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Critiques de Hannah Arendt (128)
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Condition de l'homme moderne

Cet essai de philosophie anthropologique comme le suggère Paul Ricoeur dans la belle préface de l'édition Pocket (2004) exige bien entendu une lecture studieuse, surtout pour les cerveaux lents comme le mien. On navigue en pleine théorie, on parcours l'histoire de la philosophie, de la Grèce ancienne à l'Occident de l'époque moderne, de Platon à Marx en passant par Saint-Augustin et Locke. Ecrit dans la période de forte expansion économique de l'après-guerre et dans un contexte de surenchère atomique entre les deux puissances de la guerre froide, Hannah Arendt s'interroge sur les principes et les valeurs qui ont guidés les hommes d'hier et d'aujourd'hui, les écarts et les ruptures idéologiques et culturelles. On a parfois l'impression d'enfoncer des portes ouvertes comme: ce qui nous meut est le principe de vie et de génération... mais le cheminement est si érudit et intelligent que l'effort produit ne semble pas vain.
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Du mensonge à la violence

Hannah Arendt, la grande "anatomiste" de nos certitudes , nous entraîne dans le labyrinthe du pouvoir. Mensonge, force, puissance, autorité, violence. Qui détient, qui accepte, qui prend ou reprendra le pouvoir ?

A quel instant le pouvoir perd – il le contrôle ?

La désobéissance civile est elle dans nos démocraties la seule arme sans violence qui permettra de redresser nos torts ?

Comment l'histoire se répète-t elle ? Pourquoi avec une telle constance, un tel aveuglement ?

Du Viet Nam en Irak, depuis les années 50 jusqu'à aujourd'hui, comment peut on encore donner quelque crédit au marketing politique ?

Quelles sont aujourd'hui les valeurs sur lesquelles reposent le pouvoir des grandes puissances ? Richesse ? Croissance ? Force ? Mensonge ?

Qui détermine nos réalités, qui les hiérarchise ?

Contre quoi concédons nous notre passivité civile ?

Qu'est ce qui entraîne une émeute, un soulèvement, une rébellion, une révolte, une révolution ?

Le pouvoir par les armes est il synonyme d'action ?

Peut il y avoir de politique sans mensonge, sans violence ?

La grande marche technologique que nous nommons Progrès n'est elle pas le pas de l'oie de la grande dictature de l'Anonyme ? La « tyrannie sans tyran ».

Bureaucratisation des démocraties, des économies, des systèmes de communication.

Dans toutes les démocraties, là où l'on brandit au regard des peuples le droit de vote et la liberté de la presse comme les deux uniques mamelles de son Eden, personne n'est plus responsable des décisions, et donc jamais responsable de son action.

Aucun engagement participatif, aucune entente collaboratrice, aucune représentation juste et équilibrée des citoyens.

Que reste t il aujourd'hui de la validité du contrat social entre état et citoyen ?

Quelles puissances entravent le pouvoir de l'état?

L'état a t il peut il encore légitimer son autorité sans recourir à la force ?

Est il encore assez fort pour ne pas être contraint de répondre à la violence légitime par une violence qu'il aura toutes les peines à justifier ?

Voilà l'écorchure que nous présente Hannah Arendt, ce pouvoir mis à nu, qui nous laisse découvrir le grand dysfonctionnement de ses organes internes, l'hémorragie qui anémie les forces des Nations, la sclérose chronique de toute son organisation.

Ne pas prononcer de diagnostic au malade, c'est effectivement lui mentir. Mais si la saturation d'un corps tend à chuter irrémédiablement , le malade désavoue la faculté. Et c'est dans un accès de violence que le malade la congédie.

Du mensonge à la violence : un grand traite d'anatomie politique contemporaine.



Astrid SHRIQUI GARAIN



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Condition de l'homme moderne

Le 20 éme siécle a transformé le statut de l'homme . Cela est une évidence que nul ne peut nier. En quoi exactement ?? L' on peut dire qu'aujourd'hui l'homme n'est plus un , il est eux dans dans un ensemble qui le dépasse et il n' y a aucune échappatoire. La technologie qui certes aide l'homme l'a également asservi , et rendu dépendant . De cela les politiques tirent des avantages conséquents et s'imposent sans possibilité d'écart ou de fuite . La nature méme de la pensée de l'homme est conditionnée et manipulée pour en faire un simple pion , sans aspérité. Contre le mythe de l'homme objet , mme Arendt entend opposer une vision résolument transgressive : l'humanité en marche. Cet opus s'impose par la méme comme un ensemble de textes fondamentaux sur la compréhension du réflexe de soumission de l'homme a ce qu'il croit étre supérieur à lui , que cela soit la technologie , les politiques ou les médias . Il faut lire cet ouvrage ,mais le lire vraiment pour saisir toute la difficulté que l'homme rencontre pour avoir le droit simplement d'exister. L'aspiration de l'homme doit étre la liberté de corps et d'esprit , et non pas l'attente de l'ordre de la machine , ou de la voix qui résonnera le plus fortement. Cet ouvrage a une importance cruciale , en ces temps ou l'on profite impunément du réflexe de soumission de l'homme devant les autels médiatiques et pseudo humains . Un ouvrage fondamental pour comprendre la condiion humaine...
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Eichmann à Jérusalem

