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Critiques de Honoré de Balzac (3267)
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Le Lys dans la vallée

Au menu de l'ogre Balzac: lui-même ou la vie amoureuse de Félix de Vandenesse. Cette histoire est fortement inspirée de ses propres jeunes années apprend-on dans la préface. Enfance et adolescence y sont définies comme essentiellement douloureuses- car le petit être est délaissé par sa mère -et cela ne présage rien de bon pour la suite.



En général je ne suis pas fan des descriptions minutieuses de certains de ses romans mais, oh surprise ici, on est dès le début happé dans le récit. Au passage, cela n'enlève rien à la qualité des phrases. Comme celle-ci:



"Quel poète nous dira les douleurs de l'enfant dont les lèvres sucent un sein amer, et dont les sourires sont réprimés par le feu dévorant d'un œil sévère?"



Phrases poétiques à souhait et lourdes de sens. Quant à l'enfance du petit Félix, comme il nous la rapporte, elle ne sera donc qu'un souvenir douloureux .



Pourtant, alors que la France est agitée par les derniers soubresauts napoléoniens, une rencontre va éclairer sa vie: la rencontre, lors d'un bal, avec Henriette de Mortsauf. Mais elle a trente ans, et lui vingt, et surtout elle est mariée, deux enfants, et n'est pas prête à céder aux élans romantiques de ce jeune homme, bien qu'elle recherche sa compagnie.



Après cette illumination dans la vie de Félix, un jeu d'approche puis de séduction s'installe. Et là je reconnais n'avoir pas bien goûté cette installation, qui dure une bonne centaine de pages, jusqu'à l'arrivée d'une tierce personne qui met un peu plus de piquant dans l'histoire.



Par contre, la fin est intense et somptueuse avec l'agonie d'un des personnages qui résonne comme la fin d'un idéal et une sanction terribles pas seulement pour celles qui ont approché Félix de Vandenesse mais aussi pour lui.





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La Bourse

"La Bourse",est une nouvelle parue en 1882 aux éditions Mame-Delaunay, dans les Scènes de la Vie privée de la Comédie humaine.

Il s' agit d' une nouvelle très agréable à lire tellement les principaux protagonistes agissent avec une grande délicatesse, beaucoup de noblesse d 'âme et de dignité.

La baronne de Rouville, élève seule sa fille, Adélaide. le baron de Rouville, décédé a laissé sa femme sans ressources.La mère, la Baronne, et sa fille vivent dans

l 'indigence. Mais les deux femmes utilisent un trésor

d' ingéniosité pour cacher leur misère. Ces deux femmes, la mère et la fille, ont la dignité chevillée dans leur âme. Aucune plainte sur leur état matériel ou leur misère. Elles "respirent" la dignité et la noblesse. Leur maintien est altier et noble.

Dans le même bâtiment, habite, Hippolyte Schinner, peinte pauvre qui trouve plus pauvre que lui. Il vit avec sa mère. Cette dernière est une fille-mère qui au prix de tant de misère éleva, seule, son fils. Ce dernier rencontra la jeune fille,Adélaide d' une façon fortuite car un jour étant sur une échelle, Hippolyte chuta et s' évanouit.A son réveil, le premier visage qu 'il voit est celui d Adélaide; Il fut ébloui par sa beauté.Il devint amoureux d'elle.Les deux jeunes sentent qu' ils sont faits l 'un pour l 'autre.

Hippolyte se rend un jour chez la baronne et sa fille pour les remercier de l' avoir sauvé.Et là, il rencontre deux vieux qui sont habitués à venir jouer aux cartes avec la baronne. Les vieux perdent toujours volontairement et ainsi de façon tacite, ils aident la baronne qui est la femme leur ami, le baron. Cela intrigue Hippolyte qui ne sait comment juger ces deux femmes. Un jour, Hippolyte oublie sur la table sa bourse qui contient quelque argent

et lors qu 'il revient de mander s 'il a laissé quelque chose

sur la table, on lui qu 'il n 'a rien laissé .Entre-temps, Hippolyte est devenu un peintre célèbre et a acquis une grande renommée.C 'est un peintre adulé.Les artistes eux-mêmes reconnaissent Schinner pour un maître, et les marchands couvraient d' or ses tableaux .

Je ne peux pas et ne veux pas en dire plus pour ne pas priver le potentiel lecteur du plaisir de la lecture et son dénouement .

J 'ai fait une très belle lecture et ai eu beaucoup de plaisir..























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Le Père Goriot

"Le Père Goriot" a la réputation d'être l'un des romans les plus accessibles de Balzac ; de là sans doute vient le fait qu'on le donne facilement à lire à l'école. Pourtant, je n'avais jamais eu l'occasion de le lire, ne comptant pas parmi les fervents admirateurs de l'auteur.



Je suis heureuse de l'avoir découvert adulte car je ne pense pas qu'adolescente, en pleine période de rébellion contre l'autorité parentale, j'en aurais apprécié toute la finesse. La subtilité et la beauté de ce portrait de père est remarquable et nécessite, de mon point de vue, le recul que donne la maturité pour bien saisir la notion de sacrifice qui est au cœur du roman.



Le terme "Père" du titre désigne à la fois une civilité familière et un statut sociologique et social. M. Goriot devient, au fil des pages, une figure archétypale, quasi allégorique de la paternité avec une dimension christique : l'homme qui donne tout à ses enfants, aux êtres qui lui sont le plus chers, sans en attendre de reconnaissance, l'homme qui se sacrifie avec abnégation jusqu'à l'abandon et la misère, celui qui pardonne sans conditions et qui se réinvente au service du bien-être et du bonheur de ses petits.



Face à l'image du père, Balzac nous offre une autre image forte, celle d'un fils sous les traits d'Eugène de Rastignac, jeune arriviste déchiré entre son ambition et sa probité. Les scènes d'intérieure de la pension Vauquer annoncent le courant réaliste teinté de naturalisme précoce et sont admirables de véracité. Balzac aurait pu titrer son roman "Splendeurs et misères des Parisiens".



Le roman est foisonnant de personnages, tant d'hommes que de femmes même si une réelle féminité s'en dégage ; le rythme que j'ai d'abord trouvé lent et alourdi de descriptions mobilières s'est finalement accéléré au gré d'une action chargée d'émotions. Le fait qu'une grande partie du récit se déroule dans le huis-clos de la pension Vauquer n'a pas été sans m'évoquer le futur "Pot-Bouille" de Zola, bien plus crû mais tout aussi insolent et voyeur. Logique puisque "Le Père Goriot" fait partie des scènes de la vie privée de la "Comédie humaine".





