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Critiques de Danièle Sallenave (97)
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Pourquoi on écrit des romans...

Pourquoi on écrit des romans...est le titre de ce petit livre d'une jolie collection à visée philosophique et s'adressant aux jeunes lecteurs : "Chouette ! Penser ".

On pourrait compléter le titre par une question d'enfant : ..."et à quoi cela sert de lire des fictions ?"

Un écrivain converse avec trois enfants d'âges différents sur les motivations qui la poussent à écrire. A lire avec des enfants qui se demandent pourquoi il est nécessaire de lire.
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Rue de la Justice

« Rue de la Justice » Danièle Sallenave (Gallimard 350p)

La photo des obsèques de Victor Hugo, mort en 1885, trônera pendant des années sur la cheminée de Laurence, née en 1863. C'est sur ce fil infime que Danièle Sallenave part à la quête de ce que furent la vie quotidienne, les espoirs en plus de justice sociale, les difficultés et les rêves de son arrière-grand-mère, laveuse sur un bateau lavoir, qui passera sa vie rude dans un village des bords de Loire. L'auteure ne sait quasiment rien de cette ancêtre qu'elle n'a pas connue, hors quelques rares échos venus de sa propre grand-mère… et le souvenir poignant de ce cliché mémorable. Qu'importe, Danièle Sallenave nous fait découvrir, par cercles concentriques, par un travail documentaire particulièrement riche et touffu ce que purent être son quotidien, ses habitudes, ses idées, ses croyances, son éducation, son travail.

L'auteure se situe irréductiblement du côté des humbles, des « impropriétaires », de ceux qui font vivre une société et se font ravir le fruit de leur travail par les nantis qui s'en gavent. Elle fait un lien pertinent avec les révoltes actuelles (revenant parfois sur ce qu'elle a déjà écrit dans son « tract Gallimard », « Jojo le gilet jaune »). Pour elle, la IIIème République, par ses combats contre le poids enfermant de la religion catholique, des réactionnaires de tout poil et (plus timidement me semble-t-il) des propriétaires et des grands fortunés a fait renaître les espoirs de « La Sociale », la République des non-nantis.

Elle dénonce l'obscurantisme clérical, l'inégalité sociale organisée, elle souligne les succès de l'école primaire de cette période. Elle valorise les progrès techniques incontestables (chemin de fer, routes, électricité, commerce, médecine), qui désenclavent les campagnes, soulagent d'une part de misère et ouvrent à de nouveaux horizons. Elle dénonce l'absurdité criminelle du colonialisme et du racisme qui en est l'une des émanations, en en montrant les dégâts croissants dans le monde d'aujourd'hui. Elle pointe sans retenue l'actuelle dégradation des services publics nés en partie durant cette période.

Plus qu'un livre strictement historique, c'est un très beau récit d'histoire. Sans forcément partager dans le détail toutes ses analyses (par exemple sur le progrès technique qu'elle ne lie pas forcément à la quête de profits), ce qui est passionnant dans cet ouvrage, outre l'écriture ciselée mais très accessible de l'académicienne, c'est son parti-pris de justice sociale qui ne s'en laisse pas conter par le matraquage d'une idéologie de "premier de cordée", par les ghettos sociaux et culturels dans lesquels on veut nous enfermer. Certains y trouveront peut-être un goût de « c'était mieux avant », mais je crois que la lucidité et le sérieux du travail documentaire de Danièle Sallenave lui permettent d'éviter ces écueils. Elle travaille, en toute fidélité et reconnaissance ses propres racines (et les miennes) avec les gens d'en bas, et c'est particulièrement captivant.

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La teuf et le virus

Les fêtes, les "teufs" des jeunes seraient un art de vivre, un symbole de notre civilisation. Face au terrorisme, peut-être mais face au virus, elles ne pourraient être que l'autre nom de notre égoisme, individualisme, au "moi d'abord", d'une logique de société où règne la quête du profit, la consommation qui prime sur l'exploitation de la nature, d'une logique où le moi passe avant le nous.

