Fabien Truong présente son dernier roman « Routines » paru le 6 mars 2024.
Un roman percutant, au suspense haletant, fresque sociale qui interroge les faux semblants de notre temps.
Fabien Truong/5
7 notes
Résumé :
Ancien prof de lycée dans le " 9-3 " devenu sociologue, Fabien Truong a pendant dix ans – des émeutes de 2005 aux attentats de janvier 2015 – suivi une vingtaine d'anciens élèves, du bac jusqu'à la fin de leurs études. Tour à tour prof, enquêteur et confident, il dresse le portrait d'une certaine jeunesse française, celle des banlieues populaires issues de l'immigration.
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Ce livre est indispensable pour comprendre les graves problématiques et lacunes dans la rencontre entre enseignement supérieur et quartiers populaires de banlieues (parisiennes ici en l'occurence). En effet, il n'échappera pas à la plupart des personnes qui s'intéresseront à ce bouquin que le système éducatif français, évidemment sans le revendiquer explicitement (quoique c'est à se demander parfois), exclut de façon notable les classes populaires (en témoignent les statistiques citées dans le livre, en 2015, sur la proportion d'enfants d'ouvriers et d'enfants de professions supérieures dans l'enseignement supérieur et dans la population française). Ici Fabien Truong, par son expérience personnelle de professeur de lycée en ZEP fait le choix osé et courageux (car oui, peu de gens le font) de récolter l'expérience de ses élèves, leur donner la parole, et souvent d'analyser les ressorts de ce système oppressif, sur une durée de 10 ans grâce des rencontres régulières avec les élèves qu'il suit.
Le tableau qu'ils et elles dressent (j'inclus les étudiant.es dans le travail réalisé) est sans appel. Sans peut être surprendre dans le phénomène général, on apprend énormément des mécanismes précis à l'oeuvre, des diverses trajectoires, des motivations, des désillusions et quelle leçon d'humilité pour probablement la plupart des personnes qui liront ce texte lorsqu'on découvre le quotidien de ces jeunes de banlieue. Au-delà de cette leçon, il faut, comme le fait Fabien Truong, imaginer ce qui permettrait de dépasser ce système éducatif supérieur qui attise les espérances à coup de politiques d'inclusion et de diversité avant de doucher les espoirs des derniers survivant.es. Si on n'a pas la possibilité, l'occasion de passer des années avec ces jeunes pour les comprendre, les écouter, on remercie Fabien Truong de l'avoir fait pour nous, de nous avoir transmis ces enseignements et c'est à nous désormais d'en faire usage pour inventer de nouvelles formes d'éducation qui permettent réellement à tous et toutes de s'épanouir et de s'échapper de ce choix pourri entre "école républicaine" et "business school model" qu'identifie l'auteur.
Le tableau qu'ils et elles dressent (j'inclus les étudiant.es dans le travail réalisé) est sans appel. Sans peut être surprendre dans le phénomène général, on apprend énormément des mécanismes précis à l'oeuvre, des diverses trajectoires, des motivations, des désillusions et quelle leçon d'humilité pour probablement la plupart des personnes qui liront ce texte lorsqu'on découvre le quotidien de ces jeunes de banlieue. Au-delà de cette leçon, il faut, comme le fait Fabien Truong, imaginer ce qui permettrait de dépasser ce système éducatif supérieur qui attise les espérances à coup de politiques d'inclusion et de diversité avant de doucher les espoirs des derniers survivant.es. Si on n'a pas la possibilité, l'occasion de passer des années avec ces jeunes pour les comprendre, les écouter, on remercie Fabien Truong de l'avoir fait pour nous, de nous avoir transmis ces enseignements et c'est à nous désormais d'en faire usage pour inventer de nouvelles formes d'éducation qui permettent réellement à tous et toutes de s'épanouir et de s'échapper de ce choix pourri entre "école républicaine" et "business school model" qu'identifie l'auteur.
Ancien prof de lycée en Seine-Saint-Denis (le fameux 9-3), Fabien Truong a suivi pendant plusieurs années le cursus de certains de ses anciens élèves dans l'enseignement supérieur.
Avec bienveillance et écoute, il a rencontré, écouté, ces jeunes parler de leurs vies de leurs études, de leurs espoirs et de leur ressenti.
Loin des clichés, il nous montre comment ils s'en sortent - ou pas - au gré des histoires personnelles, des relations familiales, des accompagnements et des cursus choisis.
De Sciences-Po aux classes prépa, des écoles de commerce aux écoles d'informatique et au CAPES, on verra ce qui aide ou gêne ...