En dépit de l'immense controverse (parfaitement injustifiée d'ailleurs) que cet essai a suscitée lors de sa parution, ce dernier reste néanmoins l'un des livres les plus importants jamais écrits sur l'histoire du nazisme et de la Shoah. Alternant compte-rendus du procès et chapitres relatant méthodiquement les faits historiques, déportations et exterminations, en Allemagne et dans le reste de l'Europe, sans oublier de mentionner les milliers de non-juifs également assassinés (handicapés mentaux ou moteurs, homosexuels, soldats du Reich, tziganes, bizarrement oubliés du procès...), cet essai s'avère véritablement complet, frappant et si bien documenté qu'il serait non seulement stupide, mais encore scandaleux, de l'accuser de partialité, sous prétexte qu'Hannah Arendt a été, mais bien avant la guerre, la maîtresse de Heidegger, philosophe connu pour ses accointances (pour le dire gentiment) avec le parti nazi. Car ce qui a gêné bien des gens dans cet essai n'est pas tant la "banalité" d'Eichmann que l'accusation portée contre le peuple juif, et confirmée par la suite par plusieurs historiens, d'avoir participé à sa propre extermination, par le biais des conseils juifs. Hannah Arendt montre en effet que ces derniers, parfaitement intégrés dans la machinerie allemande, n'ont pas hésité à sacrifier des millions de Juifs "de basse extraction", pour en sauver quelques milliers soigneusement choisis pour leur profession, leur renommée, leur fortune personnelle. On se serait mis à dos les milieux sionistes pour moins que ça. Mais Hannah Arendt a le courage de ses opinions, et les défend constamment, avec une dignité qui est tout à son honneur. De plus, elle n'hésite pas à remettre en question le fait que ce soit le tribunal des vainqueurs qui juge le vaincu, au mépris de toute équité, qui plus est, puisque aucun témoin n'a pu se présenter pour la défense, tandis que l'accusation a produit plus de cent témoins, dont les allégations dépassaient en outre le cadre du procès, puisqu'ils s'agissait dans l'ensemble de survivants des camps venus pour raconter l'atrocité de l'extermination plus que pour véritablement accuser Eichmann, qu'ils n'avaient pour la plupart jamais vu. On a reproché à Hannah Arendt son arrogance, son ton ironique, ses attaques directes, mais qui, à l'époque, aurait eu le courage de parler comme elle l'a fait ? Et comment l'accuser de prendre elle-même la défense d'Eichmann, alors que jamais, dans les cinq cents pages de ce livre, elle ne l'excuse de quoi que ce soit, se contentant de montrer les failles, les incohérences, les injustices du procès, et l'extraordinaire banalité de cet être qu'on a voulu diaboliser à l'excès, lui qui n'est rien d'autre qu'un gratte-papier sans imagination et sans esprit, frustré de n'avoir jamais fait carrière dans l'administration et s'exprimant par stéréotypes et formules toutes faites ?



(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
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Condition de l'homme moderne

Travailler ?

Œuvrer ?

Agir ?

Contempler ?



Que nous reste-t-il ?



Fin de la Politique !

Dictature de l'économie monstrueuse !



Hannah nous avait avertis il y a déjà 50 ans !

Dépêchez-vous de la lire !

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Les origines du totalitarisme, Tome 3 : Le ..

Hannah Arendt est l'une des plus grande Philosophe du 20éme siècle. Elle donne une intelligence aigüe aux événements de deux derniers siècles. Et encore aujourd’hui en 2017, elle reste pertinente dans sa démarche.

La première chose que j’ai ressenti en lisant son origine du totalitarisme, c’est en sous-texte :

« He ho les mecs, Vous n’avez pas l’impression d’oublier la moitié de l’humanité ? On pourrait peut-être participer à l’ensemble des enjeux de l’humanité »

Ensuite « la montée des totalitarismes » réussi ces tour de force de faire comprendre que la rencontre des lumières, de l’industrialisation et du colonialisme aller nourrir l’esprit totalitaire.



J4ai eu l’impression en sortant de cette lecture d’être averti et de devoir être vigilant pour l’avenir, pour ceux qui viendront après nous.



Avec « l’homme Moderne », le travail d’Hannah Arendt est à lire et à relire.

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La liberté d'être libre

Ce que je retiens de cette brève réflexion écrite dans le contexte de la crise de Cuba, c'est que la liberté dépend de la maîtrise de la pauvreté. Les gens démunis n'ont pas la liberté de penser une nouvelle forme de gouvernement. Ils doivent d'abord assurer leur pitance. Ils leur faut aussi, s'il échet, se libérer de l'oppression politique (dictature, despotisme).

Se libérer de la pauvreté avant de se libérer de l'oppression politique.

" La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale", disait Robespierre.

La liberté demande de l'égalité. Chacune, chacun doit pouvoir exister dans l'espace public et être autorisé à participer à l'administration des affaires publiques, communes à tous. 1848 signe le premier affrontement de classes, où il s'agit non plus de renverser la forme de l' État mais de renverser la société bourgeoise.

