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Critiques de Abdellah Taïa (141)
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Lettres à un jeune marocain

Quel plaisir, en tant que jeune, j'ai eu de recevoir 18 lettres du monde entier.



Quel bonheur, en tant que marocain, j'ai eu de m'apercevoir que 18 marocains du monde entier, de tout âge, de tout sexe, de toutes sensibilités ont pris le temps de poser sur une feuille blanche des mots à mon unique attention.



Ils ont chacun à leur manière accepté de porter un regard critique sur eux-même, sur notre jeunesse marocaine et sur le monde qui l'entoure.



Ils ont chacun dans leur langue cherché à provoquer, interpeller, apaiser, et encourager l'âme de cette jeunesse marocaine.



Les lettres sont belles et uniques. Elles peuvent être drôles, profondes, poétiques, pragmatiques ou dures, mais elles n'ont toutes qu'un seul objectif : nous faire réagir, nous les jeunes marocains du monde entier.



Le fil conducteur de cet ouvrage : notre jeunesse. Parce qu'avec elle, tout est possible.



Trouver sa place, abandonner ses frustrations, oser imaginer et être ambitieux pour notre pays, c'est ce que ces 18 correspondants ont cherché à nous dire à travers leurs mots.



A nous de montrer que nous sommes prêts.



Prêts à rendre à nous-mêmes jeunes marocains et à notre pays l'avenir qu'il mérite...



18 lettres à faire circuler à des millions de jeunes marocains ou d'ailleurs...

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Le jour du Roi

Omar et Khalid ont quatorze ans et tout les oppose. L'un est riche, talentueux, admiré, l'autre est pauvre, abandonné par sa mère, invisible. Ce sont les meilleurs amis du monde et ils s'envient, se désirent, se déchirent...

Un texte qui ne cesse de monter en puissance jusqu'à son dénouement, inévitablement tragique.
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Celui qui est digne d'être aimé

Ce court roman est en réalité la succession de quatre lettres d’inégales longueur, et présentées à rebours sur le plan chronologique. Elles sont à la fois des lettres reçues, et envoyées.

Bien sûr, on devine le caractère autobiographique de ce roman épistolaire. L’auteur, dit à la fois la difficulté d’être homosexuel, aujourd’hui dans les pays du Maghreb, celle de se soustraire à l’emprise maternelle, et de se construire sans se déconstruire …



La structure de ce roman rend à ce dernier les respirations nécessaires alors qu’à contrario l’écriture porte toute la révolte intérieure de son auteur, et sa détresse. Les phrases sont courtes et tranchantes. Abdellah Taïa utilise un vocabulaire cru. Son propos qui est rythmé laisse peu de répit à son lecteur ; un style qui perdrait sans aucun doute son intérêt sur la longueur, mais qui dans un format court va droit au but.



Je retrouve dans cet ouvrage le caractère un peu spécial qui m’avait interpellé lors de la lecture de "Le jour du Roi". Son œuvre reflète une personnalité malmenée, tiraillée entre ce qu’elle est et ce que sa famille a souhaité pour lui , une personnalité complexe qui semble toujours en bagarre contre lui et son environnement.


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Un pays pour mourir

Ils ont fui ou veulent fuir leur pays pour des raisons différentes. Ils ont des points communs, leur fragilité et leur ouverture aux autres.. leur désir d'amour ou d'amitié, l'espoir d'une vie meilleure, et leurs désillusions...

Zahira, prostituée depuis longtemps, émigrée en France, femme au grand cœur n'a plus beaucoup de charmes pour vivre. En fin de carrière, elle est le personnage central de ce roman, le personnage qui se souvient de la mort de son père relégué par sa mère au premier étage, père que ses enfants ne pouvaient approcher ...leur mère l'avait interdit...Elle a maintenant besoin de lui parler, d'être pardonnée...

Aziz, jeune algérien habillé en fille dès son enfance par ses sœurs, fera de Zahira sa confidente, il attend l'opération qui fera de lui Zanouba "Sans cette chose inutile entre les jambes qui me bousille la vie depuis toujours"...Il quittera ainsi le "territoire maudit des hommes", mais sera-t-il plus heureux après?

