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Critiques de Bernard Clavel (617)
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La Révolte à deux sous

La révolte gronde dans la cité des canuts, les tisserands lyonnais de la soie. Ils sont exploités et réclament deux sous d’augmentation sur la façon à leurs commanditaires. Aussi décident-ils d’arrêter la production jusqu’à satisfaction de leur revendication ; et de se rassembler sur la plaine des Brotteaux… Ils sont nombreux…

Et là, tout dérape. Sous l’impulsion de Fidel Charrier, le peuple fait mouvement vers le pont à péage du Rhône qui partage la ville en deux. Il ne s’agit plus de deux sous d’augmentation, mais de prise de pouvoir et de proclamation de la République ; rien de moins !

Les autorités ne tarderont pas à réagir : cinq des meneurs présumés seront arrêtés et pendus…



Dans cette révolte à deux sous, et comme à son habitude, Bernard Clavel s’approprie une tranche d’histoire. Ici, la révolte des Canuts de la Croix-Rousse à Lyon du 21 au 24 novembre 1831 pour réclamer une augmentation de deux sous qu'ils n'obtiendront jamais. Nous sommes là dans la réalité historique.



Et puis, il y a Pataro… et Ratanne…

Pataro, c’est le maître de l’intrigue, crée par l’auteur : nain bancal et contrefait qui gagne chichement sa vie comme montreur d’animaux accompagné par Ratanne, elle même estropiée. Il connaît tout le monde. C’est par son entremise que la révolte s’organisera, mais aussi qu’elle se terminera. Agit-il par conviction, ou par cupidité ? Peu importe. Il est toujours là où il y a quelques pièces à gagner ; et alors que le Rhône est en crue, que sauvera-t-il ? La vie de ses animaux ou son gagne pain ?



Un roman vif. Des chapitres courts. Une intrigue rondement menée… Du bon Clavel pour les amateurs de l’auteur.

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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

J'ai fini "Harricana" depuis plusieurs semaines et je ne sais toujours pas quoi en dire...Tant je reste émerveillée par le talent de plume de Bernard Clavel...



Il est l'écrivain de la Terre et des Hommes... De la Nature toujours en mouvement et son talent pour nous la décrire me laisserait interdite, au point de demeurer silencieuse, s'il n' y avait ce besoin de partager qui finit toujours par pointer le bout de son nez, malgré soi parfois, comme c'est le cas ici....

Car oui, il est de ces œuvres que l'on aimerait garder pour soi, en soi, profondément enfouies au creux de notre âme et égoïstement lovées dans notre intimité, au point de ne rien en dévoiler, au point de protéger leur beauté, de peur d'en perdre le plus petit éclat ; ne rien dire du feu qui nous a animés à leur lecture craignant que le foyer n'étouffe, ne rien révéler de la fièvre qui nous a laissés las et suffocants, garder pour soi chaque mot, précieux comme une pépite.

Et se souvenir, à chaque jour, de notre émotion, vive comme un ruisseau, et

apaisante comme un baume sur une plaie... Car ça a été tout cela pour moi "Harricana"...



Pourtant, cette générosité contagieuse de l'auteur a fini par me donner les mots pour dire et partager....



Entre poésie et réalisme cru, entre envolées lyriques et simple énoncé de faits, entre le ciel et la terre, entre le fleuve et la forêt, Bernard Clavel nous emprisonne dans un récit passionnant, une histoire simple que l'on aimerait avoir vécue.... L'homme aux prises avec le vent, la neige, le feu et les eaux.... L'homme non pas résigné mais toujours recommençant...

L'homme et la nature non pas en lutte mais en apprivoisement réciproque et perpétuel....

Et je regarde sur l'étagère le recueil regroupant les 6 romans du "Royaume du Nord" et je le feuillète avec autant d'envie que d'appréhension... Car oui, je vais l'aimer ce cycle, le dévorer et m'y ensevelir mais aussi, je vais m'y perdre et toucher du doigt ma petitesse et le lointain de mon rêve...

Voila ce qu'Harricana m'a inspiré : peur et désir.... Émerveillement et consternation, admiration et chagrin mais aussi curiosité et courage, soif et ardeur, appétit et bravoure....

Ce récit de pionniers venus chercher fortune dans des terres si hostiles, cette narration si exaltée et cette beauté du mot juste à chaque phrase, chaque description plus émouvante que la précédente et jamais rébarbative ni ennuyeuse...

Voila ce que je m'apprête à lire, ce à quoi "Harricana" m'a préparée....

Et si j'y arrive, je reviendrais vous dire....



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Malataverne

Un point de départ très banal : un "coup" préparé par trois copains. Un simple vol.

Oui, mais voilà : ce qui semble simple ne l'est pas toujours, et l'un des jeunes garçons hésite et finalement renonce.

Il pressent que les choses pourraient mal tourner et que le vol prévu pourrait les amener beaucoup trop loin, voire à commettre l'irréparable...



Bernard Clavel analyse un fait divers, une de ces histoires comme il en existe malheureusement tant. Il le fait du point de vue des protagonistes, particulièrement de celui qui a voulu empêcher le drame.