Même truffée de références et de sinuosités, la pensée d'Hannah Arendt livre des idées lumineuses, condensées d'une phrase après un long développement. La philosophe - qui refusait cette étiquette - nous enjoint à comprendre un phénomène, la révolution, ayant subi des fortunes diverses, de l'Amérique à La France, de Cuba à la décolonisation.

Ce texte anticipe l'évolution des raisons de se révolter. Aujourd'hui, la rue grogne se mobilise pour le pouvoir d'achat en berne, pour une politique active face au changement climatique et pour le droit des femmes à être traitées comme leurs pairs. Voir à ce sujet, les basculements en Amérique latine depuis 2019.

Je retire énormément de cette réflexion dense sur la liberté et la libération, lue avec minutie. J'ai été charmé aussi de cette citation inattendue des Bucoliques de Virgile, "Un âge tout nouveau, un grand âge va naître". le poète chante la louange de la naissance en soi, commente H.Arendt, de l'apparition d'une nouvelle génération. Et d'affirmer que le salut du monde tient dans l'éternelle régénération de l'espèce humaine.

L'auteure est optimiste. En 1966, elle écrit que l'avancée de la technologie humaine peut transformer la condition humaine. Cette transformation aura lieu si l'effort est calculé et le développement organisé.

À méditer, de même que cette assertion : être libre pour la liberté signifie avant tout être délivré non seulement de la peur, mais aussi du besoin.

Gilets jaunes, marches pour le climat, Me Too, en ordre de marche !





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Du mensonge à la violence

Comme chacun le sait Hannah Arendt est l'une des rares philosophes a avoir réelement tenter de comprendre les racines du mal , de ce qui pouvait conduire tout un peuple a sombrer dans la folie collective . Cet ouvrage vient exprimer concrétement son propos. L'on comprend ici le pourquoi de l'illusion populiste qui traine les peuples vers le pire en promettan le meilleur. L'on comprend ici les raisons qui poussent les populistes a vouloir soumettre les volontés atones des masses. Et les maniéres de faire , les tactiques communes a toutes les formes de totalitarisme. L'on voit bien le processus d'aliénation mentale qu'améne le populisme et ces disciples. L'on mesure combien l'inculture est grande et favorise l'implantation dans les esprits d'idées vendues comme des libertés chimériques au plus grand nombre. La perdition du savoir , le glissement vers la facilité , tout cela est étudié , par l'une des plus grandes philosophes contemporaine qui ici procéde a la mise en abyme des pratiques populistes et condamne leurs adeptes qui mettent en eslavage sur le plan de l'esprit des ames innocentes . Magistral et indispensable .
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Eichmann à Jérusalem

Ce livre important d'Hannah Arendt est depuis sa parution l'objet d'une polémique pas encore apaisée. Le sous-titre de l'ouvrage "la banalité du mal" en est le premier sujet. La responsabilité qu'elle attribue pour partie aux conseils juifs en est le second. Le grand intérêt de cet ouvrage n'est pas la relation du procès d'Adlf Eichmann, mais la pensée sur l'orgine du mal qu'elle construit à partir de ce moment. Elle a demandé à assister à ce projet, comme une façon de retourner à une partie de son histoire. Sa théorie sur le mal qui ne trouve pas sa racine dans la nature même de l'homme, mais plutôt dans l'absence de pensée, pour contestée qu'elle soit, ouvre un débat que l'histoire actuelle n'est pas près d'éteindre.
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Auschwitz et Jérusalem

Que faire en 1941 en tant que réfugiée juive sur le sol Américain ? … Hanna Arendt tâte le terrain, il ne semble pas y avoir des tonnes d'options.



1941 : « L'armée juive, le début d'une politique juive ? ».

Elle justifie l'armée juive avec une maxime qui ne peut laisser indifférent.*

1943 : « La question judéo-arabe peut-elle être résolue ? ».

Elle hésite sur l'option d'un État binational ; option qu'elle estime « suicidaire » en 1944.





Bref, l'auteure n'est qu'au début de son aventure en matière de théories politiques, et on commence à la découvrir.



Mais imaginons qu'on s'arrête là, comme par exemple à l'école, où on s'arrête habituellement sur quelques textes à portée universelle de Hanna Arendt.



Que serait en effet un État incapable de protéger ses minorités ? (l'État Anglais, Français,…)

Que serait un État qui ne serait pas un État de droit ?

Faut-il se faire justice soi-même et revenir à la loi du Talion ?



Dans sa maxime sur la lutte armée, Hanna Arendt pose en creux ces anciennes questions.

Et maintenant, quel effet ça ferait si chacun.e, chaque minorité, s'emparait sérieusement de cette maxime pour son propre compte ?



* La voici :



« le peuple juif commence pour la première fois à découvrir une vérité qu'il ignorait jusqu'à présent, à savoir qu'on ne peut se défendre qu'en qualité de ce au nom de quoi on a été attaqué.

Un homme qui a été attaqué en tant que Juif ne peut pas se défendre en tant qu'Anglais ou que Français, sinon le monde entier en conclura tout simplement qu'il ne se défend même pas ».

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Condition de l'homme moderne

La véritable identité de notre société actuelle: Qu'est-ce que le "travail" aujourd'hui?
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Les Origines du totalitarisme, suivi de Eic..

