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Critiques de Henri Troyat (888)
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La lumière des justes, Tome 5 : Sophie ou la ..

J'ai lu - que dis-je, dévoré ! - les 5 romans d'Henri Troyat en quelques jours, il y a plus de vingt-cinq ans de cela et je garde un souvenir impérissable des tribulations de Nicolas et Sophie Ozareff.

Ma fille de 16 ans vient de le lire à son tour et a été aussi conquise que je l'ai été !

Une saga inoubliable qui mêle intelligemment histoire, politique et romanesque et vous emporte dans la Russie des tsars, patrie chère à Troyat qui déploie sa plume avec talent : on voudrait bien que ça ne se termine pas... !!!

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La fille de l'écrivain

La fille de l’écrivain, ou le triangle amoureux revisité. Dans la famille Boisier, nous avons donc la fille chérie, Sandy, 48 ans, divorcée sans enfants, qui materne son père depuis la mort de sa mère. Nous avons aussi l’écrivain, Armand, 85 ans, académicien dont la carrière et le prestige font inévitablement penser à H. Troyat lui-même. Enfin nous avons l’intrus qui fera exploser ce « couple », Jean-Victor Désormieux (JVD), 42 ans, célibataire, qui vient de débarquer avec fracas sur la scène littéraire avec son premier roman.

C’est plutôt le silence qui accompagne la publication du 59ème ouvrage d’Armand Boisier, malgré le talent et la renommée du « Maître ». Pendant ce temps-là, le roman de JVD fait le « buzz », et JVD devient la coqueluche des médias, et donc, du public. Sandy ne fait pas exception et tombe dans les bras de ce nouveau talent, qui s’était fort opportunément déclaré fervent admirateur « depuis toujours » d’Armand Boisier. Le tout-Paris s’arrache désormais le nouveau couple vedette. Pour Armand, initialement sous le charme lui aussi, la rançon de la gloire de sa fille se traduit cependant par l’indisponibilité de celle-ci à lui rendre visite, à l’adorer, le dorloter « comme avant ». Armand se sent trahi par tant d’ingratitude, la rupture n’est pas loin.



J’ai été déçue par ce roman. Je gardais un autre souvenir (certes lointain) de l’œuvre de Troyat, quelque chose de plus ample, avec plus de souffle. J’ignore quelle est la part d’autobiographie dans ce livre, mais on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre l’auteur et le narrateur, écrivain renommé mais sur le déclin, un peu démodé, vieille école.

J’ai eu du mal à croire à cette histoire, tant les comportements des uns et des autres sont naïfs, mesquins ou cyniques. La description de tout ce petit monde qui s’agite vainement dans un milieu médiatico-pseudo-littéraire peu reluisant est par contre bien plus crédible, bien que vaguement écœurante.

Le style et le langage, limpides et fluides (le roman se lit en quelques heures), sont ultra-classiques, le moindre anglicisme est repris en italique, et la surabondance de points d’exclamation ne rend pas service au récit. J’ai trouvé la fin bâclée et peu inspirée.

Bref, du Troyat en mode mineur…

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L'Araigne

Je ne sais pas si c'est parce qu'Henri Troyat est académicien mais sa maîtrise de la langue française m'impressionne. J'aime beaucoup la façon dont il construit ses romans comme "L'araigne" qui lui a permis de recevoir, à juste titre, le prix Goncourt 1938.

Je me demandais ce que voulait dire ce titre et j'imaginais qu'il s'agissait d'une sorte d'araignée pour la métaphore de la toile tissée permettant d'attraper ceux qui se font prendre. Je n'étais pas loin, j'ai lu qu'un ou une "araigne" est un terme ancien désignant un "filet fin et résistant, généralement teint en vert ou couleur de bois, utilisé dans la capture de petits oiseaux" et par extension un manipulateur, un pervers narcissique.

A l'époque les personnes toxiques existaient déjà même si le terme n'était pas utilisé.



Dans ce roman, Gérard est un homme entouré de femmes. "L'araigne" vit avec sa mère et ses trois sœurs qui souvent à son chevet car il a la santé fragile. Si son corps est souffreteux sa tête n'est pas en reste car il est obsédé par sa solitude.