Cela fait un bon moment que j'ai terminé cette lecture et je suis frustrée de ne pas arriver à comprendre ce qui m'a manqué.

Pourquoi n'y ai-je pas trouvé ce que j'aime tant chez cet auteur dont j'ai lu et aimé nombre d'ouvrages, Le voyage du père ou Le silence des armes, par exemple ?

Les personnages n'ont-ils pas assez d'épaisseur ? La tension dramatique n'est-elle pas assez intense ?

Pourtant, le sujet est intéressant, le roman est bien écrit et se lit vite et agréablement, mais un je-ne-sais-quoi a fait que Bernard Clavel ne m'a pas emportée comme il l'a fait avec les autres livres de lui que j'avais lus avec un immense plaisir.

Une petite déception, donc, mais qui ne change pas mon opinion très positive sur cet écrivain talentueux dont je lirai certainement d'autres titres.
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Les petits bonheurs

Un livre un peu décevant, car comme l’auteur le dit lui-même à la fin, il est moins bon mémorialiste que romancier. Ce sont des souvenirs d’enfance mis bout à bout au gré d’on ne sait quoi. Pourtant on retrouve dans ces pages la belle plume de Bernard Clavel et quelques beaux portraits de personnages hauts en couleur ou, au contraire, très simples, tels que le père Vincendon, luthier, la mère Broquin, sage-femme, le père Seguin, cordonnier ou le tonnelier et sa femme, les Magnin. Un joli témoignage sur l’époque de son enfance, qui aurait peut-être gagné à prendre la forme d’un recueil de récits ou de nouvelles. La forme m’a donc déçue mais pourtant quand j’ai tourné la dernière page cette fois j’ai regretté que cela soit déjà fini, tant j’ai apprécié cette écriture à la fois simple et émouvante, cette attention à tous les petits riens qui donnent du prix à des événements ordinaires. .
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Un français qui, en 1982, écrit du nature writing. Je cite Bernard Clavel : un roman inspiré de la réalité. Une famille de pionniers qui se dirige vers le nord du Canada où se construit une ligne de chemin de fer. C’est Raoul qui va les guider. Un sacré personnage attachant qui se veut libre, admiré par son neveu Stéphane qui le prend pour modèle. Dommage que ce sujet est vite oublié par la suite ! Épopée d’aventuriers courageux. Je n’ai pas trop adhéré au style. Un côté instit qui explique le pourquoi du comment. Trop d’alternances brusques sur la nature. Phrases ou expressions qui m’interrogent. Exemple : « Raoul venait d’ouvrir la portière de la tente. » Peut-être en québécois ?

Relecture. 2 étoiles enlevées. Faut dire qu’entre ces décennies sont apparues les éditions Gallmeister.
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Le voyage du père

Beaucoup d'émotion, de sensibilité et de pudeur dans ce livre très touchant de Bernard Clavel.



Dans deux jours c'est Noël ! Une famille de paysans jurassiens du début des années 60, se réjouit de cette fête traditionnelle d'autant plus que Marie-Louise, la fille ainée qui depuis deux ans travaille comme coiffeuse à Lyon, a annoncé sa visite. La crèche a été préparée avec amour par la petite soeur et tout est prêt pour les retrouvailles tant attendues. Hélas, Marie-Louise ne viendra pas : un empêchement d'ordre professionnel... La déception est énorme ! Poussé par sa femme Isabelle, Quantin, assez déboussolé, va partir sur les traces de sa fille dans l'espoir de la retrouver et la ramener à la maison pour les fêtes.



Pauvre Quantin ! Dans les rues bondées de Lyon, sous la pluie glaciale, dans la foule et le tumulte de la ville, cet homme simple proche de la nature mais à l'allure de paysan se sent soudain vieilli, inadapté. Il erre désespérément d'une adresse à une autre. Mais où est Marie-Louise ? Elle n'est plus employée par le salon de coiffure ni même par un autre ; elle travaillerait maintenant à son compte, mais où ? Elle ne rentre pas non plus chez elle... de fil en aiguille, au hasard des rencontres et des informations glanées, Quantin, va se rendre à l'évidence ; sa fille, travailleuse et ambitieuse, dont la famille était si fier, n'a pas forcément suivi le bon chemin. Une terrible vérité difficile à admettre mais qu'il va falloir gérer ou taire.



Tout au long de ce roman émouvant mais captivant, on partage l'angoisse grandissante de Quantin et l'on souffre pour lui dans sa longue descente aux enfers. Accablé par les reproches incessants de sa femme, toujours dominatrice et irascible, terrassé par la désillusion, c'est un homme à terre, vieilli avant l'âge, qui ne comprend pas l'évolution du monde et de la société.



Bernard Clavel, dans un style d'écriture simple, sensible et poétique décrit tout l'amour d'un père pour ses filles. On notera bien quelques longueurs dans l'évocation des états d'âme de Quantin, mais comment cet homme vieillissant, dépassé, torturé pourrait-il ne pas avoir des pensées désordonnées, lui qui n'aspirait qu'au bonheur de sa famille, un bonheur simple et tranquille à la campagne.