Tract intéressant par son angle de vue original. Ecrit en début de confinement quand régnait encore une certaine insouciance.
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Jojo, le Gilet jaune

Le mouvement des Gilets jaunes a été longuement commenté et analysé. Les émissions spéciales télévisés, radiodiffusés, se comptent en centaine d’heures. Les hors-séries des journaux et magasines ont longtemps occupés les devantures des kiosques. Les sociologues, journalistes et essayistes ont alimenté une production éditoriale impressionnante. Il faut dire que la France n’avait pas connu un tel mouvement social depuis des décennies. Par sa durée, sa radicalité, son imprévisibilité, les Gilets Jaunes ont surpris, sidérés, de la gauche à la droite française.



Danielle Sallenave s’est penchée essentiellement sur la dichotomie mise à nue entre les Gilets Jaunes et les élites. Cette élite d’ailleurs qui ne cache plus son mépris de classe vis-à-vis des « sans dents », de « ceux qui ne sont rien », de ces « réfractaires » au changement. Fait marquant pour l’auteure, les intellectuels et les artistes de gauche ont eu aussi fait sécession : ils étaient rares à soutenir ouvertement ces révoltés.



"Mauvais républicains, ces Gilets jaunes, qui refusent la représentativité, clé du fonctionnement démocratique, et s’abstiennent aux grands scrutins. Mauvais démocrates, qui veulent s’appuyer sur la pression de la rue. Mauvais révoltés puisqu’ils ne sont même pas fichus de faire un bon service d’ordre comme la CGT." [p.13]



Le 6 décembre 2019, la CGT appelle d’ailleurs, avec une large intersyndicale, le gouvernement au « dialogue« , en condamnant « toute forme de violence dans l’expression des revendications » du mouvement. Le communiqué fera bondir la base syndicale, obligeant la centrale à désavouer sa propre signature. Bernard Lavilliers, soutient historique aux luttes sociales, accuse lui le mouvement de « virer au poujadisme ». Ils sont bien seuls, les révoltés en chasubles …



Les Gilets jaunes sont peut-être difficile à comprendre quand on habite en ville : aucune difficulté à retrouver ses connaissances dans un troquet, à rejoindre un collectif, à participer à des débats lorsque l’on vit dans une grande agglomération. Choses impossibles à faire, quand on habite le périurbain, l’enfer pavillonnaire, « une ville franchisée, ni rurale, ni urbaine » [p.17], où rien n’existe – et on ne parlera même pas des services publics … Tisser du lien, se retrouver, partager, sont sans aucun doute ce qui a pu arriver de mieux à ces hommes et ces femmes qui se sont retrouvés samedi après samedi sur les ronds-points.



Alors qu’en ville, « nous nous sommes habitués à l’invisibilité des opprimés, de leurs lieux de vie, à l’effacement de la mémoire des pauvres dans les quartiers restaurés des grandes villes » [p.26], les gilets jaunes ont (re)projeté le social sur le devant de la scène politique. Ils et elles ont repris la parole et l’espace public, que plus personnes ne prenaient pour eux.



Avec le renfort de Brecht, de Michelet et de multiples intellectuels, l’auteure nous donne à voir dans ce petit texte les tensions perpétuelles qu’il existe entre les élites et le peuple.
Lien : https://delivronsnous.home.b..
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Jojo, le Gilet jaune

Petit essai de réflexions qui a le mérite de remettre en perspective une partie du conflit des gilets jaunes. J’avais une vision très parcellaire de ce conflit qui a commencé par une taxe sur le gas-oil. L'auteur a un peu réussi à me faire voir une autre réalité, en plaçant ce mouvement dans une perspective historique au moins jusqu’à la révolution française.
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La Fraga

Histoire d'une fille de pasteur britannique qui devient une femme libre et une peintre célèbre, maîtresse de son destin dès qu'elle a choisi de rester à Venise et d'élever seule (au départ) son fils. Ce livre dépeint l'atmosphère d'une époque charnière entre les 19ème et 20ème siècles. Belle histoire où les sens jouent un grand rôle (cf. le titre).
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Dieu.com

