AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Honoré de Balzac (3262)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Cousine Bette

Sans doute est-ce parce que la version que j’ai lue n’était pas découpée en courts chapitres, plus rythmés qu’une lecture au long court : le démarrage, passé la première scène d’une violence dramaturgique époustouflante, fut un peu poussif. Mais une fois passés les premiers écueils et entrée dans les pleines eaux du récit, plus les turpitudes de la maison Hulot dégénèrent, plus elles m’ont enjaillée !

Ce n’est pourtant pas la cruauté qui manque à cet aéropage bourgeois en devenir ou en déclin, et la cousine Bette est loin d’être la pire. Elle a fini par me plaire cette vieille fille spoliée, aigrie et frustrée mais incroyablement calculatrice et maîtresse d’elle-même. Ruminant sa vengeance sur de longues années, elle aura finalement eu peu à faire pour pousser au vice ceux-là qui ne demandaient pas mieux, du baron Hulot poussé dans les bras d’une jeune cocotte méthodique qui gère en administratrice de biens ses multiples amants, à son gendre polonais, arraché des griffes de Bette pour la bonne fortune de la famille Hulot et tombé aussitôt, poussé par Bette, dans les rets de la jeunette ; sans compter l’arriviste Crevel pour qui tout s’achète, la vertu de la baronne, le prestige des titres et la jouissance des plaisirs.

Inexorablement la famille tombe dans la déchéance, et l’on regrette presque pour Bette le retournement final qui lui ravit son triomphe.

On parle beaucoup d’argent et on porte beaucoup de masques : nous sommes bien chez Balzac, que je connais encore trop peu et dont j’ai bien envie de découvrir d’autres peintures de la comédie humaine pour explorer, en contrepoint de Zola que je connais mieux, le 19ème siècle dans sa première moitié.

Commenter  J’apprécie          450
Le Père Goriot

On est dans le Paris de la Restauration au début du XIXe siècle. Tout tourne autour d'une pension, Balzac nous y décrit la saleté, la laideur. Chaque sous dépensé tout au long de l'histoire nous est compté (ou conté). C’est plein de subtilité, les personnages sont hauts en couleurs, la mesquinerie, la vanité sont dépeints avec beaucoup de finesse, la langue est belle. J’ai adoré tout ce jeux entre sentiments réels ou hypocrites, ce personnage de Rastignac qui navigue entre les deux en nous emportant dans ses hésitations, ce monde parisien où tout est faux, et cette description crue de la frontière entre richesse et pauvreté, où les objets, les apparences, les calculs, l’argent, les manigances constituent la base de ce qui porte si bien son nom : «La Comédie Humaine».



C'est en principe une relecture. Balzac avait pour moi le goût de l'ennui des cours de français du collège et lycée. J’aurais pu le suggérer dans la liste «Votre pire lecture scolaire». Mais sa lecture en classe de seconde ne m'a laissé comme souvenir qu'un exploit de cancre, ou nous avions profité lamentablement de la gentillesse d'une professeur remplaçante pour présenter un exposé improvisé (« pas fini » qu'on lui avait dit, « Allez-y quand même » nous avait-elle répondu) sur un bouquin qu'on avait même pas lu. Il fut lamentable et La remplaçante eu beaucoup d’indulgence en nous gratifiant d’un «On voit bien que vous ne l’aviez pas terminé».



Je pense que l'insouciance de nos 15 ans n'était pas du tout en phase avec l'esprit cynique, noir et sans concessions de Balzac. L'achat d'une liseuse m'a donné la curiosité de redécouvrir les classiques et c'est un plaisir que je n'aurais pas imaginé il y a encore peu de temps.
Commenter  J’apprécie          450
Mémoires de deux jeunes mariées

Je ne m'étendrai pas sur l'ennui que m'a procuré cette lecture. J'ai surtout envie de passer rapidement à autre chose, ayant débuté ce livre il y a plus d'un mois et lui ayant fait subir quelques coupes sombres...