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Sur Catherine de Médicis

Qui était vraiment Catherine de Médicis ?

Une tête froide qui garde la France sur les rails dans la tempête, ou une Mama italienne, une reine mère ambitieuse qui, malgré son rôle second veut le pouvoir à tout prix ?

Reine de France pendant douze ans, de 1547 à 1559, date de la mort de son époux Henri II, elle subit le pouvoir de son mari, d'après Balzac, qui affirme qu'elle gouverne alors ensuite pendant trente ans, de 1559 à 1589, bien que seulement reine mère.

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Le livre I, "Le martyr calviniste" situe l'action à Blois et Amboise, en 1560.

Le roi François II, fils de Catherine est jeune ( 15 ans ), et pense plus à la reine Marie Stuart dont il est amoureux qu'à la politique. Il a confié le gouvernement aux Guise, oncles de la reine.

Nous sommes, comme avec Robert Merle dans "Fortune de France" plus tard, introduits dans le cercle fermé de la cour par Christophe Lecamus, fils d'un fournisseur de la reine, qui doit transmettre le plan d'enlèvement du roi par les Réformés à Catherine, mais celle-ci est prise sur le fait en train de cacher le document par la reine, Marie Stuart.

Les Guise arrêtent le chef des Réformés, le prince de Condé et le chef de la conjuration : La Renaudie. Christophe est soumis à la Question. Le châtiment est terrible : environ 1500 réformés sont pendus ou noyés. François de Guise est nommé lieutenant général par le roi qui meurt peu après : cette mort "arrange" ( ? ) bien Catherine, car elle devient alors régente du nouveau jeune roi de 10 ans, et les Guise sont relégués au second plan.

Ce livre I est d'une grande qualité.

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Le livre II, "La confidence des Ruggieri", place l'action en 1573. Catherine a fait signer l'action de la Saint Barthélémy au roi Charles IX, 22 ans, action qui aurait dégénéré en tuerie, Charles, [ cyclothymique ], ne souhaitait pas cela, car il aimait bien son père Coligny, alors chef des Calvinistes.

Ce livre révèle la seconde passion de Catherine après le Pouvoir : l'astrologie. Elle a auprès d'elle, outre les Gondi, deux astrologues florentins fictifs ( ? ), les Ruggieri qui lui prédisent l'avenir : son fils va bientôt mourir. Charles, lors d'une vauriennerie, les repère avec leurs fioles sous les toits, et les arrête. Laurenzo Ruggieri ressemble à Panoramix, ou au père Fouras... Interrogé par le roi, il sort un boniment de prédictions convainquant, auquel, on le sent, Balzac ne croit pas.

Au passage, il signale que la maîtresse du roi épousera un "Balzac".

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Le livre III permet à un avocat invité à un dîner mondain en 1786, d'évoquer un songe : il a parlé à Catherine de Médicis, qui relativise la Saint Barthélémy [ 20.000 assassinats dans la France entière quand même ] par la révocation de l'Edit de Nantes de Louis XIV qui a fait, selon elle, trois fois plus de morts, et par le fait que, toujours selon elle, Saint-Louis a laissé dix fois plus de Français en Egypte lors de la septième croisade.

Mais surtout, elle prédit à l'avocat que ces actions des Réformés préparent l'anéantissement du clergé catholique et de la noblesse.

A la fin du livre, on apprend que cet avocat est Robespierre.

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De ces trois livres "sur Catherine de Médicis" écrits à des époques différentes, 1828, 1836, et publiés en un seul volume en 1842, je retiens un plus fort questionnement sur cette époque complexe, après avoir croisé les plumes de Robert Merle, Alexandre Dumas et Honoré de Balzac.

Concernant la forme, les livres II et III semblent quand même bien tirés par les cheveux ; seul le livre I nous apporte une intrigue digne d'un grand écrivain : )
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Le Médecin de campagne

C’est un fait que le Balzac des champs est moins connu que le Balzac des villes. On connait ses portraits de jeunes provinciaux naïfs et ambitieux tentant de percer dans la capitale, ses peintures des bas-fonds, parfois ses considérations ironiques sur les notables de petites villes. Mais ‘Le médecin de campagne’ est une œuvre à part par son optimisme sociale, et par la joie de vivre simple et solide qui l’imprègne.



Dans les années 1820 Genestas, un ancien officier de l’armée de Napoléon voyage vers une vallée perdue de Dauphiné. Au chevet d’un crétin des alpes agonisant, il trouve l’homme qu’il est venu chercher. Un simple médecin, mais dont la réputation s’étend bien au-delà de sa commune. Benassis, c’est son nom, accueil le militaire. Au cours de la soirée, il lui raconte comment, en quelques années, il a transformé un trou à misère ravagé par la pauvreté et le manque d’iode en une riante vallée à la population prospère. Les jours suivants, il lui en montre quelques réalisations, et lui fait rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs. Mais le médecin et le militaire cachent chacun un secret…



A travers ses magnifiques descriptions de l’âme humaine et de la nature, Balzac profite de ce roman pour exposer ses opinions sur l’économie et la politique. Pour la première, il s’affiche en partisan résolu du capitalisme, voir du mercantilisme pour certains aspects : importance de l’industrialisation, nécessité d’un commerce dynamique, bonne gestion des ressources naturelles. Il souligne également le rôle capital des infrastructures. Pour le crédit, le problème reste en revanche en suspens : le bon Bénassis fait office de banque d’investissement publique, prête à chacun les capitaux nécessaires pour se mettre à flot, et ses indispensables conseils. Difficile donc de reproduire ce modèle sans un homme providentiel.



