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Critiques de Bernard Clavel (617)
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La Grande patience, tome 1 : La Maison des ..

La vie d'un apprenti boulanger soumis à un patron dur dans une petite ville du Jura dans le milieu des années 30.

La découverte de la vie dans tous ses aspects : l'amour, la politique, l'amitié, le travail, l'art, la mort, la solidarité, la comédie humaine, ...

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Légendes des lacs et rivières

Bernard Clavel a un indéniable talent de conteur, il l'a prouvé à maintes reprises dans ses livres.

Les légendes du monde entier, "fabuleux trésor qui appartient à tout le monde", ne pouvaient que lui donner envie de les reprendre à son compte, d'y ajouter son petit grain de sel, et de nous en livrer sa version.

"Et pour l'avoir fait, je sais aussi que l'on peut, même sans autre auditoire qu'une feuille blanche, prendre là beaucoup de plaisir" nous dit-il dans la préface. Eh bien, le lecteur prend également beaucoup de plaisir à la lecture de ce recueil.

Bernard Clavel a eu la bonne idée de regrouper des légendes ayant l'eau pour point commun, et nous offre un tour du monde bien rafraîchissant. Les histoires successives sont suffisamment différentes les unes des autres pour que l'ensemble ne soit absolument pas lassant, bien au contraire, et ce livre classé "jeunesse" plaira autant aux plus jeunes qu'aux adultes qui sont restés de grands enfants.

"Seuls les lecteurs pourront dire si le pain est bon, mais, ce que je puis affirmer c'est que la pâte est d'une infinie richesse, que le levain a encore toute sa force, et qu'à pétrir ainsi, en toute liberté, j'ai retrouvé le parfum de mon enfance et la couleur des contes qui ont donné naissance à mes plus beaux rêves." peut-on lire dans la préface : monsieur Clavel, j'ai trouvé votre pain succulent, merci !
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La Grande patience, tome 1 : La Maison des ..

J'ai lu "La Maison des autres" adolescente et c'est sans doute principalement pour cette raison que je me suis sentie très investie dans le récit de l'apprentissage de Julien, futur boulanger-pâtissier, que l'auteur situe quelques années avant qu'éclate la Seconde Guerre mondiale.



L'apprentissage professionnel de Julien se double de son apprentissage personnel, un chemin initiatique qui lui permet d'éprouver émois amoureux balbutiants et puissance de l'amitié, le tout dans le contexte laborieux de l'artisanat de bouche.



L'écriture de Bernard Clavel m'avait vraiment charmée ; elle est très accessible, notamment au jeune lectorat. Par la suite, je n'ai pas eu l'occasion de lire la suite de "La Grande patience" mais ça ne reste que partie remise.
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L'ouvrier de la nuit

Un roman tellement empreint de réalisme que l'on croirait une biographie de l'auteur. Lequel s'en est toujours défendu même si l'inspiration de sa vie y est grande. Le roman est écrit à la première personne, c'est peut-être pour ça que l'on se laisse fourvoyer. Peut-être aussi parce que la description des personnages est tellement bien faite, qu'inévitablement ils font partie de notre quotidien.

Un jeune, arrogant, fainéant, égoïste, fier, orgueilleux, a, un beau jour décidé d'être artiste. Il marchera sur tous ceux qui l'entourent pour parvenir à ses fins. Mais le talent n'est pas là et ce sont tous ses proches qui le maintiennent à flots aux périls de leurs santés, de leurs finances et de leurs vies.

Un magnifique roman écrit en quelques jours comme un cri de désespoir, qui pose de réelles questions. Quelle voie choisir entre la réussite personnelle et l'amour ?

