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3.96/5 (sur 3235 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Niort , le 08/02/1980
Biographie :

Catherine Meurisse est une illustratrice, dessinatrice de presse et auteure de bande dessinée française.

Après avoir étudié les Lettres Modernes à la faculté de Poitiers, elle entre à l'école Estienne où elle obtient son diplôme des Métiers d'art (section illustration) en 2002. Elle entre ensuite aux Arts décoratifs de Paris où elle sort diplômée en 2005. Elle crée pendant ses études "Causerie sur Delacroix" primé par le jury de l'école en 2004 et qui sera édité chez Drozophile en 2005.

Catherine Meurisse est repérée par des dessinateurs de "Charlie Hebdo" dès 2001 durant un concours de dessins de presse, et elle entre à la rédaction du journal sitôt ses études finies, en 2005.

En mai 2006 sort "Mozart qu'on assassine", un collectif chez Albin Michel où elle participe avec Luz, Jul, Charb, Riss...

Elle dessine également beaucoup pour la presse adulte (Les Échos, Libération, Les Inrockuptibles, Marianne, Psychologies magazine et fait partie de l'équipe de Charlie Hebdo depuis 2005) et jeunesse (Okapi, DLire, Eurêka, Capsule Cosmique et Wapiti).

Elle publie aussi des albums jeunesse: "Comment bien vivre avec son corps" (chez A.Michel jeunesse) en 2003, "Le P'tit Miam" (Bayard jeunesse) en 2004, "Mon Premier Larousse des Héros" en 2005, "100% excellent" (Bayard jeunesse) en 2006, "En voiture, en voiture" (Ed. Sarbacane) et "Mais oui, je vous aime toujours" (Nathan jeunesse) en 2006.

Catherine Meurisse est la gagnante en 2008 du prix BD mensuel le Parisien et Aujourd’hui en France pour un album remarquable: "Mes hommes de lettres", publié aux Éditions Sarbacane. Celui-ci déroule toute l’histoire de la littérature depuis "Le Roman de Renart" jusqu’à nos jours.

Aux éditions Dargaud, elle publie "Drôles de femmes", en 2010, en collaboration avec Julie Birmant, un recueil de portraits de femmes du spectacle, telles que Yolande Moreau ou Anémone.

Arrivée en retard à la conférence de la rédaction le 7 janvier 2015, jour de l'attentat contre "Charlie Hebdo, elle aperçoit les deux assaillants dans la rue avant qu'ils s'enfuient. Elle participe quelques jours plus tard au Numéro 1178 de "Charlie Hebdo" dit "numéro des survivants".
"La Légèreté" (2016), un récit de son retour à la vie, au dessin et à la mémoire, après l'attentat, obtient le prix Coup de cœur au Quai des bulles.

En 2018, elle publie "Les grands espaces", qui obtient le Prix Artémisia "René Dumont" 2019et en 2021, elle signe La jeune femme et la mer.

Elle est élue à l’Ac
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Entretien avec Catherine Meurisse, à propos de sa bande dessinée Les Grands Espaces


12/03/2019

Vous vous mettez à nouveau en scène dans ce dernier album, en nous racontant votre enfance dans ces « grands espaces », ceux qui vous ont vue grandir en Charentes. Y avait-il pour vous un enjeu autobiographique particulier cette fois, différent de ce que vous développiez dans vos précédentes BD ? Il semble témoigner d’une envie de douceur et de naïveté…

Pour moi, Les Grands Espaces est à la fois la suite de La Légèreté et le livre qui s’en détache. C’est ce que je voulais signifier dès le titre de l’album : je souhaitais ouvrir grand les fenêtres, élargir l’horizon, histoire de respirer un grand coup, après avoir passé en apnée les années qui ont suivi l’attentat contre Charlie Hebdo, auquel j’ai échappé. Le lien qui existe entre Les Grands Espaces et La Légèreté est pour moi très visible, mais j’ai fait en sorte qu’il soit discret aux yeux du lecteur.




