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Critiques de Henri Troyat (888)
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Le jugement de dieu

Je découvre Henri Troyat par l'intermédiaire de ce petit recueil de 3 nouvelles, et je dois dire que je ne m'attendais pas à cela. Je voulais prendre "La neige en deuil", mais il était absent du rayonnage, et j'ai choisi ce livre car il était le plus court de ceux qui se présentaient devant moi, histoire de me faire une idée du style de l'écrivain. J'avoue, je ne m'attendais pas à si bon!

Une plume superbe, surtout pour les mises en scène et descriptions vivantes.

Parmi les auteurs contemporains, j'ai trouvé une similitude avec la façon d'écrire et de décrire de Laurent Gaudé. Peut-être Troyat est il dans ce recueil un peu moins évocateur et plus descriptif. Quoique. Les histoires réalistes virent au conte fantastique, à la manière de ce que j'aime chez Maupassant.



Quelques petites notes sur les 3 nouvelles, pour ceux que cela intéresseraient:

- Le jugement de Dieu: un homme est accusé de meurte, mais il n'y a qu'un seul témoin. Indécis, le juge le condamne au "Jugement de Dieu", qui consiste à prendre un bain d'huile bouillante. Si l'accusé est innocent, Dieu le protègera, dans sa grande miséricorde. il se fait que l'accusé est coupable. Mais il sort indemne de la bassine d'huile, à sa propre surprise bien sûr... Est-il protégé par Dieu, ou par le Diable, ou .... ?

- Le Puy St Clair: un tailleur de pierre scuplte un chef d'oeuvre à l'effigie de sa fiancée récemment décédée. Ce haut relief mortuaire deviendra sa raison d'être. Qu'adviendra t il suite à sa desctruction par un boulet de canon lors d'une bataille armée?

- Le merveilleux voyage de Jacques Mazeyrat: un charpentier quitte sa promise pour embarquer sur un trois-mâts, ne gardant d'elle que le médaillon de St Jean qu'elle lui a offert. Jacques fera réellement un merveilleux voyage, initiatique et exotique. Les 3 dernières lignes de cette nouvelle m'ont presque donné des frissons.
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La Lumière des justes

Belle et grande fresque historique de Henri Troyat, bien documentée et romancée, de lecture agréable.

On est vraiment plongé dans l'évolution de l'histoire de la Russie du 19ème siècle, en suivant la vie des deux héros, leurs relations avec les familles, amis et en traversant les pays respectifs, il y a de belles descriptions, des tensions et des sentiments bien sentis dans les multiples situations.
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Les semailles et les moissons, Tome 2 : Amélie

Une suite à la hauteur du premier tome de cette très belle saga d'Henri Troyat.

A travers le quotidien d'Amélie, qui ,malgré ses inquiétudes pour son mari dans les tranchées de 14-18 , continue courageusement à faire tourner leur commerce, on découvre le quotidien des français à cette période tourmentée.

La première guerre mondiale est racontée avec pudeur et réalisme grâce à Pierre qui ne reviendra d'ailleurs pas indemne de ce terrible bourbier.

Je suis impatiente de lire la suite, je l'avoue, et savoir qu'il reste encore trois tomes ne peut que me faire plaisir !!
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Le pain de l'étranger

Henri Troyat est un maître dans l’art de créer des personnages attachants… Ici, il s’agit de Pierre Jouanest, cinquante-trois ans, dentiste ; et veuf depuis peu. En fait, depuis son veuvage, Pierre continue d’exercer à Paris et se réfugie quotidiennement dans sa propriété de Milly-la-Forêt, se renfermant peu à peu sur lui-même, dans un isolement que même Maria, la bonne, son mari Miguel, le jardinier et leur deux enfants ne parviennent pas à distraire...