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Malataverne

Je retrouve, avec Malataverne, l'univers de Bernard Clavel que j'avais découverte avec « Le tonnerre de Dieu ». Cet univers rural des années 60 dans la région du Jura. Trois jeunes d'un village veulent cambrioler une pauvre vieille pour lui soutirer son magot. Un de ces jeunes, Robert, va prendre conscience de la portée de cet acte avant de le commettre et en parler à sa petite amie… Je vous laisse découvrir la suite. Roman très moral puisque Robert, sera rongé par sa mauvaise conscience, entre dénoncer ses copains ou prévenir la vieille le risque de se faire tuer. Clavel nous interroge sur notre responsabilité individuelle. Même si le roman a pris quelques rides, dans sa forme, et son questionnement – je pense qu'on poserait le problème différemment de nos jours – l'écriture reste passionnante et a valeur de témoignage d'une époque. La course nocturne de Roberte et Gilberte dans la nuit, accompagnés par leurs ombres et la lune au milieu des champs, décrite sur plusieurs pages a gardé tout son suspens. Au-delà de l'intrigue, ce livre constitue une trace de cette France rurale des années 60 qui paraît aujourd'hui bien étrangère.

Un roman qui se lit rapidement et que je conseille à tous ceux que le sujet intéresse.
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Le Silence des armes

Bernard Clavel n'a pas son pareil pour dépeindre des hommes profondément attachés à leur pays, à leur activité ou à leurs traditions.

Des hommes francs et droits, prêts à défendre ce en quoi ils croient, et qu'ils veulent farouchement transmettre à leurs enfants : l'amour de leur terre ou de leur métier, leur façon de vivre.

Le père de Jacques est de ceux-là.

Jacques, jeune engagé volontaire lors de la guerre d'Algérie, revient dans sa maison natale le temps d'une permission. Ce retour va être l'occasion d'une prise de conscience et va faire naître de nombreuses interrogations.

Le jeune homme fragilisé va tout remettre en question, son passé et son avenir.



Ce roman est magistral.

L'auteur y excelle dans les descriptions, qu'il s'agisse des paysages qui prennent forme sous nos yeux ou des personnages qu'il met en scène. Tout est tellement vivant ! La campagne est magnifique, et ceux qui y vivent sont terriblement attachants.

C'est beau, c'est du Clavel au sommet de son art.



Il règne dans le texte un doux parfum de nostalgie. Pas de regrets amers et stériles, façon "c'était mieux avant", non, c'est plus subtil que cela. Bernard Clavel nous montre la douceur et l'authenticité du monde d'autrefois, celui des parents de Jacques.

Un monde de respect et de traditions, un monde que nous regardons parfois avec mépris, que nous trouvons lent, nous qui nous considérons comme modernes. Ce monde nous apparaît enviable sous la plume de l'auteur.

Cette lecture nous donne l'occasion de nous poser et de réfléchir un peu sur la façon dont nous voulons vivre. De nous interroger sur notre façon de considérer le temps.

Le temps !

Denrée de plus en plus rare à une époque où tout va trop vite, où nous sommes noyés dans un flot permanent d'informations que nous n'avons même plus le temps de digérer.



Bernard Clavel met aussi en avant l'importance des racines. Nous ne sommes pas des êtres hors-sol et interchangeables. Nous sommes issus d'un terroir, nous sommes héritiers de coutumes, de croyances, d'une histoire familiale. Nous avons été façonnés par notre famille, notre entourage proche, par ce que nous avons vécu au cours de nos jeunes années. Bien sûr nous pouvons décider de partir, de changer, mais nous conservons toujours en nous une marque forte de notre passé.

Jacques va comprendre tout cela, mais avec les traumatismes que la guerre lui a fait subir, la prise de conscience va être douloureuse et dévastatrice.

Et le doux roman va soudain changer de direction...



Ce livre est bouleversant.

Le lecteur suit Jacques dans son cheminement et grâce au talent de l'auteur, le comprend parfaitement. Comprend ses pensées, ses réactions, ses actes.

Écrit dans une langue limpide et magnifique, ce texte m'a prise aux tripes, jusqu'à un fin complètement folle qui m'a laissée hors d'haleine.

Du grand art !

Farouche pacifiste, Bernard Clavel a écrit là l'un des meilleurs plaidoyers que je connaisse contre la guerre.



"La guerre ne tue pas que ceux qui reçoivent des balles. Elle détruit aussi les hommes à l'intérieur."