Ce qui du reste rejoint se opinions politiques : résolument royaliste et légitimiste ! Pour lui la monarchie est le seul régime politique viable sur le long terme, et le catholicisme le ciment de la société. Autant dire que certains jugeront peut-être qu’elles ont quelque peut vieilli. Et le pire : son analyse sociale éveille de curieux échos ! Selon Balzac, tout le monde ne pouvant être riche et puissant, il est nécessaire de circonscrire le sentiment d'injustice à un petit nombre – l’aristocratie. Sinon, il s’étendra à toute la société, l’affrontement entre le peuple et la bourgeoisie sera inévitable. Les inégalités se reconstituant aussi vite qu’elles disparaissent, une lutte sans fin s’engagerait…



Certain s’étonneront sans doute de ce Balzac ultra-légitimiste, antiparlementaire, résolument paternaliste. Ce serait oublier que Balzac est un écrivain-caméléon, qui s’identifie plus facilement aux personnages qu’il crée que l’inverse.
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La vieille fille

" La vieille fille " est un roman d' Honoré de Balzac , roman qui fait partie de la série de la Comédie humaine . Sa parution date de l' année 1837 . le récit se déroule dans la ville d ' Alençon . l'' auteur nous laisse voir les rivalités sociales , politiques et financières dans les différentes couches de la société . Balzac , dresse ici un tableau noir , satirique , caricatural et ironique de cette société provinciale de l' époque . Il n' est pas tendre envers elle et c' est le moins qu' on puisse dire

Nous sommes , en l' année 1816 , Rose Cormon femme de quarante-deux ans commence à désespérer car jusque là aucun homme ne s' est présenté à elle pour la demander en mariage . Cette femme issue de la bonne bourgeoisie , est disgracieuse pour ne pas dire qu ' elle est laide .Elle est ,aussi , l' une des plus riches personnes de la ville .

Une des tares de cette société est que les gens n'agissent que selon leurs intérêts , intérêts matériels et

financiers bien sûr.Alors cette vieille fille attend le prince

charmant qui voudrait bien d' elle .Deux hommes âgés ,

rusés, avides et cupides vont se lancer dans la compétition

pour soi-disant prétendre à la main de Rose .

le premier prétendant est le chevalier de Valois , royaliste dans le sang .

le deuxième prétendant est un homme rustre . Il est

républicain . Il s ' agit de monsieur du Bousquier .

Les deux prétendants sont l' antithèse entre passé et futur et se livrent une sourde lutte .

Mais il y a un troisième prétendant : il s' agit du jeune

homme , Athanase . Ce dernier est plus jeune que Rose .

Il n ' est guidé par aucun calcul ni intérêt . Il aime Rose

pour elle-même . C est un jeune homme probe et désire

se marier avec la vieille fille .

Rose , la vieille fille , a un grand désir , un rêve : c' est

se marier et surtout enfanter , avoir des enfants !

Son rêve se réalisera-t-il ?
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Le Père Goriot

Oui, "Le Père Goriot" [1842] de monsieur Honoré "de" BALZAC est bien une "oeuvre grandiose" [Cf. l'immense majorité ‒ au 03/04/2021 ‒ de vos 244 critiques sur Babelio] : comment ne pas souscrire ? La "Pension Vauquer" aux murs verdâtres est un moment de littérature magique ‒ increvable ‒ et d'une force (tragi)comique intacte...



Balzac et "La Comédie Humaine" : j'ajouterais même qu'il a été ‒ avec Georges SIMENON, un siècle après lui ‒ le chantre idéal et génial de "La condition (incluant la tragédie) humaine". En bref, quel grand type ce fut !!



Et ce banal petit arriviste (au coeur lui aussi verdâtre) d'Eugène Rastignac, parti de presque rien, ayant besoin de se jucher sur la tombe la plus haut située du "Père Lachaise", cachant mal ses dents longues de futur "Dracula" – tel le personnage spectral de "Frank White" incarné par l'acteur Christopher Walken dans l'extraordinaire "The King of New York" d'Abel FERRARA [1990] – pour aller proférer son fameux cri cannibale de "Paris me voici !"... Personnage de fiction dont la "réussite" est de nos jours incarnée par les trajectoires de "Kings of Paris" d'un temps, d'une époque (songeant ici aux sidérantes "carrières" d'un Carrère, d'un Foenkinos, d'un Houellebecq... , de tant d'autres aujourd'hui courtisés). Et de cette terrifiante "Matrice/Fabrique-de-Rastignacs-sur-Seine" (magnifiquement en phase avec les mille conditionnements de notre monde actuel), il en surgira encore d'autres... qui n'auront évidemment pas tous le talent prophétique de notre Tourangeau universel ! :-)



Quant au pauvre Goriot rétrogradé dans sa soupente, avec ses deux filles le reléguant au Magasin des Antiquités sans valeur : on rapprochera cette tragédie paternelle de celle que vit le pauvre protagoniste de la "Destruction d'un coeur" [1927], cette nouvelle inoubliable et poignante de Stefan ZWEIG... "Goriot L'antique" n'est décidément plus fait pour ce ("Nouveau" ?) monde-là... Juste bon à être exploité et spolié par la chair de sa chair, jusqu'à son dernier liard... Juste utile à être méprisé un peu plus, une fois vérifié qu'il est socialement bien mort...



Terrible inactualité des "Rastignac" et des "Goriot"...



Faisant partie de notre trio balzacien magique & préféré : "La Peau de chagrin" [1830]... "Eugénie Grandet" [1833]... "Le Père Goriot" [1842]... Regrettons simplement que "notre science balzacienne" de lecteur soit encore si maigre à ce jour !
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La comédie humaine - La Pléiade, tome 10

Les Nouvelles, genre que j'apprécie particulièrement, permettent de me réconcilier avec Balzac. Vous le savez, j'aime beaucoup moins cet auteur dans ses romans, je n'y reviens pas.



L'Enfant maudit appartient à la série des Études Philosophiques. Ce texte m'a fait sourire. En effet, il débute par la présentation de la comtesse Jeanne d’Hérouville, sur le point d'accoucher. Celle-ci ne veut pas réveiller son mari. Malgré les douleurs, elle essaie de changer de position dans le lit et est toute contente quand elle y parvient sans que son époux ne bouge un sourcil, perdu dans les bras de Morphée. Voui, voui, voui... même si je n'ai jamais accouché, si ce n'est d'un pauvre petit livre, j'ai de gros doutes tout de même sur le fait que l'on puisse réagir ainsi (mais on ne hurle pas chez les nobles ?) ! Bon, alors que faire lorsqu'on a changé de position et que le petit être ne demande qu'à sortir ? Eh bien, regarder en détail la chambre bien sûr ! Et voilà notre Honoré parti dans des considérations philosophiques qui nous font oublier (il est filou !) la parturiente. Telle une caméra, la vision de l'auteur balaie le lieu et les personnages. Ah ! Voici que l'on s'arrête sur le dormeur : un être apparemment proche de Quasimodo, royaliste de surcroît et assassin... Que du bonheur !