Il faudra un deuxième drame dans la vie de Pierre pour qu’il finisse par remarquer les enfants et s’y attacher immodérément sans pour autant jeter un œil sur leur père qui sombrera peu à peu dans l’alcool… jusqu’au drame final…



Un beau roman d’Henri Troyat, qui outre le fait de nous enchanter par sa prose dite « classique » n’en aborde pas moins un sujet brûlant : celui de la paternité ; génétique… par adoption ?



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La fille de l'écrivain

Avant de "m'attaquer" à des écrits plus volumineux de Henri Troyat, académicien français, j'ai voulu "tester" sa plume sur un livre plus court, pour me rendre compte si son écriture n'était pas trop érudite pour moi: un académicien français!...



Eh bien, je suis très contente de cette découverte et j'ai passé un très bon moment avec La fille de l'écrivain.

Dans un style très fluide, malgré quelques mots un peu moins courants ici ou là, l'auteur nous entraîne dans le monde de l'édition, avec l'histoire d'un vieil écrivain, veuf, qui, après avoir connu une vie pleine de succès professionnels, voit maintenant arriver la jeune génération, avide de prendre sa place sur le devant de la scène littéraire.



La concurrence avec la jeune génération aux dents longues se fait sur un ton légèrement ironique et assez réjouissante pour le lecteur dans la mesure où, même si je connais mal la biographie de cet auteur, je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a une part de lui dans ce vieil homme, académicien français, qui a écrit de gros pavés ayant beaucoup plu au public.

La description de l'ambiance aux séances de l'Académie m'a bien fait sourire...



L'autre thème abordé touche sa fille, avec la difficulté pour un enfant de s'épanouir à l'ombre d'un grand homme reconnu. Sandy approche la cinquantaine mais, à la mort de sa mère, Isabelle tant chérie et regrettée, elle a pris le relais auprès de son père, notamment pour lui épargner les basses contingences matérielles à assumer dans toute vie adulte "normale". Elle le materne, cela leur convient à tous les deux jusqu'à ce que...



Bref, sur un ton assez léger qui se lit facilement, voilà un roman qui aborde plusieurs sujets plus ou moins graves et nous fait pénétrer de façon très plaisante dans le monde des écrivains et des éditeurs. J'ai passé un très bon moment, je vais pouvoir aborder d'autres romans de cet écrivain prolifique, académicien français!!!...
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La neige en deuil

Henri Troyat est un peu un auteur français oublié. Son heure reviendra, j’en suis sur. Pour ce livre, il s’inspire d’un fait réel : le crash d’un avion sur le Mont-blanc et y greffe une histoire de guide et de frères. L’histoire vous pouvez la trouver partout sur internet. Ce dont je voulais parler dans cette critique c’est de cette bouleversante histoire d’amour entre deux frères qu’un trop grand fossé (ici on pourrait même parler de ravin) sépare désormais à jamais. En plus le style est impeccable, langue française jubile sous la plume d’un tel auteur.
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La Tête sur les épaules

"Nul traité de philosophie ne saurait justifier,commenter,les minutes que nous vivons ici,vous et moi": une remarque pleine de bon sens émise par Maxime Joubert, "galant homme" et "négociant en tissus", amant de la mère d'Etienne Martin jeune héros brillant,idéaliste,impulsif et solitaire de La tête sur les épaules (célèbre roman d'Henri Troyat écrivain et académicien connu pour ses cycles romanesques: cf Les Eygletières et ses biographies.). Voilà la leçon de vie que recevra Etienne et le lecteur d'Henri Troyat par la même occasion!

Parti sur une intrigue psychologique rondement menée, à savoir la complicité,la fusion empreinte de possessivité entre Etienne (18 ans) et sa mère (une modiste divorcée "si menue, si jolie") qui s'entache de jalousie lorsqu'il apprend la présence d'un homme dans la vie de cette dernière; ce livre tourne vite au roman philosophique lors de l'émergence d'un secret de famille concernant son père mort, la tête tranchée.

Entre être guillotiné et perdre la tête, il n'y a qu'un pas à franchir, celui du passage à l'acte.