Bien vrai, hélas.

Et que c'est beau le silence des armes !
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Les Colonnes du ciel, tome 5 : Compagnons d..

Formidable ! Décidément, c'est pour moi une bonne pioche de livres, en ce moment !

"Les Colonnes du ciel", parce que c'est Dieu, et non pas le prétentieux jésuite, le père Therrien, surnommé Face d'Ortie par le compagnon Dolois-Coeur-en-joie, qui décide vraiment du sort des hommes. Ce Dolois est une sorte de Depardieu, d'Obélix ou de "Marius-je-coupe-à-coeureuh !"

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Le héros, c'est Bisontin-la-Vertu, pote de Dolois, et Compagnon du Devoir comme lui, Comtois comme lui, également charpentier et menuisier.

On est entre 1639, guerres de Richelieu contre le Comté de Bourgogne, et 1673, date du décès de Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal, qui n'est encore que Ville-Marie.

Bisontin et Dolois s'embarquent à Saint Malo pour " la Nouvelle France", embauchés par les jésuites pour construire bâtiments et églises.

Bisontin a embarqué Séverine, dite Jarnigoigne, une petite Bretonne dans l'aventure, mais il est plein de remords de ce qu'il s'est passé dans sa vie antérieure à La Vieille-Loye, où il a laissé Marie-Bon-Pain, Oh Marie, si tu savais... dans un état proche de la rage ( du coup, il faudra que je lise ce tome 4...mais aussi le tome 3 pour savoir si Hortense d'Eternoz, "La femme de guerre", fut une héroïne du Comté comme Geneviève de Paris, Jeanne d'Arc, ou Jeanne Hachette chez nous en Picardie.... j'aime les héroïnes, ma femme en est une, quelque part )...

Bref, le récit de ce tome 5 commence quand le navire approche de la bourgade de Québec....

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Plein d'aventures vont émailler la trajectoire du sympathique Bisontin, qui se frotte malgré lui, aux cruels Iroquois ( mais je les comprends : qui est-ce qui envahit leurs territoires ? ), au terrible père jésuite Face d'Ortie, à la langue aussi aigre que du vin-aigre, puis au destin de La Belle Espérance, frégate de 150 tonneaux.

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La qualité d'écriture est, pour moi, exceptionnelle, et j'ai trouvé un deuxième Ken Follett, mon auteur favori, esquissant des êtres manichéens comme il sait le faire, afin de faire monter le suspense, doublé d'un William Golding au meilleur de sa forme dans la "Trilogie maritime" ou "Sa Majesté des Mouches", et décrivant le mal sans l'expliquer....



Au fait, savez-vous ce qu'est un Maître à danser ?... Pas l'homme, l'outil du compagnon !

https://www.objetsdhier.com/maitre-a-danser-1463
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Les Colonnes du Ciel, tome 1 : La saison de..

Il s'agit du seul livre que j'aie lu une deuxième fois entièrement.

La première fois, j'étais adolescent. Les lectures en ont été différentes, mais toujours avec le même plaisir, le même souhait secret que le personnage principal "s'en sorte", fasse le "bon" choix, et suive son ami Bisontin-la-Vertu.

Les descriptions des paysages, sous la neige, ou dans la tempête, sous les étoiles, ..., sont magnifiques.

J'en garde aussi le souvenir de l'exaltation d'hommes aimant leur métier et se définissant par lui. Il s'agit aussi de transmission et de partage dans ce livre.

Sans bien sûr oublier la peste et la guerre, et la volonté des gens de les fuir et de vivre malgré tout...

Puisse cette "critique" vous donner envie de lire ce livre. Je me demande si je ne vais pas le relire une troisième fois...



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Tiennot, ou, L'île aux Biard

Sous la torpeur du mois d’août, le père Biard a rejoint sa dernière demeure et son fils Étienne dit Tiennot, qui vivait avec lui sur un petit bout de terre plantée sur la Loue, se retrouve seul. Tout ce qu’il sait, toutes les tâches qu’il accomplit pour s’occuper des bêtes et de son lopin de terre, pour louer sa force lors de durs travaux alentour, c’est du père qu’il l’a appris. Sa mère a été fusillée par les SS il y a longtemps.