Il y a en effet dans Les Grands Espaces une douceur et une naïveté assumées (toutes deux s’invitent naturellement dans le récit car il s’agit d’une enfance heureuse), mais la notion de perte (de l’enfance, de la maison d’enfance, des illusions) plane également dans l’album, en écho à la perte de mes amis en 2015. Quand j’ai commencé à écrire Les Grands Espaces, je ne pouvais m’empêcher de penser au visage de mes parents le lendemain de l’attentat, à leur expression hagarde, muette et qui cependant criait qu’ils avaient failli perdre une de leur fille. Cela a renforcé ma volonté que la sève, la vie donc, jaillisse dans chaque page de l’album. J’ai plongé mon « je » dans un bain de nature pour m’extraire de la mélancolie et du stress liés à ce que j’avais vécu quelques années plus tôt. J’avais déjà commencé cette mue dans La Légèreté, en me plongeant dans la beauté, à Rome.


Le choix du récit autobiographique est donc consécutif aux événements de 2015 et à la publication de La Légèreté en 2016. Il est réparateur. En dehors de cela, je ne ressens pas le besoin de raconter ma vie à tout bout de champ. D’ailleurs je commence à me fatiguer de moi-même ! (rires) Probablement parce qu’après m’être débarrassée du terme « trauma », associé à l’écriture autobiographique, j’ai hâte de me débarrasser de celui de « résilience », et avancer sur de nouveaux chemins. Les Grands Espaces vont déjà dans cette direction.



Vu la précision et le plaisir que vous semblez prendre à faire naître sous nos yeux la nature, on vous imagine l’observer pendant de longues heures le crayon à la main. Vous vous souvenez de vos premières esquisses de végétaux ? Comment avez-vous procédé pour dessiner aujourd’hui une nature qui n’est jamais aussi belle que lorsqu’on la découvre, enfant ?

Je dessine depuis toujours, et de tout : des animaux réalistes ou inventés, des fleurs en pot ou sauvages, des maisons, des personnages, les professeurs du collège et du lycée… Enfant, j’admirais les aquarelles de Beatrix Potter. Ses croquis de plantes ou d’animaux de la ferme sont épatants. J’avais aussi une passion pour les illustrations naturalistes, les planches de botanique, notamment. Je ne me souviens pas avoir dessiné dans les prés, en revanche, j’observais beaucoup, les mains dans les poches. Je pouvais passer des heures assise parmi les grillons et les sauterelles, écoutant les coqs qui se répondent de ferme en ferme, respirant l’odeur des foins et des bois. La contemplation d’un paysage associé à l’odorat peuvent aider à dessiner de minutieuses choses par la suite, comme les végétaux. Je me sers beaucoup du souvenir de mes impressions et sensations pour dessiner.




On lit rarement des bandes dessinées autant influencées par la littérature dans leur propos (avec de nombreuses références à Marcel Proust, Michel de Montaigne, Pierre Loti ou François Rabelais) et par l’histoire de l’art dans la forme. Ces aspects sont-ils indissociables de votre pratique d’auteur dans le cadre d’un album ? Comment travaillez-vous ces mises en relation ?

Les peintres et les écrivains font naturellement partie de ma vie, au même titre que mes amis, ma famille, les gens que j’aime. Ils m’accompagnent partout, m’apprennent à être seule sans souffrir de la solitude, me donnent confiance en moi, me ravissent parfois totalement. Je suis d’un tempérament gai, et rien ne me comble plus qu’une pensée radieuse, généreuse. Et quand un grand esprit a de l’humour (on ne dit pas assez que Proust est tordant), alors là, c’est le pompon. Pour le dire plus trivialement, qu’un écrivain ou un peintre puisse nous aider à être moins cons me met en joie. Par ailleurs, réaliser une bande dessinée est très laborieux. Quand on s’y attelle, autant mettre dedans tout ce qu’on aime et qui nous soutient, pour ne pas flancher en cours d’écriture.


Votre amour pour la littérature semble porté par vos parents et leurs lectures, dès le plus jeune âge. Ont-ils bien réagi quand vous êtes devenue dessinatrice ? Vous rêvaient-ils écrivain ?

