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Critiques de Honoré de Balzac (3255)
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Le Père Goriot

Le Père Goriot est un roman que je trouve magistral dans l'oeuvre d'Honoré de Balzac. Lu il y a quelques années, le confinement actuel est l'occasion pour moi de le revisiter et de vous partager mon ressenti.

Beaucoup de choses ont été écrites sur ce magnifique texte, sauf peut-être ce que nous en ressentons intimement. En tant que père, j'en ai été ébranlé. Je l'ai lu à deux moments importants de ma vie, maintenant et au moment où ma première épouse et moi, nous nous sommes séparés. Je me souviens que ce temps était douloureux... Les enfants étaient très jeunes. Ce ne fut pas facile, il y eut des déchirements. Les questions financières s'invitèrent dans cette séparation. Mais nous sommes parvenus à trouver un arrangement au bénéfice de nos enfants. Onze ans plus tard, mon ex-épouse est devenue presque une de mes meilleures amies. Permettez-moi d'évoquer ce détail un peu personnel puisque le roman me rappelle les relations entre un père et ses enfants, observant le destin douloureux du personnage principal, le Père Goriot, touché par l'ingratitude de ses filles, je m'étais alors dit en moi-même : " pourvu que je puisse être protégé de cela"... Et c'est à la faveur de cette seconde lecture, telle la petite madeleine de Proust, que la réminiscence de cette première lecture est remontée en moi comme une vague. Alors je n'ai pas eu de mal à dater le contexte de cette première rencontre avec ce livre...

Il semble que le premier chapitre résiste aux étudiants et aux jeunes lecteurs. Pourtant, tout ici est pourtant dit, le décor est planté. Mais peut-être faut-il avoir un peu vécu pour apprécier la saveur et la justesse de ce texte.

Le personnage principal, le Père Goriot, m'a profondément ému. D'autres vont venir, incarnant l'intérêt, la cupidité, l'absence de reconnaissance, montrant peut-être que la société fonctionne selon ces codes...

C'est une fable sociale à la fois merveilleuse et effroyable. Finalement, dans ce récit au réalisme saisissant, Honoré de Balzac a le courage de décrire l'âme humaine et sociale telle qu'elle est, ses enjeux, ses doutes, ses cupidités, ses alliances. Et dans les doutes, n'y a-t-il pas des plages de bonheur et de compassion qui s'invitent ?

Le texte qui sert ce questionnement est magistral. L'humanité toute entière s'engouffre dans ces pages. L'écriture est tout bonnement sublime. L'émotion est toujours à fleur de peau.

Terriblement réaliste, d'autant plus que les autres personnages, parfois pervers, qui gravitent autour du personnage principal, le Père Goriot, me semblent hélas intemporels...

Parfois j'ai l'impression que Balzac continue de nous raconter, non pas son histoire, mais la nôtre... Belle et terrifiante à la fois...

Quel bonheur alors !
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Le Père Goriot

Je n'avais jusqu'à ce jour jamais rien lu de Balzac.

Moi, l'amoureuse de la littérature, l'idolâtre de Zola, la dévoreuse de romans de nos fabuleux écrivains français du dix-neuvième siècle !

Lycéenne, j'ai étudié ou lu Zola, Flaubert, Maupassant... mais pas Balzac. Je suis passée au travers.

Mon fils, en classe de première, devant lire le père Goriot, j'ai profité de l'occasion pour pousser la porte de l'univers balzacien.

Me voilà donc dans la pension de la veuve Vauquer, à la découverte de ses occupants et de leurs histoires.

Quelle merveille ! Je suis conquise !

Moi qui aime les belles descriptions, je suis servie.

La maison tout d'abord, véritable décor de théâtre pour le drame qui va se jouer. Sordide à souhait, elle révèle le caractère de sa propriétaire et Balzac nous fait vraiment sentir l'atmosphère qui y règne.

Les pensionnaires ensuite, magnifiquement croqués. Balzac est d'une efficacité redoutable : on sait presque tout d'eux, rien qu'à travers leurs portraits.

