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Martine Béquié (Traducteur)
EAN : 9782264013651
236 pages
Christian Bourgois Editeur (01/06/1990)
3.83/5   87 notes
Résumé :
L'embarras règne dans Quatuor d'automne et cerne le quotidien insoupçonné, au fil des saisons, de quatre employés de bureau célibataires, nourris de suppléments photos en couleurs et de café soluble.

Deux d'entre eux, la candide, très soignée Letty et la bizarre Marcia, vont prendre leur retraite et donc quitter leurs collègues Norman et Edwin. Ceux-ci les invitent à déjeuner, c'est moins cher.

Une occasion, pour Letty, de sortir son t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Ouvrir un livre de Barbara Pym, c'est comme faire crisser le papier d'un bonbon au citron pour le mettre en bouche.
On se réjouit de ce qui nous attend entre plaisir et désagrément gustatif du piquant, entre amertume de l'acidité et douceur du sucre cuit, en se laissant enjôler par les arômes.

"Quatuor d'automne", ce sont quelques pages de la vie de quatre collègues de travail, en apparence aussi poussiéreux que le bureau qu'ils occupent, aussi ternes que les sujets de conversation qu'ils partagent, aussi transparents que les vies solitaires qui sont les leurs.
Deux hommes, Edwin, veuf, et Norman, célibataire, et deux femmes Marcia et Letty, toutes deux célibataires, qui tentent de vivre en embellissant la vie de visites d'églises et de présences régulières aux offices, en jetant un regard amer sur toute chose, le trait d'humour toujours incisif dans la conversation, l'observation critique un brin indélicate, en stockant tout et n'importe quoi, obsédée d'une éventuelle future pénurie d'on ne sait quelle denrée ou en jetant un regard toujours tolérant et conciliant sur toute chose ou toute attitude au risque de paraître effacée...

Dans les romans de Barbara Pym, il y a toujours des célibataires- pourquoi le sont-ils restés ? - des aigris – comment réagir face aux turpitudes de la vie ? - , des fidèles de la religion – il faut trouver un réconfort… -, ils espèrent sans réellement attendre, veulent croire que tout est encore possible mais refusent de bousculer leurs habitudes. La bienséance les obsède souvent au risque de les rendre rigides devant toute situation.
Les tasses de thé fument toujours dans un coin de page, sur le napperon du guéridon, à moins que ce ne soit une larme de Sherry qui ait la préférence, seuls intermèdes bienfaisants d'une vie qui s'engourdit, qui perd de son éclat, qui aurait pu être autre si…

Marcia et Letty vont bientôt quitter le bureau , prenant leur retraite quand les deux hommes les suivront bientôt.
Mais comment apprivoiser ce nouveau temps, qu'en faire, ils sont déjà tellement solitaires, ils le seront davantage et plus personne ne s'en souciera. Ils s'effaceront tout doucement de la vie...


Il n'y a pas vraiment de rebondissements dans les romans de Barbara Pym, mais une écriture rien qu'à elle, on ne peut s'empêcher de rire, de pouffer : c'est grinçant, c'est moqueur et les traits de caractère exacerbés nous interrogent forcément sur nos attitudes ou nos réactions. On devine où le récit nous emmène, un peu comme on glisserait une pente verglacée, blottis dans une luge, emmitouflés de nos certitudes, on n'en est pas moins mordu par le froid des réalités que doivent traverser ces quatre êtres qui s'évitent, comme ils s'attirent, qui se critiquent comme ils s'affectionnent. Finalement, déstabilisés quand ils ne partagent plus le quotidien.
Mais comme le bonbon acidulé qu'on croque sans y prendre garde, ça pique et les larmes montent aux yeux parce que Barbara Pym "écrit" aussi triste, mélancolique, nostalgie, et surtout regrets...