Personne ne se rêvait écrivain dans ma famille, et tant mieux ! J’ai toujours entendu mes parents se réjouir qu’un Proust, qu’un Loti (mais aussi Julien Gracq, René Fallet, Romain Gary…) expriment leurs pensées, mais « en mieux ». J’ai grandi dans cet esprit-là : on peut compter sur les écrivains pour mieux penser, on peut compter sur la nature pour mieux vivre. J’ai plus souvent vu mes parents travailler au jardin qu’assis à bouquiner. Ce sont leurs deux filles, je crois, qui les ont poussés à lire de plus belle, d’autant que ma sœur et moi avons fait des études de Lettres après le bac.




Ma sœur aînée Fanny, grande lectrice, a été la première a remplir la bibliothèque familiale de livres sur la littérature et la linguistique. Je lui ai emboîté le pas. Ces bouquins, très sérieux, voisinaient avec des classiques Larousse, les Lagarde et Michard, des albums de Jean-Jacques Sempé, de Jean-Marc Reiser, des ouvrages datant des années 1930 sur la taille et la greffe des arbres. Les catalogues d’art ont ensuite envahi les étagères : Fanny travaillant au musée du Louvre et moi dans le dessin. Mes parents n’ont pas été surpris que je devienne dessinatrice, ils m’ont fait confiance. Ma première apparition dans Charlie Hebdo a été marquée par un grand éclat de rire, mêlé de fierté.


Dans Les Grands Espaces, au-delà de la nostalgie de l’enfance et de la campagne comme paradis terrestre (même si vous soulignez également ses défauts) il y a une dimension pédagogique assez évidente en botanique, avec beaucoup de détails sur le jardinage et la culture potagère. Le dessin est-il devenu pour vous un moyen de transmettre des connaissances et des valeurs éco-citoyennes ?

Il me semble qu’une des raisons pour lesquelles je fais des livres est d’éviter d’oublier, de perdre des choses, des connaissances, des souvenirs en cours de route. Quand des notions sur la littérature ou sur la botanique apparaissent au coin d’une page, c’est d’abord à moi que je m’adresse. C’est en dessinant mon père en train de dire « Quand les perce-neige fleurissent, il est temps de planter les oignons » que j’arrive à me souvenir de l’utilité des perce-neige. Quand je dessine ma mère bouleversée à l’idée que le parfum du rosier qu’elle respire était déjà connu des Grecs dans l’Antiquité, je le fais pour m’en souvenir, autant que parce que cela m’émeut. Je consigne les connaissances qu’on m’a transmises, passant allègrement de la théorie aux sensations, puis je fais ma petite cuisine pour que cela puisse être transmis au lecteur. Car, comme on le sait, plus on est de fous (éclairés), plus on rit.



Catherine Meurisse à propos de ses lectures



Quel est l’ouvrage qui vous a donné envie d`écrire et/ou de dessiner ?

Il y en a plusieurs… En ce qui concerne l’envie de dessiner : tous les livres illustrés par Gustave Doré, Sempé, Quentin Blake, Beatrix Potter ou Tomi Ungerer, que je regardais enfant, et qui m’ont suivie dans l’âge mûr. Quant à l’envie d’écrire, j’ai commencé à parler et à écrire en entrant à Charlie Hebdo. Cela a commencé par des légendes de dessins, des bulles, puis des reportages, des chroniques où le texte (mon opinion, mes gags) se mêlait au dessin. Je suis devenue autrice en faisant mes gammes dans ce journal satirique. Plus tard, la lecture de Proust m’a invitée à me raconter plus franchement, en dévoilant ma sensibilité. Je ne me sens pas écrasée par les géants de la littérature, au contraire, ils m’émoustillent. Je peux à l’aise dire que Proust m’a inspirée, dans le sens où il m’a autorisée à jouer dans mon coin en puisant dans une malle aux trésors (images, mots, sensations). Cette malle, c’est lui qui me l’a désignée. Il me semble que tous les grands artistes et écrivains permettent cela : qu’on les suive à la trace pour se sentir libre.



Quelle est la bande dessinée que vous auriez rêvé d’écrire et/ou de dessiner ?

Les Frustrés, de Claire Bretécher, ou Tamara Drewe, de Posy Simmonds.



Quelle est votre première grande découverte livresque ?