Et puis il y a Allal premier amour de Zahira. Resté au Maroc il cherche, à tout prix à la retrouver, pour assouvir une rancœur tenace.."Elle doit mourir Zahira. C'est son destin, c'est comme ça"

Et d'autres histoires encore qui parfois se recoupent

Ce ne sont pas des vies de héros, mais celles de personnages simples, fragiles qui ont fui leur pays, la pauvreté qui s'offrait à eux, pour trouver une autre pauvreté, une vie précaire, l'exclusion d'un monde qu'ils idéalisaient, un monde cruel et égoïste, peu enclin à aider les plus faibles. Des vies brisées, qu'on essaye de raccommoder...mais il y aura toujours des trous

Un écriture violente parfois, impudique souvent, alternant avec une sensibilité à fleur de peau. Des phrases courtes et percutantes, des pages magnifiques et d'autres bouleversantes mais à la fin une impression de malaise indéfinissable...un malaise que l'auteur cherche à nous faire partager

Un jeune auteur que je ne connaissais pas, dont je souhaite poursuivre la découverte


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Le jour du Roi

Deux garçons dans le Maroc d'Hassan II. Une amitié amoureuse, une jalousie sociale aux portes de la haine. Abdellah Taïa ne cache pas le militant qu'il est derrière l'écrivain, mais c'est ce dernier qui s'impose. Le jour du roi est un roman court, rageur, qui dénude ses protagonistes au propre comme au figuré. Il est écrit dans un style saccadé, scandé, où les mots se répètent pour mieux enfoncer le clou. Le regard sur la société marocaine de l'époque est terrible. En à peine plus de 200 pages, Taïa aborde une foule de thématiques : le pouvoir absolu et la soumission du peuple, l'émancipation des femmes, la transgression des interdits, la lutte des classes ... Entre réalisme cru et onirisme envoûtant et "oriental", le roman trouve sa voie, dans la violence et le trouble adolescents. Ce livre incandescent laisse comme des traces de brûlures sur les doigts.
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Le jour du Roi

Tout d’abord un grand merci à libfly qui dans le cadre de l’opération un(e) mordu(e), une critique en collaboration des éditions Points, pour la découverte de ce livre et de son auteur.

Un roman qui navigue entre la réalité et le rêve. Il débute sur un rêve récurent : celui d’Omar, notre narrateur, et de son obsession du Roi Hassan II.

Ce qui frappe c’est l’écriture : sèche, saccadée, minimaliste. Son allure, est comme pulsée, rythmique, inéluctable. On la sent de plus en plus comme telle, jusqu’à un dénouement que l’on soupçonne assez vite peu favorable.

Ils sont amis, et même plus…une intimité qu’il ne fait pas bon révéler dans la société marocaine. Tout y est subtilement révélé d’ailleurs…

Khalid, et Omar….amis, et si dissemblables.

Omar et la dérive d’un adolescent épris de peurs et de vengeance. Omar qui se sent trahis et n’en remettra pas. Omar que l’on peine de plus en plus à comprendre. Omar l’abandonné ; Omar l’orphelin, le délaissé…



« J’étais jaloux. Oui, jaloux. Je me sentais trahi. Meurtri. Nié. Tué de mille coups de couteau. Khaled ne m’avait pas dit l’essentiel : il allait lui, pour de vrai, baiser les mains du roi Hassan II. Pas moi. »

Notez la frugalité du style ; les phrases d’un mot.

Je retrouve dans cette histoire, un peu particulière, il est vrai, toutes les contradictions d’une société dont les us et coutumes s’accommodent assez mal avec la transparence. Il est des choses que l’on fait, mais qu’il n’est pas encore de bon ton de dire. Les exigences religieuses "font mauvais ménage" avec l’expression et l’assouvissement-légitime- de ses propres envies. Je prends pour exemple la consommation d’alcool pour laquelle Omar reçoit "l’autorisation" de son père qui lui tient un langage de sincérité.