Un essai de plus sur les religions et sur Dieu dira-t-on! Pas vraiment. Celui-ci, contrairement à d'autres, interroge, décortique, présage et déconstruit. Celui-ci nous aide à comprendre comment mieux vivre ensemble et à saisir l’Autre dans son infinie diversité. Celui-ci nous montre le chemin d'une laïcité véritable et essentielle à l'Homme. Un livre à relire en ces temps de confusion et à méditer encore plus aujourd’hui …
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Castor de guerre

Un livre excellent pour se plonger dans la vie et la pensée de Simone de Beauvoir. Cette biographie casse tout les a priori et les préjugés qui circule généralement sur cette intellectuelle hors norme et néanmoins essentielle.
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D'amour

Daniéle Sallenave nous relate au début de son récit autobiographique la mort violente de sa tante Odette qui s'est jetée sous un train et le décès de son ancien amant, Pierre ,de vingt ans de plus qu'elle, qui ne s'alimentait plus.

Pourtant c'est un livre d'amour, de l'élan de l'amour, de la vision et de la place de l'amour dans tout le cours de la vie, pour l'enfant ( l'auteur est née en 1940 ) puis pour l'adulte. C'est une enfant de la guerre, son père prisonnier en Autriche., le passage des bombardiers ,les flammes sur les bords de Loire, le soin que prenait d'elle son oncle Édouard ,le mari de sa tante Odette..........

Elle essaie de renouer tous les fils qui ont poussé sa tante à commettre son geste elle qui avait été très aimée n'a pas supporté de vieillir.. Elle avait organisé sa mort, ce n'était pas un suicide improvisé mais un calcul implacable.

Le grand intérêt de ce récit c ´est qu'elle nous fait part d'un monde disparu,

celui des gens qui avaient eu 40 ans dans lesannées 60 ,les hommes , les femmes, les relations entre eux, tout cela est disparu.

Elle nous renseigne sur la France ancienne, de la belle époque, sur la galanterie gauloise, sur l'hypocrisie des gens mariés, les sous entendus grivois....

Quelque part sa tante et son amant qui paraissent antinomiques ne le sont pas tant que cela. Elle essaie de montrer que sous un certain angle, ils étaient comparables, par leur refus de la vieillesse.

C'est un beau récit bien mené, pas du tout morbide même si , à la fin j'ai eu l'impression que l'auteur dialoguait avec les morts.

Le ton est simple , direct,souvent familier, rapide, ce n'est pas du style parlé c'est le passage de l'écrit à la parole de l'écrivain.

Elle se remémore des expressions populaires, des réminiscences, des citations cachées, c'est intéressant de la part de l'universitaire qu'est Daniéle Sallenave.









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Nous, on n'aime pas lire

Une lecture très désagréable ! Je m'attendais à avoir une réelle thèse sur le pourquoi du comment concernant la baisse de la lecture chez les jeunes ... et bien non !

L'auteure se permet d'émettre toute une analyse sociologique des enfants de banlieue après trois après midi passées avec des classes de collège ... pour pouvoir prendre son avis en compte il faudrait qu'elle y ait passé au moins un an ! De plus le livre est très mal construit, écrit comme un journal sans réel fil directeur, on attend désespérément que l'auteure reviennent au thème de la lecture sans résultats. Une tonalité désagréable qui commence des les premiers chapitres lorsque Danièle Sallenave évoque sa crainte de voir les professeurs intimidé par sa personne et son statut.

De plus l'auteure se contredit elle même constamment durant tout l'ouvrage, de quoi dé-crédibiliser un peu plus l'étude. Au final je n'ai même pas réussi à savoir le but qu'avait l'auteure en écrivant "Nous on Aime pas Lire". D'autant plus qu'aucune conclusion ne ressort de ce séjour en ZEP à part dresser une liste de clichés et de faits déjà reconnus. Surtout pas de conclusion quant à la lecture si ce n'est que le problème vient de la formation des professeurs ...