Un très joli roman, qui m'a beaucoup touchée. Je le conseille.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (39 - Jura)

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Les petits bonheurs

"Mes parents sont morts alors que je m'éloignais à peine de mon adolescence. En même temps qu'eux, s'éteignait pour moi une certaine forme de bonheur qu'il ne m'a jamais été donné de retrouver...." C'est par ces mots que s'ouvrent les petits bonheurs"

Bernard Clavel se souvient de son enfance à Lons-Le-Saunier, de son père ancien boulanger qui s'activait du soir au matin dans son potager, de sa mère toujours en mouvement, de tous ses instants de bonheur et de partage entre les gens comme eux, le facteur d'instrument, le cordonnier, le tonnelier. ils n'étaient pas bien riches, la vie était difficile mais amour, amitié, entraide étaient les mots qui régentaient le quotidien.

Bernard Clavel égraine avec élégance ses souvenirs, les rencontres marquantes de sa prime jeunesse, le romancier s'efface derrière le mémorialiste pour notre plus grand plaisir.
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Le tonnerre de Dieu (Qui m'emporte)

Nous sommes en 1958. Brassac, paysan sans grande fortune, descend de temps à autre à Lyon pour assouvir deux passions/besoins : l'alcool et « les filles ». Il joue alors le rôle un peu ridicule de hobereau excentrique et distribue aisément de nombreux billets de banque, ce qui lui assure un auditoire aussi ironique qu'intéressé. Lorsqu'il rejoint son domaine il ramène souvent un chien perdu, sa maison, outre sa femme, comprend donc de nombreux chiens qu'il dit préférer aux hommes.

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Cette fois, ivre, ce n'est pas un chien mais une jeune prostituée, assommée de fatigue, qu'il fait revenir dans sa maison délabrée sur les hauteurs de Loire-sur-Rhône, entre son épouse, qu'il maltraite parfois lorsqu'il est ivre, et ses animaux. Progressivement le temps passe, la jeune femme reste puis s'installe, dans un rôle oscillant entre invitée et fille adoptive. Elle retrouve là des souvenirs d'enfance, deux être singuliers et attachants et sa vie se transfigure au fil des jours et des semaines. Sa présence amène aussi à comprendre progressivement le drame intime qui déchire le couple de Brassac et leur permet, à eux aussi, de gagner en force, en dignité et en bonheur.

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Cette histoire se déroule dans un paysage de campagne fort et décrit avec un mélange de simplicité et de minutie.

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Ce livre, écrit en 1958 par un Bernard Clavel de 35 ans, n'est en rien l'œuvre d'un débutant même si ce n'est que son troisième roman. En effet cet homme, né de famille « modeste » et autodidacte, écrit déjà depuis longtemps et devint d'abord journaliste avant de « se lancer » et de devenir l'auteur de plus de 100 romans, souvent qualifiés de « terroir », carrière d'une certaine manière couronnée par le Goncourt en 1968.

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Il se trouve déjà ici un concentré de ce qui rendra Clavel aussi populaire à savoir une écriture simple mais nette, précise, ce talent pour camper des personnages forts en quelques lignes en apparence insignifiantes. Il a aussi la faculté rare de pouvoir intégrer ces vies de personnes issues de milieux modestes au sein de lieux et d'en faire jaillir un ensemble cohérent, qui « sonne » particulièrement juste. Son écriture en fait un écrivain pouvant être lu par « tous », y compris par qui n'a pas « suivi d'études », par qui aurait peur d'ouvrir « un Zola » ou de pousser la porte d'un musée. Pour autant, s'il offre des livres simples, il n'offre en aucun cas une littérature pauvre ou au rabais et ce n'est pas le moindre de ses talents.

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Lire Clavel c'est (re)découvrir un auteur talentueux, d'accès facile mais au bon sens du terme. Accessible à tous il n'en est pas moins juste et profond. Sans approche intellectuelle il touche à une certaine universalité de l'humain, il donne aussi corps et âme, une voix à qui n'en a pas toujours. C'est le cas dans ce livre, entre autre.

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Je déconseille cet ouvrage (et cet auteur) à qui recherche une approche intellectuelle des êtres ou un « aspect jet-set », à qui a le mépris facile. Vous ne trouverez ici pas grand-chose pour vous séduire. Vous ne trouverez pas plus de philosophie profonde ou de grands discours. En revanche si lire une histoire de personnes faussement dites « simples » et d'une grande justesse peut vous tenter ce livre pourrait bien vous plaire.

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Clavel est l'antithèse de ce que j'abhorre aujourd'hui dans une certaine littérature commerciale, toute de facilités et flattant le lecteur dans ce qu'il a de plus médiocre. Cet auteur pousse chacun à avoir un regard plus riche, précis et humain sur ce(ux) qui l'entoure(nt) et il a l'incroyable talent d'y parvenir avec une telle aisance que ses romans ne sont pas réservés à une élite et peuvent "grandir" chacun.

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Bravo et merci Monsieur Clavel, pour vos valeurs comme pour votre valeur. Quel dommage que vous soyez maintenant si injustement méconnu !

