Le Grêlé

L'affaire dite du Grêlé, est sans aucun doute l'une des plus grandes énigmes criminelles, du XX éme siècle, et, qui vient enfin de trouver son épilogue en cette fin d'année 2021.
Patricia Tourancheau est une journaliste, spécialiste de la police, du banditisme et des affaires criminelles. A ce titre, elle s'intéresse depuis les années 90, aux crimes de ce tueur en série, marquée, comme moi-même par cet étrange portrait-robot, établi grâce au témoignage de Luc Richard Bloch, frère de sa deuxième victime la jeune Cécile Bloch. Luc Richard Bloch, ayant pris l'ascenseur le matin du meurtre de sa demi-soeur, dans l'immeuble où ils résidaient, au 116 rue Petit dans le XIXème arrondissement de Paris, avec un inconnu au comportement trop avenant pour être honnête, a été convoqué au 36 Quai des Orfèvres, pour témoigner et, c'est sur sa description d'un homme au visage parsemé de taches que ce portrait a été dessiné et cet assassin nommé pour toujours le Grêlé.
Patricia Tourancheau nous livre dans cet ouvrage une enquête, sérieuse, précise détaillée et argumentée sur les 35 années de recherches vaines de la police judiciaire, sans en oublier les manquements, les approximations, et les erreurs qui sans le dénouement surprenant et inattendu le 27 septembre 2021 avec le suicide de François Vérove et sa lettre posthume se désignant comme le grêlé, tous ses meurtres, viols et enlèvements seraient demeurés à tout jamais non élucidés.
Il faut absolument lire ce livre, qui nous relate tout le parcours criminel du Grêlé, les témoignages de certaines victimes, l'enquête de la police judiciaire du 36 Quai des orfèvres durant toutes ses années, mais aussi, la vie familiale presque ordinaire de cet ancien gendarme devenu flic et retraité.
35 années de supputations, de suppositions, d'arrestations de faux coupables, et un volumineux dossier, passé entre les mains de huit juges d'instruction, avant que Nathalie Turquey la neuvième, compétente, pugnace et perspicace, reprenne toute l'enquête et relise toutes les pièces, pour enfin approcher l'incroyable vérité, le tueur est un flic.
Je conseille à tous ceux qui comme moi s'intéresse aux grandes affaires criminelles et de ce fait ont gardé en mémoire le portrait du Grêlé, de lire cet ouvrage remarquable d'investigation de Patricia Tourancheau.
En marge, je me permets de me livrer à quelques réflexions personnelles et de me poser une question majeure, comment ce tueur, qui exhibait devant ses victimes, sa carte de gendarme, qui était pourvu d'une arme, d'un holter, de menottes et qui commettait ses crimes non loin de ses lieux de travail et/ou de résidence, dont il a d'ailleurs changer plusieurs fois, a échappé aux enquêtes de ses propres collègues et de huit juges d'instruction et ce pendant 35 ans ? Une enquête posthume va-t-elle être menée, pour apporter aux victimes rescapées et aux familles des disparues de plus amples réponses à leurs questions ?

Considéré comme le plus vieux cold case français, l'affaire du Grêlé a connu un rebondissement incroyable l'automne dernier alors que le nom du coupable était enfin dévoilé…
Patricia Tourancheau, journaliste judiciaire, nous raconte tout de A à Z. Des premières victimes aux années de recherches infructueuses jusqu'à la révélation inattendue. Enquête sur les traces d'un tueur en série vraiment pas comme les autres !

Des portraits-robots, des dizaines de victimes et témoins, les empreintes digitales, l'ADN… tout semblait réuni quasiment dès le départ pour que le criminel baptisé « le Grêlé » soit facilement attrapable. Et pourtant, il aura fallu plus de 35 ans aux enquêteurs français pour enfin mettre un nom sur cette énigme. Pourquoi tout ce temps ?
Patricia Tourancheau aborde tous les détails de l'enquête : les difficultés matérielles des années 80, les cafouillages, la lenteur administrative, les fausses pistes… tout est raconté, avec beaucoup de minutie. Forte de son expérience et de nombreux entretiens, la journaliste offre un texte dense et hyper documenté.

La construction du livre proposée ici est intéressante car suit la chronologie de l'enquête et de ses découvertes successives. le lecteur découvre ainsi les pièces du puzzle en même temps que les policiers. Ce n'est pas linéaire, il faut parfois faire des recoupements qui n'avaient pas été faits jusque là : et si le meurtre de 2 adultes dans une chambre de bonne en 1987 était aussi du fait du Grêlé ?
Ce sont définitivement les avancées scientifiques – la découverte de l'ADN – qui vont permettre les liens entre des agressions qui semblaient pourtant très éloignées dans le temps, l'espace et surtout le mode opératoire ! le tueur en série s'attaquait à des enfants, des adolescentes, des adultes, volait, violait, enlevait, ligotait, poignardait… l'ADN le confirme formellement.
Oui, mais c'est bien beau d'avoir des preuves scientifiques, encore faut-il réussir à les relier à une identité précise… le Grêlé semble stopper ses crimes au milieu des années 90 et ne jamais avoir été associé à aucun délit. Il n'apparaît dans aucune base de données, c'est une anguille.

Il faut attendre 2014 et la nomination d'une nouvelle juge d'instruction (la 9ème sur le dossier !) pour que l'affaire soit relancée. Nathalie Turquey, fine enquêtrice et chercheuse entêtée reprend les anciens témoignages et fouille dans les anciens dossiers. A force d'obstination, elle parvient à isoler quelques centaines de noms de gendarmes ayant été en poste à Paris et dans la proche région en 1986/1987 et demande à ce que chacun d'eux subisse un prélèvement ADN.
Convoqué en septembre 2021, François Vérove se sent acculé et, celui qui se révèlera avoir été le Grêlé, s'enlève la vie.