Il est convaincu de sa supériorité intellectuelle (il tente d’écrire un essai sur le mal !) et se répète qu'il ne peut exister sans elles, qu'il a besoin d'elles. Son seul désir, celui qui le hante, est la possession des âmes auquel il ne peut se soustraire.

Alors quand ses sœurs veulent vivre leurs vies, se marier, Gérard refuse de partager leur joie et agit en douce pour qu'elles culpabilisent de l'abandonner.

Il est machiavélique comme toute personne haineuse qui cherche à contrôler leur entourage. Il manipule sa mère pour mieux atteindre ses sœurs et les faits se succèdent l'air de rien pour les surveiller, tout cela dans l'atmosphère sclérosée d'un appartement bourgeois parisien.



Henri Troyat sait mettre la tension qu'il faut dans cette histoire intemporelle qui a bien vieillit.





Challenge Entre-deux 2024

Challenge Multi-défis 2024

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La Fiancée de l'Ogre

Henri Troyat se met dans la peau de la grande-duchette Anna Pavlona pour évoquer la vie de princesse dans une Russie en pleine guerre ave Napoléon.



Elle n'aime pas cette vie de princesse où elle est l'objet d'alliance. Ainsi, elle fut un enjeu pour le maintien d'une paix entre la France et la Russie mais le Russie fait le choix de refuser, ne pouvant offrir sa princesse à l'Ogre, un parvenu, sans aucun sang royal.

Mais cette princesse est attiré par ce grand homme, qui a su étendre l'Europe. Elle devra faire le deuil de ce mariage; annulation décidée politiquement.



Elle arrivera tout de même à ne pas être unie au futur Charles X, et sera alors donnée à Guillaume d'Orange.

La Russie fait donc le pari de renforcer la Sainte Alliance contre la France.



Troyat nous dépeint un beau portait de cette jeune femme, qui n'était pas inculte ni supercielle. Et si ce mariage avait eu lieu ?



La face du monde aurait-il changé ? Se serait-elle interposée lorsque Napoléon aurait de nouveau chargé la Russie ? Leur enfant aurait-il posé les bases d'une alliance et d'une paix plus durable, calmer les velléités, les grandeurs de Napoléon?



Avec des si, l'Histoire serait peut-être différente et chaque fait historique a une incidence sur la suite de l'Histoire.



Dans les temps troubles où nous nous trouvons, j'aimerai pensé que ce mariage aurait changé un peu l'Histoire, le découpage de l'Europe, l'invasion URSS et maintenant des folles grandeurs d'un dictateur qui se prend pour Napoléon...



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Aliocha

Aliocha

Henri Troyat



Lire ce roman vingt-ans plus tard, environ, et je me rends compte : les romans sont dans mon quotidien. Ils sont de la matière qui aide à ce que je pense correctement ou non. Ils sont polymorphes au niveau des styles et des genres. Ils sont irremplaçables pour mon emploi du temps. Ils représentent mon moment de méditation nécessaire. Ils sont ma promenade au bord d'un lac de jouvence.

Joies et peines sont convoquées à chaque fois.

Sans leur compagnie je m'ennuie ?

Je me dis :

Thierry et Aliocha ressentent-ils la même chose vis-à-vis de la littérature et des romans qu’ils lisent ?

Au début du siècle précédant le nôtre la littérature est leur passe-temps favori. Ils en parlent ensemble passionnément, ils évoquent, Victor Hugo, Flaubert, Anatole France, Léon Tolstoï, Dostoievskï …



Après le grand basculement de 1917, Lénine dresse son point victorieux … Les Russes blancs fuient l'arrivant bolchevick. Aliocha vit son déracinement, il préfère la France qui l'accueille. Ses parents dépossédés gardent la nostalgie de l'impériale Russie.



Les thèmes travaillés par Henri Troyat sont :

Le difficile exil en famille, la naissance de cette précieuse amitié, enfantine attendrissante, le partage entre Aliocha et Thierry de leur passion pour la littérature russe et française, le déracinement d'Aliocha, petit garçon il a entre dix et quatorze ans, il est obligé de fuir avec sa famille pour vivre à Paris. Aliocha est tiraillé entre l'amour qu'il éprouve pour la France accueillante et la tendresse qui demeure en lui pour ses parents, qui sont eux Russes avant tout. Aliocha veut devient français.