Son professeur de philosophie ne lui remplit-il pas la tête d'idées ronflantes, celles de l'existentialisme où Sartre dit que nous sommes tels que nous nous faisons,que nous sommes responsables de notre vie; celles de Nietzsche qui conseille de ne pas ruminer le passé, d'assumer ses instincts,celles de Schopenhauer qui prône d'accepter sa souffrance.

A parler comme un livre on en finit par oublier la vraie vie.

Etienne grandira, apprendra qu'on peut être philosophe tout en n'intellectualisant pas tout, mais c'est le chemin de sa souffrance, de son conflit intérieur pour réhabiliter son père assassin en tant que père, trouver des repères, assumer sa propre violence, être soi et non l'autre, que nous relate d'une plume lucide et sans complaisance, Henri Troyat...pour... en six mots garder la tête sur les épaules!

Un parcours initiatique, celui du passage de l'adolescence à l'âge adulte: un cours magistral comme je les aime!

Et petit(grand) plus j'ai retrouvé l'odeur de la bibliothèque de ma jeunesse qui s'était glissée sans vergogne entre les pages jaunies. Un pur bonheur!
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Aliocha

La touchante histoire d'un adolescent fils d'immigrés russes dans les années 20 à Neuilly sur Seine.

Roman d'initiation, sans doute partiellement autobiographique, Troyat y évoque avec justesse la délicate situation des émigrés et des apatrides, à cheval entre deux cultures et entre deux langues.
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Un si long chemin

1920 : Léon Tarassoff, neuf ans, arrive à Paris avec ses parents qui fuient la révolution bolchevique.

1935 : Il publie son premier roman sous le pseudonyme de Henri Troyat.

1959 : Henri Troyat est élu à l'Académie française.

Aujourd'hui, cet écrivain nous raconte le long chemin qui a conduit l'enfant déraciné jusqu'au sommet de la gloire littéraire. Il nous raconte sa famille, les années difficiles de l'exil, la nostalgie d'une Russie disparue, le mariage de deux cultures.

Il nous raconte surtout sa passion pour l'écriture et pour les personnages auxquels il donne vie. Avec une touchante modestie, ce très grand auteur nous fait part de ses doutes et conclut : "Pour moi, rien n'est jamais acquis... Mon prochain livre sera d'un débutant."
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Verlaine

Enfant très, voire trop choyé, Paul Verlaine a très vite pris l'habitude de n'en faire qu'à sa tête. Bien qu'étant bon élève, très vite, l'obligation d'apprendre et travailler en classe l'assomme, et il se tourne vers la versification. Ses premiers vers maladroits et ampoulés lui apportent l'admiration de ses condisciples en classe et il aura l'audace, à l'âge de quatorze ans d'adresser quelques vers à Victor Hugo …. qui ne lui répondra pas !

Hélas, l'homme faible Verlaine cède très tôt aux sirènes des filles faciles et surtout de l'absinthe « la sorcière verte » à tel point qu'à dix-huit ans, il est déjà alcoolique et mènera de ce fait une existence lamentable et misérable magnifiée par la poésie,



Grâce à Henri Troyat, biographe de premier ordre, appuyant ses affirmations sur des sources avérées, le lecteur suit avec intérêt le parcours de Verlaine par le biais de l'évolution de sa poésie, mise en parallèle avec les différentes phases de l'existence du poète.

« De la musique avant toute chose ….. » tel sera le credo de Verlaine qui met son cœur et sa vie dans ses vers, d'une authenticité qui l'éloigne de ces « poètes orfèvres » tels Coppée ou Leconte de Lisle, et ce, en un constant « va et vient entre profane et sacré ».

Mais il n'acquiert qu'à la fin de sa vie seulement la notoriété qu'il n'a pas eue dans sa jeunesse avec ses premiers recueils.