Après l’enterrement, c’est le coup chez Flavien, le cafetier du village, pour se rafraîchir un peu et voilà que ce dernier lance « — Au fond [… ] il a raison de vouloir rester chez lui ; seulement faudrait qu’il trouve une femme. » Ébranlé, Tiennot tout rougissant jure qu’il sait tout faire et qu’il sait se débrouiller tout seul mais bon, une femme, ce ne serait peut-être pas si mal…



Bernard Clavel raconte la Loue lors d’un été de sécheresse, dans le Jura, alors que son cours est au plus bas. La brume laiteuse s’attache parfois à sa surface et les rives plantées de peupliers trembles et de saules s’y reflètent. Il nous fait entendre le bruit du barrage en aval de la petite île sur laquelle Tiennot parle à ses poules, ses lapins et surtout à son baudet, la Miaule. Cet homme robuste, un peu simple d’esprit, exécute consciencieusement son travail, s’interrogeant pour chaque décision et chaque pensée « Le père, qu’est-ce qu’il dirait ? »

Les médailles de son père, ancien combattant et résistant, ainsi que l’article du journal qui lui rend hommage sont soigneusement épinglés sur le calendrier. On y devine tout l’amour filial et paternel qui devait unir ces deux êtres.

Lorsque Flavien se présente en compagnie de Clémence et de son père, tout va basculer. Ce dernier propose de louer les services de sa fille à Tiennot pour deux mois moyennant 50 000 francs. Une vente en somme. Lorsque Clémence en apprenant le montant de la somme s’écrie « La vache », on comprend que ceux-ci viennent de faire une bonne affaire au détriment de Tiennot. Mais celui-ci, trop content de cette présence féminine n’y voit pas de mal, du moins pas encore…



L’écriture classique, tout en simplicité, qui s’apprécie à sa juste valeur, renvoie parfaitement les gestes, les paroles qui s’échangent dans ce petit coin du Jura des années 70. Elle nous raconte l’île où vit Tiennot, l’habitation d’une seule pièce, où tout se tient. De l’autre côté de la rive, nous partageons la soupe avec un vieux couple qui couve ce grand Tiennot qu’ils avaient recueilli un moment pendant la guerre.

Avec les pluies d’automne qui font grossir la Loue, l’auteur nous montre un Tiennot fier de maîtriser habillement sa barque dans les remous de la rivière en crue. Saura-t-il aussi bien mener sa vie à deux avec la Clémence ?



Son destin nous emporte dans cette lecture prenante malgré le sentiment d’injustice qui prévaut tout au long de l’histoire. Le récit coule comme la rivière « La Loue », accélère, ralentit au rythme des évènements et des descriptions qui le jalonnent.

Tiennot et Clémence symbolisent en quelque sorte l’opposition entre le monde rural et le monde dit moderne qui se profile. L’un est laborieux, qui ne ménage pas sa peine et résume sa vie à l’essentiel : travailler pour se nourrir, soigner ses bêtes, arroser le potager. L’autre exige du confort moderne et s’installe dans la facilité.

Grâce au challenge solidaire, j’ai redécouvert Bernard Clavel qui avait sa place dans mes lectures de jeunesse. Il mérite vraiment d’être ressorti du grenier littéraire où sommeillent de très bons auteurs.

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Les Colonnes du ciel, tome 4 : Marie bon pain

Besançon est une belle ville, m'a dit une "Bab-amie" qui se reconnaîtra et que j'aime beaucoup, comme tous mes babami(e)s que je choisis en fonction de nos fidélités de visites de critiques, afin d'éventuellement discuter positivement dans les "commentaires" !... D'ailleurs, j'aimerais faire mon Tour de France et de Belgique, non des Compagnons, mais de mes Babami(e)s, je n'en ai pas beaucoup, afin de discuter en "live" à une terrasse de café. [ Il faut aussi que je voie ça avec "Ma Blonde" (qui est brune ), comme on dit au Canada ! ]... Mais si ça vous intéresse, à l'occasion, faites-moi signe.

