Tout comme « La maison du chat-qui-pelote » cette nouvelle fait partie du premier volume de « Scènes de la vie privée ». On fait la connaissance de Monsieur de Fontaine, noble de naissance qui a pris bien soin de ne pas fricoter avec l’empereur pour s’attirer les bonnes grâces du Roi après la Restauration.
Ceci lui permet de bien marier ses enfants, à l’exception de la cadette, Émilie trop chouchoutée par ses parents, elle refuse tous les prétendants qu’on lui présente car elle veut épouser un Pair de France.
Balzac excelle, une fois de plus, dans la description des lieux et des personnages, sur les manières d’intriguer pour être bien vu et tirer des avantages (sonnants et trébuchants). Il fait une critique pointue de la société de l’époque, des manières de se comporter.
Il analyse très finement la relation entre Monsieur de Fontaine et Émilie, avec laquelle il s’est montré trop indulgent depuis l’enfance et qui se montre impertinente même avec lui.
« Une complaisance générale avait développé chez elle l’égoïsme naturel aux enfants gâtés qui, semblables à des rois, s’amusent de tout ce qui les approche. «
Il nous dépeint une Émilie, belle, coquette, sûre d’elle-même, intelligente maniant les bons mots et les propos critiques souvent méchants au détriment des autres, dans sa propre famille comme avec les prétendants qu’on lui présente.
«Comme la plupart des enfants gâtés, elle tyrannisa ceux qui l’aimaient, et réserva ses coquetteries aux indifférents. Ses défauts ne firent que grandir avec elle, et ses parents allaient bientôt recueillir les fruits amers de cette éducation funeste. »
On assiste à la valse des prétendants jusqu’au fameux bal de Sceaux où elle croise Maximilien de Longueville. Mais peut-on changer en rencontrant l’amour quand on est aussi imbu de soi-même ? Émilie cherche un prince, qu’elle estime digne de son rang, au lieu de chercher l’amour, alors que peut-elle trouver ?
Dans cette nouvelle, Balzac a ciselé ses personnages, il a peaufiné la psychologie de chacun, ne laissant d’ombre sur aucun d’entre eux, même ceux qui semblent secondaires.
J’ai pris beaucoup de plaisir à dévorer ce texte car même avec une héroïne que l’on finit par détester allègrement, le charme opère toujours.
Challenge 19e Siècle
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