Ce qu'il a remarquablement su faire en poésie n'est pas le reflet de l'existence déréglée et dépravée, marquée, en état d'ébriété, par des crises de violence incontrôlable exercée tant sur ses amis que sur son épouse.

« Il y a un contraste saisissant entre la grossièreté de Verlaine dans la vie courante : son goût des amours sordides, sa propension à l'ivrognerie, son langage ordurier, ses colères stupides, et l'espèce de pureté rayonnante qui descend sur lui dès qu'il prend la plume. Soudain transfiguré, il n'est plus que douceur, élégance et harmonie. » affirme Troyat.



« Ferme tes yeux à demi,

Croise tes bras sur ton sein,

Et de ton cœur endormi,

Chasse à jamais tout dessein »



Certains de ses pairs, dont Mallarmé sont éblouis par ses premiers recueils, qui hélas, restent quasi ignorés du public.



Les voyages, la prison, les déréglements de toutes sortes, il a connu tout cela à cause, entre autres, de Rimbaud, « l'homme aux semelles de vent », qui s'est amusé à semer la zizanie dans l'existence bourgeoise menée auprès de Mathilde, sa toute jeune femme, épousée depuis deux ans, et qui venait de lui apporter tempérance et stabilité.

Verlaine est subjugué par cet adolescent ordurier, mal dégrossi, insolent et provocant qui vient s'imposer chez lui, en proclamant haut et fort tout ce qu'il a déjà pensé au fond de lui même : haine de l'église, de la hiérarchie, des usages, désir de provoquer et de scandaliser.

Du coup il prend en horreur sa jeune femme, prête à accoucher, déformée par la grossesse, et tombe sous l'emprise du génial poète qu'est Rimbaud avec qui il noue une exceptionnelle entente spirituelle et dont il s'amourache follement. Alors une liaison torride et sordide naît entre « la vierge folle » et « l'époux infernal », selon la terminologie de Rimbaud, marquée par d'incessantes beuveries et de fréquentes et violentes querelles. Si Rimbaud recherche l'ivresse pour obtenir le dérèglement des sens nécessaire, selon lui, pour l'essor de la poésie, Verlaine, quant à lui, boit pour s'anéantir dans l'hébétement.

Tout cela ne pouvait que très mal se terminer, d'autant plus que Rimbaud se fatiguera rapidement « des étreintes que Verlaine réclame comme un assoiffé » et la passion va s'achever, au bout de deux ans, dans la violence et un tir qui blessera Rimbaud.



A la mort de ce dernier, Verlaine va confier à un ami : « il y avait dans ce garçon une séduction démoniaque. Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et qui ne veut pas s'éteindre ».



Verlaine aura donc connu une existence de quasi constante misère, de sa jeunesse dépravée et alcoolique à sa vieillesse souffreteuse et misérable, vivant chichement dans des bouges plus ou moins sordides, ballotté entre deux maîtresses vénales, incapable qu'il est de vivre seul, entrecoupant de longs séjours à l'hôpital, sa cohabitation avec l'une ou l'autre des deux femmes.



Troyat plonge le lecteur effaré dans l'abîme de la vie sordide menée par Verlaine, et on reste pantois devant le gouffre quasi infranchissable qui existe entre les désordres de sa vie privée et l'élégance, la fausse simplicité et l'inexprimable beauté de sa poésie.



Cet homme, tout à la fois épouvantable et lamentable, faible, parfois naïf et émouvant laisse le lecteur amer et dans la stupéfaction. Comment ? C'est cet homme là qui sait enchanter avec :

« C'est l'extase langoureuse

C'est la fatigue amoureuse,

C'est tous les frissons des bois,

Parmi l'étreinte des brises,

C'est, vers les ramures grises,

Le choeur des petites voix ».