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Ceci dit, revenons à notre héros, Bisontin-La-Vertu, de Besançon. C'est un Compagnon Charpentier.

Qu'il est c... ! mais qu'il est c..., ce Bisontin !

Marie, qu'il a emmenée de La Vieille-Loye avec sa tribu à Morges, dans le pays de Vaud pour fuir la guerre que le Cardinal mène contre les Espagnols dans La Comté, l'aime d'amour, mais d'un amour incommensurable, comme ma Princesse avec moi-même : )

Alors, pourquoi je trouve le Compagnon-Charpentier bête ? Parce qu'ayant goûté à "la route" pendant son Tour de France des Compagnons, chose admirable par ailleurs, il ne tient pas en place. En 1648, le Traité de Westphalie et la Trève de Bassigny leur permet de revenir à la Vieille-Loye détruite... Bisontin reconstruit, a des commandes, est heureux, apprend le métier à Pierre et à Petit Jean. Marie est viscéralement attachée à sa terre, mais encore plus à Bisontin.

Or "la femme de guerre" du tome 3, Hortense, revient, plus aventurière que jamais. Evidemment, ça plaît à Bisontin le baroudeur, et Marie a peur qu'il parte courir par monts et par vaux avec elle.

Les inquiétudes de Marie-Bon-Pain augmentent encore quand Bisontin retrouve Dolois-Coeur-en-Joie, compagnon-charpentier et ami de ce dernier, et qui, naturellement lui propose l'aventure.

Bisontin partira-t-il d'un foyer où il a tout pour être heureux ?

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C'est un roman régional, la Comté, prise en sandwich entre Louis XIII, puis Anne d'Autriche et les terres de Philippe IV d'Espagne, souffre. Ça n'arriverait pas avec la reine Amélie qui propose et obtient la paix dès 1643 : )

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Ce beau roman sent le terroir avec des bouvets, rasseurs, tassenières, forestages, charrois, et effouillements....

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Les personnages sont bien étudiés, la campagne est magnifiquement décrite, l'intrigue est belle :

Bernard Clavel, Jurassien, est, pour moi, un auteur qui mérite plus de reconnaissance : )
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Le Royaume du Nord, tome 2 : L'or de la terre

Suite à la construction du transcontinental Canadien, la colonisation s'accélère et ouvre la voie à travers les épaisses forets, les zones marécageuses du Nord jusque là inaccessibles. La voie ferrée va irriguer en hommes les contrées sauvages.

Il suffira que quelques personnes trouvent ou croient trouver quelques grains de poussière jaune pour déclencher une ruée qui va drainer une marée humaine désespérée. En effet, rares sont les filons et nombreux les prétendants à la fortune.

Dans ce contexte, il en est un qui trouve sa chance et qui arrive à ne pas tomber dans les griffes des grandes compagnies. il construit sa mine, embauche et toute la vie s'organise autour de ce précieux métal. les villes apparaissent au gré des rumeurs, les bateaux sont bricolés à partir de vieux moteurs de voitures, les avions gagnent peu a peu leur place au dessus des immenses forets, le monde s'affole. L'esprit d'aventure et d'entreprise est omniprésent dans l'ouvrage, les plus audacieux étant souvent les plus récompensés, encore faut-il trouver la juste limite...

Car l'avidité n'a pas de frontière; si pour certains elle est synonyme de richesse pour d'autres elle est synonyme de confort, et qui n'en rêve pas dans le monde austère et glacial du Grand Nord?
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Tiennot, ou, L'île aux Biard

Certains livres restent gravés à vie dans la mémoire du lecteur, je gage que Tiennot reste gravé dans la mienne.

Bernard Clavel, au sommet de son art, nous embarque sur l'île aux Biard. le père vient de mourir laissant Etienne, son fils, seul sur l'île. Etienne plus communément appelé Tiennot est une force de la nature mais un peu lent à la comprenette..