Pourtant, le thème me plaisait énormément : deux jeunes femmes élevées au couvent et très éprises l'une de l'autre (éprises d'amitié, s'entend) font leur entrée dans le monde. Louise de Chaulieu, rejeton d'une aristocratique famille monarchiste, brillera d'abord dans les salons du Paris de 1820 avant de connaître une passion pleine de ferveur et de pudeur pour un noble espagnol apatride ; Renée de l’Estorade, se mariera en Provence à un jeune vétéran à la mine sinistre auquel elle tentera de redonner le goût de vivre en tenant sa maison et son rang en bonnes et dues formes. Grosso modo, les sentiments contre la raison, et vice-versa.



Le hic pour moi fut que, dès le début de ma lecture, je me suis aperçu que Louise et Renée n'étaient pas seulement éprises l'une de l'autre mais qu'elles étaient également et surtout éprises d'elles-mêmes. A un point que leur hauteur frise pour moi la fatuité et qu'elles m'ont fatiguée par leurs attitudes vaniteuses et condescendantes. Bref, elles m'ont été très antipathiques tout du long. Ajoutons à cela un style certes brillant mais trop fourni pour se prêter correctement à la forme épistolaire et vous obtenez un beau cortège "made by Gwen" de bâillements, de soupirs de lassitude et de grincements de dents.



C'est grand, c'est romantique, c'est pur mais c'est chiant.



En plus de la qualité de sa plume, je reconnais quand même à Balzac d'avoir balayé le large spectre des sentiments humains en réalisant un exercice difficile, celui de se mettre non pas dans la peau d'une, mais de deux femmes de son temps ! Un exercice ardu et qui, de ce fait, manque quelque peu de naturel.





Challenge de lecture 2015 - Des mémoires

Challenge XIXème siècle 2015
Commenter  J’apprécie          457
Le Bal de Sceaux

Encore un petit bijou de cruauté bien méritée, qui fait le pendant inversé à la Maison du Chat-qui-pelote lu juste avant: les deux se complètent merveilleusement.



Rien n'est assez beau pour la donzelle héroïne de cette longue nouvelle, dont le Papa a fortement ramé tout au long de sa vie pour construire sa fortune post-napoléonienne. Aussi, quand l'heure vient de la marier, garde-t-elle même amoureuse ses réflexe de caste et de patricienne capricieuse: mauvais calcul.

Là où l'on plaignait à grand coeur la tendre jouvencelle de "La Maison..." mal préparée aux moeurs des castes supérieures, on se régale à tacler d'un "Bien fait!" cette petite grue à travers laquelle Balzac s'en vient souffleter la rigidité de l'esprit de caste des nantis.

Jouissif et, comme toujours, follement bien écrit.

Commenter  J’apprécie          440
Les Secrets de la princesse de Cadignan et ..

La Grande Bretèche est une maison à l’abandon où Bianchon aime à s’infiltrer clandestinement dans les jardins, s’imprégner de son atmosphère et laisser son imagination s’enflammer des secrets qu’elle lui murmure à l’oreille.



Jamais il n’aurait pris le risque de rompre cette liberté créatrice si jubilatoire en s’enquérant du réel motif de cet abandon si le notaire Regnault n’était venu piquer sa curiosité en lui signifiant de ne plus pénétrer en ce lieu, conformément aux dispositions testamentaires de la propriétaire. Il flaire un sombre secret qu’il ne peut dès lors s’empêcher de tenter d’élucider.



J’ai pris plaisir à retrouver un Bianchon plus poète et plus perspicace qu’il ne l’était dans La Messe de l’Athée, mais à sa décharge c’était alors un jeunot, encore élève en médecine. La description qu’il fait de cette maison pour poser l’ambiance est magnifique, pleine de poésie, de mélancolie, d’ombres fantomatiques. Ce personnage à part entière fait selon moi le charme de cette nouvelle. Pour le reste, je n’ai pas été plus emballée que ça. Je préfère Balzac en disséqueur d’âmes et de société, plutôt qu’en enquêteur œuvrant à sarcler les secrets, tout bon conteur qu’il soit.

Commenter  J’apprécie          444
Eugénie Grandet

« Eugénie Grandet » fait partie des romans français du XIXe siècle inspirés par des faits divers.

