d'ordre en déclinant un thème plus intéressant que ceux proposés par les chaînes de propagande en continu.
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Que penser de ce mémo ?
Quand j'ai entendu le brillant et regretté Bruno Latour parler de cet ouvrage à sa sortie à l'hiver dernier, j'ai trouvé l'intervention tellement alléchante, que je me suis promis d'en acquérir un exemplaire. L'idée, fort ambitieuse au demeurant, est de proposer un cap et un cadre de pensées de philosophie politique à l'attention des futures classes dirigeantes écologistes qu'il appelle à s'unir, et à dépasser l'horizon productiviste de court terme. Cette ambition frise malheureusement parfois l'utopie théorique. Comment croire à une prise de conscience de nos "elites" écologistes, dont le niveau est majoritairement très faible, pour changer de paradigme dans le but de passer de l'opposition obstruante, voire violente (liens avec les blacks blocks), de la gestion de sujets purement symboliques autant que marginaux (port du burkini, légalisation du chichon, écriture inclusive, guerre des sexes ouverte, dégradation d'oeuvres, dégonflage de pneus etc.), de la culpabilisation permanente du quidam comme ligne politique, à une structuration d'un pouvoir actif déjà fortement gangréné par un ultra-dogmatisme et des rivalités d'egos ?
Ce mémo est certes indispensable au titre des reflexions qu'il génère, mais il est à craindre qu'il ne vienne enrichir la pile d'une profusion de parutions intellectuelles trop souvent déconnectées de solutions pratiques que tout à chacun est en soif de mettre en pratique, à commencer par les classes défavorisées, qui voient plus en Bardella qu'en Rousseau, une digue à leurs angoisses.
Décevant !
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Bruno Latour et son coauteur Nikolaj Schultz s'interrogent les conditions et la nécessité d'une nouvelle classe sociale qui serait « une classe écologique« .

Comme le monde dans lequel nous vivons n'est plus celui des Modernes qui le concevaient comme un monde illimité et de progrès infini qui nous apporterait le bonheur, il nous faut le réapprendre, redécouvrir la Terre. Les classes sociales se sont constituées et affrontées à propos de la production et de la propriété des moyens de productions. Les capitalistes libéraux continuent d'affirmer qu'il faut accroître la production alors que, pour Latour et Schultz, « le système de production est devenu un système de destruction« . Pour continuer à vivre sur une planète épuisée, ravagée, en surchauffe, il faut quitter l'économie de production pour « une économie capable de se retourner vers le maintien des conditions d'habitabilités du monde terrestre« .
Ceci suppose une classe écologique qui se définisse « selon la tradition marxiste, par rapport aux conditions matérielles de son existence« , « Mais voilà, ce n'est plus la même matérialité« . Il ne s'agit plus de produire à tout va, mais de prendre soin de ce qui est engendré, car « Produire, c'est assembler et combiner, ce n'est pas engendrer, c'est-à-dire faire naître par des soins la continuité des êtres dont dépend l'habitabilité du monde« .

Se pose alors la question de la mobilisation « quand le mot d'ordre apparaît comme : “En arrière toute !« . Il faut cesser de parler de « décroissance » pour parler de « prospérité » qui « a toujours dépendu des pratiques d'engendrement« . La classe écologique dira qu'est progressiste « tout ce qui permet de superposer le monde où l'on vit et le monde dont on vit dans le même ensemble juridique, affectif, moral, institutionnel« , elle devra accueillir des mondes sociaux actuellement opposés : gens de droite et de gauche, végans et chasseurs, intellectuels et manuels, opérant une redistribution des « classements« .
Selon Latour et Schultz, la classe écologique sera “radicale« , elle reprendra « en l'amplifiant, l'histoire de la gauche émancipatrice » en menant à terme le « processus de civilisation », un combat contre « l'économisation » et la dissociation de la production et de la vie sociale.

La cosmologie a changé, nous devons mener un travail idéologique pour comprendre comment y vivre concrètement, « préparer les esprits » pour « accepter les sacrifices immenses par lesquels il va falloir passer » pour vivre dans cet autre monde. le temps manque, « la vie politique est à son plus sinistre« , il y a urgence pour la classe écologique de « décrire le monde matériel » dans lequel se trouvent les habitants de la planète chassés de leur ancienne cosmologie.