Lorsque le cafetier du village lui promet de lui trouver une femme, Tiennot hésite et finit par accepter. C'est Clémence , une jeune femme gironde, peu farouche qui entre en scène mais est-ce vraiment la femme que le Père aurait souhaité pour son fils? Une femme présente, capable de prêter la main pour les travaux du jardin, pour s'occuper des animaux et du potager.. et plus éventuellement. Rien n'est moins sur.

L'ambiance s'alourdit au fil des pages, la Loue est en crue, impossible de traverser et ... un drame pourrait survenir.

Les hommes, les bêtes, leur vie difficile dans une campagne reculée, la nature qui se met en travers de leur route, tout est là, tangible, palpable. Tout se met en place pour la chute finale. L'écriture de Bernard Clavel est d'une efficacité redoutable.



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Le carcajou

Quel plaisir de suivre Bernard Clavel et deux couples de vieux indiens sur les pistes glacées de la Taïga.

Survivre n’est pas une mince affaire dans ce milieu hostile. La chasse en piégeant le maigre gibier, la pêche en cassant la glace occupent une grande partie de leurs journées.

Tout est devenu plus difficile avec l’installation du barrage, le poisson se fait rare, il faut se rabattre sur la chasse, mais là non plus, rien n’est simple.

Souvent les pièges demeurent vides, les hommes savent ainsi que « Le carcajou » est revenu. Ils le redoutent autant que le diable, sa cruauté n’ont d’égale que son appétit vorace et sa facilité à disparaître au moindre danger.

« C’est l’animal le plus rusé qui soit. C’est le plus féroce aussi. Il s’attaque même à l’orignal, même à l’ours gris. Le seul moyen d’en venir à bout est le fusil, mais il est tellement méfiant qu’il faut parfois des semaines pour réussir à le voir de fort loin. »



Au moyen d'une écriture éminemment poétique, Bernard Clavel nous offre un roman d'une grâce infinie sur le rapport de l'homme avec le monde et la nature. Celle-ci tantôt salvatrice, tantôt dévastatrice, révèle la fragilité de l'équilibre sur lequel repose tout homme et toute création humaine ainsi que le caractère profondément impermanent des choses, des sentiments et du monde.

C’est une ode à la nature, à la terrible beauté des terres inhospitalières du Grand Nord.

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La table du roi

J'aime Bernard Clavel, dont j'ai déjà lu et apprécié de nombreux ouvrages.

J'aime son écriture, simple et très belle à la fois.

J'aime ses personnages, francs, entiers et droits dans leurs bottes.

J'aime sa façon de raconter des histoires.

J'aime...



"C'est une nuit comme il y en a eu bien d'autres dans cette vallée dont le roi est le Rhône. Sur le fleuve d'eau, court et miaule un fleuve de vent. Ce vent rageur que ne peut abattre aucune pluie. Il est partout. Partout où bêtes et gens aimeraient se terrer pour lui échapper."

Quelques phrases et ça y est : le décor est planté et j'ai envie de savoir ce qui va se passer.

Je lis Clavel suspendue à ses mots, comme un enfant suspendu aux lèvres qui lui racontent une histoire.

Comme c'est bon !



Patron d'une rigue (ensemble de barges utilisées autrefois pour le transport des marchandises), Mathias sait que la nuit va être difficile et préfère s'amarrer à la Table du roi, ce rocher qui se trouve au milieu du fleuve.

Mathias n'est pas inquiet ; il connaît son métier, et le fleuve comme sa poche. Il n'y a plus qu'à attendre que les éléments se calment pour reprendre la route.

La suite ne sera pas aussi simple, car les hommes et l'Histoire vont s'en mêler : Napoléon vient de débarquer en provenance de l'île d'Elbe, et cette nouvelle déchaîne les passions entre royalistes et soutiens de l'Empire. Mathias et ses hommes vont se retrouver malgré eux au cœur des hostilités.



Tout se déroule en une nuit à l'intérieur du bateau et Clavel prouve une fois de plus son grand talent de conteur dans ce huis clos oppressant.