Est-il une lecture qui m’aura le plus appris sur l’homme, sur la question de l’identité et sur le mal. Si d’autres pages ont souvent bouleversé mes croyances pour mon plus grand plaisir, celles-ci font surgir l’histoire intime de nos nations avec la communauté juive, l’histoire d’un peuple sans gouvernement, sans pays et sans langue. Aucune des parties prenantes ne sortira indemne de la profondeur et l’équilibre de jugement d’Hannah Arendt (1906 – 1975). Et aujourd’hui ce livre se trouve plus nécessaire qu’hier encore pour d’une part comprendre le jeu des communautés face aux individus devenus plus libres et plus fragiles face aux jeux dangereux des identités plurielles et d’autre part pour alimenter sa réflexion sur certaines raisons expliquant la présence d’Israël au cœur du dar al-Islam.



Ces textes souvent tranchants ont divisé et continueront de diviser par leur absence de parti paris si ce n’est celui de la vérité sans fard. Aussi laisserais-je sans commentaire additionnel le lecteur prendre une semaine de vacance pour plonger dans les textes phares de la pensée du XXème siècles réouvrant des débats parfois interdits : L’antisémitisme, l’impérialisme, le totalitarisme.



Les cinq cents pages d’Eichmann à Jérusalem sont une longue étude sur la méchanceté humaine, la leçon de la terrible, de l’indicible, de l’impensable banalité du mal.



Lectori salutem, Pikkendorff


Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Eichmann à Jérusalem

Présente à Jérusalem pour couvrir le procés Eichman pour la presse américaine , Hannah Arendt s'interroge sur la nature du mal. Voila ici un rapport sur la banalité du mal. Classer a tort dans le rayon théorie , ce texre est clairement l'un des rares textes philosophiques qui consistent en une lecture minutieuse , un examen des cas individuels du régime nazi. Les intentions d'Hannah Arendt sont clairements polémiques , donc clairement philosophiques. Hannah Arendt se pose ici la question du regard de l'opinion des masses sur les nazis , eux méme issus des masses. Pouvoir suivre le procés de l'un d'entre eux lui permet de voir quelle folie était à l'oeuvre en Allemagne et de se demander si cette folie pourrait se reproduire dans d'autres lieux du monde. Ce regard observateur a était mal percu à l'époque , alors qu'il était en réalité indispensable pour comprendre ce qui a pu entrainer des gens comme les autres dans la machine infernale nazie. Un tel regard apparait avec le recul comme indispensable à la société pour que celle ci ne connaisse plus ces pertes de repéres qui on entrainés la folie meurtiére. Les juges du procés sont dans l'attitude qui convient pour juger l'extraordinaire folie qui s'est manifestée a cette époque en laissant aux grands écrivains le soin de décrire pour le monde ce qu'il s'est produit pendant cette analyse du pire de l'histoire du monde, Hannah Arendt s'emploie pendant tout son texte à ne pas perdre de vue son objectif qui ètait de retranscrire de maniére objective le jugement du pire... Ce qui frappe ici c'est l'attachement de Hannah Arendt au formalisme au sens juridique du procés . Hannah Arendt décrit ici avec la plus grande précision les arcanes du totalitarisme , ne perdant pas de vu qu'Eichman était l'un des rouages majeurs de la machine nazie . Son étude et le constat philosophique qu'elle en retire sont des élèments fondamentaux pour notre monde actuel ou le totalitarisme par le biais du populisme peut revenir a la surface....
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Responsabilité et jugement

“Réflexions sur Little Rock” est une prise de position problématique de Hanna Arendt sur la ségrégation raciale à l'école, faisant suite aux événements survenus à Little Rock aux États-Unis en 1957.

A l'heure où Arendt est fréquemment étudiée dans les établissements scolaires en France (notamment), il me semble important de partager ce texte et de comprendre les fondements de la pensée de Arendt qui l'obligent à avoir cette position

On a la chance d'accéder à ce texte en ligne, en suivant l'adresse plus bas. Quant à l'évènement lui-même, il est assez détaillé dans Wikipedia. “Neuf de Little Rock”



Le 2 septembre 1957, la Little Rock Central High School refuse d'accepter en son sein neuf étudiants afro-américains. Ces enfants avaient été inscrits en vertu de l'ordonnance de la cour fédérale interdisant la ségrégation raciale à l'école.



Hanna Arendt répond en se mettant successivement à la place d'une mère noire puis d'une mère blanche du Sud. Et plus loin on peut lire le genre de rapprochement qu'elle fait avec la question juive.



“Le point de départ de mes réflexions, ce fut une image parue dans les journaux, qui montrait une Noire rentrant d'une école nouvellement intégrée ; elle était persécutée par une troupe d'enfants blancs…”

“Si j'étais une mère noire du Sud, je sentirai que la Cour Suprême, sans le vouloir mais inévitablement, a placé mon enfant dans une position plus humiliante que celle dans laquelle elle se trouvait auparavant”

“Que ferais-je si j'étais une mère blanche du Sud ?…Je conviendrais que le gouvernement est impliqué dans l'instruction de mon enfant dans la mesure où il est censé devenir un citoyen, mais je dénierais au gouvernement tout droit de me dire en compagnie de qui mon enfant reçoit cette instruction.”