« Le péché, c’est…c’est…c’est ne pas aimer la vie…C’est fuir la vie… C’est fuir, abandonner une famille…Fuir… »

Allusion à peine voilée à ce qui mine Omar et son père.

Le roman se termine comme il a commencé, dans le rêve…et je dirais même dans la confusion, sur une scène mi- réelle, mi- onirique, que j’ai, à vrai dire un peu de mal à interpréter.

Le jour du Roi est donc un ouvrage un peu spécial, sans doute dans la logique de ce qui fait la personnalité de l’auteur, mais un ouvrage à découvrir.


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Celui qui est digne d'être aimé

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Vivre à ta lumière

Peut on parler à la place d'un autre et pourquoi le faire tant il est évident que le tri sera laborieux entre ce qu’aurait pu dire la personne, ce que son porte-parole a entendu, cru entendre, aurait aimé entendre ou ne pas entendre. Ajoutons que ce que l’on dit, n’est pas forcément en adéquation avec ce que l’on pense.



Je ne connaissais pas Abdellah Taïa. Ecrivain d’origine marocaine, 49 ans, homosexuel, origine pauvre, de nombreux livres à son actif et Vivre à ta lumière doit s’inscrire dans la continuité d’une œuvre dont et de fait l’essence m’échappe.



Abdellah Taïa raconte donc trois épisodes de vie de sa mère Malika.

18-20 ans, la quarantaine je suppose et 65 ans.

Malika est la narratrice, d’où, qui parle à la place de qui ?



Episode un. Malika, pauvre, se marie avec l’homme de sa vie, tout aussi pauvre, mais il part à la guerre, celle d’Indochine et meurt. Malika est veuve sans enfant après à peine deux ans. Ayant quitté sa famille et rejetée par sa belle famille , elle se retrouve en errance.

Version de Taïa-Malika, Allal est mort à cause de sa famille avide d’argent via l’engagement, de la France et de la colonisation, envoyant à tour de bras de pauvre bougres mourir pour elle et des causes inutiles.

Maktoub revient souvent sous la plume de Abdellah Taïa, comprenez le destin, comme si Allal, pardon comme le libre arbitre de chacun n’existait pas.

Intérêt de cet épisode. Malika a été amoureuse, pleine puis vide de vie, sa force de caractère lui permet de ne pas couler.



Episode deux. Le temps a passé, Malika est mariée et a des enfants dont Khadija, 15 ans.

Elle s’oppose à Monique, une belle française reliquat du colonialisme qui ayant deux garçons et pas de fille veut s’approprier Khadija. Du moins est ce comme cela que Malika perçoit les choses. Malika lutte pour garder sa fille.

Intérêt de cet épisode ? Idem, la force de caractère de Malika.

Interprétation psychologique, une dimension parano, Malika fonctionne par certitudes, elle n’admet pas la contradiction, impose ses idées et pense bien faire, bon courage à ses proches. Et pour les problèmes c’est toujours la faute des autres.



Episode trois. 65 ans. Seule dans une grande maison car Malika a pu s’enrichir. Un Jaâfar- Ahmed-Abdellah, surgit un couteau à la main afin de lui demander des comptes. Je vous laisse découvrir de quoi il en retourne à travers ces deux personnages plus un qui ne sont qu’un.



Le mot de la fin.

Bonne chance mon fils Jaâfar.

Commentaire de celui qui se le permet. La vie n’est pas une question de chance ni de Maktoub.



Le mot du début .

Vivre à ta lumière.

Commentaire de celui qui se le permet. Les directives parentales, d’une mère qui impose en particulier, il faut savoir en garder le meilleur et s’éclairer soi même et avec l’aide des autres, pour le reste.