Je continue ? Que nenni ! Lisez plutôt cette nouvelle car elle vaut le détour. Et même si j'ai pris tout cela avec humour, je peux vous assurer que c'est du grand Balzac, vraiment. Car vous imaginez bien que ce dernier n'étant pas un comique, il y a quelque chose de bien plus profond derrière. Si Jeanne adopte cette attitude, c'est parce que sa vie en dépend. Pourquoi ? Eh bien, à vous de le découvrir !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le Père Goriot

Le père Goriot. Ouvrier devenu fabricant de pâtes, négociant en grains, fabuleusement enrichi par des opérations menées pendant les disettes des années 1790, anciennement du Comité de salut public. Goriot, veuf ayant reporté toute sa capacité d’amour sur ses deux filles. Filles gâtées, pourries - on peut le dire - habituées à ce que le monde se prosterne devant elles. Réclamant leur dû en forçant l’admiration a coup de parures, de toilettes et d’équipages. Cherchant l’amour - le vrai ! - auprès d’aventuriers comme on parie une fortune sur un numéro à la roulette. Tout, tout pour être aimée, admirée, enviée…!



Vautrin, banquier de la pègre, évadé contraint à vivre en marge de la société, dans une misérable pension qui n’a de bourgeoise que le nom. Homme cynique, dominateur. Pour lui, les autres ne sont que des moyens qu’il peut utiliser, mépriser ou détruire selon leur utilité. Le bagne est cette île d’Elbe qui toujours menace de le rappeler, de le révéler à lui-même et aux autres.



Rastignac, jeune homme pauvre et noble, sorti de sa province pour tenter le destin à Paris. Rastignac, ébloui par les fêtes et les fastes, et bientôt horrifié par l’envers des apparences. Ébloui, horrifié, mais fasciné, finalement, par une vie parisienne qu’il ne pourra plus quitter…Balzac aura mis beaucoup de lui-même dans ce personnage.



Magie. La pensée magique consiste à voir des relations causales entre des événements qui ne sont pas relatés. Jeter du sel par-dessus l’épaule pour conjurer le “mauvais sort”, briser un miroir porte malheur, ne pas passer par la gauche de tel objet, mais à sa droite…Non, dans cette vie parisienne, il ne s’agit pas de magie, car la magie est simplement inopérante. Elle n’obtient pas l’inverse du résultat désiré. En mettre plein la vue à autrui pour… être admiré donc aimé, désiré ? Plutôt envié, puis détesté et peut-être haï. Autant essayer de raviver un feu avec de l’eau ou de l’éteindre avec de l’essence.



C’est pourtant l’essence de cette société de paons dont Balzac commence ici à dresser le portrait : une séduction aussi compétitive que permanente, séduction qui finit par ruiner le séducteur, après avoir atteint l’inverse de l'effet désiré. Balzac montre ici son génie, non seulement par la qualité de l’écriture et par la construction des personnages et des tensions, mais surtout en abordant des thèmes qui, près d’un siècle après l’écriture, ont largement débordé du faubourg Saint Honoré et affectent maintenant une société travaillée en long et en large par un consumérisme délétère.









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Sarrasine

Sarrasine est une nouvelle d'Honoré Balzac. La lecture de ce récit fut, pour moi,mitigée tellement j 'eus du mal à entrer

dans l'univers romanesque. Ce que j'ai saisi c 'est qu' il s'agit du jeune, Ernest-Jean Sarrasine issue d' une famille, les Lanti.

Cette dernière est fortunée. Sarrasine n'est intéressé ni par les études ni par aucune carrière. Il aime surtout sculpter.Il va apprendre et se perfectionner chez un grand artiste sculpteur .

C' est en fréquentant l 'opéra qu 'il fera la rencontre de la grande artiste, Zambinella.C 'est le coudre de foudre pour lui et son amour pour Zambinelle, est sans limites.La chanteuse ne peut répondre à son amour brûlant.

le pourquoi et l' issue de ce récit vous les saurez au cours

de la lecture du récit.
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La Comédie humaine - La Pléiade, tome 7

Avec Eugénie Grandet, Balzac a trouvé sa « formule magique » du roman en trois parties : d’abord une lente et copieuse exposition (Saumur), puis le noyau du récit (les personnages en action) et enfin le dénouement. En effet, la longue description de Saumur et de la maison de Grandet n’a pas seulement une valeur pittoresque, mais aide à comprendre la suite du récit.

Dans Eugénie Grandet, la force du drame repose sur des effets d’opposition et de contraste, qui contribuent à l’agencement de la trame romanesque : l’avarice de Grandet répond à la gentillesse d’Eugénie envers son cousin. La signification même de ce roman repose sur l’opposition père-fille : Eugénie est une jeune fille pure et généreuse, tandis que son père se rend fou par sa passion pour l’or.

De plus,Balzac dépeint ici la naissance de l’amour chez la jeune fille : un autre « type » de personnage. Eugénie est amoureuse de son cousin Charles mais, abandonnée par lui, elle finit sa vie seule, se consacrant aux bonnes œuvres. Tout en Charles la séduit, mais il lui préfère un nom à particule qui lui assure un statut social.

En fait, Balzac est à lui seul tout le roman ; il y appose sa signature, non seulement dans la forme du récit, mais également dans l’histoire, par les descriptions, par sa façon de créer des « types » de personnages (la Comédie Humaine)… Eugénie Grandet est un roman remarquable, peignant fort agréablement un tableau de la Restauration, sous laquelle une nouvelle classe a pris le pouvoir : ceux qui ont fait fortune au cours des années de la Révolution, comme Grandet.
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Le Père Goriot

Les interminables pages sur la pension Vauquer avec lesquelles Balzac campe -ou plutôt installe- le décor, sont les 40èmes rugissants du Père Goriot: passé le pensum de cette longue description, c'est une belle traversée et le lecteur aguerri peut jouir du voyage...



J'aime tellement le livre et j'aime tellement Balzac désormais - mon premier contact, trop tôt, avec Eugénie Grandet, a été un coup d'épée dans l'eau- que même la description de la pension Vauquer, avec ses pensionnaires répartis en strates sociologiques obligeamment expliquées et surlignées par l'auteur, a pour moi un charme magnétique: essayons de le faire partager...



Eugène de Rastignac a quitté sa province charentaise et vient tenter sa chance à Paris. Il est jeune, plein d'idéaux et de principes, plein de fougue et d'empathie.