Parmi eux, un certain monsieur Goriot, surnommé par tous le père Goriot.

Goriot, qui donne son nom au titre du roman.

Veuf et désargenté, il a connu des jours meilleurs mais se retrouve maintenant la proie des moqueries des autres habitants.

Et ceux qui ne le raillent pas ne savent que penser de lui.

Il intrigue.

Ainsi, Rastignac confie-t-il à Bianchon : "Sa vie me paraît être trop mystérieuse pour ne pas valoir la peine d'être étudiée."

Il y a donc du mystère dans ce livre.

Du suspense aussi. Habile manipulateur, Balzac tire les ficelles et sait entretenir l'intérêt du lecteur et son envie d'en savoir plus.

Qui est vraiment Goriot ? Qui est Vautrin ?

Pour le savoir, il faut lire la suite !

Car après avoir planté le décor, Balzac développe son intrigue. Et il le fait avec une grande maîtrise.

C'est passionnant à lire, de bout en bout.

Certains passages m'ont particulièrement impressionnée.

Par exemple, vers le début du deuxième chapitre se trouve une magnifique tirade de Rastignac à Vautrin dans laquelle l'expérimenté donne des conseils au jeune étudiant. En fait, c'est toute sa connaissance de la vie et sa rouerie qu'il lui offre. C'est un choix de vie qu'il lui propose : une vie honnête mais besogneuse et pauvre, ou une vie bien plus riche, mais à condition de ne pas être trop regardant sur la morale.

Drôle de choix !

Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est le dernier chapitre. Dans un crescendo d'émotions, Balzac nous raconte la fin de Goriot. (Je ne dévoile rien, le titre de ce chapitre est "La mort du père")

On ne peut pas rester insensible à la lecture de ces lignes terriblement émouvantes.

On ne peut pas rester insensible devant l'amour de Goriot pour ses filles.

On ne peut pas rester insensible devant la monstrueuse ingratitude dont ses filles font preuve envers lui.

Balzac a écrit dans ce chapitre des pages sublimes, qui m'ont émue au plus profond de moi.

Pauvre père Goriot !

Pauvre père à la générosité si naïve et touchante, que ses filles exploitent sans vergogne jusqu'au trognon.

Balzac est terriblement cruel quand il dépeint la façon dont ces égoïstes le plument :

"Ce père avait tout donné. Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour; il avait donné sa fortune en un jour. Le citron bien pressé, ses filles ont laissé le zeste au coin des rues."

Cruel, n'est-ce pas ?

Mais réaliste.

Terriblement réaliste. Car, qui ne connaît pas de père Goriot autour de soi ?

Des pères Goriot, il en existe plein, car des filles Goriot, il en existe malheureusement beaucoup.

Balzac ne fait que raconter ce à quoi il a dû assister. Il ne fait que raconter ce qui existe encore aujourd'hui.

Il dénonce des comportements pas jolis jolis, et il le fait d'une façon magistrale.

Je ressors tout éblouie de cette lecture.

Le père Goriot, c'est le roman de la générosité sublime contre l'ingratitude la plus extrême.

C'est le roman de l'amour paternel aveugle contre l'égoïsme absolu.

C'est merveilleusement bien écrit, c'est un régal !

Je découvre en Balzac un fin psychologue, un génie du tempo, un maître de la description.

Un écrivain exceptionnel.

Je suis conquise par ce roman et tellement heureuse de voir toutes les nouvelles possibilités de lectures qui s'offrent à moi.

Quel bonheur !

Je ne compte pas en rester là avec Balzac et me permets de reprendre à mon compte les célèbres mots que Rastignac prononce en fin d'ouvrage : "À nous deux maintenant !"
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Le Colonel Chabert

Déclaré mort à la bataille d'Eylau, en 1807, Le Colonel Chabert, comte d'Empire réapparaît en 1817 après plusieurs années de soins à l'étranger et pense ingénument qu'il va recouvrer son identité, son patrimoine et son mariage, mais malheureusement pour lui, les temps ont changé, le nouveau régime a oublié l'Empire. Sa femme, héritière de l’ensemble des biens s'est remariée avec le comte Ferraud issu d'une famille de la vieille noblesse et elle n' a pas l'intention de changer sa situation et encore moins reconnaître comme son mari ce vieil homme réapparu de nulle part...