Un ouvrage qui se lit presque comme un roman ; la vraie vie de la jeunesse d'aujourd'hui ...
Un essai qui en appelle un autre sur leur intégration dans la vie professionnelle et la mise en oeuvre concrète de ces acquis ...
Lien : http://les.lectures.de.bill...
Avec bienveillance et écoute, il a rencontré, écouté, ces jeunes parler de leurs vies de leurs études, de leurs espoirs et de leur ressenti.
Loin des clichés, il nous montre comment ils s'en sortent - ou pas - au gré des histoires personnelles, des relations familiales, des accompagnements et des cursus choisis.
De Sciences-Po aux classes prépa, des écoles de commerce aux écoles d'informatique et au CAPES, on verra ce qui aide ou gêne ...
Un ouvrage qui se lit presque comme un roman ; la vraie vie de la jeunesse d'aujourd'hui ...
Un essai qui en appelle un autre sur leur intégration dans la vie professionnelle et la mise en oeuvre concrète de ces acquis ...
Lien : http://les.lectures.de.bill...
critiques presse (1)
Le sociologue décrit la façon dont ces élèves se construisent un « badge de dignité » susceptible d’être opposé au stigmate de leur origine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22)
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L'étincelle, c'est l'incarnation furtive de la puissance de la transmission du savoir dans le regard de celui qui le reçoit.
Elle possède une propriété d’altération de ce qui l'environne qui laisse penser qu'après elle rien ne sera jamais plus comme avant. (...) Si elle est presque impossible à déceler pour qui n'a jamais enseigné, elle fait partie des moments qu'un "prof en banlieue" n'oublie pas. C'est une décharge élèctrique, transmise en l'espace de quelques milliseconde, du blanc des yeux d'un élève à celui de son prof. Elle n'a jamais d'autre cible que les deux protagonistes.
Elle possède une propriété d’altération de ce qui l'environne qui laisse penser qu'après elle rien ne sera jamais plus comme avant. (...) Si elle est presque impossible à déceler pour qui n'a jamais enseigné, elle fait partie des moments qu'un "prof en banlieue" n'oublie pas. C'est une décharge élèctrique, transmise en l'espace de quelques milliseconde, du blanc des yeux d'un élève à celui de son prof. Elle n'a jamais d'autre cible que les deux protagonistes.
Cette expérience ambivalente du temps – très contrainte et poussant en même temps à l’autonomie – s’exprime de façon particulière en classe prépa ECE. Muriel Darmon observe que, contrairement à l’élève de prépa scientifique, l’élève de prépa économique est incité à devenir un « élève séculier » plutôt que « régulier ».
L’« élève séculier » respecte le temps de la prépa tout en s’écartant des normes et des contraintes de l’institution, développant un rapport plus « relâché » à celles-ci. Il reste un individu de ce monde en même temps qu’un élève de la prépa. Savoir s’amuser, être parfois en retard, s’habiller pour un entretien ou une virée nocturne font partie des attendus implicites de la formation.
L’« élève séculier » respecte le temps de la prépa tout en s’écartant des normes et des contraintes de l’institution, développant un rapport plus « relâché » à celles-ci. Il reste un individu de ce monde en même temps qu’un élève de la prépa. Savoir s’amuser, être parfois en retard, s’habiller pour un entretien ou une virée nocturne font partie des attendus implicites de la formation.
Elle n’est pas « hors jeu » et ne peut suivre ses études comme si elle était sans attaches. Son père joue contre son ascension scolaire qu’il vit comme une trahison alors qu’il l’a pourtant initiée, découvrant les tensions que l’école fait naître au sein des familles immigrées quand les parents prennent conscience que leurs enfants ne leur ressemblent plus véritablement et que ce qu’ils avaient projeté sur eux devient une chimère.
Pendant qu’Aysha est en vacances dans la villa familiale, son père découvre qu’elle a séché les cours. Il refuse qu’elle revienne en France. Sa carte de séjour est périmée et Aysha se sent piégée. Elle entame un bras-de-fer qui dure plusieurs mois – elle refuse de sortir de sa chambre et fait des crises d’angoisse à répétition. Son père finit par céder. Elle retourne en France en novembre.
Au-delà de la fascination pour l’argent et des rêves de réussite qu’incarnent les joueurs tricolores pour certains garçons, l’historien Eric Hobsbawm rappelle à quel point ‘la communauté imaginée de millions de gens semble plus réelle quand elle se trouve réduite à onze joueurs dont on connaît les noms’ et qu’elle s’oppose à une communauté concurrente.
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