Mathias est habitué à se battre contre l'eau, contre le vent, mais la violence des éléments a beau être immense, elle n'est rien face à celle des hommes.

La violence entraîne fatalement la violence et le malheur dans un engrenage inévitable : voilà la leçon que Clavel veut que l'on retienne de cette lecture.



L'écrivain reprend dans ce récit des thèmes qui lui sont chers : l'absurdité des conflits, la bêtise et la folie des hommes.

C'est court et efficace.



Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu cet auteur ; ce roman m'a mise en appétit et je vais certainement rapidement enchaîner d'autres titres.
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Le tambour du bief

Un roman simple de l’amitié, de la compassion, des choix durs.

Avec son style bien à lui, clair et fluide, Bernard Clavel nous conte une bien terrible histoire. Celle hélas commune d’une pauvre femme condamnée par la médecine, obligée à endurer des souffrances inutiles ; celle d’un homme, Tonin, infirmier pétrit de compassion qui veut l’aider et soulager son entourage.

Vous voyez venir le truc….

Après une (trop) longue réflexion faite d’allers et retours, de décisions et de contre-décisions, d’auto-jugements, bref de tortures mentales, Tonin prendra sa résolution et devra à présent vivre en l’assumant.

Bien sûr je ne vous dirais pas ici quel fut son choix…..

Un roman un peu ancien, publié en 1970 dont le thème n’a absolument pas vieilli et qui nous fait évoluer dans un univers de gens simples, parfois misérables, dans des lieux où la vie s’écoule sans heurt ; la vie d’il y a cinquante ans, pas fanée et presque enviée.

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Légendes des montagnes et forêts

Après ses légendes des lacs et des rivières, Bernard Clavel nous offre celles des montagnes et des forêts.

Il nous embarque dans un nouveau tour du monde avec des contes sélectionnés pour leur intérêt et leur variété. On prend autant de plaisir à la lecture de ce recueil qu'à celle du précédent.

Les histoires sont tour à tour amusantes, surprenantes, exotiques, et ont pour point commun d'être remarquablement bien écrites.

Bernard Clavel a eu l'excellente idée de faire suivre chacune d'elles d'un petit encadré culturel qui prolonge et enrichit la légende que l'on vient de lire. Par exemple, après le conte pakistanais "le plat enchanté", on peut lire quelques généralités sur l'intervention d'un objet magique dans un conte, ainsi qu'une petite légende supplémentaire.

Ce livre intéressera autant les lecteurs adultes que les enfants, et je ne peux qu'approuver Bernard Clavel lorsqu'il dit dans sa préface : "Oui, plus j'avance dans l'univers des légendes, plus il me semble que ma connaissance des hommes s'enrichit, et c'est en tout cas une façon fort agréable d'apprendre."
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Le tonnerre de Dieu (Qui m'emporte)

D’entrée, à la fin du premier paragraphe, Bernard Clavel nous met sous pression. La narratrice, Simone ne déclare-t-elle pas : « Au fond, si je n’avais pas été aussi fatiguée, les choses se seraient peut-être passées autrement ». On imagine le drame.

D’autant que la narratrice n’est autre qu’une prostituée que Léandre, un montagnard genre homme des bois à « ramenée » à la maison après une soirée très arrosée ; d’habitude, de ce genre de sortie, il rapporte un chien…



Une bien belle histoire que peu d’écrivains sont capable de tourner sans tomber dans le mélo : Léandre est marié, mais Marie, sa femme est stérile… Et Roger, le voisin : quel rôle jouera-t-il dans cette histoire aux senteurs de coupes de pins à flan de montagne, de châtaignes grillées et de vents neigeux. Et Marcel, le maquereau en colère qui ne décolère pas depuis la perte de son gagne-pain ?



« Qui m’emporte », un des premiers écrits de l’auteur (le troisième, deux ans avant « Malataverne ») publié en 1958 et réédité à de nombreuses reprises sous le titre « Le tonnerre de Dieu », du nom de son adaptation au cinéma en 1964 par Denys de La Patellière avec Jean Gabin et Michèle Mercier dans les rôles principaux de Léanre et Marie.