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Malataverne

ISBN : 9782277123248



Ma curiosité stimulée par d'une part, la relecture de ce fil et, d'autre part, par les prises de position "yugcibiennes" (sans oublier celle de notre ami Joachim) sur celui consacré à microbiographie de Bernard Clavel, j'ai mis à profit les nombreux loisirs que m'offre si aimablement ma santé de l'année 2015 pour aller jeter un coup d'oeil. J'ai choisi "Malataverne", l'un des premiers mais aussi des plus célèbres romans de l'auteur. De nos jours, nos ajusteurs d'étiquettes professionnels tenteraient certainement d'y voir un "roman pour jeune adulte" - au fait, vous ne vous êtes jamais demandé ce que ça fait d'être un "vieil adulte" ? Eh ! bien, rassurez-vous : moi non plus ) mais ce serait une grossière erreur de passer à côté de l'universalité du thème. Traité peut-être il est vrai de façon très (trop ?) carrée et, parfois, d'une manière que certains jugeront trop ou pas assez précise, en tous cas en ce qui concerne la question du Bien, du Mal, etc ...



Sorti en 1960, "Malataverne" appartient à cette époque où, pour un jeune, posséder une moto (et pas forcément une Hardley ) pour aller et venir à sa guise, le soir, voire carrément toute la nuit, au coeur d'un élément rural où les loisirs étaient plutôt rares et les occasions de mal faire proprement légion, c'était pratiquement posséder sa Rolls personnelle. On ne disait pas encore "adolescent" et, si notre trio de héros ne savent pas encore qu'ils appartiennent à une "génération de rebelles sans cause", on ignore aussi s'ils ont entendu parler d'Elvis, de "Graine de Violence" et de Jimmy Dean. La révolution sur laquelle va déboucher tout cela, à la fin de la décennie, avec un film à la gloire de la Harley justement (et de la drogue), "Easy Rider", et l'inénérrable et poétique provocation imaginée par Hal Ashby dans "Harold et Maud", est encore en gestation.



D'ailleurs, nous sommes en France, une France qui nous évoque à la fois Giono et le Suisse Charles-Ferdinand Ramuz. La Nature est partout, il y a un "Bois-Noir" et les montagnes encerclent le tout. Avec des fermes et exploitations diverses piquées çà et là, de grands champs, la luzerne où il vaut mieux ne pas se laisser s'empiffrer les génisses, les barrières de bois, les piquets à la fois si respectés par le bétail mais qu'il est si facile, pour trois garçons dans la force de l'âge, de coucher par terre tout simplement parce que, quand ils reviendront, chargés de leur butin de fromages secs, ce sera bien plus facile pour eux ...



Nous ne sommes ni à Montmartre, ni à New-York mais ça n'empêche pas les cambriolages. Une idée "commune" initiée par Christophe, le meneur, portée aux nues par cette fripouille authentique qu'est Serge, le fils de l'épicier et que supporte, "parce qu'il est un homme" lui aussi, un Robert d'origine plus humble, qui a perdu sa mère et ne connaît plus que la surveillance très épisodique d'un père qui bosse dur dans les carrières dès cinq heures du matin mais qui boit aussi comme une outre avant de venir se jeter sur le lit d'un foyer désormais laissé à l'abandon pour y chercher quelques heures d'un repos bien mérité et qui fasse tout oublier.



Sensiblement plus âgé, Christophe a, reconnaissons-le, un peu plus le sens des responsabilités que les autres . Il n'envisage pas systématiquement la violence mais s'il faut un jour en arriver là ... Néanmoins, au contraire de Serge, il ne voit pas encore le crime comme une fin : avec un bon sens étrangement bourgeois, il s'est fixé une limite qu'il ne franchira pas . Robert, le plus jeune, suit les deux autres avant tout pour être admis, intégré, pour se sentir exister. C'est un timide, un introverti - introverti, Christophe l'est aussi, mais il est dépourvu de tous les complexes qui affligent Robert - et puis, bien sûr, pour avoir un peu de sous de côté et qui, sait ? un jour, parvenir à quitter ce bled pourri ... Quant à Serge, fils-à-papa toujours impeccablement vêtu et chaussé, il a reçu une bonne éducation mais, pour des raisons sur lesquelles Clavel ne s'attarde pas, le ver est dans le fruit : lui, tuer et entraîner les autres à tuer, il le fera pour le plaisir.



Le vol des fromages se déroule relativement bien à ceci près que, l'une des barrières retenant les vaches ayant été mise à bas, une génisse court se rouler à mort dans la luzerne. Le lendemain, drame et indignation et les paysans sont en colère. Cependant, personne ne songe à reprocher la chose à un type du pays : personne ici n'aurait donné à la génisse la possibilité de s'empiffrer jusqu'à s'en faire crever - ou alors, c'est un traître . Peu affligé par tout ce ramdam dont il est le principal responsable, Christophe a déjà une autre idée en tête. Un gros coup, celui-là. Autre chose que des fromages secs revendus en douce ou encore qu'une génisse morte : piquer le magot l'antique veuve Vintard, qui possède une ferme dans un endroit que, d'ailleurs depuis des générations et des générations, les gens n'apprécient pas : Malataverne. Le soleil évite toujours ce coin-là où, paraît-il, au siècle précédent, il se serait déroulée une histoire dans le genre de celle de l'Auberge de Peyrebeilles. Malataverne : l'endroit s'appelait ainsi bien avant et ne sent-on pas d'ailleurs, vous guettant à l'angle de sa syllabe finale, comme une sorte de malédiction ?



