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Christophe Beslon (Traducteur)
EAN : 9782382921791
320 pages
Bouquins (13/10/2022)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Au IVe siècle avant Jésus-Christ, lors de la guerre du Péloponnèse, la plus méconnue des grandes cités-États de Grèce prend son essor. Thèbes l’emporte sur les Spartiates grâce à son « bataillon sacré ». Ce corps d’élite unique était, selon la légende, composé de cent cinquante couples masculins liés par la force de l’amour. La découverte extraordinaire de leur sépulture collective en 1880 a mis au jour un tombeau où reposaient près de deux cent soixante soldats tom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les découvertes archéologiques ont ceci de magique. Il en est certaines qui sont purement fortuites, il en est d'autres qui mettent en exergue des épisodes inconnus de l'Histoire, il en est d'autres qui sont sujettes à controverse, il en est qui une fois qu'on les pense terminées se poursuivent au fil des temps, il en est qui éveillent les esprits les plus ésotériques.
Bref chaque découverte archéologique est une histoire dans L Histoire, si ce n'est L Histoire qui nous compte une belle histoire

Le 4 Novembre 1922, le fabuleux tombeau de Toutankhamon était découvert en Egypte par Howard Carter ;
Le 14 juin 1873, l'intuition d'Heinrich Schliemann est récompensée par la découverte d'un fabuleux trésor archéologique, immédiatement qualifié de "trésor de Priam" ;
Le 24 juillet 1911, l'archéologue Hiram Bingham met au jour le Macchu Picchu signifiant "vieille montagne" en Quechua ;
Le 30 novembre 1974, sur le site Hadar situé au Nord-Est de l'Ethiopie, Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taieb font la découverte d'un squelette qui deviendra très célèbre : Lucy ;
Mais voilà c'est un épisode moins connu qui sert de trame à ce livre :
Le 3 juin 1818, George Ledwell Taylor était à la recherche de l'antique Chéronée, site de la bataille la plus marquante qui se soit déroulée sur le sol grec. Il était accompagné de trois amis anglais et d'un Grec de sa connaissance. Soudain, le cheval de Taylor trébucha sur une pierre. La pierre de couleur blanchâtre ayant attiré leur curiosité, les cavaliers entreprirent de la dégager. Dans un récit de voyage antique de Pausanias, ils avaient relevé le passage suivant :
        "Lorsqu'on approche de Chéronée, se trouve une tombe des Thébains qui moururent lors de la bataille avec Philippe. Nulle inscription ne l'orne, mais elle est surmontée d'un monument qui représente un lion, le meilleur emblème pour illustrer le courage de ces hommes. Je crois que si l'inscription manque, c'est que la Fortune n'égalait pas leur courage".
À force de travail ils mirent au jour une pierre sculptée géante : la tête d'un énorme lion, mesurant près d'un mètre quatre-vingts de haut, et pesant à peu près trois tonnes.
        
"Leur Fortune n'égalait pas leur courage : n'importe quel érudit britannique savait parfaitement ce que cela voulait dire. Dans l'Antiquité, des armées de taille considérable s'étaient affrontées en ce lieu, en 338 avant J.-C., et celle des Grecs avait été défaite. le destin de l'Hellade en avait été transformé pour toujours ; ses petites cités-États indépendantes avaient plié sous le joug d'un souverain unique, un roi-guerrier au pouvoir absolu. Elles avaient pleinement conscience d'avoir perdu leur liberté. Ce lion était un mémorial qui symbolisait leur défaite."
Le lion se dressait à l'origine au centre d'un vaste enclos rectangulaire de 22 mètres sur 13, entouré d'un muret de pierres. On mit au jour un polyandrion, ou tombe collective : "254 hommes avaient été inhumés là sur sept rangées, comme une phalange d'infanterie en formation de combat. Il y avait peu d'armes à leurs côtés, mais un grand nombre de strigiles, ces petits grattoirs métalliques servant à racler la sueur et l'huile de la peau, et des centaines de minuscules anneaux d'os, les oeilletons de sandales désagrégées depuis longtemps. Quelques coupes de céramique avaient également été enterrées à côté des corps, comme pour nourrir les défunts dans l'au-delà."
Le livre est agrémenté des croquis de cette sépulture de l'époque, ce qui lui donne plus de réalisme.

