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EAN : 9782714499288
336 pages
Belfond (16/02/2023)
3.35/5   24 notes
Résumé :
Œuvre originale et émouvante, où l’essai emprunte le chemin de la correspondance, de la littérature et de la poésie, où l’intime côtoie le politique, Lettres d’hiver, lettres d’été est le témoignage bouleversant de deux jeunes femmes d’aujourd’hui.

Le temps d’un hiver et d’un été, Maaï et Lucille, deux amies autrices, se sont écrit pour se raconter leurs joies, leurs peines, leur travail d’écriture ; et pour Maaï, cet enfant qui ne vient pas quand Luc... >Voir plus
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Maaï et Lucille sont amies depuis longtemps, l'une vit à Porquerolles, la plus grande des îles d'Hyères, un petit paradis, l'autre à la Ciotat de l'autre côté de la Méditerranée. Elles nous livrent leur correspondance sur une année : leurs joies, leurs peines, leur travail d'écriture. La première a deux enfants en bas âges et a du mal à trouver du temps pour écrire et du temps pour elle, ce que vivent un peu toutes les mères de famille, sauf que Porquerolles semble un lieu bien idyllique pour se plaindre surtout lorsque le travail est l'écriture. Milieu privilégié qui cependant connait les difficultés de toutes les femmes face à la maternité... Que doivent penser les jeunes mères ouvrières de région parisienne qui doivent ajouter à cette vie épuisante une à deux heures de transport en commun chaque jour !
La deuxième n'arrive pas à devenir mère, enchaine les fausses couches et se désespère. Son témoignage est pour moi un peu plus touchant car je peux comprendre sa tristesse sans que je n'ai jamais été complétement bouleversée par ses mots non plus, l'ensemble étant un peu froid.
Un livre un peu décevant. Deux jeunes femmes qui se racontent un peu trop pour moi. Si cette histoire est vraie, elle aurait dû rester entre les deux amies. Si elle est inventée, elle n'est pas captivante et rarement poignante. Un livre sur la maternité un peu inclassable ni vraiment essai ni vraiment témoignage et qui manque cruellement de spontanéité. Une déception.
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Deuil d'enfants non nés pour Maaï Youssef, lutte contre l'effondrement d'une mère sacrificielle pour Lucille Dupré, désir d'écrire pour les deux autrices. Elles vont s'interroger sur leur vécu de la maternité dans les lettres d'hiver et poursuivre leurs recherches dans les écrits des autres dans leurs lettres d'été.

Ce livre se définit comme un matrimoine, une source de savoir afin d'être libre de traverser l'expérience de la maternité chacune à sa manière. Conserver le noyau de notre identité, avoir une cabane en ancrage, pratiquer l'art de la fugue sont des conseils pour affronter la maternité.

Les lettres d'hiver m'ont plu, car ces échanges épistolaires entre deux amies de longue date permettent de poser des questions et d'apporter des réponses dans une présentation rythmée.

Les lettres d'été ensuite m'ont moins convaincue en raison de redondances, de multiples sources sans qu'elles ne me paraissent facilement exploitables. La théorie de chaque auteur cité est peu détaillée dans le corps des lettres et la bibliographie reprend les références des ouvrages sans décrire l'idée force abordée. Il n'existe pas de plan ou d'index thématique pour se reporter aux notions développées au fil de l'essai.

Ainsi, si le fond est intéressant avec une vision des questionnements actuels sur la maternité, la forme m'a déçue.
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« Je voulais te raconter comment les mères se brisent et puis comment elles se relèvent. »

C'est installée sur un banc, au bord d'un petit étang parsemé de nénuphars fushia que j'ai terminé Lettres d'hiver, lettres d'été, écrire la maternité de Lucille Dupré et Maaï Youssef. Je venais de nager une heure, goûtant à la joie de redécouvrir mon corps post-accouchement se déployer dans l'eau turquoise d'une piscine de quartier, et profitais de quelques instants seule – pour la première fois depuis deux mois.
La veille, alors que mes joues ne cessaient de se mouiller de larmes et que mon coeur semblait vouloir déborder, j'en lisais d'une traite la deuxième moitié, constatant qu'après les mois d'embelli, je me remettais à vaciller et caressant l'idée qu'une nouvelle dépression du post-partum n'était peut-être pas si loin.