Bien sûr, devant ses potes, Robert accepte sans hésiter. Pas question qu'on le traite - Serge, surtout, qui le méprise ouvertement - de dégonflé. Mais, en son for intérieur, il réfléchit - trop. Il n'a que quinze ans, Robert, et sa seule confidente valable, la seule sur laquelle il puisse compter, c'est Gilberte, une fille de fermier qui n'a qu'un an de plus que lui : c'est dire combien lourde est sa solitude . Il aime à la rejoindre la nuit mais il ne s'est jamais passé entre eux autre chose que des caresses et certains attouchements. Ils parlent aussi, ils se confient, ils rêvent ensemble ... Gilberte, on le sent bien, est plus solide que Robert mais elle n'en est pas pour autant devineresse. Peu à peu, il lui avoue : les fromages - et la génisse, qu'un certain M. Bush appellerait déjà un "dommage collatéral." Gilberte est révoltée mais elle aime aussi Robert et veut à tous prix lui éviter d'atteindre le point de non-retour ...



Un instant - un trop bref instant - le lecteur se dit qu'elle va réussir. Mais le Destin, implacable comme à son habitude, traque Robert depuis si longtemps ... Et c'est là que l'on songe à Ramuz et à Giono, chantres d'une Nature qui abrite de multiples génies, d'une Terrre qui est toujours susceptible de se venger des avanies des hommes. Chez l'un comme chez l'autre, la Peur fait entrevoir çà et là sa silhouette éthérée et pourtant tangible, avec son masque livide, recouvert d'un voile d'apiculteur (chez le Suisse) ou vomissant les glaires, mortelles et aussi blanches que des grains de riz, du choléra (chez le Français). Et, avec son "Roi Sans Divertissement", c'est tout simplement l'Ombre du Crime, du Couteau pour le seule plaisir de l'enfoncer dans une chair qui se débat, que décrit simplement le Français, le tout au milieu de la blancheur sépulcrale d'un hiver au front bas qui n'en finit pas de s'ennuyer.



A sa manière, peut-être moins subtile, Clavel envoie des messages à son lecteur, lui fait entendre et voir ces feuilles qui, derrière Robert, s'agitent et s'écartent ... sur rien, esquisse, sans jamais la poser vraiment, une silhouette dont on ne sait exactement si elle est le Bien ou le Mal mais qui inquiète à plaisir ... Oui, Robert est bel et bien surveillé : mais par qui ? Si l'on ne jure que par Freud, on parlera d'Inconscient qui se manifeste. Si l'on a un faible pour l'animisme et l'Esprit de la Terre, on percevra sans peine le souffle des esprits de la Nature - bienveillants, malveillants, cela a-t-il vraiment une réelle importance ? ...



Et pourtant, et c'est là que réside l'injustice de l'histoire, c'est que rien ne prédestinait Robert à devenir un meurtrier . Bien au contraire. Faible peut-être mais avec de fortes convictions morales. Capable de colère - surtout face à Serge - mais capable également de se maîtriser. Et pourtant ...



S'impose alors une conclusion : est-ce le lieu qui a joué ? Malataverne abrite-t-il quelque chose ou quelqu'un qui, inéluctablement, amène la Tragédie, cette Tragédie contre laquelle les Dieux grecs en personnes ne pouvaient pas grand chose puisqu'ils restaient eux-mêmes tributaires du Destin ? ...



Le style est simple, sans prétention mais les idées, elles, sont profondes . C'est un roman taillé dans le granit par un sculpteur doué qui se cherche sans doute encore un peu mais qui se trouvera. De là à ne faire de Clavel qu'un "écrivain de terroir", la chose est un peu trop facile. Dans un roman de "terroir", on ne se retourne pas aussi souvent pour regarder si, par hasard, quelque entité mal intentionnée ne vous suit pas. Dans un roman de "terroir", tout est simple, rectiligne, presque tracé au cordeau. Pas dans "Malataverne" où, comme dans ces dessins parmi lesquels se dissimule un visage ou une forme difficilement saisissable, le lecteur perçoit quelquechose qui bouge, qui glisse, tantôt dans l'ombre, tantôt en pleine lumière ...



Quelque chose ...



... mais quoi ? ;o)

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Le tonnerre de Dieu (Qui m'emporte)

À nouveau un très beau livre de Bernard Clavel, une valeur sûre de mon parcours de lecteur, auprès duquel j'aime revenir régulièrement.

Avec une nouvelle fois des personnes fortes et simples à la fois, un vieux couple qui s'aime à sa façon, une jeune femme ramenée là dans cette propriété isolée sans l'avoir vraiment voulue. Une histoire simple, avec des gens vrais, l'écriture de monsieur Clavel m'a encore séduit et j'ai dévoré ce roman en moins de deux heures.

Une adaptation cinématographique existe avec Jean Gabin dans le rôle titre, un rôle à sa mesure, je vais essayer de le trouver.