Une jeune fille de province mène une vie modeste dans la maison de son père tyrannique et avare. Au décès de celui-ci, elle apprend qu'elle est l'héritière d'une grande fortune. Malheureusement, l'homme qu'elle aime se marie avec une personne riche car il croit qu'Eugénie est pauvre…



Le roman présente un intérêt historique et sociologique. L'action se déroule au début de la Restauration française, période où s'intensifie le développement de l'industrie et l'enrichissement de la bourgeoisie qui devient la classe dominante. Balzac devient l'observateur de la société en imaginant des personnages qui paraissent réels.



Félix Grandet vit à Saumur dans une maison froide et triste, son avarice est maladive. Sa femme et sa fille Eugénie subissent au quotidien sa cupidité ; Eugénie, devenue riche, montrera un réel désintérêt pour l'argent. Le cousin, Charles Grandet va trahir son amour pour de l'argent. Les deux familles de notables qui gravitent autour des Grandet ne sont motivées que par l'appât du gain et méprisent en secret les Grandet. Tous évoluent autour de la thématique de l'argent, le rapport des personnages à l'argent forme le rouage principal du roman.



Le style emprunte beaucoup au théâtre. Le rythme est assez lent et on découvre progressivement le monde des Grandet, leurs habitudes, leurs fréquentations. Enfin, la dernière partie du roman est assez brève et énigmatique. Eugénie Grandet devenue très riche se renferme et choisit de vivre dans une certaine solitude trouvant sa consolation dans la charité et la consécration à son unique amour.

Commenter  J’apprécie          440
La fille aux yeux d'or

Voilà un récit d'un romantisme échevelé, l' histoire d'un amour lascif, couvé dans les alcôves d'un boudoir oriental...On se croirait dans un tableau orientaliste de Delacroix...



Tous les ingrédients d'un roman sulfureux sont au rendez-vous: maison close, parfums capiteux, serviteur mulâtre farouchement obéissant, duègne- mère-maquerelle au parler incompréhensible ,maîtresse saphique au poignard acéré et, au centre de cet écrin vénéneux et aphrodisiaque , la courtisane aux yeux d'or, bien sûr: la belle Paquita Valdès, dont le dandy de Marsay tombe amoureux et qu'il veut coucher..sur la liste de ses conquêtes.



L'audace de Balzac est étonnante: amours saphiques, rivalités amoureuses surprenantes et quasi-incestueuses , esclavage érotique et libertinage délétère...n'en jetez plus, l'alcôve est pleine!



Le récit doit d'ailleurs s'effrayer de ses propres audaces : sa construction un peu hâtive et même bâclée peut faire passer à côté de quelques perles, il y a de quoi perdre le nord, dans cet étrange caravansérail..



Mais le charme du style de Balzac, chatoyant, opulent et néanmoins teinté d'une élégante ironie, sauve de l'invraisemblance et de l'excès ce conte un peu poivré et pas toujours bien ficelé...



Commenter  J’apprécie          440
La Peau de chagrin

Un jeune homme inconnu perd sa dernière pièce d’or au jeu. Désespéré, il est sur le point de se jeter dans la Seine quand il entre dans la boutique d’un brocanteur et en ressort avec un talisman qui lui permettra d’exaucer ses vœux en échange d’un temps de sa vie.

Quand il comprend que sa vie se raccourcit, il s’effraie.



C’est le mythe d’Achille revisité : vaut-il mieux avoir une vie longue ou misérable ou une vie brève, mais intense ? Les deux, répond Raphaël, notre héros balzacien. La peau de chagrin n’est, hélas, pas d’accord.



Si la description du milieu social de l’époque ne m’a pas touchée, sans doute une période trop éloignée de la nôtre, la peinture des médecins essayant de diagnostiquer un malade et les querelles des savants m’ont plutôt amusée… et horrifiée. Le rejet d’une personne malade est aussi très bien dépeint.



Longues descriptions, longues digressions pas forcément passionnantes, du moins pour un lecteur du XXIe siècle. Je me suis beaucoup ennuyée lors de la scène chez le brocanteur. En revanche, les scènes qui comportent des médecins sont prenantes. Bref, une alternance de longueurs et de scènes fascinantes. Impossible de sauter des pages donc.


Lien : https://dequoilire.com/la-pe..
Commenter  J’apprécie          430
Illusions perdues

Je remercie Cannetille, qui m'a recommandé ce classique, et quelques autres !





On a tous quelque chose en nous de Tennessee ... Johnny aurait-il rencontré Balzac ? Tiens donc !