Si Hanna Arendt se voyait refuser l'inscription de son enfant à l'école publique de son choix, au motif qu'elle est juive, que dirait-elle ?



Arendt ne répond pas à cette question, ou plutôt la déplace en choisissant un lieu différent, qui ne fait que renforcer la confusion.



“Si, en tant que juive, je veux passer mes vacances seulement en compagnie de juifs, je ne vois pas comment qui que ce soit peut raisonnablement m'empêcher de le faire ; de même, je ne vois pas pour quelle raison d'autres lieux ne devraient pas s'occuper d'une clientèle qui ne souhaite pas voir de juifs pendant ses vacances”.



En revenant à la situation subie par l'enfant, Arendt a-t-elle à l'esprit ce qu'elle a subi en tant qu'enfant juive ?

Extrait d'une conversation télévisuelle le 28 octobre 1964 :

“Je viens d'une vieille famille de Königsberg et pourtant le mot "juif" n'a jamais été prononcé quand j'étais enfant. Je l'ai rencontré pour la première fois par le biais de remarques antisémites (inutile de les répéter) des enfants dans la rue. Après cela, je pense que j'ai été "éclairée" si l'on peut dire.

- Ce fut un choc pour vous ?

- Non.

- Est-ce que vous vous êtes dit : "Désormais je suis une personne à part" ?

- C'est une autre question. Ce ne fut pas du tout un choc pour moi. Je me suis dit : "C'est comme ça."»



Faut-il d'ailleurs assimiler la question de la ségrégation raciale à la question juive ? C'est une autre question.



En tous les cas, Arendt pouvait facilement supposer que pour cette enfant noire à Little Rock, ça n'était pas non plus un “choc”. L'heure était à la déségrégation concrète après plusieurs décennies de luttes depuis l'abolition de l'esclavage.



Arendt préfère voir l'urgence de légaliser les mariages mixtes, qui est un droit universel. Mais pourquoi opposer ce problème fondamental au problème tout aussi fondamental qui s'est manifesté à Little Rock ?



Il faudrait remonter à cette opposition fermement maintenue par Arendt entre un monde et la politique d'un côté et la vie de l'autre ; entre la liberté du côté de la politique, et la nécessité du côté de la vie.



On peut objecter que le droit universel reste abstrait si les conditions universelles d'accès à l'universel n'existent pas réellement, c'est-à-dire si la ségrégation demeure la réalité quotidienne.

Mais Arendt estime qu'au bout de cette logique le gouvernement serait autorisé à légiférer sur tous les aspects de la vie quotidienne ; ce que personne ne veut.



Autrement dit, l'auteure oppose la liberté politique à la nécessité de la discrimination positive. Mais cette opposition entre liberté et nécessité devient une abstraction stérile s'il n'y a pas un jugement de la situation particulière.



Nous sommes ainsi ramenés au début du texte : “Si j'étais une mère noire...si j'étais une mère blanche du Sud”. Mais de quel droit peut-on parler à la place de l'autre ? Si on parle des "vérités de fait", où sont-elles ? Prétend-elle être « libérée des idiosyncrasies » ? Rien n'est moins sûr, tant elle lit l'évènement au sein de l'opposition qu'elle maintient obstinément entre le monde et la vie.



Il y a une circularité hallucinante dans les textes de Arendt. Mais sur le chemin, fonçant tête baissée dans l'obscurité des affaires humaines, elle sème des problèmes dont on doit débattre. Ce commentaire n'a donc pour but que de commencer une réflexion.



Lien vers le texte, pages 151 à 163

https://jugurtha.noblogs.org/files/2018/05/Responsabilite-et-jugement-Hannah-Arendt.pdf
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Eichmann à Jérusalem

Je n'avais jamais lu Eichmann à Jérusalem, sauf quelques extraits. Pourtant, j'ai étudié 8 ans en Philosophie et le livre était au programme dans plusieurs cours — j'étais donc convaincu de bien connaître le livre.



Erreur.



Je termine même ma lecture avec la conviction qu'aucun des professeurs avec qui nous en avions discuté en classe ne l'avait vraiment lu. Les lieux communs entourant l'ouvrage sont pour la plupart, de courtes sections d'importance mineure, mal cités, quand ils ne sont pas carrément des inventions.



Quelques exemples.



- Arendt ne dit jamais que Eichmann n'était pas antisémite. C'est lui qui l'affirmait. Elle rapporte par contre qu'elle ne croit pas que son antisémitisme soit la cause principale du rôle qu'il a joué dans l'Holocauste. Ce serait plutôt son désir personnel d'obtenir une promotion qui l'aurait poussé au zèle.



- Elle n'affirme jamais que les Juifs ont collaboré à l'Holocauste, ou en sont partiellement responsable de par leur passivité.



- Elle n'excuse jamais Eichmann. Elle rapporte tout de même qu'il était innocent de certains — de la LONGUE liste des chefs d'accusation — des crimes dont on l'accusait. Eichmann méritait la mort, nous dit-elle. Même s'il aurait mieux valu qu'Israël attende la fin des procédures judiciaires plutôt que de l'exécuter quelques heures après le verdict.