Testez cet auteur si vous ne le connaissez pas encore, bonne lecture.
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Le Royaume du Nord, tome 4 : Amarok

Il y a fort longtemps, Bernard Clavel figurait parmi les auteurs étudiés au collège. Et bien sûr, à cette époque, pour moi, "lecture imposée" signifiait souvent "lecture détestée". Malgré cela (on change en prenant de l'âge) beaucoup de ses titres, fruits de divers trocs ou achats dans des brocantes, prennent la poussière dans ma PAL, et c'est l'image de ce magnifique chien sur la première de couverture qui m'a poussée à sortir ce roman des oubliettes. Il faut dire qu'après avoir lu "L'Ourse qui danse" de Simonetta Greggio, j'avais envie d'expédition polaire.



Ce livre est le quatrième tome de la série "Le Royaume du Nord" qui en comporte 6. Bernard Clavel y décrit la vie des pionniers qui se sont installés en Abitibi dans le grand Nord Canadien. Quand il apprend que lors d'une bagarre, son filleul Timax a tué un agent de la police militaire chargé de recruter des jeunes gens pour la seconde guerre mondiale, Raoul le vieux trappeur n'a d'autre solution que de l'accompagner dans sa fuite. Pour affronter les dangers du territoire qu'ils vont parcourir et le terrible climat, ils devront compter sur son expérience et celle de son chien de tête Amarok.

Ce titre est le récit d'une longue traque. J'ai trouvé l'histoire parfois un peu répétitive mais il y a heureusement tout le talent de conteur de Bernard Clavel pour nous décrire l'âpreté de ce lieu où vivent des hommes et des femmes d'une grande témérité. La poésie de chaque phrase met en exergue la beauté dangereuse de la nature, ainsi que l'importance de chaque bruit perçu au milieu de cette immensité silencieuse. J'ai été totalement émue par l'amitié qui unit le jeune homme impétueux et le vieux sage, mais aussi bien sûr par le lien entre Raoul et son chien Amarok. La fidélité de cet animal pour son maître jusqu'à la mort rend la fin tout simplement déchirante. 16/20 pour ce grand voyage.





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La Grande patience, tome 2 : Celui qui voul..

Roman sans autre ambition que celle de nous faire vivre l'attente angoissée de deux artisans boulangers retraités dont le fils a fui devant l'invasion des troupes allemandes durant l'offensive de 1940 en France.

Roman qui n'en est pas à quelques approximations et raccourcis simplificateurs près pour jeter ce vieux couple dans l'ignorance du sort réservé à leur adolescent déjà affublé d'une étonnante maturité.

Cet ouvrage est servi par une écriture aussi sobre que les conversations de deux époux qui se comprennent depuis longtemps à leurs seules mimiques.

Ses intrigue principale et dénouement sont en outre très simplistes. Celui qui voulait voir la Mer est un roman qui peine à faire passer les émotions et auquel je n'ai pas été très sensible.



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La Révolte à deux sous

A Lyon, les canuts sont épuisés par des heures de travail pour tisser la soie, mal rémunérés et déconsidérés par les fabricants qui eux, maintiennent des salaires qui peinent à nourrir les travailleurs du tissage. C'est décidé, ils vont cesser le travail pour faire pression et obtenir une augmentation de 2 sous pour la façon. C'est dans cette ambiance explosive que Pataro, un infirme qui mendie et gagne sa vie comme montreur d'animaux, est sollicité comme intermédiaire entre les chefs de la révolte - imprimeurs, afficheurs, canuts - pour diffuser le mot d'ordre de grève. Mais Pataro est également sollicité par le juge Combras comme informateur. Bientôt le mouvement de grève dégénère quand Fidel Charrier, un révolutionnaire, profite des mouvements de foule pour organiser l'insurrection de la ville, entraînant arrestations et exécutions à l'aide de la guillotine, dressée sur les quais.



Une déception après la lecture de court roman qui d'après le titre évoquait le révolte des canuts. J'avais lu qu'il y avait eu plusieurs révoltes en 1831, 1834 et 1848. Je pensais lire un roman détaillant l'un de ces mouvements et comprendre les conditions de vie des canuts et la naissance du mouvement. Malheureusement au cours de ma lecture - sans référence dans le temps - je ne comprenais pas ce que faisait dans le récit, l'apparition d'exécutions à la guillotine et l'appel à l'insurrection. Renseignement pris, Bernard Clavel dans ce roman, a mêlé deux évènements historiques, la révolte des canuts et l'insurrection de 1792 / 93 menée par Charrier qui a tenté d'instaurer la Terreur dans la ville de Lyon...