Il n'en fallu pas plus pour faire lien entre ces restes humains et le Bataillon sacré, corps d'élite de l'infanterie de Thèbes, fort de trois cents hommes, qui fut anéanti en combattant à Chéronée.
Particularité de ce Bataillon Sacré : c'était un corps d'élite était composé de couples masculins, alignés par paires afin que chaque homme puisse combattre à côté de son bien-aimé. L'érôs, l'amour passionné qu'ils éprouvaient, aiguillonnait leur courage au combat où chacun entendait se surpasser sous les yeux de son partenaire :

« S'il existait un moyen de former une cité, ou une armée, avec des amants et leurs bien-aimés […] et si de tels amants combattaient au coude à coude, fussent-ils une poignée, ils pourraient vaincre pour ainsi dire le monde entier. Car pour un amant il serait plus intolérable de quitter son rang ou de jeter les armes sous les yeux de son bien-aimé que sous les yeux du reste de l'armée : il aimerait mieux mourir cent fois. »
Selon Platon, ces paroles furent prononcées par une soirée de printemps en 416 avant J.-C., à Athènes, dans la maison d'Agathon, un jeune auteur de tragédies. En réalité, Platon les a écrites lui-même plusieurs décennies après cette date et mises dans la bouche de Phèdre, l'un des personnages de son Banquet – dialogue sur le thème de l'erôs, l'amour charnel, et d'Éros, le dieu qui l'incarne. Ces mots semblent bien se rapporter au Bataillon sacré de Thèbes ou, sinon, imaginer une unité militaire exactement semblable à lui.

Ce magnifique ouvrage nous emmène entre Rois, Stratèges, Tyrans, Seigneurs de guerre, et même l'inclassable Xénophon, on y retrouvera bien sûr la mise en contexte de l'expédition des Dix-Mille ;
Au sein d'alliance entre villes, coalition et contre-coallition avec tant de disparitions se succédant dans une courte période de temps, où le firmament de la Grèce semblait se vider de ses étoiles les plus brillantes b
On parcours les champs de batailles entre août 382 et 335 avant J.-C. ;
On oscille entre Mythologie et Histoire, tout en permettant de remettre en perspective les tragédies grecques avec ces deux items, on y découvre l'origine du terme galvaudé de "Béotien" ;
Pourtant, au moment de tous ces décès se produisit également une naissance qui illumina le ciel à la façon d'un éclair. Celle d'Alexandre le Grand.

Un magnifique voyage érudit aux confins de la Grèce Antique, de la Mythologie, de la Tragédie, de l'Héroïsme tout ce qui fait qu'une belle et petite histoire se mêle à la grande Histoire.
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Une biographie qui se lit comme un roman. C'est de l'histoire et on se croirait dans Game of Thrones. Au-delà du bataillon en lui-même, c'est l'histoire de Thèbes qui nous est racontée. Un texte qui aborde l'histoire dans sa chronologie mais qui nous fait aussi mieux comprendre les meurs de la société grecque. On y croise Platon, Epaminondas et plein d'autres personnages historiques. Un excellent moment de lecture.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
12 juillet 2023
Un livre érudit retrace l’émancipation de Thèbes vis-à-vis de Sparte, les exploits du « bataillon sacré » où combattaient des amants, puis la destruction de la cité par Alexandre. Ascension et déclin d’une cité grecque du IVe siècle avant notre ère.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le 3 juin 1818, comme bon nombre de voyageurs parcourant la Grèce à l’époque moderne, George Ledwell Taylor était muni d’un exemplaire de Pausanias quand il sortit à cheval du village de Lébadée. Gentleman anglais parti pour son « grand tour », architecte intéressé par les antiquités, Taylor était à la recherche de l’antique Chéronée, site de la bataille la plus marquante qui se soit déroulée sur le sol grec. Il était accompagné de trois amis anglais et d’un Grec de sa connaissance. Soudain, le cheval de Taylor trébucha sur une pierre.
La pierre de couleur blanchâtre ayant attiré leur curiosité, les cavaliers mirent pied à terre et entreprirent de la dégager en se servant de leurs cravaches, faute d’outils plus adaptés. Tandis qu’ils creusaient, l’un d’eux lisait à haute voix les notes qu’ils avaient recopiées la veille dans Pausanias. Dans ce récit de voyage antique, ils avaient relevé le passage suivant : "Lorsqu’on approche de Chéronée, se trouve une tombe des Thébains qui moururent lors de la bataille avec Philippe. Nulle inscription ne l’orne, mais elle est surmontée d’un monument qui représente un lion, le meilleur emblème pour illustrer le courage de ces hommes. Je crois que si l’inscription manque, c’est que la Fortune n’égalait pas leur courage."
(INCIPIT)
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Le touriste qui, de nos jours, visite Thiva, la ville grecque moderne qui occupe le site de l’ancienne Thèbes, risque fort de se sentir bien solitaire. Il sera peut-être le seul non-résident des lieux à descendre du train à cet arrêt ou à prendre la route montant jusqu’à la Cadmée, l’acropole thébaine, le cœur de la cité antique. Il ne trouvera ni carte touristique ni cartes postales dans les kiosques, et aucun menu multilingue dans les cafés. Quand il parcourra les rues aux noms étranges, Pélopidas, Épaminondas, il lui faudra un œil aiguisé pour découvrir un soupçon de trace du passé antique de la ville de Thèbes.