Et à chacun de ces instants, je me disais que les mots qui emplissaient ce livre m'étaient adressés. À moi et à toutes les autres femmes qui, un jour où l'autre, avaient été enceintes et étaient devenues mères.
Car la maternité est un sujet éminemment politique qui dépasse largement la sphère de l'intime. Et dieu qu'il est bon de le voir discuté, débattu, abordé, raconté, pleuré, hurlé !
Ainsi et seulement ainsi, dans nos coeurs inondés, la plaie pourra commencer à se refermer et la cicatrice à s'atténuer.

Les grands textes savent tomber à point nommé. Nous trouver là où nous sommes. Un peu perdues, bouleversées, esseulées. Ils mettent des mots sur ce que nous sentons au plus profond de nous, ils enseignent, expliquent et livrent. Ils sont les cailloux qu'Hansel jette sur le chemin qui l'éloigne de sa maison, la boussole qui guide le marin, la main de l'amant qui attire son aimé·e à lui.
C'est cet effet que m'a fait cet essai (découvert un peu par hasard, sur un fil d'actualité instagram), entamé quand tout allait (presque) bien, et terminé alors que le monde semblait s'effondrer autour de moi. Il a ouvert en mon coeur une porte que je croyais fermée et empli mon esprit d'une foultitude d'idées aussi salutaires qu'essentielles.

Car comme le dit Lucille, « la maternité est un seuil où coïncident à la fois une force – créatrice, féconde, corporelle – et une zone fragile par excellence, où on est ébranlés, où nos structures profondes, physiques et mentales, bougent. »
C'est si vrai, si palpable, si déroutant. Tout est si mouvant après un accouchement. Comme si marcher sur de la mousse était désormais notre quotidien. On peine à savoir à quoi s'accrocher et on nous le reproche, on respire à peine, on survit plus qu'on ne vit. C'est ce moment où « la frontière entre paranoïa, folie, instinct animal, réelle souffrance, devient ultra-fine ».
Et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'écrire à son sujet. Dans sa lettre du 10 juin, Maaï dit : « écrire sur la maternité est une manière de reprendre le pouvoir, de se mettre du côté de l'intensité qui nourrit, plutôt que du côté d'une intensité qui aspire ».

Et puis il y a l'accouchement, ce point de bascule, cet instant où pendant quelques secondes/minutes/heures, on est convaincues, au plus profond de notre chair, que l'on va mourir. Là, maintenant.
Frôler la mort – du moins dans notre esprit – est un moment fondateur. Rien ne peut plus être pareil ensuite. Les cartes ne peuvent qu'être rebattues. Car on a vu la vie s'échapper avant de réintégrer notre enveloppe.
À ce sujet, je me souviens avoir été particulièrement touchée par les mots de la sage-femme française Chantal Birman, dans son livre Au monde, ce qu'accoucher veut dire :
« Comme les hommes, les femmes naissent et meurent mais elles vivent en plus ce moment intermédiaire où se concentrent vie et mort. »
Que la moitié de l'humanité expérimente cet extrême n'est pas anodin. En parler ne devrait pas l'être plus. Car c'est, au contraire, le fondement de tout.

« Je ne vois pas comment on peut penser la maternité sans admettre qu'elle est intimement reliée à la question de la mort et que ça n'a rien de morbide de le dire, c'est juste un fait. Puisque c'est banal de dire des généralités sur le fait que la vie, c'est aussi la mort, et vice versa, pourquoi ça ne l'est pas de dire que l'expérience de la maternité – peu importe la forme qu'elle prend –, c'est une expérience charnière où vie et mort se tiennent proches l'une de l'autre ? Parce qu'il y a toujours un danger pour la mère et l'enfant au moment de l'accouchement, mais aussi parce qu'il est question de vivant et de passage. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on rejette cette dimension complexe de l'enfantement, une fois de plus, parce que nos sociétés patriarcales ont peur du pouvoir et de la force des personnes qui enfantent. »

Le sujet, si intime soit-il, si personnel, est pourtant absolument politique. Il FAUT en parler. Car « le patriarcat est une force extrêmement efficace qui est parvenue à nous faire considérer tous les sujets « féminins » comme des sujets mineurs, frivoles, accessoires. La maternité en fait évidemment partie, et je trouve ça aussi scandaleux que ridicule, pour une infinité de raisons. Je ne me soucie plus de ces perceptions – je crois profondément à l'importance de ces sujets, et je compte bien les faire entrer l'un après l'autre en littérature. »