Ses parents restent russes, Aliocha conservera un fort attachement pour son pays d'origine.



J'aime Henri Troyat parce qu'il écrit le sentiment humain sans l'exagération. Sa justesse est remarquable. Je visualise les scènes autant à l'intérieur dans les appartements d'Aliocha et de Thierry, dans leur école, et à l'extérieur quand ils partent ensemble en vacance à la montagne. Le récit tient debout.

A lire ?

A vous de comprendre et de partager les états d'âmes d'Aliocha. Au sortir de cette lecture vous ressentirez, peut-être comme moi, un peu de spleen et l'envie de lire d'autres récits d'Henri Troyat.

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La neige en deuil

Cela doit bien faire 40 ans que je me dis qu'il faut lire ce livre... Je ne connais pas les textes de Troyat, mais c'est le moment de les découvrir. Depuis que j'ai vu le film tiré de ce roman, tourné en 1956 (mon année de naissance...), j'ai toujours été passionné par ces histoires de montagne. J'en ai donc commencé la lecture il y a trois jours, et je suis enchanté. Style hautement original, descriptions très riches et précises des lieux et des personnages, ambiance tendue dès les premières pages. Cette histoire, d'apparence simple, recèle bien plus sur la réalité des hommes et des femmes de cette époque, avec, parfois, des zones sombres et peu avouables. Je continue ma lecture avec plaisir... –– Je viens de terminer ma lecture. J'ai trouvé cette histoire touchante à plus d'un titre. La rédemption d'Isaïe est frappante, lui le benêt, le pleutre, incapable de tenir tête à son frère, prêt à toutes les compromissions pour lui plaire, le voilà, au travers de cette épreuve montagnarde, de retour en lui-même, avec sa force, son endurance, sa façon – enfin – de voir son frère sous son vrai jour, sans plus aucune mansuétude... Il ira même jusqu'à l'ignorer complètement lorsqu'il chutera définitivement dans une crevasse, en éprouvant presque un soulagement... Le vrai drame de cette histoire n'est pas le crash de l'avion, il se déroule en fait dans la tête d'Isaïe... Dommage que ce roman (cette nouvelle, plutôt...) soit si court.
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La lumière des justes, Tome 1 : Les compagnon..

J'ai d'abord trouvé ce livre intéressant du point de vue historique : ce fut l'occasion de me plonger dans cette période, d'aller chercher des informations supplémentaires sur le net. le vocabulaire est riche, souvent je suis allée chercher dans le dictionnaire mais c'est enrichissant.



Evidemment, on se prend à cette histoire d'amour, surtout si l'on aime ce genre de récit, saga familiale ! On pourrait regretter le peu de rebondissement, et pourtant, on ne s'ennuie pas. J'ai juste trouvé un peu long le mensonge à Sophie, une centaine de page avant qu'elle ne découvre la vérité, et cela crée un malaise désagréable à la longue.



Le rapport entre ce roman et le titre de la saga… on se demande… ??? Je sais c'est un détail, mais c'est le genre de chose qui me perturbent…



Je l'avais aimé, sans plus, il y a une dizaine d'années. Je l'ai beaucoup plus apprécié à la relecture. Je crois savoir que c'est à cause de tout l'aspect militaire et politique assez présent. Pour autant, à la relecture, c'est très facilement lisible et passionnant. Peut-être suis-je plus mature ? Je pense aussi que je lis beaucoup plus vite, tout cela me paraît donc, fatalement, moins long…



Conclusion : un premier tome de saga intéressant et prenant. Pas une révolution mais une saga familiale quoi !



~ Pioché dans ma Pal par Basileusa

~ Challenge multidéfis 19 : pioché par un challenger

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Catherine la Grande

Henry TROYAT excelle dans l'art de décrire et de narrer des faits historiques et ce roman en est la preuve. D'une écriture romanesque il nous raconte Catherine II et nous transporte dans un empire d'intrigues et de beautés.