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La neige en deuil

Isaïe Vaudagne est berger. Par le passé, il était un guide de haute montagne renommé, mais trois accidents l'ont fait descendre pour de bon des hauteurs. « Entre lui et le pays d'en haut existait une alliance d'amour et de sécurité. Mais, un jour, le pays d'en haut lui avait retiré sa confiance. » (p. 24) Heureux entre ses bêtes et auprès de son jeune frère, Marcellin, il n'envisage l'existence que comme une douce succession de gestes répétitifs et réconfortants. Aussi, quand Marcellin fait part de son souhait de s'installer en ville, Isaïe sent son monde vaciller. C'est en se rendant avec son frère sur le lieu d'un crash d'avion, quelque part dans les cimes enneigées, que l'homme espère retrouver la sérénité de son existence.



Henri Troyat dresse un duel fratricide et une tragédie terrible dans les montagnes, au moment où l'hiver commence à réclamer son dû aux hommes et à la nature. Les projets du cadet se fracassent sur l'immobilisme de l'aîné, mais le combat le plus retentissant est celui de l'homme qui ose, après en avoir été rejeté, retenter de parcourir les flancs de la montagne. Reste à savoir si celle-ci pardonne à ceux qu'elle a fait tomber.



L'auteur m'émerveille à chaque texte que je découvre. Très jeune adolescente, j'ai été chavirée par Le geste d'Ève, recueil de nouvelles qui flirtent parfois avec le fantastique, et j'ai frissonné d'effroi en lisant L'araigne, titre honoré du prix Goncourt en 1938. Sous la plume d'Henri Troyat, l'humanité est rarement digne d'être sauvée, mais l'auteur l'écrit sans jugement, plutôt avec un fatalisme tendre. Ainsi va le monde, semble-t-il dire, et bien fou serait qui celui ou celle qui voudrait en changer le cours...
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Les turbulences d'une grande famille

Cette famille Lebaudy, quelle folie ! Ayant fait fortune dans le raffinage du sucre, la famille multimillionnaire mais farfelue en fascine plus d'un. Entre Amicie qui redistribue sa richesse pour redorer le blason de la famille qui a profité de la faillite de tant de gens, le fils Jacques qui souhaite conquérir le Sahara, l'autre fils Robert qui conquiert le ciel, etc... Les repas de famille doivent être bien atypiques !



J'ai eu un peu de mal avec la première partie du livre qui portait essentiellement sur Amicie. La description de sa vie était redondante et moins passionnante, peut-être parce qu'elle était rongée par la haine contre l'argent...

Par contre, la deuxième partie du livre, se concentrant sur la conquête des terres et ciels des frères Lebaudy, était captivante. J'ai aussi apprécié le subtil apaisement d'Amicie lors des derniers instants de sa vie.



Comme le disait Franklin D. Roosevelt, « Le bonheur n'est pas la simple possession de l'argent, il réside dans la joie de l'accomplissement, dans le frisson de l'effort créateur. », ce que les frères Lebaudy avaient bien compris... Mais attention, trop d'argent tue l'argent et on en devient vite fou...
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Marina Tsvetaeva : L'éternelle insurgée

Oui Marina à son retour en URSS en 1939 après 17 ans d'exil, prend conscience que le monde de son enfance est mort, que plus rien ne sera comme avant et se retrouve dans le même état d'esprit qui a nourri Stefan Zweig exilé au Brésil... Elle est détestée par Staline. Elle a connu des malheurs dans sa vie. Elle a tiré les marrons du feu tant qu'elle a pu, connaissant de nombreuses liaisons. Elle ne s'est pas retrouvée dans ce monde des russes blancs et autres candidats à l'exil , perdue dans cette diaspora misérable, honnie, animée comme une zombie. plongeant dans une liberté au goût amer où l'on voit des princes livrer des paquets de journaux à bicyclette se faire traiter de sous-hommes.



Elle a tout raconté si bien dans ses livres qui sont des témoignages poignants d'une vie hachée par la férocité de l'histoire, malheureusement pas seule à être confrontée à cette Russie douloureuse, née comme tant d'autres, des écrivains, des artistes, des poètes sans doute à la mauvaise période qui ne fut que désenchantement.