- Elle ne disserte JAMAIS sur la nature du mal. La banalité du mal, c'est ce qu'elle a cru percevoir chez Eichmann. Ce n'est pas un énoncé général. En postface, elle précise même qu'elle est en désaccord avec l'idée selon laquelle nous aurions tous un Eichmann en nous, un fonctionnaire ambitieux qui ne fait qu'obéir aux ordres. Cette interprétation de Arendt — qui a même servi de base à la malheureusement fameuse expérience de Stanford — est simplement fausse.



Il y a de nombreuses choses intéressantes que Arendt aborde dont je n'avais jamais entendu parler, par contre.



- Le contexte politique. Elle soupçonne Israël d'avoir deux objectifs derrière le procès. 1- Associer Eichmann (et le nazisme) à des pays arabes pour des raisons de relations publiques. (Il y avait des rumeurs infondées qu'il y aurait séjourné.) 2- Créer le mythe d'une diaspora juive faible et persécutée, pour lui opposer celui d'un État d'Israël fort et victorieux. Tout cela dans le but de convaincre un plus grand nombre de juifs d'immigrer. (Je dis "mythe", ici, dans son sens sociologique. Pas comme synonyme de "histoire infondée".)



- Le contexte juridique. Et c'est l'une des choses qui m'a le plus étonné, car la plupart de mes ami.e.s qui adorent Arendt sont des nationalistes. Elle défend dans ce livre une vision très cosmopolite du Droit. Elle croit que le procès aurait dû être l'occasion de mettre sur pied un tribunal international permanent. Ce tribunal aurait pour tâche de juger de façon rétroactive des crimes qui comme l'Holocauste ou la Bombe nucléaire, n'ont pas de précédent. Un tel tribunal ne pourrait d'ailleurs pas se baser sur Droit positif, seulement des énoncés de principe. Ses juges seraient donc, en même temps, leurs propres législateurs.



Bref, c'est une oeuvre qui aurait avantage à être plus lue et moins citée.

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La Crise de la culture

Ce recueil d'essais hérite du titre de l'un d'eux; il est sous-titré "huit exercices de pensée politique".



D'exercices, il s'agit bien ici et c'est en cela que réside premièrement l'intérêt de l'ouvrage.

Sur les thèmes, sélectionnés vers 1960 par l'auteur, américain, toujours pleinement d'actualité et, www aidant, parlant à l'ensemble du monde occidental (krachs de la tradition et de l'autorité, aspirations contradictoires à la liberté, perte de confiance dans le politique et complotisme, dissolution de la culture dans les loisirs,….), point de réponse apportée à des questions qui, lorsqu'elles sont posées, ne sont que rhétoriques.

Mais une activité incessante pour chaque fois rechercher des origines, établir des filiations, dénicher le concept derrière la perception commune, détecter des ruptures, pointer le coeur derrière la peau, la graisse et autres membranes obscurcissantes, en un mot dépecer la bête.



En second lieu, l'indéniable connaissance par l'auteur de ses illustres prédécesseurs dans la matière, offre "clés en main" un ensemble de références et l'opportunité d'aller y regarder de plus près, au cas où affinités notamment chez les chouchous Platon, Aristote, Machiavel et Kant.

Seul L'essai "La crise de l'éducation" fait exception car traité sur un plan plus sociologique que philosophique.



Et d'un, et de deux, c'est pas mal!



Au-delà, c'est affaire d'aptitude et me semble-t-il de goût.

Aptitude à la gym au sol quand les abdos ont disparu voire n'ont jamais existé.

La conduite de la pensée de l'auteur semble souvent non linéaire, les enchaînements surprennent, l'ensemble peut paraître confus avec des débuts comme extirpés d'un plat de spaghettis, des ensuite qu'on veut bien mais pourquoi ceux-là et pas d'autres? , des enfin aux airs de "ah tiens, c'est là où elle voulait en venir"!...

Bien entendu, ce n'est que l'avis d'un gars qui préfère le marathon à la gym au sol.



Goût pour les mets simples plutôt que la nourriture moléculaire .

La phrase traduite en français est plutôt lourde, épaissie de nombreuses locutions, inserts, précisions qui ne semblent pas s'imposer et nuisent à un exposé clair du raisonnement. Des formules "toc" tels que "mais le plus important est…", "l'ennuyeux est….", "tout se passe comme si…" sont récurrentes et lassent à force. Et cet élitisme gratuit, inutile consistant à émailler le texte de mots ou locutions, grecques de préférence, latines à l'occasion, quelquefois traduites mais pas toujours.



L'élitisme peut énerver mais il est à la rigueur admissible en tant que prérogative d'une élite adoubée par ses pairs et le public.

Ne boudons donc pas notre plaisir d'exploser de rire devant la métaphore du parallélogramme des forces imaginée par l'auteur dans sa préface quelque peu absconse "La brèche entre le passé et le futur"; métaphore qui, tout bien considéré, toute honte bue et les neurones en fusion, nous laisse préférant Hannah Arendt proposant des exercices de philosophie plutôt que des travaux dirigés de physique.



Reste la question: le relire ou pas?