J'ai eu un grand plaisir à suivre Sophie dans son voyage pour Moscou puis dans sa russification et son mariage et j'ai été subjuguée par sa vie de tsarine. La persévérance et la volonté obsessionnelle de cette femme ont rendu a la Russie sa gloire et sa force car de main de fer l'empire a vu ses assaillants vaincus et de nouvelles villes construites. le monde entier suit les réformes de cette impératrice que rien n'arrête même une épidémie de variole (il faut lire ce livre pour comprendre mes mots).

La « petite mère » comme le peuple aime a l'appeler a tout fait pour rendre son pays plus vaste et plus prospère.

Fervente admiratrice de Jean Jacques Rousseau et amie de Voltaire et Diderot, elle institut l'école obligatoire et consacre sa vie au rayonnement de la culture et la littérature.

Femme passionnée, ambitieuse, généreuse de coeur et aussi tranchante qu'une lame dans les moments « délicats », l'esprit vif, elle a marqué l'Histoire du monde et a bien mérité le nom de « Catherine la Grande » et certains de plaisent même à l'appeler Catherine le Grand. Les vers composés par l'ambassadeur de France en Russie, le Comte Louis-Philippe de Ségur décrivent la Tsarine ainsi :

« Dun peuple très heureux Catherine est l'amour ;

Malheur à l'ennemi qui contre elle se frotte ;

La renommée aura pour elle son tambour ;

L'histoire avec plaisir sera son garde-notes. »



Dans Catherine la Grande, le lecteur découvre une femme aux appétits féroces : de Russie par les conquêtes de nouvelles terres et des hommes par le nombre de « favoris ».

Le voyage en Crimée est un grand moment de lecture qui ravira, à coup sur, tous les babeliotes. Les descriptions sont magnifiques !

Il est question également d'un homme de l'ombre qui a accompagné la souveraine et qui restera « une âme slave » : Potemkine.



Un grand coup de coeur !!!



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La Pierre, la feuille et les ciseaux

La pierre, la feuille et les ciseaux... Jeu de main très connu qui sert de titre à ce roman pas du tout vilain de Troyat. A défaut d'être fascinante, la lecture est franchement agréable, presque ludique : on se plait à décrypter les interactions entre les principaux personnages qui forment une sorte de triangle amoureux et même passionnel. Qui joue le rôle de la feuille ? Qui est la pierre ? Etc.

Le visage "taillé" et le physique sec d'Aurelio, ainsi que son tempérament cassant et ironique, l'associent à la pierre. Et puis, il y a cet arrivisme, ce sens du concret qui le caractérisent également.

A partir de là, le jeu d'esprit peut commencer.

André, l'artiste homosexuel d'âge mûr, spécialiste des gravures et de la lithographie, est d'un caractère doux et conciliant (personnage presque trop archétypal, d'ailleurs), lisse comme une feuille de papier. Par bonté, par amour aussi, il prend soin d'Aurelio : telle une feuille recouvrant la pierre, il veut le protéger. Il l'influence grandement en l'ouvrant notamment à la culture. Aurelio, malgré son caractère dur et indépendant, ne peut le quitter et se donnera à lui.

Sabine est une amie d'André, leur relation est platonique. C'est une femme libre et incisive. Sans égard pour André qu'elle fait souffrir, elle couche avec Aurelio et lui impose même leur enfant : les ciseaux déchirent la feuille...

Mais les ciseaux sont à leur tour ébréchés par la pierre. Aurelio n'est franchement pas un rigolo, genre de type assez antipathique et calculateur qui sait user de son physique sans trop d'état d'âme. Hop, le bellâtre a séduit la jeune femme. Celle-ci lui sacrifie une partie de son indépendance, les disputes sont fréquentes entre les deux amants, et seule Sabine semble marquée dans son âme car Aurelio se montre dur et blessant avec elle (bing, comme un caillou reçu). Marquée dans sa chair aussi : l'enfant qui naît de leur passion est une marque faite au corps de Sabine ; la présence de l'enfant sera une empreinte pour la vie, indélébile. Ah l'amûûr...