Le Colonel Chabert apparaît comme l’empêcheur de tourner en rond. Résigné et généreux, il abandonnera ses droits pour éviter le scandale qui pourrait rejaillir sur sa première femme, sans aucune reconnaissance de cette dernière.

Une nouvelle émouvante où, au travers du destin du vieux Colonel Chabert, Balzac confronte deux mondes qui ne peuvent plus cohabiter : celui de Chabert un homme du peuple, incarnant la réussite par le mérite, symbole des valeurs de l'Empire, une société qui permet l’ascension par l'engagement, le courage et le respect de la parole et l'autre, la Restauration qui a remis en selle les aristocrates, revenus pour la plupart d'exil qui ne cherchent qu'à reconquérir leur prestige passé.

Avec cette nouvelle Balzac propose une étude mœurs en épinglant la médiocrité de Mme Ferraud et avec elle le régime de la Restauration en lui opposant la grandeur d'âme de son premier mari et celle du régime d'Empire.

Un texte poignant qui rend hommage aux perdants qui gardent la tête haute.
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Eugénie Grandet

J'ai lu mon premier roman d'Honoré de Balzac à l'âge de 14 ans, et pour être tout à fait franche avec vous, je n'avais pas du tout aimé, trouvant que l'auteur s'éternisait dans des descriptions d'objets ou de lieux beaucoup trop longues, et y préférant de loin, à l'époque, Emile Zola. Je m'étais un peu réconcilié avec Balzac quelques années plus tard avec sa nouvelle "Le chef-d'oeuvre inconnu"' mais maintenant que d'autres années ont passé, je me suis décidée à me replonger dans l'univers de ce que tous considèrent comme un grand auteur du XIXe siècle. Alors qu'à l'age de 14 ans, je ne comprenais pas pourquoi tant déloges, aujourd'hui, alors que je suis âge de 29 ans et est dons beaucoup mûri, je commence à comprendre !



Je ne vais pas vous refaire un résumé complet de toute l'histoire que, la plupart d'entre vous, j'en suis certaine, connaissent déjà, ou, du moins en ont entendu parler, mais simplement vous donner mes impressions sur cette lecture. Celle-ci m'a procuré beaucoup de plaisir en y découvrant le père Grandet, riche et avare homme de Saumur, de sa femme et de leur fille Eugénie, que les gens intéressés se disputent afin de faire un beau mariage pour leur propre progéniture. Pour le plus grand malheur d'Eugénie, celle-ci vivait dans un monde, celui du début des années 1800 où les femmes, et encore plus les filles de famille, n'avaient que très peu le droit à la parole et ne devaient pas se permettre le luxe de tomber amoureuse et de choisir elles-mêmes leur mari. Aussi, est-ce une malédiction lorsque celle-ci s'éprendra de son jeune et beau cousin de Paris, Charles. Mariage qui n'est pas envisageable pour le père de la jeune demoiselle étant donné que son frère, le père de Charles, a fait faillite et est, par conséquent, déshonoré.



Quel avenir envisager alors pour ces deux âmes égarées ? La richesse, voilà le thème principal de cet ouvrage car sans fortune, pour Grandet père et, en se replaçant dans le contexte de l'époque, l'on n'est rien !

Un livre aussi sur les sentiments que l'on doit souvent enfouir pour faire plaisir à son père, qui à créer son propre malheur !