Alors à lire naturellement, l'oeuvre de Marina Tsvetaïeva, servie par une plume poétique, épique, elle qui n'avait pas attendue les Blok, Biély pour donner une tonalité phare à la fois merveilleuse et réaliste à une Russie mal barrée, étrangement fataliste, heureuse malgré tout qu'il y ait des talents de ce genre pour la raconter quand les biographes et autres historiens de la littérature ne prenaient même pas soin de relever son nom parce qu'elle était une femme. Son dévergondage faisait même ricaner les plus audacieux.



Marina qui croyait être enfin reconnue comme artiste a été bannie parce qu'en Russie soviétique on n'aimait pas ceux qui avaient pris le chemin de l'exil, tous l'apprirent à leurs dépens. Moscou, La rue Arbat (*) ne lui a jamais souri à nouveau. Pour ce qui est de la suite, on connaît la fin terrible ! @PatriceG



Marina, on t'aime !



(*) La rue Arbat, Il y a bien sûr un certain nombre d'endroits au monde qui sentent bon un passé à jamais révolu mais ici il fut si dense qu'il respire encore cela, quand on pense que la rue Arbat fut foulée par tolstoï qui habitait à deux, trois verstes de là, par Bounine, par Pouchkine, et j'en oublie qu'on m'en excuse, on est là dans la démesure d'un temps où l'on respirait l'air qu'on voulait respirer dans une foule anonyme dont les artistes ne tardaient pas à en percer les secrets, Marina sera ma ponctuation !..
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La femme de David

Présentée comme une autobiographie de Marguerite-Charlotte Pecoul, épouse de Jacques-Louis David, ce livre est finalement plus une biographie du peintre que de son épouse….

Elle épouse en 1782, après quelques semaines de présentation, le peintre déjà connu. Elle reste une femme douce, soumise comme la majorité des femmes de cette époque...

Mais qu'elle est ennuyeuse cette femme, tournée vers elle, ne comprenant pas les passions de son mari !



Elle finira par divorcer, compte tenu de leurs différences d'opinions (elle est royaliste).



Puis, ils se remariront... et finalement, reviendra en France, laissant son époux dans son exil.



J'ai trouvé le style de l'auteur très très fade, ce qui colle au caractère de cette épouse, écrasée par le génie de son mari...



Et je n'ai pas appris grand chose notamment pourquoi ce re-mariage ?



Une grosse déception...
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Viou

Livre lu dans le cadre d’une lecture pour le Club de lecture sur le thème Henri Troyat



A l’annonce du thème pour la prochaine rencontre du club de lecture, ce livre m’est tout de suite revenu en mémoire. Je l’ai lu il y a des années (et je crois avoir lu les 2 livres qui prolongent celui-ci : A demain Sylvie et Le 3ème Bonheur) et j’en avais gardé un joli souvenir, un peu imprécis, et une envie de le reprendre à cette occasion s’est imposée comme une petite madeleine de l’enfance.



Viou est une charmante petite fille, un peu espiègle, pas très bonne élève, qui observe le monde autour d’elle et tente de comprendre ce qui l’entoure. Son père médecin a été tué en Haute-Savoie alors qu’il soignait des résistants, c’est le héros de la famille et le fils unique adoré dont le fantôme plane encore dans la maison. Famille bourgeoise, avec la très catholique, Clarisse et le facétieux Hyppolyte, grand-père propriétaire d’un commerce de charbon et matériaux de construction.



L’auteur décrit parfaitement l’ambiance au sein de la famille : les grands parents toujours en désaccord, elle vouvoyant Viou, lui tutoyant, elle n’ayant que l’église, le curé et la bienséance, lui plus chaleureux, frondeur, provocateur parfois.