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La fosse commune

« La fosse commune », un recueil de neuf nouvelles publié en 1939 , alors que Henri Troyat n’avait publié que cinq romans dont « L’araigne qui lui valut le Goncourt en 1938…



Neuf nouvelles :

· « Les cobayes » : Un Docteur teste sur des cobayes des « remèdes » sensés modifier la personnalité de ses patients…

· « La dame noire » : Elle ne craint pas la mort… et va jusqu’à la souhaiter. Sa seule crainte, franchir le pas …seule.

· « Le tandem » : On peut revenir de l’autre monde…

· « Erratum » : Un statisticien, Laquelle, prévoit le décès des personnes de son entourage.

· « L’assassin » : Des remords le poussent à tuer… un cadavre !

· « L’étrange histoire de MR Breadborough » : Une étrange interview de l’ex Directeur du « Cercle des Chasseurs de Fantômes ».

· « Le vertige » : Mlle Pascal, une fonctionnaire zélée se monte la tête au sujet d’une exposition de tableaux…

· « Le rasuret » : Un lutin vient perturber le bivouac d’une compagnie de militaires à cheval.

· « Le ressac » : Jean Dupont calque sa personnalité sur celle que lui prête son entourage.



« La fosse commune », ou quand Troyat explore le surnaturel : un recueil où le bon côtoie le moins bon… ma préférée : « Le vertige »… Et puis il y a ce style classique incomparable…

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Etrangers sur la terre, tome 1

Tant que la terre durera est un monument colossal qui plonge le lecteur dans une atmosphère de fin du monde, celle de l'effondrement d'un Empire gigantesque.

Dans la grande Russie, de sanglants événements se trament ; à Moscou, le peuple gronde et prépare la révolution.

Et avec l'attentat de Sarajevo, un autre conflit imminent menace l'Europe tout entière... Pris dans la tourmente de l'Histoire, chacun tente de conjurer le sort.

Au fil des pages, trois familles enjambent le cours de la révolution de 1888 aux années 1930, celle des Danoff du Caucase, celle de Volodia d'Ekaterinodar et celle de Tania et ses frères, Nicolas et Akim. Les étapes de la vie se succèdent, alors que naissent l'amour, les vocations et les convictions des protagonistes, au tournant de l'histoire russe.

J'ai adoré cette saga qui est à mon avis une réussite romanesque et historique magistrale.

Suite romanesque : Tant que la terre durera en 7 tomes

Tant que la terre durera : 3 tomes (1947)

Le Sac et la Cendre : 2 tomes (1948)

Étrangers sur la terre : 2 tomes (1950)
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Le geste d'Eve

Avec Le geste d’Eve et autres nouvelles, Henri Troyat a décidé de surprendre le lecteur en rompant radicalement avec sa signature littéraire. Pas de grande fresque qui se déroule lentement dans la froideur de l’hiver russe, mais des histoires courtes et truculentes dominées par le loufoque, le rocambolesque, l’étrange, et témoignant d’une imagination foisonnante de l’auteur.



Ainsi on découvre que le diable aime se faire limer les ongles, qu’un carnet de cuir abandonné peut servir d’appât, qu’une poinçonneuse a le pouvoir de charmer un pdg via son composteur de tickets de métro ou encore qu’un obsédé du faux-marbre se fige sous les poils de son pinceau…autant de nouvelles qui proposent une galerie de personnages extravagants.

Extravagants parce qu’ils sont aveuglés par la lumière de leur idée fixe. Elle éveille en eux et malgré eux toutes les lâchetés, toutes les bassesses et autres compromissions, quelles que soient les conséquences.

Pour autant, on ne parvient pas à les détester tant les conséquences s'avèrent diaboliques et renversantes. Sans compter la plume de l’auteur qui les met à nu sous un angle humoristique et tendre souvent, cruel et cynique parfois. On se surprend à ressentir de l’empathie pour certains de ces personnages.



Au-delà de l’absurde, on devine une parabole du mythe d’Adam et Eve dans laquelle les personnages cèdent à leur tentation, avec un serpent prenant l’apparence d’un composteur de tickets de métro et le fruit défendu d’un carnet de cuir ou d’un tableau. Bien sûr, ayant goûté au fruit défendu, les héros ne connaîtront plus le Paradis.