Ce bref « Mémo » invite à la mobilisation pour un nouveau matérialisme qui sera écologique. Une réponse dynamisante à ceux qui sont persuadés de l'effondrement du monde !
Lien : https://lecturesdereves.word..
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Ecologiste convaincu et ingénieur agronome, j'ai pris sur moi de lire cet écrit en entier. Pour un adepte des sciences naturelles, cet écrit manie beaucoup de concepts peu définis flous et très orientés idéologiquement. On peine à y trouver des pistes utiles pour faire avancer la cause de l'écologie en politique. Malheureusement, ce discours intellectualiste peu structuré n'apportera rien à l'écologie politique en France, dont les adeptes sont bien trop prompts au verbiage.
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critiques presse (2)
NonFiction
24 janvier 2022
Celui-ci […] adopte cette fois la forme d’un discours aux partis écologiques pour les inciter à faire le travail idéologique indispensable (celui-là même qu’ont mené par le passé les libéraux, puis les socialistes, puis les néolibéraux et pour finir les illibéraux) s’ils veulent pouvoir conquérir le pouvoir et opérer les transformations qu’impose le « Nouveau Régime Climatique ».
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaCroix
21 janvier 2022
À n’en pas douter, cet ouvrage stimulant provoquera le débat entre citoyens, mais aussi à l’intérieur de chacun [...]. Il dessine avec force un horizon politique, qu’il faut saluer à l’heure où les passions tristes ont le vent en poupe dans le jeu politique.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
À force de dresser la liste de tous les points qu’il va falloir travailler en commun pour faire advenir cette fameuse conscience de classe, on pourrait en tirer la conclusion décourageante qu’il y a tant à changer, et sur des sujets si divers, que la classe écologique n’a aucune chance de jamais rivaliser avec les actuelles classes dirigeantes. D’autant que le temps lui manque. Mais, d’un autre côté, tout est probablement déjà joué puisque, au fond d’eux-mêmes, les gens ont bien compris qu’ils avaient changé de monde et qu’ils habitaient une autre Terre. Comme le soulignait Paul Veyne, les grands bouleversements sont parfois aussi simples que le mouvement que fait un dormeur pour se retourner dans son lit…
(§ 76)
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En l'absence d'un sentiment partagé, prouvable, démontrable des intérêts, de leurs conflits et de leurs entremêlements, il ne reste aux participants que l'on n'ose plus appeler exactement des "citoyens", qu'à basculer dans les passions tristes entre toutes : plaintes et récriminations. Le plus décourageant, c'est que ces plaintes s'adressent à une entité mystérieuse qui serait capable de satisfaire les plaintifs. Mais hélas cet agent mythique, c'est l'ancien Etat dessiné pour les anciennes classes dirigeantes et réduit aujourd'hui à un fantôme. Les uns, en bas, ne savent plus articuler leurs doléances faute de savoir exactement où ils se trouvent et donc quels sont leurs ennemis ; les autres, en haut, sont incapables d'écouter ce qu'on leur demande et continuent de répondre avec les instruments émoussés de l'Etat ci-devant modernisateur. Des muets parlent à des sourds. Et bien sûr la situation empire à chaque cycle, les muets de plus en plus furieux qu'on ne les entende pas ; les sourds qu'on n'accueille pas leurs solutions comme il convient. D'où cette impression que l'espace public est devenu d'une insupportable brutalité. On aura beau accuser les réseaux sociaux, se plaindre de la "montée des incivilités", la crise est beaucoup plus profonde : il y a eu un Etat de la reconstruction, un Etat (fort secoué) de la globalisation, il n'y a pas un Etat de l'écologisation. Pas un fonctionnaire, pas un élu, ne saurait dire comment passer de la croissance - et ses misères associées - à la prospérité - et ses sacrifices associés.
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La nature n’est pas une victime à protéger, elle est ce qui nous possède.
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Videos de Bruno Latour (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bruno Latour
Mardi 31 mai 2016, Bruno Latour, philosophe et sociologue des sciences, auteur de Face à Gaïa a été présent sur le plateau des Mardis des Bernardins. L'occasion pour la Lettre de la recherche de vous avoir proposé un entretien avec celui qui à travers les sciences, les techniques, l'économie, l'esthétique et la théologie pensait l'introduction des êtres de la Terre dans le processus politique.
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
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