Il y a des moments joyeux, des moments de tristesse, l’écriture est alerte l’auteur s’étant glissé dans le personnage de Viou avec ses interrogations d’enfant. J’ai beaucoup pensé en le lisant à des récits tels que Les Malheurs de Sophie, Vipère au poing où l’enfant tient le premier rôle et partage avec le lecteur ses aventures. C’est à travers lui que nous découvrons le quotidien d’une famille de province de l’après-guerre, la tristesse et la solitude d’une petite fille qui ne demande qu’à comprendre.



Certaines situations sont savoureuses comme peuvent l’être les souvenirs d’enfants mais c’est un récit qui semble un peu daté dans le style. J’ai aimé lire mais en ne retrouvant pas les sensations de l’époque où je l’avais lu la première fois.



Le temps a passé, d’autres lectures sur ce thème m’ont fait découvrir d’autres styles et celui-ci rentre désormais dans les lectures plaisantes mais un peu « datées ».



Chaque livre est une rencontre par rapport à nos vies, note âge, notre passé mais aussi par rapport aux autres lectures. Je pense que comme pour Viou, c’est un livre d’apprentissage pour une lecture facile : belle écriture, sentiments et émotions sont présents, les personnages et décors sont bien rendus, peut être un peu stéréotypés pour moi maintenant avec le recul et tous les livres que j’ai lus depuis.



Il pourrait tout à fait convenir à de jeunes lecteurs, pourquoi pas, Henri Troyat était académicien, une référence, un spécialiste des romans russes (il était né en Russie et l’avait quitté pour la France en 1917 ) et des sagas…. Je me souviens avoir lu La lumière des Justes (en entier plus de 1100 pages) et avoir eu le même sentiment d’écriture parfaite, romanesque et fluide.



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L'étrange destin de Lermontov

Lermontov fut un admirateur et un ardent défenseur de Pouchkine qu’il prit pour modèle toute sa vie, et, il est étrange de constater que beaucoup d’éléments les rapprochent, il semble cheminer côte à côte.

A la mort de Pouchkine, Lermontov écrit un poème qui lui vaudra la disgrâce et l’exil dans le Caucase dont il chantera les beautés. Il est alors surnommé le « poète du Caucase ». René Cagnat nous dit : « si Gogol s’est écrié en 1837 : « La Russie sans Pouchkine… Comme c’est étrange » on pourrait dire la même phrase pour Lermontov et le Caucase. »

Etrange destin ! Très tôt il perd sa mère, et, séparé de son père par une grand- mère autoritaire et hyper protectrice, il est choyé et reçoit une excellente éducation.

Il devient officier de la garde de Saint-Pétersbourg. Mais, il est proscrit de la haute société aristocratique pour ses écrits acerbes, ces idées libérales, son attitude hautaine et provocatrice. Il est envoyé dans les montagnes du Caucase infestées de rebelles, pour servir dans un régiment de dragons. Tremblante de peur, sa grand-mère avec un amour sans faille, défendra et plaidera sa cause durant toute sa vie pour solliciter le pardon auprès de l’Empereur ; elle l’obtiendra, uniquement pour rapatrier sa dépouille.

Toute l’œuvre de Lermontov se nourrit de sa vie, tel le récit« Un héros de notre temps ».

Sous la plume sobre et efficace de Troyat cette autobiographie où le réel et l’imaginaire se mélangent intimement, nous emporte dans la société aristocratique russe aux convenances rigides et futiles. Lermontov faisait figure de provocateur et railleur et pourtant ils étaient nombreux à tomber sous « son charme poétique ».

Henri Troyat ressuscita de nombreux empereurs et poètes russes et cette biographie m’a ravie, je l’ai lu avec bonheur et intérêt, découvrant le Caucasse et ce poète dont la vie fut trop courte.

