Nouvel écrivain,
Armand Delpierre propose son premier roman policier parfaitement maitrisé, à la puissance narrative étonnante, qui plonge pendant une semaine dans la quotidien du commissariat de la Défense, au coeur d'un Paris blessé et tétanisé par les attentats de janvier 2015.
Son nouveau flic de polar, Pierre-Louis Madec dit PLM, risque de nous suivre pendant un certain temps car impossible que
Armand Delpierre reste à un « one-shut », tellement son personnage, l'ambiance réaliste et l'ensemble des lieux visités sont travaillés !
Brins d'histoire
PLM débarque le lundi 5 janvier 2015 au SRPJ 92 après quatre ans en Bretagne où il a fini par souhaiter un peu d'action.
C'est un flic pas forcément abîmé, plutôt agréable à regarder, partageant sa vie avec une femme qu'il aime, même s'ils n'ont pas d'enfant. Sachant qu'un couple peut être fragile, il s'interroge toujours un peu sur la suite de leur couple surtout qu'il s'étonne d'avoir pu accrocher une femme aussi exceptionnelle ! Il est honnête en agissant dans les clous sans être naïf. Ses héros de polars sont Vic Mackey et Serpico.
Est-ce que la vague des polars qui ont présenté des héros-flics borderline, alcooliques, jouant avec les lois pour arrêter la violence serait terminée ?
Car, celui-ci aime son boulot à sa juste place, un travail comme un autre qu'on a plaisir à quitter. Il ne passe pas ses frustrations accumulées sur les suspects. Il est ni raciste, ni macho, ni homophobe. Un flic ordinaire, ni héros, ni victime du système et dont la fin ne justifie aucunement les moyens. C'est un loup solitaire obligé de travailler en équipe !
Et pourtant,
Armand Delpierre ne dépeint absolument pas dans ses différentes enquêtes un milieu de Bisounours. Cette investigation débute par la découverte de
Françoise Laborde, femme vivant seule dans son appartement à Neuilly. La critique sociale avec ses remarques, ses anecdotes distillées au fil des pages donne la certitude qu'il connait bien son sujet !
De l'enquête concernant la mort brutale de la femme âgée au traumatisme d'Elsa retrouvée droguée et violentée en bas d'une barre d'immeubles, PLM va devoir faire sa place dans une équipe où chacun à son surnom, ses tics de travail, son passé et sa vie personnelle. Pas facile… jusqu'au moment où enfin, il n'est plus chaperonné !
Roman noir social
Armand Delpierre décrit parfaitement cette routine faite de manque de moyens et de recherches infructueuses, le plus souvent, où les enquêtes patinent sans vraiment satisfaire la politique du chiffre et du rendement dont souffre aussi ce service de l'État.
Beaucoup de sujets y sont abordés : les relations avec la municipale et la gendarmerie, les flics d'élite qui ont droit à du matériel de pointe, les commissariats qui comptent la moindre dépense, etc.
Mais la spécificité de ce polar se trouve aussi dans les voix données, parallèlement et au fil des jours, aux terroristes de
Charlie Hebdo et à celui de l'Hypercasher, décrivant cette semaine folle par petites touches où ils sont passés de l'ombre à la lumière puis directement en enfer !
En les faisant ainsi nous raconter leurs pensées avec leurs peurs, leurs inquiétudes, mais aussi leurs croyances, leur geste confirme qu'il est identique à ceux de n'importe quel criminel qui cède à sa violence. Pas de croisade même folle, donc ! Uniquement des ambitions politiques du chaos qui utilisent la violence pure de criminels de second ordre qui gobent le discours religieux !
A la sidération du moment,
Armand Delpierre riposte par la description de la continuité du service public. Il nous rappelle la mission de la police avec en prime que les méchants rencontrés dans les médias ne sont pas forcement les seuls à menacer…
Comme tout roman noir réussi,
Armand Delpierre donne à la ville de Paris, une entité réelle, un personnage à part entière. Son souffle bât au cours des pages dans ce dédale de lieux que l'équipe visite et qui déborde largement son coeur historique.
Seulement, la qualité de ce roman réside aussi dans la capacité à faire naître le suspens. Interrompre une situation en se replongeant dans une autre est un art que
Armand Delpierre maîtrise particulièrement bien. Plus de quatre cent soixante-dix pages lues presque d'une traite…
Pour conclure,
Quand la fiction commence à s'emparer d'un événement collectif de violence, c'est que le traumatisme est en cours d'ingestion dans notre histoire collective !
Paris se lève raconte comment la France a continué à vivre même si elle s'est indignée contre les faiseurs de mort du monde entier. Seulement, cela ne suffit pas pour que ça s'arrête !
Attention, révélation dans la planète polar !
Armand Delpierre entre dans le monde feutré du roman policier par la très grande porte. Son premier roman devrait vraiment faire parler de lui par sa maîtrise de l'intrigue et son style particulièrement étudié. Et, en plus, plaisir de lecture assuré …Alors, bonne lecture !
Lien :
https://vagabondageautourdes..