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EAN : 9782258205499
192 pages
Presses de la Cité (13/04/2023)
3.89/5   14 notes
Résumé :
Le récit d'un féminicide face à l'omerta du monde du rugby : l'affaire Marc Cécillon, ex-capitaine du XV de France. L'enquête et les faits sous un regard engagé, sensible, passionnant.
Nuit du 7 au 8 août 2004 aux environs de Bourgoin-Jallieu, en Isère. Un crime sauvage : quatre balles de 357 magnum tirées à bout portant devant une soixantaine de personnes. Chantal est assassinée par son mari Marc Cécillon, ex-capitaine du XV de France. Dans la mémoire collec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'auteur revient sur le crime misogyne – et certainement pas passionnel – qu'a subi Chantal Cécillon. Il donne la parole aux femmes proches de cette victime : sa mère, sa presque soeur, ses filles. Ce qu'il montre, c'est comment un homme alcoolique et infidèle n'a pas supporté que son épouse s'éloigne et envisage de le quitter, alors qu'elle avait tenu bon pendant tant d'années. La violence verbale, la jalousie paranoïaque et la surveillance malsaine étaient des signaux d'alarme : Chantal se savait en danger ; elle n'imaginait pas à quel point. Ce qui est terrible, c'est que personne n'ignorait les excès inacceptables commis par le rugbyman, mais personne ne disait rien. « Tout [...] se balaie sous le tapis. le demi-dieu ne doit pas être sali, comme si les foudres de sa colère divine étaient craintes – ou, tout bêtement, comme si l'on préférait ne pas prendre le risque de se passer d'un tel fer de lance dans le pack berjalien ; tout cela, oui, rien que pour du rugby. » (p. 62) La vie d'une femme vaut moins que des titres sportifs, manifestement. Séparer l'homme de l'athlète est impossible et surtout, profondément injuste pour la mémoire de Chantal. Céline, la cadette de la famille, ne laisse rien passer : c'est de Chantal dont il faut parler, pas du père assassin. « Sa mère a été tuée mais, grand numéro de prestidigitation, l'histoire est devenue la tragédie de son assassin. Rendre le meurtre compréhensible pour, ensuite, c'est en tout cas le but, le rendre excusable. » (p. 88)

Ludovic Ninet ne refait pas le procès du coupable, mais il fait celui de la presse qui se montre trop souvent complaisante envers les héros auxquelles elle rechigne à retirer les lauriers. « Il semble qu'ici je cherche réparation. En moi, pour commencer, comme pour racheter mon ignorance et ma passivité de l'époque. Plus largement peut-être est-ce, en toute humilité, une forme d'amende honorable que j'exprime par ce texte, au nom de mon genre, le sexe masculin, si blessé et incapable de l'admettre qu'il détruit ce qui, croit-il, le menace. » (p. 16) Plus que jamais, il faut dire le mot « féminicide » et comprendre – pour les combattre – les mécanismes sociaux et individuels dont les hommes se prévalent pour tuer des femmes.
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« Avez-vous une intime conviction » est une collection de livres vraiment passionnante. Elle s'intéresse à des affaires judiciaires connues, qui sont inscrites dans la mémoire collective. Tout le monde a entendu parler de ces drames et en garde un souvenir précis. Seulement, après approfondissement, on se rend compte que celui-ci est souvent faussé par le tapage médiatique qui a entouré l'évènement.

Après le texte de Agnès Grossmann sur l'affaire Renucci qui avait fait ressortir les fausses informations du dossier, il était temps de s'attaquer à l'affaire Cécillon. Ce rugbyman, star de son époque, a froidement tué sa femme pendant une soirée devant soixante personnes. le journaliste Ludovic Ninet a décidé d'aborder ce meurtre par le biais de la victime. Il met de côté le prestige sportif de Marc Cécillon pour regarder avec lucidité le comportement de cet homme.

De cette analyse ressort des indices qui laissent penser que les choses auraient peut-être pu se passer autrement. Certains éléments fâcheux étaient connus de tous mais étaient éclipsés par l'aura du joueur sur son entourage et sur le monde médiatique.

Outre le récit glaçant de l'acte lui-même, l'auteur donne la parole aux personnes qui connaissaient bien Chantal. le portrait émouvant de ce petit bout de femme met en lumière les causes et les conséquences de ce féminicide, présenté à tort comme un drame passionnel.