Et on a tous quelque chose en nous de Lucien. Ah, Lucien de Rubempré ! Qui n'a connu cette période, cette aube de la vie, où tous les rêves sont permis ? Ou le soleil, gardien bienveillant, illumine notre bonheur naissant ? Le bien ne semble alors devoir céder le pas qu'au mieux, et l'horizon même recule pour mieux nous céder sa place, l'assurance de lendemains souriants, enfin, nous permet de jouir de l'instant qui s'éternisera, sans doute... Jours ensoleillés, cadeaux merveilleux, grâces même....



Justement. Pour Lucien, la grâce est un dû, le bonheur une évidence, l'amour un droit. Ce qui devrait s'effeuiller avec tendresse devient une chose à conquérir, à dominer, à épuiser. Un homme faible, pour qui l'amour n'est qu'émotion, et la littérature un vécu passionnel qui n'admet pas l'éffort. Un homme qui veut recevoir, mais qui ne sait donner que de ce qu'il recoit. Un enfant, qui veut voir en ses amantes, ses amis, ses collègues même autant de mères qui ne manqueront pas d'être attendries par son apparence d'éphèbe et son esprit pétillant. Quand la réalité s'annonce autre, il enrage, il se venge, il désespère . Quoi ! le pacte qu'il pensait avoir signé avec la vie ne tiendrait pas, les hommes, le monde joueraient d'un autre air ? Mais comment ose t-on !



Après quelques succès, dus au talent, certes, mais un talent affamé d'études qui ne se font pas et accablé d'alcool et d'orgies, après quelques triomphes, Lucien commence à faire les frais de ses immenses illusions. Les ennemis qu'il s'est fait, les dettes dont il s'est ri, les rivaux qui se disaient frères d'armes et qui maintenant se découvrent: le noeud se reserre, à lui couper le souffle.



On a tous un peu de Lucien – nous aimerions tous être aimés pour nous-mêmes, et, pensant ainsi recevoir, nous oublions, parfois, qu'il faut d'abord donner. Heureusement, rares sont ceux chez qui ce désir aboutit à la spirale déstructrice qui broyera Lucien. Tout au plus y aura-t-il, en écoutant un air, un moment de nostalgie, un souvenir d'anciens après-midis dorés qui semblaient ne jamais devoir finir … On a tous en nous quelque chose de Tennessee …
Commenter  J’apprécie          4312
Sarrasine

Bon ben désolé, j’ai pas accroché.



C’est purement, totalement subjectif. Cette façon d’employer un style descriptif baroque – je l’entends comme « surchargé » – sur la moindre phrase m’a fait l’impression d’être face à l’entrée d’une boîte de nuit sans pouvoir passer l’obstacle du profileur à l’entrée (« toi tu rentres pas »). Je n’ai pas arrêté de me forcer à pénétrer dans le récit pour en être aussitôt éjecté ; une vraie balle de jokari. Chaque fois, je renâclais comme si je devais écarter un voile d’orties avant d’accéder à l’histoire.

Baste, ce style, aussi objectivement brillant soit-il, ne me convient pas.



L’histoire elle-même est intéressante. J’ai apprécié la construction en boîte imbriquées, l’histoire de Sarrasine et de la chanteuse d’opéra Zambinella racontée à l’intérieur de l’histoire du narrateur cherchant à séduire une belle lors d’une soirée de la bonne société. J’ai goûté la chute – qui est malheureusement, dans cette édition Livre de Poche, divulgâchée par le titre de l’annexe dans la table des matières. Il est en effet intéressant de découvrir ce qui pouvait passer pour limite scandaleux, voire obscène, en cette première partie de 19ème siècle. J’ai été impressionné par l’érudition du texte destiné à une revue parisienne – la Revue de Paris – plutôt grand public publiant des « anecdotes sémillantes ». Le public visé était-il si cultivé ? De nos jours on préfère lui offrir Closer ou Voici.



Je ne sais pas si ce style est caractéristique de l’œuvre de Balzac. Si c’est le cas, je vais le laisser définitivement de côté. Mais j’avais apprécié Le chef d’œuvre inconnu donc j’aurais tendance à vouloir lui redonner une chance… un autre jour.