A discuter avec Hamlet.

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Responsabilité et jugement

Essai un peu difficile, ce n'est à lire sur la plage mais ça vaut le coup de s'accrocher. Ecrit après le procès d'Eichmann auquel Hannah Arendt avait assisté. Sa théorie de la "banalité du mal" a été beaucoup critiquée mais elle n'est pas aussi pessimiste et surtout aussi fataliste qu'on a bien voulu le dire. Ce n'est pas que le mal est en nous tous, c'est qu'il PEUT l'être. Cela ne dépend pas de la culture (le nazisme est né dans un grand pays de culture) mais du jugement et il est donné à tout le monde. Voir Béranger dans Rhinocéros de Ionesco, celui qui résiste n'est pas celui qu'on attendait. C'est le défaut de pensée, de jugement critique qui a amené le nazisme selon Hannah Arendt. Il n'est pas facile de résister encore aujourd'hui à la pensée unique, à des règles de conduite prescrites par l'époque et c'est un combat intérieur permanent que de tenter de le faire en sachant que chacun peut toujours se laisser aller à des jugements hâtifs. Mais cette réflexion est passionnante parce elle nous responsabilise et qu'elle fait la force de l'humanité.
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Les Origines du totalitarisme, suivi de Eic..

Dés sa parution en 1951 ce livre connu un retentissement important , à l'échelle du monde. Cette oeuvre proposait en l'occurence de comprendre ce qui avait pu conduire une nation à sombrer dans la barbarie sans nom , en l'occurence celle des camps de la mort. La question ici est de réussir a comprendre l'incompréhensible , le pourquoi d'une telle ignominie. Ce livre se base pour cela sur une étude de l'histoire politique européenne , et pour cela utilise la philosophie et la sociologie. Une comparaison est également faite entre le régime nazi et le régime soviétique , finalement assez proches sur le plan de l'antisémitisme , du populisme et du totalitarisme. Car pour Hannah Arendt ces deux régimes sont des exemples concrets des effets du totalitarisme sur les masses. Il apparait que ce type de gouvernement est la conséquence directe d'un capitalisme étatique , qui impose une idéologie unique , fait disparaitre par la peur et la violence toutes formes de contestation , détruit la culture et contamine les faibles d'esprits . Arendt démontre ici que l'antisémitisme s'avére étre la manifestation contemporaine de l'anti judaisme tout en incorporant des éléments strictements contemporains. Il apparait que cette période correspondau phénoménes des crises de l'état nation et à l'apparition des empires . Les "perdants " de la folie impérialiste , se retrouveront enclins a chercher des boucs émissaires , en l'occurence les juifs. Le totalitarisme fait son nid dans les rangs de ceux ci , trop laches pour accepter une remise en question et enclins a suivre les premiers tribuns populistes venus . La folie d'un monde idéal que leur fait miroiter la propagande totalitaire trouve en eux le parfait public avec les conséquences et les atrocités que tout un chacun connait. Arendt parvient a comprendre comment ces régimes extrémistes on pu mettre en place des " mondes ou tout est possible" , justifiant par là méme les abominations commises par la suite . La pensée de Hannah Arendt s'avére plus que jamais nécessaire dans un monde qui devient fou .... Indispensable une fois de plus .
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Nous autres réfugiés

“Si nous commencions par dire la vérité, à savoir, que nous ne sommes que des Juifs, cela reviendrait à nous exposer au destin d'êtres humains qui, parce qu'ils ne sont protégés par aucune loi spécifique ni convention politique, ne sont que des êtres humains”



Cette phrase de Arendt montre l'état de confusion extrême dans lequel elle se trouve, au moment où elle écrit ce texte en 1943, soit deux ans après son arrivée sur le sol américain.



Certaines descriptions seront peut-être plus conformes à l'idée qu'on peut se faire de l'instinct de survie qui booste les réfugiés tout le temps de leur fuite.



Mais l'auteure montre précisément la confusion qui règne derrière l'optimisme affiché, lorsque ces réfugiés sont en voie d'assimilation dans leur nouveau pays.



Et Arendt n'échappe pas à cette confusion.



D'un côté il y a des conditions objectives : des vies privées en miette, le dénuement matériel qu'on devine seulement, les difficultés d'intégration sociale, le combat pour les droits juridiques et politiques. Arendt n'obtiendra la nationalité américaine qu'en 1951.



D'un autre côté, il y a un parfum de mort qui reste imprégné, et qui fait le lit de la réaction identitaire, dans laquelle Arendt se laisse entraînée en tentant d'entraîner les autres.



“Quoi que nous fassions, quoi que nous feignions d'être, nous ne révélons rien d'autre que notre désir absurde d'être autres, de ne pas être juifs”



Certes, on sait qu'elle s'affranchira un peu de cette rhétorique identitaire, de ce masque de l'identité. Quitte peut-être à admettre qu'il y a toujours un masque derrière le masque, et qu'on ne peut rien être sans jouer à l'être.



Certes, on doit entendre son cri, lorsqu'elle nous jette à la figure la question des “sans-papiers”. Mais la rhétorique identitaire déployée dans ce texte pose aussi des questions sur sa conception de la politique.