Sacrées Sorcières, de Roald Dahl. J’ai ri, j’ai frémi, pour la première fois un livre pour enfants ne me prenait pas pour une enfant. Puis j’ai été absorbée par Le Comte de Monte Cristo, d’Alexandre Dumas. Mon premier page turner.



Quelle est la bande dessinée (ou le livre) que vous avez relue le plus souvent ?

Tous les Astérix.



Quelle est la bande dessinée (ou le livre) que vous avez honte de ne pas avoir lue ?

Je n’ai aucune honte. Au contraire, je suis heureuse de ne pas avoir tout lu, cela me garantit de belles émotions plus tard.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Oreiller d’herbes, de Nastume Soseki. Connue ou méconnue, je ne sais pas, en tout cas c’est une perle.



Quel est le classique de la bande dessinée ou de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

L’attrape-cœurs de J.D. Salinger m’a exaspérée. Je l’ai lu juste après Louis-Ferdinand Céline, dont le style « parlé » , extraordinaire, m’avait éblouie. Ceci explique peut-être cela.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« J’ai la poésie pour condition d’existence, et tout ce qui tue trop cruellement le rêve du bon, du simple et du vrai, qui seul me soutient contre l’effroi du siècle, est une torture à laquelle je me dérobe autant qu’il est possible. » George Sand.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Après avoir lu de formidables Italiens (Alberto Moravia, Dino Buzzati, Andrea Camilleri, Elsa Morante), je lis d’extraordinaires Américains, notamment Edward Abbey (Désert solitaire, Le Gang de la clef à molette, Un fou ordinaire), Doug Peacock, Jack London (Martin Eden). Dès que j’en aurai fini avec les US, je me plongerai dans les livres de Français remarquables : Bruno Gibert (Les Forçats) et Sigolène Vinson (Maritima), qui accessoirement sont des amis.



Découvrez Les Grands Espaces de Catherine Meurisse aux éditions Dargaud :




Entretien réalisé par Nicolas Hecht.






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Citations et extraits (309) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi nous imposer une minute de silence en hommage aux victimes ? C'est un siècle de colère bruyante qu'il nous faut !
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Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
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[...] dans les champs , les haies ont été rasées , le paysage définitivement modifié .
[...]
Et quand ils n'arrachent pas , ils coupent...
J'ai toujours pensé qu'il y avait une proximité entre la tronçonneuse et le fusil de chasse.
La façon de porter l'engin , son odeur...celle de la poudre , du gasoil ,
le bruit ...

RRÈÈÈÈRRRR ...RRRÈÈRRRR... RÈÈÈRRRR ... RÈÈERR ... RRR...RREEERRRR...RREEERRR.......

Et ce même désir de supprimer , de faire table rase .


p. 28 et 29
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Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres...
[Marcel Proust]
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Déplumée et les semelles en plomb, je me sens incapable de m'élever. Qu'est-ce qui peut m'aider à sentir, aimer, vivre, dessiner de nouveau ? Qui peut me sauver ?
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Dans cette bulle de travail, il n'y a que des idées, et plus rien autour. Je suis tout aussi morte que mes amis, ou ils sont tout aussi vivants que moi.
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12 janvier [2015]
- C'est quand qu'elle se termine, ma protection rapprochée ?
- Elle vient à peine de commencer, madame...
- Mais c'est quand que ça se termine ?
- On ne peut pas vous dire...
- C'est quand qu'on arrive ?
- J'aimerais pas être à votre place, madame. Etre sous protection, c'est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence. C'est lourd.
- C'est quand qu'on arrive ?
- ...
- C'est quand qu'on arrive à la normalité ?
(p. 30)
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D'habitude, quand je pense à Proust, mon épiderme, ma tête et mon coeur réagissent, je pars illico en voyage dans son œuvre, et en moi-même. Car être lecteur de Proust, c'est être lecteur de soi, du plus profond de soi. Là, il ne se passe rien. Je suis aussi creuse qu'une bernique, merde !
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Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
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[…] nous vivons désormais en funambules, les pieds posés sur le fil du cauchemar et de la créativité, un fil à couper le cœur.

(Philippe Lançon)
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