L'épopée des Normands de Sicile, Tome 7 : A l'orient du monde

Septième et dernier épisode de la saga de Tancrède d'Anaor le normand. Au début de ce livre il s'enfuit des prisons de Nourredin à Alep avec un valeureux chef bédouin. Son retour à Antioche coïncide avec une victoire du roi de Jérusalem contre Nourredin et la présence sur place d'un mystérieux empoisonneur qui sème la terreur parmi les vénitiens de la principauté. Qui est-il ? Cherche t-il à attiser une guerre entre les différentes puissances marines qui commercent avec la Terre Sainte ?

Cet épisode va faire se croiser Tancrède et une belle princesse arménienne, dans une série d'intrigues et de faux semblants menée tambour battant. L'état des forces et des oppositions au Moyen-Orient au XII éme siècle est décrit avec précision, avec en bonus des notes sur les termes médiévaux employés et les personnages historiques croisés dans le récit. Ce livre est alerte, bien mené et constitue une plongée dans le Moyen-Orient du temps des croisades. Une réussite.

Il faut bien s'y résoudre, voici la fin de l'Odyssée de Tancrède, qui contrairement à celle d'Ulysse ne le ramènera jamais à Anaor, puisqu'il s'est perdu dans un vert pailleté d'or.

Cette série vaut vraiment le détour. Ce n'est pas tant l'intrigue de ce dernier tome qui la rend passionnante (celle ci est en effet assez simple et l'on cerne assez vite qui est derrière le vaste complot par la nature même de son exécuteur et par les querelles qu'il a suscitées au sein des différentes communautés de la terre sainte) que la capacité de l'auteur à vous faire partager de manière très vivante des lieux et des époques. Ce tome sent les fleurs de Damas et les épices du désert, tout comme le premier m'avait laissé le goût salé de la salicorne issu des landes normandes. Que dirais-je de la Sicile visitée lors des tomes précédents qui tel un citron offre à la fois un gôut fruité et acide ? Pas de doute, Viviane Moore sait retracer à merveille ces parfums ennivrants qui dans l'imaginaire de chaun représente l'Orient.

Alors, dans ce dernier tome, la coisade est présente, mais finalement assez peu et ne sert que de trame de fond à d'autres aventures. On passe ainsi des geôles d'Alep aux palais d'Antioche en faisant étape par la tente des bédouins au clair de lune, quand les nomades récitent les merveilleux poèmes qui ont tissé pour ces rudes hommes du désert l'image du paradis. Les intrigues politiques qui ont fait la réputation des puissances de l'époque sont bien présentes.

Ce que j'aime par dessus tout et c'est à mon avis à cela que l'on reconnaît un véritable talent de plume, c'est cette capacité de l'auteur à se séparer de ses personnages sans les abîmer ! J'avais déjà particulièrement apprécié la prise de recul d'Hugues de Tarse dans le tome précédent qui annonçait déjà un peu la fin de la série. Ici, dans ce dernier tome, tout n'est pas happy end, mais il est certain que Tancrède continuera longtemps dans l'esprit des lecteurs à galoper sur son fier destrier "buveur de vent" sur les sables rouges du désert.

Pour faire partager avec autant de réalisme à ses lecteurs un univers, pas de doute qu'il faille une peu de fond et d'érudition et en consultant la petite bibliographie en fin de volume ainsi que les notices des différents personnages, on remarque assez vite que de l'érudition, l'auteur n'en manque pas et qu'elle est allée la chercher aux meilleures sources. En effet, que de grands historiens du Moyen-Age cités en fin de livre qui ont sans doute nourri son imagination.

Encore une fois, une série à recommander chaudement à ceux qui veulent découvrir l'histoire au détour d'une trame romanesque.

À l'orient du monde s'achève la saga de Tancrède d'Anaor, le normand de Sicile.
En principe, lorsque je termine la lecture d'une série, j'ai un peu de nostalgie en refermant le livre. Et bien pas cette fois.
Non pas que cette saga soit mauvaise, non. Seulement elle m'a semblé trop inégale pour vraiment m'emporter dans un grand souffle tout au long de ces 7 tomes.
D'ailleurs, ce dernier épisode a eu sur moi le même effet.
Le cadre est intéressant (Antioche à l'époque de croisés), l'écriture est simple mais, comme je l'ai dit dans mes autres critiques, il ne s'agit pas d'un policier historique, puisque l'enquête est pour le moins expédiée, mais un roman d'aventure. Bon ce n'est pas catastrophique en soi (même si 10/18 l'a publié dans sa collection Grands Détectives) mais voilà l'aventure m'a laissé sur le bord du chemin.
Et puis cette fin... Non je ne vais pas spoiler, mais je dirai simplement que ce dénouement me laisse sur ma faim. La prophétie s'est accomplie certes, mais j'ai l'impression qu'on abandonne notre héros en plein milieu du désert. Laissant un vrai goût d'inachevé à cette saga.
Peut-être pour nous offrir une suite éventuelle? Pour ma part, je ne pense pas que je m'embarquerai aisément pour un nouveau voyage.

Le dernier tome de la saga de Tancrède le Normand, et il était temps qu'elle arrive à sa conclusion. Autant les premiers tomes m'ont fait découvrir des aspects des XIIème et XIIIème siècles que je ne connaissais pas, lorsque les Normands étendaient leur puissance le long de toutes les côtes européennes, autant les derniers tomes, plus axés sur le monde byzantin et les croisades semblent s'essouffler et avoir fait l'objet de moins de recherche historique.

Conclusion de la saga de Tancrède le Normand avec l'aboutissement de son apprentissage auprès d'Hugues de Tarse. Tancrède se trouve en effet seul en Orient durant ce tome et il doit résoudre une affaire d'empoisonnement comme son maître le faisait lui-même. Quelques personnages secondaires très intéressants, des marchands italiens, des bédouins, des croisés, des chevaliers, des guerriers...Une histoire complexe de luttes de pouvoir pendant laquelle on retrouve des personnages des tomes précédents.