Après un premier tome des plus réussis, j'avais hâte de retrouver Ivalie dans la suite et fin de ses aventures. Surtout que nous avions quitté nos héros dans une très fâcheuse posture et que l'avenir des Royaumes Immobiles était encore plus en péril qu'au début du roman. Les enjeux étaient énormes, la tension à son maximum, et j'avais du mal à voir comment tout ce joli petit monde allait bien pouvoir s'en sortir... de quoi donner très très envie.
Le début du Règne des chimères nous laisse cependant un peu souffler. Ce qui n'est pas plus mal surtout quand on sait ce qu'il va se passer ensuite. Il n'y a rien de très joyeux, mais se retrouver pendant quelques chapitres avec seulement Ivy et Odd permet de respirer, de prendre de la distance et de digérer tout ce qui a pu se passer. le couple est en exil dans l'Ailleurs avec un Odd mal en point qui a subi de plein fouet la malédiction de notre jeune reine. le seul atout d'Ivy dans ce monde inconnu n'est donc pas fiable et en plus de devoir s'adapter, elle doit aussi le protéger. Une bonne entrée en matière qui montre combien elle a évolué. Elle reste toujours un peu naïve et à encore beaucoup à apprendre, mais au lieu de la voir se recroqueviller sur elle-même, Ivy prend les rênes et s'adapte. Elle doute, certes, mais on ne la voit pas non plus s'effondrer, ni perdre espoir, ce qui donne un très bon équilibre quant à sa psychologie globale.
Vient ensuite le moment du retour aux sources. Et là clairement, on change de décor. La guerre déclenchée par les usurpatrices a mené au chaos, et c'est tout l'équilibre des royaumes qui est en péril sans compter sa population. Ivalie va devoir trouver des alliés, et non seulement reconquérir son trône mais aussi sauver tout le monde. Aucune pression du tout ! Et en même temps, c'est ce qu'on attend d'une conclusion, surtout dans un tel univers. Sans compter que nous sommes dans un monde de fey ce qui veut dire tromperie à gogo. J'avoue ne pas trop apprécier le fait qu'aucun allié n'est, potentiellement, pas digne de confiance dans un roman, mais cela se prête tout à fait aux Royaumes Immobiles. C'est un peu ce qui fait tout leur charme aussi. Et on ne peut pas dire que
Ariel Holzl épargne ses héros. Ce n'est pas facile à voir, mais je trouve toujours super intéressant de voir un auteur rester « droit dans ses baskets » et aller au bout de ses idées. Nous ne sommes pas dans un conte de fées. Point barre.
Le côté un peu macabre, totalement assumé, permet aussi de créer un équilibre avec notre jeune héroïne qui est un amour, tout comme Odd et Echo d'ailleurs. Et j'aime l'ambiance qui en découle. C'est particulier, mais je ne sais pas, on y trouve aussi quelque chose de familier et je n'ai pas été surprise par le reste des découvertes que l'on fait au fil du tome. Dans le sens où je m'attendais à du lugubre, des coups bas, de la violence qui ne fait tourner de l'oeil personne. L'intrigue n'en est pas moins palpitante et nous avons droit à quelques petites révélations et un approfondissement de l'univers. de quoi maintenir ma curiosité sans aucun souci. Et je me suis prise au jeu tout du long.
Et même avec la méfiance ambiante, j'ai clairement apprécié le fait qu'Ivalie se construise une petite équipe pour détrôner et terrasser ses ennemis. Cela fait aussi parti de sa personnalité. Elle a une part d'humanité qui fait toute la différence, et je pense que sa gentillesse ne laisse personne indifférent en fin de compte (enfin, presque personne…). Elle était cette petite lueur contre toutes les ténèbres environnantes, et la voir prendre du poil de la bête était carrément un bonus.
La fin des Royaumes Immobiles nous offre une conclusion douce-amère en quelque sorte, après une montée d'adrénaline assez angoissante, mais qui colle encore et toujours à l'univers. Je ne m'attendais pas à autre chose personnellement, et je trouve même que
Ariel Holzl aurait pu être grandement plus méchant avec nous, tout en restant fidèle à son monde, alors ne nous plaignons pas ! Sans compter que nous avons des réponses à toutes nos questions et même bien plus que ce à quoi je m'attendais ! Une duologie qui vaut donc carrément le coup, avec un univers original à souhait et une héroïne pas commune du tout à qui on ne peut que s'attacher.