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Nous, on n'aime pas lire

Un point de vue intéressant sur l'école de la part de ceux que l'on a peu l'habitude d'entendre : les intervenants. Qu'ils soient écrivains, musiciens ou artistes plasticiens, ils travaillent ponctuellement avec les élèves et les enseignants, sans que l'on sache vraiment ce qu'ils retirent de ces expériences. C'est pourquoi ce livre m'a beaucoup plu, puisqu'il laisse la parole à un auteur invité qui se retrouve confronté à un monde méconnu.

Pas d'angélisme ici, Danielle Sallenave sait que sa présence n'a rien révolutionné au sein de ce collège, mais qu'elle a peut-être apporté quelque chose qui a pu aider certains élèves.

Un livre sur l'école aujourd'hui, sur le travail effectué chaque jour par les enseignants, et sur ce que cette action a pu lui apporté, à elle, et à sa réflexion sur le collège et les ados.
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Pourquoi on écrit des romans...

n petit ouvrage très intéressant qui explique aux enfants pourquoi on a envie d'écrire un roman ou une histoire et ce qui caractérise un écrivain. Le texte est un dialogue entre Anne, écrivain de 46 ans travaillant sur un nouveau personnage de roman et ses neveux de 6, 9 et 15 ans.



Si les questions des enfants sont intéressantes, de même que les explications de Anne, j'ai regretté le coté un peu simpliste de l'ensemble, qui s'adresse selon moi plus à des enfants d'une dizaine d'années qu'à des adolescents. Les thèmes de l'écriture sont abordés de façon simple et on entre ensuite dans des réflexions un peu plus philosophiques.



Le livre est très joliment illustré et les mots compliqués sont soulignés et expliqués. On y trouve aussi de nombreuses citations de romanciers ou de poètes et des indications sur les auteurs dont il est question. On y apprend d'où vient le nom d'écrivain, ce qu'est le style. J'ai par contre trouvé l'ado de l'histoire bien benet, intéressé à outrance par ses jeux vidéos et refusant quasiment de lire : "Moi, lire, je trouve que c'est fatigant. J'aime bien être seul, d'accord, être dans ma chambre, tranquille, avec l'ordi, avec mes jeux vidéos, ou bien je regarde un DVD, et puis il me faut quelque chose de vivant." ou : "Il faut que tu comprennes que c'est fini tout ça, la littérature, la lecture, les classiques. Montaigne, Racine, nous ça ne nous parle plus. Même les profs le savent, mais ils ne peuvent pas le dire, c'est leur boulot." Fort heureusement, Anne rétorque que l'informatique, les jeux vidéos et les films à outrance risquent de déshumaniser les jeunes générations en prenant trop de place dans leur vie...
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Viol ; six entretiens, quelques lettres et ..

ce livre se lit très rapidement mais il émane des dialogues une force assez rare. La situation est très réaliste et nombre de témoignages dans le domaine du viol et de l'inceste sont la preuve de la capacité de l'auteur à écrire une histoire dont les ressorts sonnent vrai. A conseiller largement.
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Rue de la Justice

Angers est dominée par sa cathédrale. Pour la visiter, on peut garer sa voiture sur la place Monseigneur-Freppel. Mais qui était cet évêque, qui fut aussi député? C'est ce que l'on découvre - entre autres - dans ce passionnant bouquin.



Danielle Sallenave mêle la petite histoire avec la grande. La petite, c'est celle de son arrière grand-mère, qui fut laveuse - non, on ne disait pas lavandière à l'époque. Son travail consistait à laver le linge des autres, et à le rincer dans la Loire. Un travail pénible qu'elle exerça jusqu'à sa mort, car en ce temps-là la retraite n'existait pas. Une vie très modeste, probablement pauvre, on ne sait finalement pas grand-chose de nos aïeux: comme disait l'autre, ils ne sont pas entrés dans l'histoire.



L'histoire de ce pays des Mauges, plus particulièrement du 19ème siècle, est marquée par les guerres, de la contre-révolution des chouans à la défaite humiliante de 1871 face à la Prusse. Elle est marquée aussi par les difficultés auxquelles la République va se heurter, en particulier dans cette région où les pouvoirs bien établis, la bourgeoisie, la noblesse, et surtout le clergé, vont s'allier pour se rebeller contre les institutions républicaines.



