Elisabeth n'est pas le personnage principal,de ce roman et le résumé, de ce fait un peu trompeur, même si elle y tient une grande place.
En réalité c'est
Charleston, la ville, héros de cette histoire. Ou plutôt ces habitants qui tirent leur force et leur capacité d'adaptation à une culture
Charlestoniène unique. C'est ce que démontrera
Alexandra Ripley à travers les comportements de ses personnages, en particulier ceux des familles Tradd et Anson, liés par des liens de parenté. C'est dans un milieu social semblable à celui de d'
Autant en Emporte le vent que nous évoluons.
La fresque historique débute au début des affrontements entre Yankees et Confédérés jusqu'à leur défaite pour le premier volet du roman. Dès lors le Sud subira les exactions du, tristement célèbre, général Sherman : pillages, destruction et vol des biens d'autrui et champs de ruines et tombe sous la tutelle nordiste.
L'auteure, originaire de
Charleston,maîtrise le sujet. Elle connait bien l'histoire de sa ville, la mentalité sudiste. Ses personnages subissent les événements majeurs frappant la capitale de la Caroline du Sud, sont confrontés à la misère, luttent pour survivre mais surtout pour conserver un semblant de train de vie propre aux aristocrates. Nous découvrons la culture et mode de vie d'une tranche de la population confronté aux effets secondaires de l'abolition de l'esclavage, mais plus particulièrement des sanctions de la défaite.
Le récit est compartimenté en plusieurs périodes. L'auteur insiste sur le avant et le après la guerre, et on ne peut que songer au roman de
Margaret Mitchell dans lequel les mêmes problématiques sont soulevées. On retrouve donc ici les thèmes comme la nécessité de s'adapter sans pour autant rejeter le mode de vie d'antan, basé sur des fêtes, les bals des débutantes, et toute une foule de us et coutumes à la fois de l'époque et typique de la mentalité sudiste. La place des femmes dans la société et la vie de famille est conforme aux moeurs du XVIIIe siècle. de l'autorité du père, elles passent sous celle du mari. Leur rôle est limité aux maintien d'une maison et à celle de génitrice.
C'est donc le quotidien de ces deux familles que nous suivons au fil des ans, et le moment venu
Alexandra Ripley se penchera davantage sur Elisabeth. À travers elle, nous partagerons la vie de la jeune femme, ses tourments, ses secrets qu'elle ne peut partager tant l'éducation du sexe féminin est figé et que l'intimité de la chambre doit rester ce qu'elle est intime.
L'auteure nous attache à ces personnages et à leurs destins tragiques, pour certains. Elle nous fait aimer Pinckney, à la fois frère et père d' Elisabeth, dont un des comportements devient incompréhensible, voire choquante, tant sa personnalité est honorable. Mais une fois remise dans le contexte
Charlestonien, bien que peu charitable, elle s'explique. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, aussi redevable, soit-on à un Shad, de basse caste.
Ce roman fait la part belle aux femmes qui prouvent ici leur capacité à rebondir et devenir à leur tour le soutien de famille sans aide d'un homme.
L'on passe un bon moment à arpenter la ville de
Charleston, découvrir son passé, les us et coutumes d'une population de nantis, celle qui a probablement le plus souffert des changements et des restrictions suite à la défaite. Les effets secondaires de l'abolition de l'esclavage que les Yankees ont laissés livrés à eux même, quand ils ne rejetaient pas, sont également abordés.
Cette saga familiale met en avant l'esprit sudiste, l'attachement des individus à leur culture qu'ils s'efforcent de maintenir, le mépris pour les petites gens et la haine des nordistes. Un classique du genre dans ce style de roman.
Si le volet historique est passionnant, l'on de retrouve pas ici l'intensité d'une romance à laquelle je m'attendais. Malgré quelques rebondissements, on vibre très peu pour Elisabeth. Il y manque le pétillant de la plume de Margaret Mittchell et la fougue de
Scarlett.
Cependant l'on passe un agréable moment de lecture ludique et culturellement enrichissant. La plume de l'auteur est fluide et plaisante et la lecture addictive, tant l'on se demande quel destin amoureux
Alexandra Ripley envisage pour Elisabeth. Joe y tiendra-t-il une place autre que le protecteur ?
J'avoue que le dénouement m'a surpris avec cette fin semi ouverte. Mais comme il existe un tome peut-être les réponses y sont-elles ?
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