Les découvertes archéologiques ont ceci de magique. Il en est certaines qui sont purement fortuites, il en est d'autres qui mettent en exergue des épisodes inconnus de l'Histoire, il en est d'autres qui sont sujettes à controverse, il en est qui une fois qu'on les pense terminées se poursuivent au fil des temps, il en est qui éveillent les esprits les plus ésotériques.
Bref chaque découverte archéologique est une histoire dans
L Histoire, si ce n'est
L Histoire qui nous compte une belle histoire
Le 4 Novembre 1922, le fabuleux tombeau de Toutankhamon était découvert en Egypte par
Howard Carter ;
Le 14 juin 1873, l'intuition d'
Heinrich Schliemann est récompensée par la découverte d'un fabuleux trésor archéologique, immédiatement qualifié de "trésor de Priam" ;
Le 24 juillet 1911, l'archéologue
Hiram Bingham met au jour le Macchu Picchu signifiant "vieille montagne" en Quechua ;
Le 30 novembre 1974, sur le site Hadar situé au Nord-Est de l'Ethiopie,
Yves Coppens,
Donald Johanson et
Maurice Taieb font la découverte d'un squelette qui deviendra très célèbre : Lucy ;
Mais voilà c'est un épisode moins connu qui sert de trame à ce livre :
Le 3 juin 1818, George Ledwell Taylor était à la recherche de l'antique Chéronée, site de la bataille la plus marquante qui se soit déroulée sur le sol grec. Il était accompagné de trois amis anglais et d'un Grec de sa connaissance. Soudain, le cheval de Taylor trébucha sur une pierre. La pierre de couleur blanchâtre ayant attiré leur curiosité, les cavaliers entreprirent de la dégager. Dans un récit de voyage antique de Pausanias, ils avaient relevé le passage suivant :
"Lorsqu'on approche de Chéronée, se trouve une tombe des Thébains qui moururent lors de la bataille avec Philippe. Nulle inscription ne l'orne, mais elle est surmontée d'un monument qui représente un lion, le meilleur emblème pour illustrer le courage de ces hommes. Je crois que si l'inscription manque, c'est que la Fortune n'égalait pas leur courage".
À force de travail ils mirent au jour une pierre sculptée géante : la tête d'un énorme lion, mesurant près d'un mètre quatre-vingts de haut, et pesant à peu près trois tonnes.
"Leur Fortune n'égalait pas leur courage : n'importe quel érudit britannique savait parfaitement ce que cela voulait dire. Dans l'Antiquité, des armées de taille considérable s'étaient affrontées en ce lieu, en 338 avant J.-C., et celle des Grecs avait été défaite. le destin de l'Hellade en avait été transformé pour toujours ; ses petites cités-États indépendantes avaient plié sous le joug d'un souverain unique, un roi-guerrier au pouvoir absolu. Elles avaient pleinement conscience d'avoir perdu leur liberté. Ce lion était un mémorial qui symbolisait leur défaite."
Le lion se dressait à l'origine au centre d'un vaste enclos rectangulaire de 22 mètres sur 13, entouré d'un muret de pierres. On mit au jour un polyandrion, ou tombe collective : "254 hommes avaient été inhumés là sur sept rangées, comme une phalange d'infanterie en formation de combat. Il y avait peu d'armes à leurs côtés, mais un grand nombre de strigiles, ces petits grattoirs métalliques servant à racler la sueur et l'huile de la peau, et des centaines de minuscules anneaux d'os, les oeilletons de sandales désagrégées depuis longtemps. Quelques coupes de céramique avaient également été enterrées à côté des corps, comme pour nourrir les défunts dans l'au-delà."
Le livre est agrémenté des croquis de cette sépulture de l'époque, ce qui lui donne plus de réalisme.
Il n'en fallu pas plus pour faire lien entre ces restes humains et
le Bataillon sacré, corps d'élite de l'infanterie de Thèbes, fort de trois cents hommes, qui fut anéanti en combattant à Chéronée.
Particularité de ce Bataillon Sacré : c'était un corps d'élite était composé de couples masculins, alignés par paires afin que chaque homme puisse combattre à côté de son bien-aimé. L'érôs, l'amour passionné qu'ils éprouvaient, aiguillonnait leur courage au combat où chacun entendait se surpasser sous les yeux de son partenaire :
« S'il existait un moyen de former une cité, ou une armée, avec des amants et leurs bien-aimés […] et si de tels amants combattaient au coude à coude, fussent-ils une poignée, ils pourraient vaincre pour ainsi dire le monde entier. Car pour un amant il serait plus intolérable de quitter son rang ou de jeter les armes sous les yeux de son bien-aimé que sous les yeux du reste de l'armée : il aimerait mieux mourir cent fois. »
Selon
Platon, ces paroles furent prononcées par une soirée de printemps en 416 avant J.-C., à Athènes, dans la maison d'Agathon, un jeune auteur de tragédies. En réalité,
Platon les a écrites lui-même plusieurs décennies après cette date et mises dans la bouche de Phèdre, l'un des personnages de son Banquet – dialogue sur le thème de l'erôs, l'amour charnel, et d'Éros, le dieu qui l'incarne. Ces mots semblent bien se rapporter au Bataillon sacré de Thèbes ou, sinon, imaginer une unité militaire exactement semblable à lui.
Ce magnifique ouvrage nous emmène entre Rois, Stratèges, Tyrans, Seigneurs de guerre, et même l'inclassable
Xénophon, on y retrouvera bien sûr la mise en contexte de l'expédition des Dix-Mille ;
Au sein d'alliance entre villes, coalition et contre-coallition avec tant de disparitions se succédant dans une courte période de temps, où le firmament de la Grèce semblait se vider de ses étoiles les plus brillantes b
On parcours les champs de batailles entre août 382 et 335 avant J.-C. ;
On oscille entre Mythologie et Histoire, tout en permettant de remettre en perspective les tragédies grecques avec ces deux items, on y découvre l'origine du terme galvaudé de "Béotien" ;
Pourtant, au moment de tous ces décès se produisit également une naissance qui illumina le ciel à la façon d'un éclair. Celle d'Alexandre le Grand.
Un magnifique voyage érudit aux confins de la Grèce Antique, de la Mythologie, de la Tragédie, de l'Héroïsme tout ce qui fait qu'une belle et petite histoire se mêle à la grande Histoire.