Commenter  J’apprécie          436
La Dernière Fée ou La nouvelle lampe merveilleuse

Un roman du jeune Balzac qui est un conte un peu fantastique et féerique. Ça ne commence pas par "Il était une fois" mais c'est tout comme. Un chimiste bienveillant et savant, choisi pour femme une très jolie femme gentille et innocente. De ce mariage naît Abel. Un bien joli garçon et plus tard un très beau jeune homme mais très naïf. Il vit de la nature et un beau jour tombe amoureux d'une fée. Catherine, une riche et gentille fille du village tombe amoureuse d'Abel mais celui-ci n'a d'yeux que pour la fée des perles.

Un conte écrit par le sieur Balzac mais ce conte est un patchwork, il passe du coq à l'âne si j'ose dire. Il passe de la romance aux scènes de guerre. J'avoue que c'est brouillon, un rien baroque. Quelques fois on est pris par le récit, à d'autres moments on n'y comprends plus rien. Moi qui ai adoré " La peau de chagrin", "Le lys dans la vallée" et "Le père Goriot", on prend une sacrée claque même si on sait que ce sont des écrits de jeunesse et que son style à bien évolué. J'avoue sur la fin avoir survolé quelques pages.
Commenter  J’apprécie          430
Les Chouans

En 1799, sous le Directoire/Consulat, comme Hoche n'a pas tout-à-fait éteint le feu breton en 1795 à Quiberon, la guérilla est relancée par les Chouans avec Dieu, le roi, les prêtres, les émigrés, contre les Bleus.

.

Marche-à-Terre, Pille-Miche, Galope-Chopine, Mène-à-Bien sont les noms de guerre des Chouans de Balzac à Fougères.

Mais les héros de cette histoire sont Marie de Verneuil, espionne en jupons envoyée par le terrible ministre Fouché, contre le marquis Alphonse de Montauran, dit "Le Gars", émigré débarqué d'Angleterre pour commander la révolte des Chouans.

Mais la passion vient se mêler au devoir :

c'est Corneille dans les bocages ;

c'est le jeu de l'amour et de la perfidie :

c'est Beaumarchais dans les ajoncs.

.

Ça commence par la bataille de La Pellerine, un ralenti de 35 pages ;

puis il y a le dîner du " jeu de qui est qui ?" ;

la promenade est une lutte amoureuse ;

la réception-trahison au château la Vivetière ;

la vengeance de la femme trahie....

Tous ces événements se déroulent sur dix jours, avec plein de rebondissements, entre les jurons du commandant Hulot, les ruses du renard Corentin, les doutes de Marie, ceux d'Alphonse, les déplacements félins de Marche-à-Terre ou Pille-Miche...

.

Hugo & Balzac ;

Quatre-vingt-treize & Les Chouans ;

La Bretagne, la Vendée, la Normandie ;

1793 & 1799 ;

le marquis de Lantenac chez Hugo & le marquis de Montauran chez Balzac ;

j'ai lu les deux, ils m'ont autant "aspiré" : )

Commenter  J’apprécie          4310
Le Bal de Sceaux

Tout comme « La maison du chat-qui-pelote » cette nouvelle fait partie du premier volume de « Scènes de la vie privée ». On fait la connaissance de Monsieur de Fontaine, noble de naissance qui a pris bien soin de ne pas fricoter avec l’empereur pour s’attirer les bonnes grâces du Roi après la Restauration.



Ceci lui permet de bien marier ses enfants, à l’exception de la cadette, Émilie trop chouchoutée par ses parents, elle refuse tous les prétendants qu’on lui présente car elle veut épouser un Pair de France.



Balzac excelle, une fois de plus, dans la description des lieux et des personnages, sur les manières d’intriguer pour être bien vu et tirer des avantages (sonnants et trébuchants). Il fait une critique pointue de la société de l’époque, des manières de se comporter.



Il analyse très finement la relation entre Monsieur de Fontaine et Émilie, avec laquelle il s’est montré trop indulgent depuis l’enfance et qui se montre impertinente même avec lui.



« Une complaisance générale avait développé chez elle l’égoïsme naturel aux enfants gâtés qui, semblables à des rois, s’amusent de tout ce qui les approche. «



Il nous dépeint une Émilie, belle, coquette, sûre d’elle-même, intelligente maniant les bons mots et les propos critiques souvent méchants au détriment des autres, dans sa propre famille comme avec les prétendants qu’on lui présente.