Un petit livre qui se lit en deux heures sans respirer tant le talent de Clavel est grand à maintenir le lecteur en haleine.

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Malataverne

Bernard Clavel se plaisait à raconter que le thème de ce roman lui fut suggéré par le souvenir d’une histoire vraie, un fait divers qui avait marqué les gens d'un village du Jura et qu’il avait suivi attentivement dans son enfance : l’histoire de trois adolescents qui avaient assassiné une vieille dame dans une ferme isolée.

« Malataverne », c’est l’histoire de trois adolescents, trois copains aussi différents de caractère qu’on peut l’être à cet âge : Serge, un malingre blondinet, Christophe le fils de l'épicier et Robert, le héros du roman, apprenti-plombier en rupture avec sa famille et en butte à la violence de son père.

Trois adolescents en mal d’intégration dans le monde des adultes, qui décident, forts de quelques petits larcins réussis, de passer à la vitesse supérieure avec le cambriolage nocturne de la maison de la mère Vintard…

Bernard Clavel obtint le Prix Goncourt avec ce « Malataverne » qui reste un de ses romans les plus connus et les plus appréciés du public. Le thème, la violence même non préméditée et ses conséquences est développé avec tout l’art de conteur de que l’on reconnaîtra par la suite à l’auteur ; en même temps qu’il invite à la réflexion sur des notions comme la responsabilité et le libre arbitre, la question du passage à l'acte et de ses conditions...

Un petit livre, une grande leçon d’humanisme. A étudier et à méditer par nos chères « têtes blondes ».

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Le tonnerre de Dieu (Qui m'emporte)

C'est l'édition de 1958 que j'ai lue, trouvée par hasard parmi d'autres vieux livres d'occasion lors de mes déambulations. Je n'avais encore jamais rien lu de l'auteur, il me semble, mais j'ai tout de suite été attiré par la photo noir et blanc de Gabin sur la couverture. Le résumé de la quatrième de couverture a fini de me convaincre. Cette photo des années 50 est révélatrice pour moi d'une époque, que je n'ai pas connue, mais qui a pourtant bercé toute mon enfance. Je ne me souviens pas avoir vu ce film mais je l'imagine bien comparable à ceux que j'ai vus, avec Gabin ou d'autres acteurs lors de rediffusions télévisuelles ultérieures. Je me suis tout de suite immergé dans la résignation et la rancœur de ce pauvre Brassac que la vie n'a pas épargné. Marie, Simone, Roger, sont aussi autant de rescapés de la vie, avec leur passé mal digéré qui les empêche d'envisager leur existence sous un meilleur angle. Le veulent-ils, d'ailleurs ? Clavel les englue dans un environnement hostile, une nature qu'il faut affronter, un isolement terrible, qui pourtant ne leur enlève pas leur humanité enfouie et la possibilité d'un avenir meilleur pour Simone. Pour cette jeune prostituée ramenée par Brassac, ce sera peut-être un départ pour une nouvelle vie. Peut-être. Clavel sait nous faire partager les déboires et les espérances de ses personnages. Ce livre est véritablement envoûtant. L'intrigue se résume à peu de choses et pourtant c'est tout un monde que l'auteur dépeint, d'une écriture simple, mais qui sait nous émouvoir. Un auteur à redécouvrir.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Les romans français que j'ai lus récemment m'ont plu ("L'écrivain de la famille" de Delacourt, Testud, ...) ou pas (Foenkinos), mais ils me parlaient de moi, de cette époque, de nos difficultés, de nos tentatives de nous accommoder avec le présent. Et puis on ouvre "Harricana", et on redécouvre ce qu'écrire veut dire, ce que le Roman doit être : une fête de l'imagination, de l'évasion, du vocabulaire ; une générosité presqu'intarissable de l'écriture ; un amour de l'histoire contée, et de ses personnages ; une accessibilité des situations, une universalité des sentiments. "Harricana" est un livre simple, ample, riche, magistral, vibrant, vivant.
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