La fin du récit est beau, magnifique, pathétique … Un poète est mort, « Il savait que la marque de son destin n’était pas le triomphe du mal sur le bien, mais le dédoublement perpétuel, l’oscillation vertigineuse entre ces deux patries spirituelles. »

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Terribles tsarines

Voila un ouvrage ecrit par un grand nom;un ouvrage qui nous raconte l'extraordinaire arrivee au pouvoir des "terribles tsarines" sur le trone de la Russie.Ces femmes qui sont arrivees sur le trone suite a un heureux hasard s'en sont sorties haut la main.Ce que je trouve dommage,c'est que l'auteur insiste beaucoup sur le devergondage des tsarines,sur le nombre des amants et des soupirants.Elles passent pour de veritables obsedees et nymphomanes...pourtant ces hommes de l'ombre ou de lit,les ont aidees et la Russie a pu prosperer et continuer a se developper.Cet ouvrage met en evidence tous les proches,familiers,diplomates,nobles faisant partie de la cour imperiale;peu de place est laissee au peuple,aux braves paysans,et aux lois qui ont ete promulgees pour le pays.

J'ai aime ce livre qui donne envie de lire d'autres biographies concernant ces femmes exceptionnelles
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Toute ma vie sera mensonge

Un livre assez court ( 184 pages ) qui se lit d'une traite.

Sous le Paris de l'Occupation, Vincent, 17 ans, a pour univers le restaurant de ses parents qui grâce au marché noir est un peu trop fréquenté par les allemands, et surtout sa grande sœur Valérie .

Cette sœur qui représente tout pour lui va cependant tomber amoureuse et là Vincent perd ses repères...

Les descriptions de Paris sous l'occupation nazie et surtout lors de la période de la libération sont très imagées et vivantes et Troyat signe là un roman vraiment agréable à lire.
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La femme de David

A travers le récit de Charlotte , épouse très effacée de David, on découvre surtout le portrait d'un peintre talentueux , doté d'une personnalité fantasque et excessive.

Cet artiste, engagé ( peut être pas toujours avec le discernement nécessaire ) va se positionner tout au long des évènements historiques qui jalonneront sa vie comme la Révolution, l'Empire.....

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Le fils du satrape

J’ai beaucoup aimé cette autobiographie d’Henri Troyat, d’autant plus qu’ils ‘agit d’un auteur que je connais mal. L’occasion de combler un trou dans sa culture est toujours intéressante, vous ne trouvez pas ?



Première surprise : apprendre qu’Henri Troyat n’est en fait qu’un pseudonyme pour un jeune homme né en Russie. Si je ne l’avais pas lu de la main de Troyat / Tarassov lui-même, je n’y aurais pas cru, tant Henri Troyat semble lié à la culture et à la langue française.

Les détails des difficultés de la famille m’ont également secouée. Le dénuement et la misère de cette famille qui, chez eux, vivaient dans l’opulence, montre à quel point la vie d’immigré était dure à cette époque. Des gens qui, en Russie, faisaient partie de ceux que l’on respecte, se trouvaient réduits, une fois en France, à mendier un emploi à gauche ou à droite afin de permettre à leur famille de manger.



Le jeune Léon a, heureusement, trouvé un moyen de s’évader, pour quelques heures par semaine, de cette ambiance morose : l’écriture. Le jeune garçon a déjà une jolie plume, il est doué pour les études et, avec l’un de ses anciens camarades, il se lance dans l’écriture d’un roman, intitulé « Le Fils du satrape ». Le scénario en est alambiqué, parfois trop pour Léon qui montre déjà un réel talent pour deviner ce qui plaira ou non aux lecteurs.



Il est en quelque sorte très ironique de constater que c’est ce roman d’enfance, resté pour toujours inachevé, qui va mener Léon vers la carrière d’écrivain. Qui aurait cru que ce récit commencé à quatre mains, mais abandonné après quelque temps, par manque d’enthousiasme de la part de Nikita (l’ami de Léon), donnerait naissance à l’un des plus célèbres écrivains français ?



Un beau moment d’émotion passé en compagnie d’un grand monsieur !
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Henri Troyat

Né Lev Aslanovitch Tarassov en ...

1891
1901
1911
1921

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