Difficile donc pour moi, de me retrouver dans ce roman qui semblait aborder une revendication ouvrière et qui en fait, traite d'une terreur pendant la révolution - je me suis sentie flouée par cette lecture et le titre du roman, même s'il y a quelques morceaux de bravoure et que la galerie de personnages est bien campée.
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Malataverne

Pour la petite anecdote, j'ai lu ce livre sans faire exprès, en effet, ma mère est venue à la maison pour quelques jours et elle avait lu un livre que sa soeur lui avait prêté Les nuits fauves et m'a proposé de le lire. Je finis donc mon livre en cours et je vais me coucher avec mon livre sous le bras en ayant bien évidemment pensé à aller sur Babelio pour enregistrer ma lecture en cours. Il s'agit d'un livre avec une couverture papier qui recouvre la totalité du livre (je ne connais pas le nom donné à cette chose) couverture et qui se sauve tout le temps (tous les lecteurs connaissent ce problème) et ma mère pour ne pas abîmer les livres qu'on lui prête la retire tout le temps et la remet après lecture (sa soeur lui en avait prêté plusieurs avec cette fameuse couverture).



Donc me voilà chaudement installé dans mon lit, j'ouvre mon lit et là je m'aperçois que j'ai Malaverne dans les mains et pas Les nuits fauves, je décide donc de le lire quand même et je suis loin de le regretter.



J'avais un peu peur en ouvrant ce livre des années 60, que des descriptions interminables du paysage est lieu et bien pas du tout, il y a juste ce qu'il faut de descriptions pour nous mettre dans l'ambiance. J'ai vraiment bien aimé ce roman qui exprime avec des mots simples beaucoup de sentiments, en effet, l'auteur arrive à nous faire ressentir de la pitié et de la compassion pour le personnage principal (désolé de ne pas être plus explicite mais je ne veux dévoiler de l'histoire), les dialogues sont simples, les personnages sont tous bien présentés et très crédibles on ressent bien le côté rural de cette histoire.



Bernard Clavel qui fait partie des grands auteurs français du vingtième siècle est vraiment une agréable découverte pour moi et je pense lire d'autres livres de cette auteur si l'occasion se présente de nouveau.



Merci maman pour cette petite erreur qui m'a permit de découvrir un auteur qui mérite vraiment le détour.
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L'arbre qui chante et autres histoires

Notons bien que nous nous intéressons là à l'édition originale du roman ; celle de 1961.

J'au dû lire ce roman alors que j'avais 12 ou 13 ans, je ne sais pas trop. Aujourd'hui j'en ai 45 de plus....

Déjà il m'a fallut 50 ans pour réaliser que seul ce premier volume ne s'appelait pas les SIX compagnons. Mais bon! Si 50 ans de maturité ne m'ont servis qu'à cette splendide remarque..... !

C'est bien sur dans ce premier volume que les 6 compagnons vont s'unir à partir de la bande du « gros caillou » . On y rencontre pour la première fois Tidou, son chien Kafi, Corget, La Guille, Gnafron, Tondu, Bistèque et Mady.

L'auteur se fait le chantre de l'amitié, du respect, de l'amour des animaux

Alors au fil de la lecture, qui, ma fois, est loin de me déplaire, me viennent certaines questions: qu'est ce qui différencie un roman pour enfant d'un roman pour adulte ?





Quand on est enfant on ne peut pas tout saisir du monde autour de soi, on capture des moments intenses d'euphorie ou d'affliction dont on garde l'empreinte indélébile. Nous dit Térence Davies



Donc l'intrigue se doit d'être plus simple, plus proche de ce que nous supposons être les sujets de préoccupation d'un enfant. Les illustrations permettant de soutenir l'attention, le vocabulaire choisi aussi.



Mais la sémantique de ce présent texte me surprend. Comme il est stupéfiant de constater a quel point la langue s'est affadie en quelques années. le texte pourrait paraitre vieillit mais je ne le perçois que comme un confort agréable si vous voyez ce que je veux dire. Une langue douce non heurtante, raffinée, presque recherchée. Il me revient un reportage que j'ai vu il n'y a pas très longtemps montrant la campagne électorale du futur président Valery Giscard d'Estaing. Et surtout cette qualité de langage aujourd'hui disparue. Une qualité associée a un respect de l'autre par l'élégance de la syntaxe.

Alors mes réflexions peuvent être cataloguées réactionnaires ; il est sans doute normal qu'une langue évolue mais l'évolution devrait conduire à une amélioration et là je ne suis pas sûr que ce soit bien le cas. Pour être aussi affirmatif il me faudrait lire un roman jeunesse actuel et cette lecture m'y pousse.

Une autre chose arrive au fil de ma lecture. J'avoue que l'intrigue s'était effacée de ma mémoire mais pourtant certain passage m'ont plongé de façon diffuse dans une sorte de béatitude, de doux moments de mon enfance remontant et me plongeant dans un confort béat effaçant mes soucis actuels; sans doute une régression. Mais ma fois cette sorte de thérapie à bon compte m'a fait du bien.

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Cargo pour l'enfer

Cargo pour l'enfer est un livre atypique dans l'oeuvre de Bernard Clavel.

On est ici bien loin de la vie rurale chère à l'auteur et tant de fois célébrée de façon magnifique dans ses romans.

Ici, tout se passe en mer : comme l'indique le titre, nous sommes embarqués sur un cargo. Mais quel cargo ! Tout est sale, tout est laid, tout est nauséabond sur cette épave flottante porteuse de mort. Le bateau transporte en effet des produits hautement toxiques, et se fait refouler de port en port, personne ne voulant des risques et problèmes liés à cette effrayante cargaison.