Vivre à ta lumière. Un livre bien écrit, qui raconte sans recul et avec une objectivité qui n’en est pas une. Mais il est parfois bon d’entendre, ce que l’on aimerait entendre. Je m’excuse et à chacun sa mère.
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Lettres à un jeune marocain

Le Maroc bouge. Le Maroc attend. Le Maroc recule. Ses jeunes sont toujours ignorés, écartés. Qui leur parle directement? Qui les comprend? Qui les inspire? Qui les aide à s'affirmer, à être eux-mêmes et libres? À ne plus se sentir abandonnés, isolés? À prendre leur vie en main? Dans ce livre, 18 écrivains et artistes marocains envoient à ces jeunes des lettre qui viennent du coeur...
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Celui qui est digne d'être aimé

Abdallah (permettez-moi, je vous en prie, cette forme de familiarité),



J'avais envie de renouer avec votre plume, dont la beauté envoûtante m'avait saisie le corps et l'esprit. J'avais envie de cette vie lente, de laisser votre langue s'enrouler autour de la mienne, de laisser votre souffle échauder ma nuque, et d'abandonner mon ventre à la torpeur de votre encre. Il ne m'a pas fallu deux lignes pour retomber sous votre joug, Abdallah, pour m'abandonner entièrement à la prose qui est la vôtre et qui est devenue mienne.



Et maintenant, je me noie deux fois par jour dans les eaux sales d'une piscine quelconque à la recherche de mon moi intérieur, celui qui a été sali, celui qui détruit. J'ai envie de vous regarder dormir en vous écrivant une lettre de rupture, j'ai envie de vous attendre à l'ombre d'un café parisien, de boire du thé noir et de crier vos ténèbres.



C'est vous qui m'avez colonisée. Vous avez fait de moi une mère toxique, un amant déchu, un frère détesté. Je suis gay depuis vous, je suis un homme, je suis une femme, je ne sais plus, et je n'en reviens toujours pas de cette nuit fulgurante que nous avons passée ensemble par lecture interposée, Abdallah. Je n'ai désormais plus qu'un souhait : celui de vous retrouver encore pour une nuit d'amour et de rupture, et de pouvoir, encore un peu, vivre à votre lumière car, désormais, je sais que, moi aussi, je suis digne d'être aimée.

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Vivre à ta lumière

VIVRE À TA LUMIÈRE, un roman troublant de Abdellah Taia

🍃

Ici, on donne sa 𝙛𝙞𝙡𝙡𝙚 à un frère, lecteur, et son 𝙢𝙖𝙧𝙞 à l'ennemi. Là-bas les meskine de Béni Mellal sont riches de ce qu'on ne voit pas.

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Et on ne sait plus très bien qui est libre, qui est 𝙥𝙧𝙞𝙨𝙤𝙣𝙣𝙞𝙚𝙧, qui est dedans, qui est dehors. On en vient à se demander si la meilleure façon d'aimer un mort n'est pas de l'enterrer, si le 𝙘𝙤𝙣𝙙𝙖𝙢𝙣é ne serait pas, finalement, le plus libre, ou si la mère courage n'est pas en fait une 𝙨𝙤𝙧𝙘𝙞𝙚𝙧𝙚.

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Abdellah Taia fait bouger toutes les lignes, toutes les frontières, fait voler en éclat les certitudes éphémères. Je veux pas mettre ma djellaba verte, lecteur, je veux pas ouvrir la grande porte, je veux juste m'assoupir un instant à l'entrée des ruines de Shellah, reposer mes yeux près du bassin des anguilles sacrées et m'endormir, un 𝙥𝙤𝙞𝙜𝙣𝙖𝙧𝙙 dans la cuisse.

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Pour d'autres voyages, rendez-vous aussi sur Instagram :
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Vivre à ta lumière

Dans ce livre bouleversant et lumineux l’auteur utilise le personnage de Malika pour dresser avec délicatesse le portrait de sa mère M’Barka Allali Taïa (1930-2010) par le prisme de trois grands épisodes de sa vie.



Malika est une femme. Marocaine. Une mère. Elle passe toute sa vie à se battre contre la pauvreté, le patriarcat, la solitude, afin d’être celle qu’elle est.



Son enfance, Malika la passe dans une campagne pauvre du Maroc. Elle se marie avec un homme, Allal. Lui, il aime aussi Merzouque, un autre homme. En peu de temps elle se retrouve veuve à la suite de la mort de son époux. Ce dernier, désireux de gagner de l’argent, s’engage aux côtés des troupes armées françaises en Indochine. Malika est alors rejetée par sa belle-famille et se retrouve seule.