Il est pauvre aussi et plein d'ambition : c'est pourquoi il est installé à la fameuse pension Vauquer, perchoir sordide pour oiseaux de passage ou nid discret pour grands prédateurs, avec vue sur la houle parisienne... plus vous êtes haut dans les étages, plus vous êtes bas sur l'échelle de la réussite: notre étudiant crèche en hauteur, inutile de le préciser!



Sa tante lui conseille de faire un beau mariage: d'"arriver par les femmes" - comme on conseillerait la route des alizées à un coursier des mers...



Le Père Goriot c'est donc un roman de formation, encore un, mais contrairement à la formation lente, machinale et sans événement d'un Frédéric Moreau chez Flaubert, ou à la lente consomption d'un amour interdit pour le jeune Félix dans le Lys du même Balzac, la formation de Rastignac va se faire au pas de charge, à la hussarde : Eugène n'est pas un colimaçon comme Félix, ni un mollasson comme Frédéric: c'est un gascon, et il a du répondant!



Dans la pension - vous voyez comme elle est importante, on y revient toujours, ne sautez pas les pages, persévérez!- se trouve un négociant en bonneterie, le Père Goriot, sorte de Christ de la paternité , vrai pélican pour ses deux filles, Delphine et Anastasie, qui le spolient allègrement et consciencieusement de ses biens pour éponger leurs dettes, vaquer à leurs plaisirs, entretenir leurs amants, vivre leur vie.



Plus elles le dépouillent, plus le malheureux vieillard monte dans les étages de la pension, devenant le souffre-douleur et la risée de tous.



Rastignac se prend d'affection et de pitié pour le vieil homme et rencontre ses filles... L'une, la blonde Dephine, épouse du baron de Nucingen, navigue dans le milieu de la haute finance, et l'autre, la brune Anastasie, devenue comtesse de Restaud, dans la faune huppée de l'aristocratie parisienne. Rastignac tombera sous le charme de l'une et deviendra l'amant de l'autre, mais sans perdre la tête pour autant. En revanche il joue,il gagne et sauve Delphine de la déroute puis il perd. Beaucoup.



Tentera-t-il une nouvelle carte, que lui propose l'inquiétant Vautrin - un rapace de haut vol, pensionnaire mystérieux de madame Vauquer, - qui le prend sous son aile protectrice et lui conseille la timide Victorine Taillefer,- tiens, tiens, une autre pensionnaire- mais millionnaire potentielle? Il suffit juste de tuer son frère.



Vautrin est dénoncé comme forçat en cavale par une pensionnaire - vous l'aviez deviné, non?- , et arrêté, mais le frère de Victorine meurt quand même, assassiné dans des circonstances obscures...



Le père Goriot apprend la ruine financière et le scandale qui menacent ses deux filles -Anastasie doit vendre ses diamants pour sauver son amant Maxime de Trailles- Il a un malaise et meurt bientôt, abandonné de ses filles qui n'assistent pas à son agonie, ne viennent pas à son enterrement et y pourvoient encore moins....



Rastignac qui lui a lui fait donner des soins, le veille, l'enterre. Il n'a même pas le sou qu'il faut donner au fossoyeur.



Le tour de force de Balzac est d'avoir concentré dans cette narration alerte, menée grand train, nombre d'événements violents, marquants, de personnages vénéneux, amoraux, mais, avant de les lâcher dans le monde, face à face, et de les regarder se déchirer à belles dents, il les a fait mijoter au préalable dans le chaudron de sorcière de la pension Vauquer.



Lenteur de la décoction, réaction explosive du mélange. La parfaite alchimie romanesque!



Même jeu d'antithèse pour les personnages: douceur et abnégation du personnage éponyme, le pauvre Père Goriot, cynisme et cruauté de son entourage.



Quant au jeune Rastignac, cette leçon de vie expéditive l'aura instruit mieux que de longues années d'apprentissage.



Un grand fauve est né.Le voilà prêt à entrer dans la jungle parisienne.



Oui, décidément, il faut lire attentivement et relire, je dirais même se délecter, se pourlécher de la description de la pension Vauquer: ce grouillant microcosme est la matrice même du roman...
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Physiologie du mariage

Premier livre écrit par Balzac, 'Physiologie du mariage' est tout à fait déroutant : si on y retrouve avec plaisir l'immense capacité d'observation et la plume ironique et fine du grand écrivain dans cet essai sur le mariage, on se demande aussi sans arrêt si ce livre assez daté et misogyne relève du lard ou du cochon (de la femme honnête ou de la créature, dirait-on plutôt ici).



Car Balzac semble se plaire à brouiller les pistes, à coup de 'Statistiques conjugales' démontrant l'inéluctabilité de l'infidélité féminine, de pages imprimées avec des caractères aléatoires (non, ce ne sont pas des erreurs typographiques à l'impression), d'aphorismes, de conseils péremptoires sur le lit commun, la manipulation ou les méthodes d'espionnage... et d'un style souvent abscons. Malgré une lecture attentive et la notice très bien faite, notamment au sujet du mariage 'exemplaire' de ses parents, je ne sais toujours pas dans quelle mesure il était sérieux en écrivant, ni pourquoi il s'est finalement marié lui-même sans craindre la 'minotaurisation'.



Pour autant, la lecture est plutôt intéressante et amusante, ainsi sa théorie sur la 'force de la crécelle' (répéter sans fin la même chose jusqu'à obtenir gain de cause), les ruses déployées pour nouer ou déjouer un adultère, et tout le vocabulaire imagé de cette guerre amoureuse. Je recommande plutôt une découverte par petits bouts, pour éviter l'indigestion de la police assez désagréable ou de certains développements théoriques pesants, et apprécier tranquillement son humour mordant et juste.
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Le Colonel Chabert

Imaginez deux secondes votre retour au pays, alors que tout le monde vous croyait mort sur le champ de bataille depuis plusieurs années. Des exclamations de joie seraient les bienvenues, ainsi que quelques larmes de bonheur. Et bien que cela offense votre modestie habituelle, vous accueilleriez cette fois-ci les qualificatifs de béni des dieux et de miraculé avec une certaine indulgence.