Lucille Dupré et Maaï Youssef ne cessent de citer des autrices, des poétesses, des artistes qui toutes se sont approprié le sujet. Leur bibliographie, présentée à la fin de l'ouvrage, est exceptionnelle. Rassemblées, ces références constituent un matrimoine aussi grandiose que nécessaire aux femmes, mères, non-mères et militantes que nous sommes. Elles nous fournissent un socle, un appui et une vision. de quoi parvenir à « toucher la terre ferme » comme le dit si bien Julia Kerninon.

Je n'ai pu m'empêcher d'être subjuguée par l'intelligence de leurs réflexions, l'immense bienveillance née de leurs échanges et la sublime sororité qu'ils faisaient émerger. Elles m'ont donné la force d'appréhender les mois et années à venir car « ça compte d'envisager l'enfantement et la maternité comme des moments où on découvre en soi de nouvelles forces, de nouvelles capacités. » La maternité nous brise un peu (beaucoup parfois), mais elle nous donne une force jusque là inconnue au bataillon. Une confiance en nos propres moyens, en les femmes que nous sommes.

Et puis c'est beau quand un texte résonne avec notre histoire personnelle. À la fin du livre, dans la rubrique « Remerciements », Maaï écrit : « Créer aide à réparer. En fabriquant un livre, parfois on fabrique un enfant. » C'est ce que j'ai moi-même fait, à deux reprises, et croyez-moi, cela répare beaucoup.
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Lettres d'hiver, Lettres d'été
écrire la maternité
Lucile Dupré, Maaï Youssef
essai
Belfond, 2023, 319p


C'est une correspondance-essai, ou un essai écrit à quatre mains par correspondance électronique. L'une des autrices est une jeune mère de deux enfants petits, qui fait une dépression post-partum, et la seconde est partagée entre deux pays, la France et l'Egypte, celui de son père, a subi un viol à l'âge de quinze ans, a avorté, et fait des fausses couches. Elle est sans enfants, mais elle a un amoureux qui l'aime énormément et s'occupe de son bonheur à elle. Les deux ont pour vocation d'écrire, et écrire exige qu'on soit seul et qu'on ait du temps à soi. Est-ce concevable avec la maternité ?
C'est un essai féministe. Les deux autrices, très engagées dans le féminisme, sont amies depuis longtemps, et elles projettent de s'écrire en hiver deux fois par semaine sur leur conception de la maternité, qu'on ne peut séparer du désir ni de l'amour. Leur amitié fait qu'elles se mettent à nu en exposant leurs difficultés. Elles parlent de leur propre expérience, et des livres qui traitent ce sujet. Elles savent que leurs lettres sont lues, et même commentées. Elles en font une lecture publique, et une éditrice veut aller plus loin, qu'elles écrivent un livre, ce qui donne les lettres d'été, écrites à raison d'une fois par semaine. Les lettres sont plus longues, plus réfléchies, plus intellectuelles. Les deux autrices demandent à leurs amies ou à leurs connaissances autrices de parler du sujet : écrire sur la maternité. Elles citent Leonora Miano qui fait voir que l'esprit de la femme est colonisée par une société faite pour les hommes ; Emilie Guillaumin est l'amie de Maïa. Je m'invite.
Non, ce sujet de la maternité n'est pas féminin ni mineur. Les autrices dénoncent ce jugement patriarcal. A travers ce sujet, elles parlent de la culpabilité qu'elles ont de prendre du temps à l'enfant pour l'écriture. Cette culpabilité ne vient-elle pas aussi des codes d'une société patriarcale, qui fait de la femme une ménagère et une mère au foyer dont les heures d'un travail ingrat ne sont pas comptées ? Elles parlent de l'écriture de l'intime, de l'extime -les parts très intimes d esoi qu'on veut bien montrer aux autres- qui permet d'approfondir l'intime, du ton qu'il faut pour parler de maternité, une écriture ni trop à chaud, ni trop éloignée du moment vécu, qui soit juste et qui soit dans la colère, écriture par le ventre qui appelle le cru, le dur, le tranchant, écriture vivante qui se débat. Au bout du compte, l'intime devient politique.
Les autrices veulent que leur essai soit utile aux mères, pas seulement aux mères dont la vocation est d'écrire. C'est un essai à l'épreuve du réel. Sur leur site, les femmes qui le veulent peuvent écrire. La question d'une écriture féminine se pose. Attention au sens qu'on va donner au féminin. S'il est dépréciatif, ça ne vaut pas. Il est possible de revendiquer une chick-lit de qualité, subversive. Un autre problème s'ajoute : celui de l'argent : si les femmes avaient un travail mieux rémunéré, si les métiers de l'écriture ou de la recherche étaient valorisés financièrement, une femme pourrait être indépendante économiquement, et mieux conjuguer une vie professionnelle et familiale, et leur désir/besoin de liberté.
Finalement, le problème avec la maternité, ou le concept de famille hors des normes est causé par la société patriarcale, hétérosexuelle, très normée. Les penseurs queer proposent même des familles dont les membres seraient des animaux. Maïa n'a pas l'esprit aussi ouvert que celui de ces penseurs, moi non plus.
En fait, si les relations humaines étaient fondées sur l'amitié qu'aucun préjugé, code, n'altère, tout irait bien.
Cet essai a l'immense mérite d'ouvrir l'esprit, celui des femmes mais aussi celui des hommes.
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Lettres d'hiver lettres d'été est un récit épistolaire, la mise en forme livresque d'échanges entre Maaï, sans enfants, et Lucile, mère de d'une fille et d'un garçon en bas âge. L'une se trouve en résidence d'écriture à La Ciotat, la seconde sur l'île de Porquerolles avec sa famille. La première est en deuil périnatal, la seconde en plein post-partum.
Pendant un hiver puis un été, elle échange sur la maternité.