Les annexes à la fin de l'ouvrage comportent une chronologie complète qui croise la vie de François Vérove à toutes les agressions et tous les crimes qui pourraient être reliés au Grêlé. Malheureusement, beaucoup de ces affaires ne pourront jamais formellement lui être imputées (des preuves ont été détruites, perdues ; des enquêtes ont été bâclées…) mais l'ampleur de l'ensemble est assez édifiant. Et terrifiant. C'est une trentaine de victimes qui sont ici citées car pourraient avoir croisé l'agresseur.
Sont également disponibles en annexes, les portraits des principaux acteurs (enquêteurs) ainsi que quelques photos d'illustration (au centre) : des cartes professionnelles, des clichés d'époque, les portraits robots les plus utilisés lors des recherches…

J'ai apprécié la richesse et la précision de l'enquête mais aussi le discours servi par Patricia Tourancheau. J'ai eu la sensation que la journaliste souhaitait mettre en avant le travail d'enquête de longue haleine de tous les professionnels ayant été impliqués dans l'affaire ainsi que la voix des victimes et de leurs proches, sans dénaturer leurs témoignages.
La partie véritablement dédiée à la personnalité de François Vérove – le Grêlé – est certes assez brève (les derniers chapitres) mais il me semble qu'on n'a encore trop peu d'éléments pour se permettre de faire un portrait psychologique de l'homme. Et puis, éviter de sacraliser le coupable pour davantage mettre en avant le travail d'investigation et les victimes, c'est bien aussi.
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Voici l'enquête très complète de Patricia Tourancheau sur un tueur et violeur en série français peu connu. Je pense que si on ne s'intéresse pas aux faits divers, on ne connait pas forcément cette histoire.

Entre 1986 et 1997, un homme va tuer et violer des jeunes enfants, des adolescents ou même des adultes. A l'époque, l'ADN n'est pas encore utilisé et toutes les affaires ne sont pas forcément reliées entre elles. Pendant des années, l'homme va passer entre les mailles du filet, alors même qu'il agit à visage découvert à de nombreuses reprises. Dès 1986, un portrait robot a été établi car il a pris l'ascenseur avec le frère d'une des premières victimes. C'est d'ailleurs ce premier portrait qui lui donnera son surnom: le Grêlé; en raison de l'aspect de sa peau.

L'enquête est fouillée, très complète et on trouve beaucoup de citations de personnes ayant travaillé sur cette histoire. C'est très bien écrit. C'est fluide, intéressant et chaque page donne envie de lire la suite. On progresse dans le temps, affaire après affaire. Equipe d'enquêteurs après équipe d'enquêteurs. Chaque nouvelle piste est exploitée. Jusqu'à la résolution finale. Et là, Patricia Tourancheau nous ramène en arrière pour remonter le temps aux côtés du tueur et suivre son parcours et essayer de comprendre comment il a pu passer entre les mailles du filet aussi longtemps…

Une enquête qui fait froid dans le dos. L'homme était quasiment indétectable pendant des années (l'affaire débute dans les années 80, la police scientifique n'avait pas encore les mêmes moyens que maintenant) et surtout il faisait partie de la police, il était sensé protéger les gens et surtout les plus faibles. On se dit que finalement on n'est pas à l'abri et qu'on ne peut croire personne.

Une enquête haletante qui plaira aux amateurs de true crime. L'autrice étant proche des milieux policiers, les informations sont, je pense, justes et fidèles et mettent en lumière des faits peu connu du grand public. Je suis curieuse de lire son autre enquête publiée aux éditions Points sur Michel Fourniret et le gang des Postiches…

Si vous aimez les true crime et les faits divers, je vous recommande ce livre!

Tout d'abord, je remercie les éditions Seuil pour l'envoi du livre et à Babelio pour la Masse Critique, j'adore suivre les enquêtes sur de grands criminels et comprendre les résonnements des policiers qui s'occupent de telles affaires. Quand en plus c'est bien écrit, la force du livre tient bien dans la façon dont Patricia Tourancheau arrive à nous donner les indices, à nous faire remonter les sensations de l'enquête alors qu'on connait déjà le coupable. Brillant tour de force qui ne laissera personne insensible, l'auteure met les victimes et les enquêteurs en avant mais aussi les curiosités de l'affaire, comme par exemple le fait que le tueur en série ait montré sa plaque.
Une bonne narration va de paire avec une enquête complexe, on a beaucoup de rebondissements avant d'avoir un faisceau d'indices suffisant pour en venir au jour où François Vérove est convoqué pour un test ADN, suite à quoi il choisira la fuite par la mort pour ne pas avoir à faire face à la justice.
J'ai beaucoup aimé, le livre se lit facilement et rapidement, c'est bien écrit et on sent la passion de l'auteure pour son métier, j'aime aussi qu'elle mette en avant les victimes d'habitude ça manque dans les livres true crime donc je suis assez content de la tournure du livre. J'apprécie aussi beaucoup que l'auteure y ajoute ses émotions, ses ressentis, cela donne une touche d'humanité au livre.

Écriture fluide, simple et rapide. J'ai été projetée au coeur de l'enquête avec plusieurs années de retard, à la différence que je connaissais déjà l'identité du coupable.
Les enquêteurs et les juges ont été tenaces, surtout quand on se souvient qu'à l'époque des faits, il n'y avait ni ordinateurs, ni regroupements de procédures. Tout était étudié à la main mais ils ont continué, pour les victimes et leurs familles.
Je trouve que tout est parfaitement dosé et très bien retranscrit. La lecture reste "attractive" et je ne me suis pas ennuyée.