A la dernière page, le lecteur quitte, orphelin, ces vies dont il aurait aimé partager un peu plus, tout en introspection qu'il faut bien reconnaître qu'elles sont, pour peu qu'il accepte d'y voir en filigrane, ses propres faiblesses et quelques uns de ses travers !
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Envie d'un roman feel bad ? Ce texte est pour vous !
A vous donner un bourdon de deux jours.
Ambiance : quand le ciel bas et lourd pèse comme un tombeau...
Pire que Flaubert.
Le temps s'en va, la vie file vite, oups à peine jeune on est vieux, oups on est tout seul, oups on va mourir.
En plus, on est bête à manger du foin. On met un talent fou à gâcher sa vie, sauf que personne ne regarde et tout le monde s'en fiche.
Bref, quatre employés de bureau, la soixantaine, travaillent ensemble depuis des années. Ils n'ont quasiment pas tissé de liens, car ils en sont plus ou moins incapables. Ils sont enfermés dans une solitude effrayante dont, étrangement, ils refusent de sortir-ils ont peur de sortir. Ils ont peur de voir les choses en face. Ils vieillissent, et le monde se raréfie de plus en plus autour d'eux. Leur travail ne sert à rien (ils ne seront pas remplacés à la retraite), ils viennent d'un monde (ils sont nés avant 1914)qui, dans les années 1970, a disparu comme l'Atlantide...Ils n'ont plus de place...
Quand sonne l'heure de la retraite pour Marcia et Letty, les deux femmes du groupe, un petit séisme minuscule va les secouer : que faire de ce temps qui reste ? Comment l'occuper ? Comment vaincre le désespoir qui menace à chaque instant ?
Bien sûr, les choses ne sont pas formulées ainsi dans le roman de Barbara Pym. Jamais les mots malheur ou désespoir ne sont prononcés, ce n'est pas correct, les personnages ne le comprendraient même pas. Vies ratées, gâchées, inutiles non plus. On entasse des conserves - mais on est dangereusement anorexique (tabou !) ; on n'a qu'une seule amie -et elle nous trahit (chuuut) ; on passe sa vie à sa paroisse-on ne sert à rien ...
Barbara Pym est connue pour ses atmosphères douces-amères, mélancoliques et parfois très drôles...Rien de semblable ici. C'est un testament qui dit crûment la cruauté des vies perdues, la solitude des vieux et l'indifférence des jeunes, le temps qui passe à la vitesse de la lumière...Ouh là là c'est très beau mais ça m'a flingué le moral...A lire entre deux Gaston Lagaffe...
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Envie d'un roman au charme désuet comme un napperon en dentelle un peu défraîchi ?
Barbara Pym éprouve une tendresse certaine pour ses personnages,tout en s'en moquant avec malice.
Dans cette histoire qui se passe à Londres dans les années 70, nous suivons le quotidien de quatre personnes, deux hommes et deux femmes, travaillant tous dans le même bureau et approchant tous de l'âge de la retraite.
Ils sont tous les quatre seuls (célibataires ou veufs) et vivent leur solitude de façon bien différente.
Sans avoir de relation réellement profonde, le départ en retraite des deux femmes, Letty et Marcia, va bouleverser l'équilibre de ce petit groupe et pousser chacun à faire des choix pour la suite de leur vie.
J'adore l'écriture délicate et sensible de Barbara Pym. On sent qu'elle a de la compassion pour les personnages qu'elle crée, aussi pénibles, ridicules ou énervants qu'ils soient.
Elle nous dévoile les occupations et les pensées de ceux qui vivent seuls, un peu en marge d'une société où le mariage est la norme.
Elle nous parle aussi de la vieillesse, même si pour elle, la vieillesse commençait visiblement à 60 ans !
Je me suis régalée à suivre ces quatre personnes durant quelques mois, même si dans les faits, il ne se passe pas grand-chose de notable, comme dans la vie parfois.
Le passage où chacun explique ses raisons de fréquenter les bibliothèques est hilarant !
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Ce quatuor d'automne, ce sont quatre collègues de bureau célibataires à l'automne de leur vie. Ils se retrouvent chaque jour, ont chacun leurs petites manies, échangent des banalités et évitent soigneusement d'aborder tout sujet personnel.