Malheureusement pour le colonel Chabert, cette situation idéale est entravée par plusieurs obstacles : l'administration l'a déclaré mort, et n'est pas d'humeur à changer d'avis aussi facilement ; si le colonel était le bras droit fidèle d'un empereur, il se retrouve aujourd'hui face à un roi, qui ignore tout de lui ; sa femme a épousé son amant, s'est constitué une solide fortune avec l'héritage qu'elle a reçu, et a maintenant deux enfants. Bref, la société toute entière se porte beaucoup mieux avec un Chabert mort qu'avec un Chabert vivant, et n'entend pas se laisser contrarier par la vulgaire réalité des faits.



Habitué à rugueuse franchise de l'armée, et ayant rempli ses devoirs de soldat et d'époux, le colonel a bien du mal à comprendre pourquoi son comportement n'est pas payé de retour, et les voies tortueuses de la justice ont de quoi le surprendre : on l'encourage à être vivant, mais pas trop, à réclamer l'argent qui lui appartient, mais pas tout, à laisser sa femme qui lui a juré fidélité vivre avec quelqu'un d'autre. Le fait qu'il soit dans son bon droit sur toute la ligne ne semble impressionner personne.



Le portrait que Balzac nous livre est finalement assez cruel : un homme qui a été intègre toute sa vie et qui ne reçoit comme récompenses que manipulation, tromperie et complications juridiques. Ce récit souligne également la fragilité de la position sociale, qui ne tient que par la bonne volonté des pairs. Quand ils tournent le dos au colonel, il ne reste plus que les anciens frères d'arme pour lui offrir un bout de pain.
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Illusions perdues

Illusions perdues c'est le grand roman de l'ascension fulgurante d'un jeune provincial qui débarque d'Angoulême à Paris. Lucien Chardon, - de Rubempré par sa mère -, qui se dit poète et futur écrivain,quitte sa province, dans des conditions romantiques à ses yeux, pour Paris. Une ville brillante tant par sa vie culturelle que par les opportunités de réussite. Très vite Etienne Lousteau, journaliste, le prend sous son aile et l'oriente vers cette activité, Lucien montrant de vrais talents dans les idées et le style. Mais être trop brillant ou trop intelligent peut faire de l'ombre....Sa vie dissolue ainsi que sa naïveté vont vite l'entraîner sur une pente dangereuse.



Quelle fresque sociale et sociologique que ce roman, dans lequel Balzac analyse de façon magistrale, la société du XIXème siècle. Que ce soit l'aristocratie provinciale et desargentée, les affairistes d'Angoulême qui veulent mettre la main sur une imprimerie pour ruiner son propriétaire ou à Paris, dans le milieu des libraires et des journalistes, tous prêts à rédiger des articles dithyrambiques pour assurer un succès artificiel d'une mauvaise pièce de théâtre ou descendre un roman de qualité, rien n'est laissé au hasard par Balzac. Cette galerie de personnages foisonne de caractères serviles, trompeurs, avaricieux, mus par la jalousie ou la candeur et la naïveté comme celle de Lucien, aveuglé par un succès éphémère, fat, et qui oublie vite sa famille en province, d'autres sont manipulateurs comme Lousteau, ou les imprimeurs de province, sans oublier l'avoué véreux.

Toute la panoplie de la nature humaine dans ce qu'elle a de plus vile, triomphe, en bernant les plus altruistes, détruisant les illusions de Lucien mais surtout celles de sa soeur Eve et son mari, deux êtres sincères qui restent englués dans les dettes en partie contractées par Lucien.

J'ai'apprécié cette vision lucide et cynique De Balzac sur la société du XIXeme siècle mais j'ai quelques bémols après cette lecture, de nombreux personnages dont il est quelquefois difficile de se souvenir, les détails, dans la troisième partie notamment les operations financières et les stratagèmes pour dépouiller certains protagonistes que j'ai eu du mal à suivre et quelques longueurs qui ont rendu ma lecture un peu ennuyeuse sur la fin.
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La Peau de chagrin



Honoré de Balzac fait partie de ses auteurs que j’affectionnais lorsque, adolescente, je devais lire ces grands auteurs classiques. Je n’ai gardé que peu de souvenirs de ce roman fantastique lu il y a très longtemps et j’ai donc décidé de le redécouvrir en lecture commune.



*

« La Peau De Chagrin », publié en 1831, raconte l'histoire d’un jeune homme, Raphaël de Valentin, qui, seul, ruiné, déçu par sa vie, décide de se suicider. Avant de passer à l’acte, il entre dans un mystérieux magasin d'antiquités et découvre par hasard, au milieu d’un véritable bric-à-brac d’objets en tous genres, une peau d'âne sauvage qui a le pouvoir, selon le vieux vendeur à l’air étrange, d'assouvir tous les souhaits de son propriétaire.

Mais malheureusement, il y a une contrepartie à cela : à chaque vœu, la taille de la peau diminue, entraînant le jeune homme vers la vieillesse, la maladie et finalement la mort.



« Si tu me possèdes, tu posséderas tout. Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. À chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu ? »



Cette peau devient pour lui une obsession, une torture qui l’emprisonne dans le carcan de la solitude et de l’angoisse. Elle le prive de rêves et d’espoirs.



« Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit … »



Comment peut-il vivre, profiter, aimer, être heureux, sans que la peau de chagrin ne rétrécisse et ne le condamne à mourir ?



*

Cette histoire nous montre, dans les premiers temps du récit, un jeune homme assez narcissique, cupide et prétentieux. Comment ne pas trouver insipide, ennuyeux, et même affligeant, cet homme seulement attiré par le luxe et les femmes riches et superficielles ?



Il ne conçoit pas l’amour sans la richesse.

Et pourtant, l’amour et le bonheur sont à portée de main, il a tout pour être heureux mais il est comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Aveuglé par la beauté chatoyante de la flamme, il est indifférent, aveugle à ses propres sentiments et ceux d’autrui.



« Ne sais-tu pas que nous avons tous la prétention de souffrir beaucoup plus que les autres ? »



Mais au fur à mesure que la peau se rétrécit, il prend conscience de la frivolité de ses désirs et des conséquences sur son existence, de la valeur de la vie et de son inéluctabilité. C’est à ce moment-là que mon regard a un peu évolué et que je me suis prise à avoir de l’empathie pour cet homme jeune qui tente vainement de retarder sa mort, mais qui néanmoins, s’y dirige. C’est effrayant de voir sa déchéance.

L’auteur nous fait entrer dans son esprit et on perce le secret de ses pensées, de ses émotions, de ses sentiments, de ses désirs irréfléchis, de ses peurs.