Lire ces nouvelles est réellement rafraîchissant : on découvre un univers insaisissable mêlant harmonieusement réalité et surnaturel, grâce auquel H. Troyat fait souffler tour à tour cynisme et éthique. Portée par une écriture à la fois limpide et foisonnante, cette œuvre rappelle l’art du romanesque de l’auteur où chaque détail participe à la construction de l’intrigue.

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Les semailles et les moissons, tome 1

Je suis une inconditionnelle de Troyat, dont j'ai lu tous les ouvrages, mais cette saga a ma préférence. Je me suis vraiment plongée au milieu du "peuple de la terre", avec ses personnages si attachants.
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Anne Prédaille

Anne est une battante qui mène sa vie à sa convenance, très exactement. Son métier la passionne et elle vient en outre de bénéficier d'une gratifiante promotion. Elle a choisi son divorce, elle s'est dévouée corps et âme à sa mère bien-aimée, à qui elle a su prodiguer tous les soins dont, gravement malade, elle avait besoin. Elle contrôle son père avec qui elle vit. Elle organise l'avenir de son amant. Bref, elle règne sans partage croit-elle sur son environnement. Mais ....

Que sait-elle vraiment des autres ?

Et que diable fait-elle avec ce Laurent, dont les aspirations sont carrément aux antipodes des siennes ?

En outre, qu'en est-il des relations avec son père ? dont on se rend compte, après la mort de la mère, que cette dernière représentait le pilier du fragile édifice familial et cimentait l'entente entre père et fille.



Ce roman est celui de la solitude, de l'égoïsme, de l'incompréhension entre les êtres, des fausses certitudes, des non-dits, des mensonges par omission, des compromissions, de la veulerie, de la lâcheté, de l'indécision.... toutes ces choses qui forment, la plupart du temps, le fond des relations humaines.



Henri Troyat s'avère un excellent fouilleur d'âme, mais hélas, ici, tous ces personnages sont quelque peu caricaturaux, et Anne, la mante religieuse, n'est finalement rien d'autre qu'une petite bourgeoise étriquée.

Et je n'ai pas retrouvé la fluidité et l'élégance de narration qui sont en général l'apanage de cet écrivain, dont j'ai toujours apprécié le style tant dans ses romans que dans ses biographies, gênée que je fus par certaines lourdeurs d'expression. Peut-être l'auteur n'était-il pas vraiment à l'aise avec cette affaire de famille, ce huis-clos familial étouffant, genre dans lequel François Mauriac excellait à un point tel, qu'il est difficile de l'égaler ?
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Le Défi d'Olga

Ce court roman date de 1994, peu après l'éclatement de l'Urss et on peut imaginer que Henri Troyat a mis dans les pensées de son héroïne Olga Kourganova, les espoirs mais surtout les angoisses insufflées par la nouvelle situation de son pays natal, la Russie tsariste.

Oui, car Eltsine, tout bonhomme qu'il soit, inspire la méfiance, d'abord on sent qu'il aime un peu trop la vodka, puis son discours sent l'hypocrisie à plein nez. Et on se demande comment ce moujik, certes courageux, mais peu éduqué, a les atouts pour parvenir à redresser ce pays en pleine déliquescence et totalement exsangue !

Alors en France, oui, beaucoup d'émigrés se réjouissent. Mais Olga Kourganova, quant à elle, arrivée en France à l'âge de huit ans, fuyant la révolution russe avec ses parents, ne connaît de sa Russie bien-aimée que les fantasmes engendrés par son éducation dans un pensionnat russe, fondé par des aristocrates émigrés, où elle a été élevée "dans le culte de la Russie d'autrefois : religion, tradition, vénération de la famille impériale".

Elle en a conservé un si bon souvenir qu'elle a même écrit en russe un recueil de nouvelles, qui traduites en français, reçoivent un accueil très chaleureux.

Et la voilà tout à coup confrontée à un insoluble dilemme : où donc se situer entre cette Russie qu'elle ne connaît plus, et qui sans doute n'a rien à voir avec le pays qu'elle a fantasmé durant tant d'années et cette France, où elle a presque toujours vécu et qui à présent la célèbre comme une héroïne ?