«Comme la plupart des enfants gâtés, elle tyrannisa ceux qui l’aimaient, et réserva ses coquetteries aux indifférents. Ses défauts ne firent que grandir avec elle, et ses parents allaient bientôt recueillir les fruits amers de cette éducation funeste. »



On assiste à la valse des prétendants jusqu’au fameux bal de Sceaux où elle croise Maximilien de Longueville. Mais peut-on changer en rencontrant l’amour quand on est aussi imbu de soi-même ? Émilie cherche un prince, qu’elle estime digne de son rang, au lieu de chercher l’amour, alors que peut-elle trouver ?



Dans cette nouvelle, Balzac a ciselé ses personnages, il a peaufiné la psychologie de chacun, ne laissant d’ombre sur aucun d’entre eux, même ceux qui semblent secondaires.



J’ai pris beaucoup de plaisir à dévorer ce texte car même avec une héroïne que l’on finit par détester allègrement, le charme opère toujours.



Challenge 19e Siècle
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          430
La Peau de chagrin

Le livre refermé, je reste fascinée par les descriptions qui, une fois que j'étais plongée dans l'ambiance me permettaient d'imaginer le moindre détail. Je pense à l'apparition du vieil homme qui va révéler la peau de chagrin à Raphaël .La dimension diabolique de la peau de chagrin est mise en parallèle avec "La damnation de Faust" par l'auteur lui-même et cela est bien intéressant.

Cette époque du 19ème siècle est vue par un auteur vivant dans cette période. C'est tout à fait différent d'un auteur contemporain qui fait revivre le passé.

Le rythme de nos livres actuels est beaucoup plus rapide. Evidemment, nos vies aussi.
Commenter  J’apprécie          435
Le Colonel Chabert

Un drame comme je les aime, court mais captivant. Impossible de ne pas s'attacher à ce Hyacinthe, dit Chabert, car à l'instar du père Goriot, c'est une âme généreuse. Mais on le sais, les justes ne sont pas toujours récompensés, et avec ce livre, Honoré de Balzac nous rappel que parfois, il ne suffit pas d'être bon pour voir la vie nous sourire.

J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur dépeint la misère, ainsi que la souffrance du colonel Chabert, qui malgré tout garde sa dignité jusqu'à la fin. Il y a aussi un peu d'humour, avec les membres de l'étude qui ne sont pas les derniers à faire les pitres.

Merci à Nastasia pour son conseil personnalisé qui a touché droit dans le mille ! Très bon bouquin !
Commenter  J’apprécie          435
Ferragus, chefs des Dévorants

Contrairement à beaucoup de mariages qui étaient des affaires d’argent au 19ème siècle, deux familles passant un contrat pour unir leurs fortunes, placer leurs filles, la femme célibataire n’ayant pas un statut désiré mais subi, Jules Desmarets et Clémence, orpheline, sont unis par une sincère passion amoureuse. Ne fréquentant les bals que pour y danser ensemble, ils ont hâte de rejoindre le nid douillet de leur amour dans lequel Clémence veille à entretenir la flamme qui les unit. Jules quant à lui aime sa femme d’un cœur pur, ne voyant qu’elle au-delà de toutes les tentations qu’offre Paris. Mais pour le malheur de ce couple sans nuages, Auguste de Maulincour est tombé sous le charme de la belle et sage Clémence.



Paris est une ville de contrastes, les beaux quartiers et les belles artères sont fréquentées par le grand monde alors que quelques pas plus loin un dédale de rues mal famées et assassines feraient se perdre les meilleurs réputations. Hors de question de s’y aventurer sans être marqué à son tour par leur infamie. Mais c’est pourtant dans une de ces rues qu’Armand a aperçu la belle Clémence, image pour lui sacrée de la femme idéale. Et avec l’effondrement cruel de son idéal nait l’obsession de savoir. Quel est l’homme qu’elle rencontre dans de si bas quartiers ? Qui est ce Ferragus aux multiples identités, personnage peu recommandable, ancien bagnard, tour à tour banquier ou clochard ?