L'instruction, par exemple: pas question de la laisser aux laïques. C'est là que Monseigneur Freppel va intervenir, il est encore loué aujourd'hui pour avoir créé l'université catholique de l'Ouest. Il se battra pied à pied contre les républicains et leurs réformes, y compris contre l'avis du pape Léon XIII. Il est plaisant de constater que son reproche envers l'instruction laïque est qu'elle entraînerait la société vers le matérialisme, la recherche des plaisirs faciles... alors que les pauvres passaient leur temps à travailler, et vivaient dans des conditions précaires!



Ce siècle est aussi marqué par l'essor du progrès technique avec notamment l'arrivée du chemin de fer, lequel va offrir des moyens de transport inespérés au petit peuple. L'arrivée aussi de l'eau sur l'évier, des vaccins, ...



Danielle Sallenave rend un vibrant hommage à l'instruction publique, laïque, et réhabilite ce petit peuple méprisé par les notables. Ce peuple que l'on trouve toujours assez bon pour s'épuiser au travail, ou lorsqu'il faut l'envoyer à la guerre, mais dont il faut se méfier, et qui mérite son malheur par ses comportements excessifs: lorsque le choléra frappe, par exemple, en 1849, bien évidemment, les principales victimes vivent dans les quartiers insalubres d'Angers. On les attribue aux ivresses, aux bals, aux négligences ouvrières.



Un livre qui fait réfléchir par les rapprochements et les comparaisons que l'on peut faire avec notre société contemporaine: mépris des élites, crise de l'éducation, suppression des petites lignes SNCF, ...
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L'églantine et le muguet

Livre tonifiant que celui de Mme Sallenave, académicienne et surtout fille de la République. Fille de l'école républicaine. Ayant vécu sa jeunesse dans certain département de l'ouest, catholique et encore aujourdhui terre d'élection de l'enseignement confessionnel, elle n'en mesure pas moins tout ce que sa vie et sa carrière doivent au corps des maîtres de l'Instruction publique, dont son propre père était lui-même un membre très représentatif.

A la lire, on perçoit combien les guerres de la Révolution, ailleurs bien oubliées, sont ici encore présentes dans les consciences, si ce n'est dans ce que l'on serait presque tenté d'appeler les inconsciences. Plus de deux cents ans après les événements, il est étonnant de constater que l'école publique n'est somme toute que tolérée bon gré mal gré dans ces territoires où les coeurs semblent largement battre pour celle de M. le curé. Et de constater aussi que ladite liberté (de l'enseignement) n'est jamais très loin de feu l'ordre moral tout autant que des tentations persistantes de s'imposer toujours un peu plus aux dépens des épigones de Jules Ferry. Que, par voie de conséquence, il n'en faudrait pas tant pour ranimer la guerre scolaire s'il le fallait.

Mme Sallenave nous rappelle que la République, pour sa part, ne fait jamais de différences. Que si elle n'est pas parfaite, elle doit nombre de ses défauts à ceux qui en son sein, cherchent plutôt à l'instrumentaliser, ou à la pervertir, ou à la noyauter. Ainsi sont les humains.

Il ne peut en aucun cas être question, à ses yeux, de remettre en cause l'universalité et la générosité de ses principes.
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La vie éclaircie : entretiens avec Madeleine ..

De certains livres, on ne se rappelle même pas les avoir lus, d’autres comme celui-ci, on sent qu’ils vont devenir des compagnons de vie et que de leur lecture quelque chose en nous a changé.



Après avoir refermé ce livre d’entretiens entre Danièle Sallenave et Madeleine Gobeil, je garde le sentiment d’avoir rencontré une femme à la pensée libre, forte, construite, une auteure passionnante.



Elle est interrogée sur tout et réponds sans se cacher, ni faire de la langue de bois. Alors bien entendu certains thèmes m’ont plus particulièrement intéressé, je pense aux pages sur le théâtre, sur la littérature ou sur les voyages notamment en Europe de l’Est pendant la guerre froide. De ces voyages Danièle Sallenave nous retranscrit une atmosphère, quelque chose de la vie dans ces pays de l’autre côté du mur (Berlin Est, Prague, Moscou…). C’est un monde en mouvement que nous observons.