Bien sûr, Troyat n'apporte aucune réponse. Il se contente d'exprimer, avec son talent habituel, les espoirs, les attentes, les questions, que tant et tant d'émigrés ont dû se poser à cette époque qui, peut-être, pouvait laisser espérer des lendemains qui chantent !
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Pierre le Grand

Entre fascination et répulsion pour un personnage hors norme, voilà une biographie rondement menée par un Henri Troyat particulièrement en verve, qui, comme à l'accoutumée étaye ses affirmations avec de nombreux témoignages.

On a la sensation qu'il a éprouvé un plaisir quasi jubilatoire à se pencher sur la destinée de ce colosse carrément rabelaisien, joyeux drille, gros buveur, infatigable mangeur, trousseur de jupons invétéré, cultivant à l'excès le goût des farces plus que douteuses, inventeur d'un « concile de la grande bouffonnerie », s'adonnant à de blasphématoires orgies en compagnie de sa joyeuse bande, adorant le déguisement, mais se vêtant simplement dans la vie courante, et préférant une existence modeste aux fastes de la vie de cour, curieux de toutes les nouveautés, aimant le travail manuel, maniant volontiers rabot, scie et marteau, menuisier et charpentier émérite, et avant tout amoureux du grand large et désireux pour son immense pays d'acquérir une ouverture sur la mer !

Ce qui fut fait, grâce au long conflit l'opposant à la Suède. Pierre put ainsi construire sa capitale Saint-Petersbourg, arrachée aux marais du golfe de Finlande, au prix d'un titanesque chantier et de nombreuses victimes.



Quel personnage que ce tsar intelligent et visionnaire qui a révolutionné la Russie au début du 18è siècle en lui imposant à marche forcée la route vers la modernité et l'occidentalisation à tout crin ! Finis les atours encombrants des boyards ! A bas les barbes d'un autre âge, et Pierre d'imposer à son peuple de plus simples vêtures et un menton glabre, au grand dam d'une population pour qui la barbe n'était autre que le noble attribut de virilité, dont Dieu a jugé bon d'orner le menton de l'homme.



Sans oublier ses nombreuses réformes, à commencer par celle de l'administration, le développement de l'économie de guerre ainsi que du commerce et de l'exportation, la recherche de nouvelles sources de production, création et développement de l'industrie nationale, exploitation des ressources minières de son immense territoire, mise au pas de l'église, et l'effort accompli pour l'éducation, …. et aussi création de la marine russe, dont Pierre a doté son pays.



Quel personnage ! Il pourrait laisser pantois d'admiration ...

s'il n'y avait pas en lui ce côté très sombre, violent, cruel jusqu'à la monstruosité, qui le pousse à faire torturer et assassiner ses opposants, sans état d'âme, mettant la main à la pâte, n'hésitant pas à couper lui-même les têtes …. allant jusqu'à répudier et enfermer sa femme dans un couvent afin d'installer sa concubine à son côté, éradiquer le corps des Strelitz (corps d'élite initié par Ivan le Terrible) dont il fera massacrer plusieurs milliers, et faire périr son fils, jugé par lui indigne de régner !



Ce Pierre 1er, dont Troyat nous retrace ici ce portrait sulfureux, comme on aimerait pouvoir l'admirer sans retenue s'il n'y avait en lui, outre ses qualités de courage, de vitalité, d'esprit d'entreprise, cette barbarie, sa cruauté, sa férocité, son intempérance, son instabilité d'humeur, ses colères et la brutalité avec laquelle il a obligé la Russie à renoncer à ses coutumes.

L'historien Karamzine l'affirme : « nous sommes devenus des citoyens du monde, mais, sous certains rapports, nous avons cessé d'être des citoyens russes. La faute en est à Pierre 1er ».



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La neige en deuil

Deux frères vivent dans la montagne. L'aîné, Isaïe, n'est plus tout à fait le même depuis qu'il a dévissé. Ancien guide, sa blessure à la tête l'a rendu plus lent, moins loquace et il est aujourd'hui heureux d'élever ses moutons. Marcellin son frère rêve de quitter la montagne, trop rude, et de s'installer à la ville.