Dans ce premier volume de la trilogie de l’histoire des treize, Balzac nous trace le portrait d’un personnage féminin, Clémence, très attachant, liée par un terrible secret qu’elle dissimule même à son cher mari, et dont la découverte par son amant platonique sera à l’origine de l’issue dramatique. Ferragus est un personnage maléfique, chef d'une société secrète, mais en même temps fascinant qui met en lumière l’hypocrisie de la société. Balzac l’illustrera parfaitement lors de la demande de crémation qui se heurte à une bureaucratie qui n’a rien à envier à celle de Kafka…ou la nôtre, et qui forcément va pousser l’honnête homme vers des pratiques moins officielles. A découvrir !

Commenter  J’apprécie          420
La Cousine Bette

S'il est des romans qui mettent quelques pages voire chapitres à démarrer, ici on ne traîne pas à entrer dans les turpitudes qui jalonneront tout le roman...

Dès les premières lignes, un commerçant joufflu vient faire des avances à une Dame du Monde dans le but avoué de se venger de son mari, lequel lui a autrefois "soufflé" une jeune femme sous le nez...

En effet, le baron Hulot, époux de ladite Dame, est particulièrement volage, de même que ce Crevel d'ailleurs.

Sans faire un résumé précis, la Cousine Bette, Lisbeth en réalité, est une vieille fille aigrie notamment par le bonheur pourtant de façade de la baronne Hulot, sa cousine.

On pourrait de prime abord croire que cette Bette cherche légitimement à se venger de ses proches, mais dans les faits et en deux mots, cette femme a toujours tout supporté, toléré ou laissé passer, et préfère ruminer sa haine plutôt que de se lever en criant qu’elle existe.

N'allez pas plus loin si vous ne voulez pas découvrir un des premiers rebondissements de l'histoire, mais par exemple lorsque Hortense, fille du baron et de la Baronne Hulot, la questionne sur "l'amoureux" que Lisbeth prétend avoir, et qui en réalité n’est qu’un jeune artiste qu'elle a une nuit sauvé de la mort et avec lequel elle n'a aucune relation sérieuse, Lisbeth ne bronche pas, du moins en apparence, même quand elle apprend le futur mariage des 2 jeunes gens.

J’ai même eu le sentiment que cette femme prend « plaisir » à accumuler de la rancœur pour légitimer sa méchanceté latente, contre des gens qui ne lui ont pour la plupart pas fait grand mal.

Au courant de tout ce qui se passe dans la famille Hulot, elle joue avec les infidélités, mais aussi les dettes de plus en plus ingérables du Baron, toujours aggravées par des amourettes, notamment avec la belle Madame Marneffe, qui sera un allié de poids pour Bette…

Car il est vrai que les attitudes de ses « ennemis » aideront grandement la cousine vindicative dans ses desseins longuement pensés…



Les gens vertueux ne se bousculent pas dans ces 500 pages, mais la lecture n’en reste pas moins agréable malgré l’absence de chapitre, le roman se présentant d’une traite. On plonge facilement dans cette société parisienne du XIXe siècle, passant de salon en salon, plus ou moins luxueux suivant les propriétaires et les déboires financiers de certains…

L’évolution des situations, la révélations de secrets ou de mensonges ainsi que l’apparition de personnages inattendus rendent le roman vivant et rapide à lire.

Commenter  J’apprécie          422
Le Colonel Chabert

"Le Colonel Chabert" (publié pour la première fois en 1832 sous le titre "La Transaction" dans la revue "L'Artiste") est un très court roman bien peu aisé à résumer : histoire d'une résurrection ratée ? Certes, mais à la manière d'une version optimiste du film "The Night of the Living Dead" de Georges A. ROMERO [1968]... Pourtant, notre "mort vivant" a authentiquement l'air d'un mort (cerveau bien visible sous la cicatrice de son cuir chevelu déplumé dissimulé sous une perruque en loques), mais est encore trop bonne-pâte pour survivre à la rapacité et la pourriture de ce monde-ci ("La Restauration" de tous ces petits-bourgeois en quête d'anoblissement, vrais nobliaux émigrés et autres fieffés arrivistes tourneurs-de-casaque).