Les deux femmes se connaissent et sont amies depuis dix ans. Toutes deux autrices, elles font évoluer leurs conversations intimes en un projet commun.

J'ai tardé à entrer dans ce récit. le sous-titre “écrire la maternité” a freiné mes ardeurs. Jeune mère, j'ai tant lu sur le sujet. Médecins, pédagogues, sociologues... Les écrits sont innombrables. Qu'allait m'apporter cette lecture supplémentaire, moi maman d'une ado et d'une presqu'adulte ?

N' y allons pas par quatre chemins, ces femmes, c'est nous. Chaque mère ou non-mère, chaque femme désirant ou non des enfants. Elles balancent des vérités paradoxales qu'on préfère d'habitude cacher sous le tapis. Un exemple? La culpabilité de quitter sa progéniture quelques heures pour aller se faire un ciné avec une amie. Un autre? Aimer ses enfants mais avoir l'envie de vivre pour soi. Vraiment pour soi.

Concilier l'inconciliable. Parler de sommeil qui manque. D'ambition qui se barre. de sourires merveilleux. D'un réalité contraignante. D'incompréhension, de doute, de joie, de parcours du combattant ou de chemins faciles. D'accouchement, de viol, d'examens médicaux. Tout ça dans un ordre ou un autre parce que la vie n'est pas linéaire. Parfois des liens se font, parfois non.

Leurs échanges se montrent tour-à-tour poétiques, philosophiques, enflammés ou plus discrets mais tous sont emprunts d'un profond respect pour toutes les formes de maternité, et au-delà, pour toutes les femmes. Beaucoup d'émotions à la lecture de certains passages, comme ce récit d'un accouchement périlleux, mais n'est-ce pas cela donner la vie?

Les autrices ont le sens de l'image choc:”Je vais être sage et je vais renoncer à ma passion pour le jeté d'embryons au fond de la cuvette des chiottes.” Avec une pointe d'ironie, elles secouent “les inspecteurs des travaux finis de la procréation”.

Point positif sur le choix de l'écriture inclusive, qui ne gène absolument pas la lecture du texte.

Néanmoins, un livre inégal, avec des confidences d'hiver plus émouvantes et fournies que celles d'été. Intéressant à étudier, cette influence de la saison sur les humeurs d'écriture. J'ai été un peu gênée, au début, d'entrer dans l'intimité de ces femmes. Un peu comme si je lisais à la dérobée un jour al intime ou une correspondance secrète. Impression très vite dissipée, tant leurs questionnements et vécus sont ceux de nous toutes.
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