Barbara Pym nous montre la solitude et la misère. Misère professionnelle, ils ont tous quatre un travail bien peu passionnant et qui ne semble pas d'une très grande importance, ils ne seront d'ailleurs pas remplacés l'heure de la retraite venue. Misère affective, leur seule vie sociale se résume à leurs rencontres quotidiennes au travail. Misère pécuniaire, vivant chichement, louant une chambre chez un propriétaire. Misère intellectuelle, le rêve de s'attaquer enfin à la lecture de livres de sciences sociales menant à une impasse.

C'est un roman empreint de nostalgie, de regrets aussi. Nous suivons la vie terne de petites gens ordinaires, coincés entre le travail, la bibliothèque et l'église. Barbara Pym nous décrit une société implacable sur un ton cynique, des vies que l'on passe seul, sans rêve, ambition ou réussite.

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Letty, Marcia, Edwin et Norman : 4 célibataires vieillissants partagent un espace de travail encombré. Ils ne font rien de passionnant : des travaux de secrétariat et du classement pour une compagnie quelconque, basée à Londres. On est dans les années 1970 et ils ont tous les quatre dépassé la soixantaine. Leur départ en retraite est proche.

Marcia, qui a été opérée pour un cancer du sein, et Letty, qui pensait quitter Londres pour vivre en colocation à la campagne avec une amie de longue date, seront les deux premières à franchir le pas du départ.

Edwin est un veuf bigot, propriétaire de sa maison. Norman est lui un homme pingre et acariâtre, qui vit dans une chambre meublée. Ils doivent se rendre à l'évidence que leurs collègues femmes manquent désormais dans ce bureau. ElIes n'ont pas été remplacées après leur départ.

Le quatuor partage une grande réticence à parler de soi. Marcia est indubitablement la plus bizarre du lot. S'ils s'évitent dans un premier temps, les surprises de la vie feront qu'ils seront appelés à se revoir.

J'avais déjà lu ce roman sensible et crépusculaire dans les années 1980. Il m'avait laissé une grande impression de tristesse. Maintenant arrivé à l'âge qu'ont les protagonistes de cette histoire, j'y ai paradoxalement vu d'abord les raisons d'espérer, malgré l'arrière-plan en effet très sombre.

Si vous voulez découvrir le très grand talent de Barbara Pym, mieux vaut peut-être commencer par un de ses romans plus anciens...
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
De la lavande. Mr Strong en détecta le parfum qui dominait les odeurs d'hôpital. Cela lui rappela sa grand-mère, ce n'était pas du tout le genre de parfum que l'on associait à la personne de Miss Ivory, mais pourtant, pourquoi être surpris que celle-ci sentît la lavande ? Ce qui était surprenant était qu'il eût remarqué un détail de cet ordre chez une malade ; mais le parfum si prompt à faire surgir les souvenirs, l'avait pris au dépourvu, et pendant un bref instant, lui, chirurgien de cet éminent hôpital universitaire, qui avait de surcroît un cabinet privé lucratif à Harley Street, fut de nouveau un enfant de sept ans.
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Letty alla au téléphone d'un air coupable. Il fallait reconnaître qu'il n'y avait pas vraiment d'heure convenable pour appeler les gens le soir, maintenant qu'on avait inventé la télévision, car avec trois programmes que l'on avait à sa disposition, il y en avait forcément un qu'on regardait. Même les plus mauvais avaient leurs adeptes ; et puis, qui était qualifié pour dire quelles émissions étaient les plus mauvaises, celles qu'il était "impensble" d'avoir envie de voir ?
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La bibliothèque était aussi un endroit pratique pour se défaire des objets inutiles que l’on ne pouvait pas, à son avis, faire entrer dans la catégorie des ordures destinées à la poubelle.
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Manger des bonbons, c'est se laisser aller, et même si elle avait maintenant dépassé la soixantaine, il n'y avait pas de raison pour qu'elle ne conservât pas une silhouette mince et soignée.
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c'était horrible, pensait Marcia, cette façon qu'avait les gens de vouloir être au courant de vos affaires et, quand vous ne leur répondiez pas, de vous raconter les leurs. Elle dut écouter une assez longue histoire de mari et de gamins, espèces dont elle ignorait tout... Page 61
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