“Nous sommes devenus les témoins et les victimes de terreurs bien plus atroces que la mort – sans avoir pu découvrir un idéal plus élevé que la vie (…) nous ne sommes pas pour autant devenus capables ni désireux de risquer notre vie pour une cause.”



Manifestement l'auteure évoque l'idéal de l'expérience vécue par les résistants, en regrettant de faire partie d'une communauté qui n'a pas ce genre de vécu. Mais son regret dégénère en un jugement mortifère, et la conception fantasmée de cette expérience dégénère dans l'opposition abstraite entre la politique et la vie, qui est la structure permanente de sa philosophie.



Arendt juge sa communauté engluée dans les « combines et astuces d'adaptation et d'assimilation ». Or, son jugement est aussi une astuce d'assimilation. Pourquoi ne serions-nous que ceci ou que cela ? L'auteure s'empresse de faire endosser une identité abstraite à cette masse amorphe ; pour son bien évidemment. (C'est une ruine de la pluralité qui mène à la caricature des partis. Demandez ensuite aux gens d'aller voter !)



Elle juge que seule une petite minorité de « parias sociaux » est capable de mutations disons existentielles. Mais entre ceux-ci et les « parvenus sociaux » qu'elles dénoncent, qui sait au fond comment chacune de ces personnes réagirait face à un choix cornélien ? Y a-t-il un seul être vivant incapable de muter ?



Mais peut-être Arendt craint-elle précisément cette humanité qui ne cesse de muter ?

La stratégie du repli identitaire ralentirait en effet le processus. (De même qu'un système philosophique pourrait prévenir stratégiquement tout risque d'avoir à régénérer ses croyances).



« L'histoire de cent cinquante ans de judaïsme assimilé a réussi un exploit sans précédent ».



Oui, cette histoire a connu des génies dans tous les domaines. L'auteure cite Franz Kafka, Charlie Chaplin etc… Et on la citerait volontiers aujourd'hui.



Mais si ces génies renommés sont comme des fuites visibles de la machine assimilatrice, celle-ci doit toujours être en train de fuir imperceptiblement. Il faut bien que des génies inconnus réalisent cet exploit. Or, Arendt ne voit que des gens désespérés, entraînés dans la mauvaise direction. Elle est incapable de voir autre chose qu'une masse réservant des mauvaises surprises.



Ne sommes-nous pas, d'une quelconque manière, ou bien des réfugiés, ou bien des minorités assimilées ?

Est-ce pour cette raison que le titre « Nous autres réfugiés » fait vibrer une corde sensible ? que nous parlons à la place des autres avec une telle aisance ? et que nous pouvons dire nous ?



Arendt a soulevé le très sérieux problème des « sans papiers ». Sans papiers officiels, mais plein de formulaires qui ne servent qu'à creuser les discriminations. Malheureusement son engagement est limité et la solidarité n'est pas vraiment son problème. A Little Rock en 1957, par exemple, où on connaît la ségrégation à l'école, Arendt peut dire « à la place d'une mère blanche du Sud… je dénierais au gouvernement tout droit de me dire en compagnie de qui mon enfant reçoit cette instruction ».



Deux liens vers les textes de Arendt :

-Nous autres réfugiés

https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2013-1-page-5.htm

-Réflexions sur Little Rock -pages 151 à 163

https://jugurtha.noblogs.org/files/2018/05/Responsabilite-et-jugement-Hannah-Arendt.pdf
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La Crise de la culture

Ce livre est riche, dense et contient des analyses sur des sujets variés qui s'entremêlent pour devenir une réflexion plus globale.



J'ai aimé ce livre mais j'ai eut du mal a y parvenir et ce pour 2 raisons:

- le style: abscons et pédant. L'auteure écrit délibérément de façon compliquée pour s'affirmer en intellectuelle lettrée au dessus de la plèbe. Je comprend qu'on puisse écrire une phrase d'une demi page quand on a le style de Nietzsche, mais la c'est juste pas clair et certains mots ne sont même pas dans les dictionnaires 'normaux' (type Larousse). A sa décharge, c'est une oeuvre traduite.

-L'arrogance: Hannah Arendt nous explique tranquillement qu'elle a compris les plus grands philosophes pour nous expliquer pourquoi ils avaient tort (Marx, Nietzsche, Kierkegaard, Hegel, Rousseau, Machiavel, Platon, Aristote et j'en passe). le seul qui s'en sort indemne est Kant...



Pour en revenir au fond:

- les premiers essais abordent l'évolution des concepts d'histoire, tradition et d'autorité depuis la Grèce antique jusqu'au monde post moderne occidental.

- 2 essais sont cherchent a démontrer que la perte des valeurs abordées précédemment engendre une crise de l'éducation et de la culture. Les causes principales en sont la pertes de repères de la société, l'individualisme et l'age de la consommation de masse.

- 2 autres essais sont consacrés à la notion de liberté et à la relation entre la vérité et la politique.



Les analyses sont bonnes mais centrées sur le monde (et l'histoire) occidental. le fait d'ignorer 80% de la population mondiale rend le propos du livre incomplet voir bancal selon moi.

Cela peut s'expliquer que l'auteur a écris ce livre durant la guerre froide.
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