Jusqu'au jour où un avion s'écrase, le Calcutta-Londres, et sa promesse d'or abandonné dans la neige.

Un roman court mais poignant qui nous présente la confrontation, le gouffre insurmontable entre deux frères et deux visions de la vie.

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Grandeur nature

Etre comédien, être sous le feu des projecteurs, sur le devant de la scène ou de sa famille, voilà ce qui fait vivre Antoine Vautier et il aime cela que ce soit sur les planches ou chez lui. Jeanne sa femme le vénère et l'attend même très tard, servante admirative et dévouée ainsi que Christian son fils, dont il s'occupe peu.



Mais le temps passe les rôles se raréfient et c'est Christian qui va être la révélation d'un film et devenir la "star", celui dont on parle, celui qu'on admire, et comble de tout sans écouter les conseils de son père. Comment Antoine va-t-il vivre ce changement de distribution, de statut ?



Etre le "fils de" n'est pas toujours facile mais être et surtout devenir le "père de" quand on a soi-même connu le succès, comment l'accepte-t-on ?



Henri Troyat restitue parfaitement le long chemin qui mène Antoine de la lumière à l'ombre, de toutes les étapes psychologiques par lesquelles il passe : espoirs, rêves, fabulations allant jusqu'à haïr son fils pour le succès qu'il rencontre, utilisant même sa filiation pour trouver un engagement. De quoi est-on capable pour monter sur les planches, pour être reconnu et célèbre. C'est finement observé, relaté, étape par étape, relatant les différents stades de sa transformation, de son adaptation (en apparence) à la situation.



C'est un récit vivant, très imagé qui nous plonge dans le monde artistique au milieu des metteurs en scène, comédiens, des tournées théâtrales mais j'avais l'impression de regarder un film en noir et blanc tellement la prolifération de détails sur l'époque le situait dans le temps alors qu'il peut être finalement très actuel.



Une lecture agréable, un peu datée (publié en 1936) par les détails, des portraits psychologiques bien cernés, chacun changeant de position au fil de la narration, que ce soit pour Antoine mais également pour sa femme, pour Christian l'auteur reste assez flou sur ses propres ressentis. C'est une galerie de portraits qui évoluent tout au long du récit et c'est très habilement restitué. On pourrait imaginé ce même thème dans d'autres contextes, car dans un monde qui change, qui évolue, comment ressent-on le changement de statut, de position et comment s'adapte-t-on pour tenir, exister ?
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La vie quotidienne en Russie au temps du de..

En effet, le quotidien des uns ne correspondait pas nécessairement à celui des autres.



Petite ballade offerte par un enfant de cette Russie de Tsars et de colères.



A parcourir dans le style de son auteur pour un dépaysement de quelques instants….
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La neige en deuil

IsaÏe, comme tous les jours, monte jusqu'à retrouver son troupeau de moutons. Pour l'hiver, il ramène le troupeau en bas. C'est lui qui a mis au monde Marcellin, son frère. Ils sont toujours ensemble mais ne se ressemblent pas du tout. Isaïe. a déjà une cinquantaine d'années alors que Marcellin, trente. Isaïe note tous les évènements sur un almanach. "les moutons sont rentrés; Un avions est tombé." Du coup, Marcellin décide son frère de monter jusqu'en haut et redescendre l'autre versant pour trouver les rescapés de l'accident d'avion. IsaÏe autrefois était guide de haute montagne, mais un homme est tombé malgré sa vigilance. Depuis, Isaïe se sentant coupable était tombé gravement malade et est resté un peu simple.

Marcellin finit par convaincre son frère d'y aller tous les deux. Comment va se passer la montée de cette façade recouverte de neige et de glace ? Vont-ils trouver quelqu'un là-haut et réussiront-ils à ramener la ou les personnes indemnes ?



J'ai beaucoup aimé ce court roman de Henri Troyat qui révèle la confrontation entre deux hommes proches et frères de surplus. En lisant ce roman, vous découvrirez la nature profonde de ces deux hommes, frères et pourtant si différents. Bien-sur, il ne m'a pas paru aussi extraordinaire qu'à la première lecture. Néanmoins, ce petit roman me parait toujours aussi digne d'intérêt.
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