« La vie simple et mécanique conduit à quelque sagesse insensée en étouffant notre intelligence par le travail ; tandis que la vie passée dans le vide des abstractions ou dans les abîmes du monde moral mène à quelque folle sagesse. En un mot, tuer les sentiments pour vivre vieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre des passions, voilà notre arrêt. »



*

La peau magique est, d’après moi, une métaphore, celle de l’argent, du pouvoir, de la frivolité, de la vanité, de l’ambition et des femmes belles mais sans cœur. Elle imprègne les pages de peur, de souffrance morale et physique.

Avec ce texte, Honoré de Balzac explore, avec beaucoup d’acuité et de gravité, les thèmes de l’amour et du bonheur, du matérialisme et de la recherche d’une satisfaction immédiate des désirs, de la richesse et de l'ambition, de la crainte de vieillir et de l’acceptation de la mort.



« … l’amour est comme le vent, nous ne savons d’où il vient.



*

Ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de Balzac. Aimant cet auteur, son style, son regard acéré sur la société de son temps, sa finesse dans l’analyse du comportement humain et sa perspicacité psychologique, je pensais vraiment que ce roman me plairait.



« Depuis la mollesse d’une éponge mouillée jusqu’à la dureté d’une pierre ponce, il y a des nuances infinies. Voilà l’homme. »



L'histoire est intéressante, originale. L’écriture de Balzac est très belle, élégante, doucement ironique, c’est indéniable, mais, malgré tout, je dois bien l’avouer, je me suis plusieurs fois désintéressée du récit : les descriptions trop détaillées, les pensées philosophiques et les digressions interminables m’ont ennuyée. Cela m’a souvent demandé des efforts pour me remettre dans l'ambiance de l’histoire.



« Ton enthousiasme s’est réduit en peau de chagrin. »

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Et même si les dernières pages du récit, plus centré sur Raphaël et cette peau magique, ont relancé mon intérêt, ma vision globale du roman a cependant été gâchée par trop de longueurs.



*

Balzac est un très grand écrivain français, cela ne fait aucun doute. Cependant, cette histoire n'a pas été à la hauteur de mes attentes. Je m’attendais à un roman fantastique avec plus de mystère autour de cette peau d’onagre, plus d’émotions, mais c'est davantage une analyse psychologique de la nature humaine et de ses défauts.



Bien entendu, ce billet ne reflète que mon point de vue, il n'engage que moi et je vous encourage à vous faire votre propre avis en le lisant. J’espère que les inconditionnels de l’auteur ne m’en voudront pas trop d’être passée à côté de ma lecture. Ça arrive parfois.



* *

Merci à tous mes amis Babeliotes, ce fut un plaisir de partager avec vous tous nos ressentis et nos émotions sur ce texte. Je suis contente de l’avoir lu, malgré ma petite déception. Sans vous, je l’aurais peut-être piteusement abandonné.

* *
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La Cousine Bette

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens causer d'un grand beau classique, La cousine Bette, d'Honoré de Balzac.



-Oh noooooon !



-Ah siiiiiiiii !



-C'est pourri, Balzac ! T'as vu l'épaisseur du bouquin, en plus ? Ca sent encore des pages et des pages de description qui ne font pas avancer l'action, c'est nul !



-Hé bien tu as tort : la première page ne s'ouvre pas sur quatre kilotonnes de description, mais sur un dialogue.



Or donc, Adeline Hulot, épouse du baron Hulot, rencontre des soucis d'argent : son époux dilapide leur fortune avec ses amantes. Adeline ne peut donc pas marier sa fille. Qu'à cela ne tienne : Hortense, ladite fille, va se trouver un fiancé en séduisant l'amoureux de la cousine Bette… qui va machiner...



-Qui va machiner ?



-Une Terrible Vengeance !



-Moué. Pourquoi pas.



-Tu parlais plus haut des pages de description : il n'y en a point autant dans ce livre. En revanche, je reconnais que les textes dissertant sur la nature du Polonais, des Sauvages, des Corses, des femmes m'ont quelque peu agacée. Ces passages-là ont mal vieilli, je le crains. Fort heureusement, ils sont peu nombreux si l'on considère l'oeuvre dans son ensemble, oeuvre qui fait la part belle à la peinture de caractères.



-Y a des trucs, quand même, nan mais, y a des trucs… ça va pas, quoi !



-Quels trucs ?



-Mais tu as vu le traitement d'Adeline ? comment la figure de victime est valorisée, donnée pour modèle de perfection, alors que… alors qu'aujourd'hui, on lui dirait de divorcer et de mettre Hector en taule s'il ne lui paye pas sa pension alimentaire ?



-Oui, mais le roman ne se passe pas « aujourd'hui ». Je pense que c'est une erreur de le lire entièrement avec ses lunettes de lecteur/trice du XXIe siècle. Bien sûr que sa situation est inadmissible et injuste, cependant, Balzac écrit sur et dans son siècle, pas sur et dans le nôtre, avec tout ce que cela comporte comme préjugés culturels et jugements religieux.



Le roman, disais-je plus haut, est parfaitement réussi en ce qui concerne les portraits. Les personnages ont les défauts de leurs qualités, leur bonheur provoque paradoxalement leur malheur (je pense ici à Hortense et à son époux). La cousine Bette constitue un personnage ambigu : sa vengeance ne tombe pas complètement du ciel, il y a un contexte fort défavorable pour elle et l'on peut se demander quelle est la responsabilité de ses parents dans le ressentiment qu'elle éprouve pour Adeline. Il n'en reste pas moins qu'elle est habitée par une soif de pouvoir malsaine, démontrée par sa relation avec Wenceslas, l'artiste qu'elle soutient, soigne et torture en même temps.



Voilà ce que j'ai apprécié dans ce roman : il plonge au fond des coeurs pour nous les livrer dans ce qu'ils possèdent de pur et de noir. Evidemment, ces nuances ne sont pas également réparties entre les personnages et j'avoue mépriser le baron Hulot.



Un autre des points forts de ce roman réside dans ses dialogues. Plusieurs scènes sont traitées comme des scènes de théâtre, ce qui dynamise le texte et l'action, les rendant plus prenantes.



Et puis, c'est très sexuel, comme roman.



-Pardon ? Balzac ? Sexuel ?!



-Oui, bon, pas de façon explicite, bien entendu, nous sommes en 1846 quand même. Toutefois, il est plaisant de repérer les sous-entendus, les métaphores dissimulant la vérité crue et nue.



Il reste une dernière chose que je voulais mentionner : l'humour.