En se basant sur les témoignages, la presse et les procès, Ludovic Ninet revient sur ce passé afin d'en extraire des réalités enfouies. Il en profite pour faire son mea-culpa de journaliste, qui comme l'ensemble de ses confrères, avait été aveuglé par le charisme de Marc Cécillon. Ce livre lui permet de remettre les pendules à l'heure et de rendre hommage à Chantal et à ses proches. Par ricochet, cette révélation de la vérité s'avère utile en mémoire de toutes les femmes victimes de maltraitances.
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Le jounaliste Ludovic Binet considère que jusqu'à présent, l'affaire Cécillon qui a défrayé la chronique il y a quelques années, a toujours été abordée avec un «  male gaze » , avec un biais genré qui mettait en lumière l'ancien champion de rugby coupable d'un féminicide, sa gloire passée, puis ses errements, en laissant dans l'ombre son épouse assassinée. Il tente ici de redonner toute sa place à la victime, selon lui non seulement victime de son mari, mais également d'un milieu, celui du rugby, (que l'auteur connait bien puisqu'il a couvert un certain nombre de matchs lorsqu'il était jounaliste à L Equipe), pour lequel tout doit être sacrifié aux ambitions de réussite. Selon cette perspective, le meurtre d'une épouse ne serait qu'un dommage collatéral à la descente aux enfers d'une star déchue qui n'arrive pas à négocier sa reconversion. le meurtre qui découle d'une relation de pouvoir, serait «  passionnel », serait ainsi paradoxalement un acte d'amour, selon une ligne de défense archétypale. C'est cette vision biaisée d'un terrible acte de violence que cherche à démonter l'auteur. La charge est lourde, convaincante, y compris contre le système de défense adopté par un certain avocat devenu depuis garde des sceaux. L'intention est tout à fait louable, sans doute nécessaire, et n'est pas sans évoquer le film «  La nuit du 12 » de Dominik Moll, qui entend lui aussi nous questionner sur la façon dont sont traités les féminicides, par des équipes d'enquêteurs essentiellement masculines. Mais ce livre se heure selon moi à deux écueils : une écriture peu fluide, et le faible nombre de personnes ayant accepté de témoigner. Certes, cela confirme le propos de l'auteur sur l'omerta qui tend à effacer la victime, à la faire disparaître définitivement du tableau pour mieux mettre en valeur les efforts de rédemption de l'assassin, mais cela enlève un peu d'épaisseur au propos. Une lecture salutaire cependant. SP.
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Marc Cecillion, célèbre joueur de rugby est aussi connu dans son entourage pour ces coups de sangs. Alcoolique, il est aussi très jaloux et violent avec son épouse. Un jour, ivre et fou de jalousie, il va la tuer devant plusieurs témoins de plusieurs coups de fusils. Ce livre est un documentaire sur un drame ordinaire.
J'ai beaucoup aimé la plume de Ludovic Ninet, qui a su rendre clairs les tenants et les aboutissants de cette affaire. Ce livre se lit très vite.
Et si Marc Cecillion n'avait pas été célèbre, est-ce que le procès aurait eu une autre issue ? J'aimerais dire que oui mais je n'en suis pas persuadée.
Marc Cecillion a tué sa femme aucun doute là-dessus. Cependant, lors de son procès il a été plus que soutenu par tout le monde. On lui a trouvé des excuses, des circonstances atténuantes, il est même soutenu par une de ses filles. Maître Dupont-Moretti va réussir à faire oublié le crime et la victime.
Il ne prendra que 14 ans et ne fera que 7 ans de prison.
Pourtant, les violences conjugales étaient quotidiennes, les viols conjugaux aussi.
Marc était un mari infidèle, violent, alcoolique, dont sa femme Chantal avait très peur.
Je sors révoltée de cette lecture.
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Un féminicide… un homme qui retire la vie à sa compagne, qui annihile le futur à ses enfants, qui plonge une famille dans la détresse et le vide le plus absolu… pourquoi? « Je l'ai tué parce que je l'aimais » entend-on… mais il l'a tué parce qu'il a été touché dans sa virilité, dans sa superbe, dans son égo.
Un ex rugbyman, Marc Cécillon, tire à quatre reprises avec un fusil sur son épouse Chantal, qui décède devant les nombreux invités d'une soirée.
Elle laisse des enfants, une mère, des amies… L'auteur recueille des témoignages pour nous parler de cette vie qui a basculé un soir d'été 2004.

C'est un témoignage émouvant des proches de la victime. L'auteur s'est bien documenté et nous apporte des éléments de l'enquête et du procès qui sont édifiants. Il s'interroge sur la personnalité de l'auteur et le moment du passage à l'acte.
Le récit est oppressant car on comprend vite la distance que peut mettre le criminel sur ses actes et ses tentatives de deresponsabilisation.
J'ai été touchée par le regard de sa fille. Son témoignage est bouleversant.
Merci à #netgalleyfrance et #editionslespressesdelacite de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
10 juillet 2023
Mêlant ses recherches et interprétations aux témoignages des proches de la victime – sa fille cadette, sa mère et une amie d’enfance -, il arrache de l’ombre cette femme solaire, piétinant par la même ce terrible, et malheureusement fréquent, phénomène d’invisibilisation qui touche les victimes.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
OuestFrance
09 mai 2023
Dans L’affaire Cécillon, Chantal, récit d’un féminicide, le journaliste Ludovic Ninet revient sur le meurtre de la femme de l’ex-champion de rugby Marc Cécillon et en décrypte les mécanismes.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Il semble qu’ici je cherche réparation. En moi, pour commencer, comme pour racheter mon ignorance et ma passivité de l’époque. Plus largement peut-être est-ce, en toute humilité, une forme d’amende honorable que j’exprime par ce texte, au nom de mon genre, le sexe masculin, si blessé et incapable de l’admettre qu’il détruit ce qui, croit-il, le menace. » (p. 16)
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« Tout […] se balaie sous le tapis. Le demi-dieu ne doit pas être sali, comme si les foudres de sa colère divine étaient craintes – ou, tout bêtement, comme si l’on préférait ne pas prendre le risque de se passer d’un tel fer de lance dans le pack berjalien ; tout cela, oui, rien que pour du rugby. » (p. 62)
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« Sa mère a été tuée mais, grand numéro de prestidigitation, l’histoire est devenue la tragédie de son assassin. Rendre le meurtre compréhensible pour, ensuite, c’est en tout cas le but, le rendre excusable. » (p. 88)
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