Le "présumé mort" (rendu à la vie par miracle en 1807 depuis le fond d'une fosse commune à Eylau) semble, au fond, une sorte de masochiste du Bien, une figure christique, un Saint-Sébastien déjà criblé de flèches acceptant de "se suicider" socialement par respect et amour pour son ex-femme (en souvenir de Rose Chapotel, celle qu'il aima et tira du ruisseau), désormais "Comtesse Ferraud" qu'il méprise... Ce bon avoué de Derville acceptera de l'aider... en pure perte ! L'orphelin Hyacinthe Chabert a choisi sa vie, le lieu de sa fin d'existence (déjà finie) : à savoir, cet "Hospice de la Vieillesse" de Bicêtre où l'on vous vêt de cette "robe de drap rougeâtre que l'Hospice accorde à ses hôtes", pour mieux les reconnaître de loin, sans doute...



Monsieur "De" BALZAC, forçat des Lettres, (1799-1850) est définitivement un Maître : "Les Chouans", "La Peau de Chagrin, "L'auberge rouge", "Eugénie Grandet", "Le Père Goriot", "Illusions Perdues" figurent - du moins pour nous - parmi ses sommets inégalables ; ajoutons-y désormais "Le Colonel Chabert", impitoyable peinture de moeurs pour laquelle le talent de conteur du Tourangeau fait à nouveau des merveilles...



Ce bon Henri Beyle/STENDHAL et son mirifique "Le Rouge et le Noir" [1830] n'avait certes pas TOUT dit sur cette fosse commune des idéaux que fut cette "Restauration" de tous les veules...



La préface de Stéphane VACHON pour l'édition de 1994 & 2012 de L.G.F./"Le Livre de Poche", collection "Les Classiques de Poche" est une mine d'érudition, de didactisme et de passion partageuse.
Commenter  J’apprécie          424
Béatrix

Béatrix, j’ai ouvert ce roman et j’ai bien failli le refermer aussitôt, ça aurait été fort dommage !

Je serais passée à côté d’un roman fort original à plusieurs titres, notamment :

- l’arrivée tardive du personnage qui donne son nom à ce roman, il faut attendre la page 133 (Édition folio classique) pour que le nom de Béatrix soit évoqué.

- le désintérêt du lecteur pour le personnage de Béatrix qui n’est ni le plus intéressant, ni le plus important du roman. Personnellement, je ne m’y suis pas du tout attachée.

- le rythme vraiment très différent en fonction des parties, avec un début très lent et descriptif qui a bien failli me décourager. Mais je ne regrette pas de m’être accrochée, car en fin de première partie, l’histoire se lance enfin, une deuxième partie qui avance tambours battants, un rythme qui ralentit en début de troisième partie avec un style littéraire particulier, la reproduction d’échanges de lettres, puis l’histoire repart avec une multitude de dialogues qui rythment le récit et rendent le roman réellement addictif sur les 100 dernières pages.

J’ai beaucoup aimé retrouver de très nombreux personnages de La Comédie humaine, rencontrés surtout dans Illusions perdues.

J’ai apprécié une fin positive, heureuse ? c’est toute la question. A la fin du roman le triomphe du mariage est total, mais les personnages ont-ils pour autant trouvé le bonheur ?
Commenter  J’apprécie          420
Sarrasine

Courte mais intense nouvelle en deux tableaux tout en clair-obscur, l'un serti dans l'autre, dans laquelle Balzac met en scène les faux semblants d'une réalité à multiple facette à travers un personnage détonnant : Sarrasine.

Dans le premier tableau, nous le découvrons vieillard, jetant son ombre inquiétante sur les invités d'un bal éclatant donné par la mystérieuse famille de Lanty, scène que le narrateur observe tout en y opposant l'obscurité morbide des jardins alentour.

Dans le second tableau, le narrateur raconte à sa voisine de bal l'histoire édifiante de Sarrasine, artiste sculpteur en rébellion contre le conservatisme paternel, foudroyé par une passion trompeuse.

C'est tout, mais c'est gigantesque! tant la toile peinte par le maître Balzac irradie de tumulte et de lumières par ses mots ciselés, laissant sur la rétine le souvenir d'un personnage tranchant et brillant de noirceur.

Un bijou!



Challenge XIXème siècle édition 2018

Challenge Multi-défis 2018
Commenter  J’apprécie          420




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Honoré de Balzac Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1305 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}