Bernard Clavel ne ménage pas son lecteur, certains passages m'ont littéralement donné la nausée. Et c'est tant mieux, car le sujet mérite malheureusement ce traitement de choc. Écrit il y a plus de vingt ans, Cargo pour l'enfer est toujours, voire encore plus, d'actualité. Car à travers ce bateau tragique, Clavel dénonce plus généralement toutes les horreurs que notre "civilisation" fait subir à la nature, sans que les hommes prennent conscience qu'ils ne peuvent pas vivre sans elle. Clavel lance un cri d'alarme sur l'état de la mer, et au-delà sur celui de notre planète entière.

L'équipage qui tente de survivre sur le cargo force l'admiration. Ces hommes qui continuent leur devoir de marins, alors que les portes se ferment les unes après les autres devant eux m'ont émue au plus haut point. Je veux ne pas y voir une préfiguration de notre avenir à tous, sur une planète devenue inhabitable par notre faute. Oui, ce cargo va tout droit en enfer, à nous de faire en sorte que ce ne soit pas le cas de l'humanité tout entière.

Lisez ce livre fort, mais attention, vous en ressortirez ébranlés.
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Les Colonnes du Ciel, tome 1 : La saison de..

Période de l' histoire qui n'a pas laissée de traces dans ma mémoire, j'ai découvert avec effroi, ce" bon vieux temps" si souvent fantasmé.



Hivers 1639, la France-Comté est ravagée par la guerre de trente ans et comble de bonheur la peste est de la partie. Mathieu Guyon dont le métier est charretier, travaille aux abords de la ville de Salins à extraire du sel. Pas de chance, il est réquisitionné par les autorités pour aller enterrer les pestiférés exilés à quelques lieues de la ville. Il est accompagné d'une prêtre qui tente de mettre de la compassion dans le coeur de Guyon et de lui montrer le chemin vers Dieu. Mathieu est fortement influençable et très superstitieux . La rencontre avec une guérisseuse va l'effrayer encore plus, entre la sorcellerie et Dieu il ne sait où est son chemin, s'il doit rester ou partir et à qui faire confiance.



Ce roman dessine très bien le personnage de Mathieu, dépassé par les évènements, pris en tenailles par une situation où rien ne tient, par la peur des soldats, de la peste, de tous et de chacun, un homme ordinaire perdu dans une situation de fin du monde. La misère qui s'est abattue sur la région est palpable, plus rien ne tient debout, tout est détruit, tout le monde a vu des horreurs, les hommes deviennent des bêtes et l'espoir s'est enfui.



C'est un roman extrêmement sombre et particulièrement réussi.



Il s'agit d'une saga en plusieurs volumes, je tenterais surement le second pour voir vers où ça va.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le Royaume du Nord, tome 2 : L'or de la terre

Il y avait très longtemps que je n'avais pas lu Bernard Clavel, je n'ai pas résisté à cet ouvrage qui m'attendait dans une boîte à livres... Peu importe qu'il soit le second tome d'une série, car il peut être lu sans avoir connaissance du premier volume.

C'est un livre dur, racontant la vie de ces aventuriers partis vers le grand nord, pour une ruée vers l'or dans des conditions météorologiques extrêmes. Dureté du travail dans la mine, dureté de l'installation dans une zone hostile et inhabitée... La vie s'organise pourtant et peu à peu une vraie ville s'installe et avec elle le progrès mais aussi toutes sortes de perversions.

Bernard Clavel était un merveilleux conteur, et il le prouve une nouvelle fois avec ce roman captivant, qui fait partager au lecteur l'existence de ces hommes et femmes s'expatriant, au début du 20 ème siècle, pour améliorer leurs conditions de vie, voire s'enrichir.

J'ai beaucoup apprécié ce livre, même s'il est très sombre.
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Tiennot, ou, L'île aux Biard

Un réel plaisir de retrouver Bernard Clavel, cela faisait trop longtemps que je n'y étais pas revenu. On est ici dans ce qu'il sait faire de mieux, une histoire simple, la nature, des personnages attachants.

On découvre Tiennot, adulte un peu simple d'esprit, on voudrait l'aider tout au long de ce récit, le conseiller mais on ne peut que le suivre et espérer qu'il fasse les bons choix.

Un village du Jura, la rivière la Loue qui aura une place importante dans l'histoire, Bernard Clavel sait planter son décor tout doucement nous immergeant dans cette nature où l'on aurait bien envie de vivre sur cette petite île isolée du monde.

Un livre court, une parenthèse dans nos vies modernes mais pas forcément enchantée.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Bernard Clavel a connaissance du Grand Nord Canadien, qu'il décrit merveilleusement bien.

Harricana l'histoire d'une famille qui a le courage de partir dans l'espoir d'une meilleure vie.

Leur long voyage est risqué, c'est l'épreuve du passage, mais c'est avant tout le début d'un récit d'une terre non exploitée par l'homme.

D'épreuve en épreuve, l'épopée des pionniers ,la prise de possession de territoires, par l'homme, non seulement pour une meilleure vie, mais aussi pour le profit, et tous les effets que ça implique sur la Nature.
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