Par la suite, elle fait un second mariage avec Mohammed. À Rabat, elle empêche une riche bourgeoise Monique de lui enlever sa fille de quinze ans Khadija.



Enfin, le roman se ferme à Salé dans les années 1990, où Malika se retrouve face à Jaäfar. Ce jeune délinquant homosexuel cherche à retourner en prison. Cet épisode est l’un des plus déchirant du livre. Le jeune homme apparaît comme le double du fils de Malika exilé en la France.



Tout au long du récit je me suis autant délecté de cette histoire palpitante et poignante, que de l’écriture de l’auteur. Je suis officiellement conquis et charmé par cette écriture poétique qui émane du texte. Abdellah Taïa apporte cette touche d’éclat au parcours individuel et singulier de sa mère. C’est un coup de cœur  !

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Infidèles

« Personne ne viendra, maman.



Tu le sais, maman. C’est trop tard. Ou bien trop tôt. Ils ne viennent plus ici, les hommes. Tu le sais. Tu le sais. N’est-ce pas que tu le sais ? N’insiste pas. Je ne veux plus. Je ne veux plus de ce rituel ».



Jallal veille sur sa mère, prostituée marocaine. Il ne la juge pas, l’entoure de son amour, la protège, ils forment une entité d’amour silencieuse où chacun est enfermé. Abdellah Taïa fait alterner les chapitres de la mère et du fils pour mieux le souligner.



Attention, à la base, Slima n’est pas une prostituée. Elle est Introductrice, comme sa mère adoptive avant elle. Elle est présente au soir de la noce pour aider les époux. « Tu feras du bien ma fille. Ils te donneront de l’argent et te souriront, et, dès que tu seras partie, ils te maudiront ». Oui, mais voilà, ce métier n’existe plus alors, elle est une simple prostituée.



Un peu de bonheur arrive par le soldat déserteur qui, à chaque visite apporte son soleil, avec, entre autre, Marilyn Monroe et sa chanson, La rivière sans retour. Cette relation vaudra des années d’emprisonnement à Slima avec tous les sévices qu’un tortionnaire peut faire à une prostituée.



Jallal, dans sa chambre, devant la télé, écoute les bruits dans la chambre de sa mère, mais pour lui, ce n’est pas sale, c’est le métier de sa mère. « Je suis devant la télévision. Je dévore les images de ce film. Ma mère Slima travaille. Je l’entends dans la chambre d’à côté. »



La mère et le fils sont côte-à-côte, mais sont-ils ensemble, traversés par leurs solitudes, leurs silences ?



« J’ai l’âge d’homme. Je sais parler. Négocier. Trafiquer. Les embobiner. Les charmer. Détourner leur attention. Les voler. Les sucer, peut-être. Leur donner mon derrière parfois s’il le faut. Cacher ma pureté, mon Dieu. Taire notre lien secret. Qui tu es. Qui je suis. Notre chemin dans l’ombre. Notre projet. Le voyage nocturne. » Quelle phrase dure sortie de la bouche d’un gamin de dix ans



Le livre est scindée en quatre chapitres principaux qui permet de suivre le chemin de la mère et du fils ; chemin qui les mène à un islam différent. Elle découvre la paix, pratique l’ascèse, jusqu’à en perdre la vie à La Mecque et le fils, pour l’amour d’un garçon radicalisé, va vers l’impensable.



Un livre transgressif, fort, est un cri muet, fort à s’en boucher les oreilles. La mère et le fils ont une vie semée de violences. Leur parcours est bien une rivière sans retour où se jettent la méchanceté des hommes. Abdellah Taïa parle de la condition des femmes au Maroc, la prostitution, la religion musulmane et de la vie au Maroc. J’ai aimé l’écriture à la fois crue et poétique de l’auteur.



Une belle découverte.
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Celui qui est digne d'être aimé

Quatre lettres.

Quatre lettres pour se raconter.