Maintenant, je vais me précipiter sur ses romans, pour voir si ils sont aussi passionnant que ses réflexions.



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La teuf et le virus

"Peut-être que c'est moi qui n'y comprends rien parce que ce n'est pas de ma génération." C'est soit vous ou soit moi Mme l'auteure. Les fêtes actuelles, nombrilistes ? Peut-être que je dois être "taguée" de la génération visée, parce que je ne comprends pas ce texte et surtout, sa position. La possibilité pour l'auteure de plus ou moins comprendre ce qui a poussé les attentats aux terrasses des cafés en 2015, par le fait que la fête sur ces terrasses soient de l'égoïsme juvénile capitaliste, me choque. La fête, c'est un état d'âme partagé. Oui Mme Sallenave, c'est soit moi soit vous qui n'avez rien compris, mais que je doute que ce soit moi... Auteure que je ne lirai jamais.
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Jojo, le Gilet jaune

S'accaparant comme tout un chacun la figure du gilet jaune, Danièle Sallenave en décrit une image correspondant à sa propre culture modeste. Au travers de cette image pleine d'humanisme et empreinte de finesse, elle propose une réflexion sur l'incompréhension collective de notre propre société et l'aveuglement des uns envers les autres. Le métier du romancier apprend sans doute à transmettre par ses textes des sentiments plutôt que des seuls faits, et c'est bien là l'intérêt majeur que j'ai vu dans cette proposition d'analyse.

Le recul et la culture politique aussi de Danièle Sallenave font de cette réflexion, sans devenir pamphlet ou manifeste, un éclairage bienvenu.
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Jojo, le Gilet jaune

Ce livre est aussi court (42 pages) qu'il est intéressant.



On pourrait croire que, par sa condition d'Académicienne et de femme de lettres, Danièle Sallenave pourrait regarder les Gilets jaunes de haut, comme beaucoup de ces "gens d'en haut", mais il n'en est rien : a contrario, elle prend, avec un certain brio verbal, la défense des Gilets Jaunes, comprend et légitime leurs revendications de justices fiscale et sociale et mène une charge contre les politiques et certains médias qui ont tendance à dénigrer le mouvement, ce qui est contraire à l'attitude qui devrait être la leur.



Elle pose également la question et trouve des explications relativement justes au fait que certains sujets soient absents de leurs revendications comme la culture (qui, selon elle, ne s'intéresse pas assez aux personnes qui ont peu de moyens) ou l'éducation.



Cependant, il ne faut pas croire qu'elle légitime tout ce qui vient des Gilets jaunes. Elle remet l'église au milieu du village en disant que les violences qu'elles soient verbales ou physiques ont eu tendance à nuancer sa sympathie, qui, au début, était totale, envers les Gilets jaunes.



Donc, une position modérée et richement argumentée de la part de cette grande dame de lettres : soutien aux Gilets jaunes, qui ne légitime pas pour autant la violence qui émane par moment du mouvement.



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Nous, on n'aime pas lire

Le titre de ce bouquin m'attirait beaucoup, c'est une phrase entendue par Danièle Sallenave lorsqu'elle a rencontré des élèves d'un collège "difficile". Je pensais que l'auteure avait réalisé une véritable immersion dans ce collège mais, en réalité, elle y a passé seulement quelques journées durant l'année 2008. Le livre se présente un peu comme un carnet avec des réflexions, des digressions, des observations,...



Les chapitres sont courts, Danièle Sallenave passe un peu du coq à l'âne et perd parfois son lecteur. Cependant, j'étais avide et curieuse de découvrir l'expérience qu'elle a vécue dans ce collège. J'aurais juste aimé qu'elle en passe la porte avec une totale neutralité, en laissant ses aprioris à l'extérieur. Mais ce n'est pas l'impression que j'ai eue, ses réflexions ressemblaient souvent à des clichés…



"Nous, on n'aime pas lire" ne plaira certainement pas à tout le monde, l'auteure ayant pris le parti de rester dans la subjectivité.

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