-L'humour? Ah, parce que maintenant, Balzac, ce poids lourd de la morale, de l'analyse psychologique, devient un blagueur faisant rire les foules ? Ben j'aurais tout lu, Déidamie.



-Non, tu exagères ! Bien sûr que non, tu ne vas pas trouver des boutades désopilantes à la façon d'un humoriste maître de l'art du stand-up. Cependant, tu vas lire dans ce roman des tournures pince-sans-rire, une ironie discrète, de l'humour authentique, mais appliqué en touches légères et subtiles, parfois si ténues qu'elles ne se remarquent qu'à la deuxième lecture. Je regrette, quand la cousine Bette foudroie du regard sa bobine, cela me fait sourire.



La cousine Bette est un roman incroyablement riche par son style et ses portraits approfondis. Oui, le texte est pessimiste, parfois alourdi par des réflexions désuètes et des allusions bibliques ou antiques (qui connaît encore aujourd'hui Combabos* ?), je le reconnais. D'un autre côté, il offre une exploration extraordinaire de la société du XIXe siècle avec une prose intelligente et complexe.



-C'est beau, quoi.



-Oui, voilà. C'est beau. »



*Combabos (résumé rapide) : son roi le chargea d'escorter la reine Stratonice, désireuse d'élever un temple à Hiérapolis. Terrifié à l'idée de trahir le roi, il se coupa les parties génitales avant de partir. Lorsqu'il fut accusé d'avoir couché avec la reine, il put aisément prouver son innocence.

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Une fille d'Ève

Quelle succession de lectures balzaciennes contrastées ! Après avoir lu Albert Savarus l'an dernier et avoir critiqué son côté "réglement de comptes" et presque trop autobiographique, me voilà avec un autre court roman méconnu de la Comédie Humaine... mais ici injustement méconnu.



En effet, le sujet peut paraître habituel : une infidélité. C'est le sujet de plusieurs des romans De Balzac. L'originalité ici est sans doute que l'histoire convoque de nombreuses "célébrités" de la construction panthéonique balzacienne: le baron de Nucingen, l'actrice Florine, l'écrivain Raoul Nathan, Rastignac, et même le célébrissime Félix de Vandenesse qui joue en plus un rôle central... celui du cocu !



Si dans un premier temps, Balzac semble se montrer assez misogyne en faisant peser le poids de l'infidélité sur la seule fautive (tout en égratignant au passage son éducation religieuse stricte qui pour lui la pousse plutôt à la faute qu'elle ne l'en prémunit), l'auteur dépeint comme d'habitude toute la société entourant l'histoire et accable finalement plus les salons et la science de la séduction de l'amant. Le final est assez haletant, avec des retournements de situation assez étonnants pour un roman si court et un dénouement très moderne à mon sens, mais je vous en laisse juge.



Les vies de l'écrivain et de l'actrice sont longuement dépeints et ils prennent parfois le premier rôle à la fille d'Eve du titre. La métaphore biblique parsème les premières pages mais ne tient pas sur la longueur. J'ai été séduit par de nombreuses tournures de l'auteur que j'ai parfois pris la peine de citer sur Babelio.



Un très bon Balzac donc, que je n'aurais sans doute jamais lu sans ma volonté d'exhaustivité. Je remercie donc mon moi de l'adolescence qui s'est donné comme objectif de compétition avec sa soeur de lire toute la Comédie Humaine alors qu'elle s'était proposé de s'attaquer aux Rougons-Macquarts... Je ne me suis rendu compte de l'inégalité d'enjeu que quand elle m'a gentiment dressé la liste des romans à lire, bien classé entre Scènes de la vie privée, Scènes de la vie parisienne, Scènes de la vie de province, etc... Je me suis finalement aujourd'hui lancé dans les deux défis, bien plus certain de réussir le Zola que d'achever le Balzac !
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Le Père Goriot

Classique parmi les classiques hérités de la production colossale de M. Balzac, "Le Père Goriot" est en dehors de l'histoire de ce vieil homme abandonné par ses deux filles ingrates dans une misérable pension parisienne, l'apparition d'un tout autre personnage qui fera le succès de l'auteur : le jeune Rastignac, un étudiant en droit qui se révèlera être doté d'une profonde ambition.



Ce roman d'époque traite à sa façon de l'amour paternel et du manque de reconnaissance de ses enfants en retour, le vieil homme ayant tout fait pour le bonheur de ses filles, jusqu'à se ruiner.

Ce livre ayant fait l'objet de nombreuses critiques précédentes, je n'ajouterais pas de commentaires supplémentaires si ce n'est qu'il doit être lu, autant que "La Comédie Humaine" ou "Eugènie Grandet".

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L'Auberge rouge

L'Auberge rouge fait partie des courts récits rédigés par Balzac, comme Le chef d'oeuvre inconnu ou La fausse maîtresse.



L'auteur construit sa narration en tiroir puisque l'intrigue est contenue dans un récit d'après-repas copieux et bien arrosé. L'un des convives, Allemand, est invité à raconter une histoire qui se révèle être un souvenir qui remonte à un conflit entre l'Empire germanique et la France révolutionnaire. Elle met en scène deux amis, étudiants en médecine qui rejoignent leur garnison où ils assisteront les services médicaux de l'armée. Tous deux épris d'humanité et de beaux paysages, ils prennent leur temps en chemin. Jusqu'à s'arrêter un soir, recru de fatigue après une journée de voyage, à la fameuse Auberge rouge. Cette nuit va marquer leur destinée puisqu'un meurtre y est commis.



Là où Balzac semble nous diriger vers une intrigue criminelle narrée par le convive allemand, résident en fait d'autres perspectives, plus psychologiques et sociales. Cette affaire de l'Auberge rouge, qui ne devait offrir qu'une divertissante histoire digestive, a des répercussions sur le présent du narrateur, également invité à ce repas et qui remarque un autre homme changer de couleur en cours de récit. Qu'est-ce à dire? Ou à deviner? Et quand la fille de cet homme mystérieux pénètre comme un coup de foudre dans le coeur du narrateur, le voilà face à de graves questionnements et un cruel dilemme.



Même sur un récit court, on retrouve les caractéristiques de l'écriture balzacienne et son regard vif sur la société de son temps. La nouvelle recèle également une ironie diffuse et une étude de caractères psychologiques face à l'or et à ses tentations intéressante malgré le court format. Une très bonne pioche dans la collection Folio 2€!
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