Quatre lettres qui interrogent la notion de l’amour dans ses différents degrés.

Quatre lettres qui racontent les émotions, les sensibilités, la vie d’Ahmed un marocain pauvre, homosexuel.

Quatre lettres qui permettent de comprendre la construction d’un individu. Il se nomme Ahmed. Il a fuit son pays pour pouvoir se construire et vivre pleinement. Pourtant Ahmed se perd et n’arrive à pas à devenir lui-même.



J’ai beaucoup aimé et suis heureux de découvrir cet auteur. Sa plume d’écriture ne me laisse pas insensible. Un roman épistolaire particulièrement émouvant et bouleversant.
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Celui qui est digne d'être aimé

Quatre lettres, de la plus récente à la plus ancienne.

En 2015, Ahmed écrit à sa mère décédée depuis cinq ans, lui parle de son homosexualité, de leurs ressemblances, de sa conscience de n’avoir été rien pour elle.

En 2010, Vincent écrit à Ahmed pour lui rappeler ces 24 heures passées ensemble il y trois ans, son coup de foudre immédiat, sa difficulté à se remettre de ce qu’il ressent comme un abandon. Et lui proposer de se revoir.

En 2005, Ahmed écrit une lettre de rupture à Emmanuel, le Français qui l’a pris son sous aile et a fait du pauvre gosse marocain un intellectuel parisien.

En 1990, Lahbib écrit une dernière lettre à Ahmed et lui demande de se venger.



C’est sans doute cette dernière lettre qui donne la clé de lecture de ce court roman épistolaire. « Se venger » : est-ce là le sens qu’Ahmed a donné à sa vie ? Se venger de sa mère qui a failli le tuer avant même sa naissance ? Se venger des hommes français, forcément sûrs de leur supériorité sur les Marocains, les utiliser avant qu’ils l’utilisent ? Les détruire parce que d’autres ont détruit ?



Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne compréhension de ce roman, mais c’est la seule que je trouve.

C’est la deuxième lettre, celle de Vincent, qui m’a vraiment touchée et qui m’a permis de rentrer dans la lecture, car la première était un peu absconse.

J’ai également compris le parallèle entre le paternalisme d’Emmanuel envers Ahmed et une forme de néo-colonialisme : Ahmed s’occidentalise, peut vivre son homosexualité au grand jour, mais en y perdant sa langue et sa culture.



Ce roman n’est pas inintéressant, loin de là, mais il ne m’a pas vraiment emportée avec lui.

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L'armée du salut

au suivant...
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Le rouge du tarbouche

Une première rencontre avec Abdellah Taïa très plaisantle.

Ses textes sont agréables, limpides avec des sentiments à fleur de peau. Ils me donne l'envie de découvrir ses autres écrits.
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L'armée du salut

Un "roman" d'amour dans le plein sens du terme ; La pudeur dans la crudité,

la foi dans la vie malgré les déceptions..

Ce - court - livre m'a bouleversé. C'est l'un des meilleurs que j'ai lu depuis plusieurs mois.

Je ne connaissais pas cet auteur. Dans la librairie j'ai été attiré par le titre car j'avais entendu parler du film ( que je n'ai pas vu ).

Je compte bien rechercher d'autres ouvrages de cet auteur.
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Le jour du Roi

Omar et Khalid sont deux amis, l'un pauvre, l'autre riche, tout les sépare mais ils s'aiment jusqu'au jour où le roi Hassan II va venir dans leur ville à Salé et où Khalid va être choisi parmi les meilleurs élèves de la classe pour le rencontrer. Omar est jaloux, non pas du choix mais du fait que son ami ne le lui ai pas dit. Passage de l'enfance à l'adolescence, différence sociale, magie, djinns, un univers à la fois de conte et de réalité. Une écriture poétique, un rythme, on se laisse porter.
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Le rouge du tarbouche

L'auteur qui est exilé à Paris pour "faire fortune" nous fait partager son Maroc du quotidien dans ce qu'il y a de concret et de poétique. Ses récits autobiographiques me rappellent les toiles orientalistes.
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