Au même moment, à Plaka, le quartier historique d’Athènes, un millier de T-shirts flottent aux murs de plus d’une centaine d’échoppes de souvenirs. On reconnaît sur eux la chouette athénienne déclinée de toutes les manières possibles, ou bien le casque à crinière du fantassin spartiate. Mais nulle image pour évoquer le souvenir de Thèbes. Athènes et Sparte, les cités ennemies de la grande guerre du Péloponnèse, surplombent notre imaginaire, comme deux colosses jumeaux. Et Thèbes qui tint pourtant tête jadis à l’une comme à l’autre est pratiquement absente de ce paysage.
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L’autorité, sous une forme ou une autre, est au cœur de toutes les œuvres de Xénophon, qui n’était pas favorable au dêmos, bien qu’ayant grandi à Athènes.
Dans n’importe quel contexte – que ce soit celui d’une armée, d’une ville, ou d’un foyer familial –, il souligne toujours la nécessité d’avoir des dirigeants solides, hommes d’une suprême rigueur morale.
De tels hommes doivent posséder de nombreuses vertus, mais par-dessus tout celle qui les gouverne toutes, que Xénophon a appelée enkrateia, « la maîtrise de soi, la modération ». Elle constituait la force unique des Spartiates, tels que Xénophon les comprenait, et c’est pourquoi il voyait en eux les dirigeants naturels de la Grèce.
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Dans les Mémorables, il (Xénophon) cite ainsi Socrate recommandant l’enkrateia qu’il voit comme la « pierre d’assise de la vertu » sans laquelle rien de bon ne peut être accompli. Pour illustrer son propos, le Socrate de Xénophon a recours au choix d’Héraclès, une fable moralisatrice. Héraclès, raconte-t-il, parvint un jour à un carrefour et ne savait quel chemin prendre. Une femme richement vêtue et très maquillée le pressa d’emprunter la route la plus facile, où il trouverait mets exquis, lits confortables et plaisirs charnels. Une autre femme, plus ordinaire et peu séduisante, lui présenta alors l’autre chemin, pierreux et raide, empreint de difficulté. Cette seconde femme portait le nom d’Aretê, « Vertu », tandis que la première s’appelait Eudaimonia, « Prospérité », ou Kakia, « Vice ». Sans surprise, Héraclès choisit le chemin le plus ardu.
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Quarante années durant, assure Plutarque, le Bataillon sacré de Thèbes resta invaincu, jusqu'à ce qu'il se trouve confronté en 338 avant J.-C. à un ennemi implacable : Alexandre le Grand. Ces quatre décennies sont au cœur de ce livre. Pour la Grèce continentale, ce furent des années de crise et de déclin. Le pouvoir hégémonique passait sans cesse d'Athènes à Sparte ou à Thèbes, et les turbulences profitaient à des seigneurs de guerre et à des dictateurs de cités plus petites dont certains gagnèrent une puissance énorme en recrutant des troupes mercenaires.
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