Une lecture qui m'a ravie, même si elle n 'est pas des plus joyeuses, mais qui m'aura au moins permis de me réconcilier définitivement avec l'auteur en me donnant cette fois envie de ma plonger dans l'intégralité de "La comédie humaine" afin de combler mes lacunes dans le domaine balzacien ! A lire !
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La Maison du Chat-qui-pelote

Si j'ai toujours un peu de mal avec les romans de Balzac, j'avoue préférer de loin ses nouvelles. Il faut dire aussi que j'apprécie tout particulièrement ce genre qui oblige les auteurs à ne pas s’appesantir lourdement sur des descriptions. Car je ne supporte pas que l'on écrive 160 000 pages pour nous décrire une feuille tombant d'un arbre (j'me comprends, comme dirait l'autre...). Alors bien sûr, Balzac ne peut pas s'en empêcher, même ici. Il laisse courir sa plume mais de façon plus retenue. Et dans cette courte narration, cela peut avoir du charme.



Drôle de titre n'est-ce-pas ? Un titre qui va nous plonger dans les méandres d'un univers clos, ce que Balzac sait si bien faire. Une vision de la bourgeoisie par le petit trou de la lorgnette... Il s'agit ici d'une famille de commerçants, des drapiers pour être plus précise. M. Guillaume a deux filles (non, je ne joue pas au jeu des M. et Mme ont un fils !!!), Virginie et Augustine. Il s'avère que la première a épousé le premier commis de la boutique. Non pas par amour mais par devoir. Sa cadette, quant à elle, a écouté son coeur en épousant un peintre. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme prévu. Le destin des deux jeunes femmes est passé à la loupe. Je n'en raconte pas plus par peur de déflorer les soixante-deux pages. Le mieux est de le lire !



Quid du fameux chat alors, pour revenir au titre ? Il s'agit de la devanture de la boutique du sieur Guillaume. Et c'est d'ailleurs avec cette dernière que Balzac commencera son récit en insistant d'abord sur le côté vétuste avant de la faire s'animer et de faire rentrer le lecteur dans ce microcosme intimiste.



Comme il est plaisant de relire ainsi des classiques ! Allez, je vous laisse entre de bonnes mains...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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La Peau de chagrin

Honoré de Balzac est un véritable peintre de l’écriture, c’est aussi un auteur prolifique et comme je le dis souvent, qui aime s’entendre écrire. La peau de chagrin nous raconte l’histoire de Raphaël de Valentin, jeune écrivain (double de Balzac ?) qui désire réussir dans sa vie en gagnant rapidement de l’argent. Pour le jeune Raphaël, la réussite sociale comme le bonheur passe par l’accumulation de richesse à tout prix. Au risque même de pactiser avec le diable au point de dire à qui veut l’entendre : « Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ».



Balzac aborde dans ce roman une multitude de thème : le temps, l'argent, le bonheur, l’amour, la nature, la mort avec au centre la place de l’homme et son existence. En suivant le jeune Raphaël dans ce tourbillon de sentiments et de sensations, on rencontre aussi une foultitude de personnages aussi différents et complexes les uns des autres. De l’antiquaire au médecin, du créancier au paysan, de la prostituée à la femme du monde, ils nous proposent tous à leur niveau une définition du bonheur qui interroge Raphaël mais qui nous interpelle aussi.



Balzac écrit à la vitesse de la pensée et c’est ce qui nous perd de temps à temps…il faut souvent faire un effort pour rester avec lui et c’est là le problème. Mais une fois accepté cette difficulté, on commence à apprécier cet auteur. Son écriture reste malgré tout fluide et agréable à parcourir même s’il nous noie de temps en temps en temps dans les détails. Ce sont d’abord les lieux qui bénéficient de cette minutie et de cette précision. L’auteur nous offre ainsi une surprenante déambulation dans un commerce parisien d’antiquités où nous finirons par découvrir la fameuse peau de chagrin qui est au centre de ce roman.



Mais ce sont surtout les personnages féminins qui bénéficient le mieux de l’art du portrait chez Balzac. De la vaniteuse au sans cœur Fœdora, aux irrévérencieuses mais sculpturales Acquelina et Euphrasie, en passant par la virginale et amoureuse Pauline, toutes possèdent une description proche de la réalité. Une vraie peinture physique qui leur donne une existence au sein du récit. Cette maitrise de l’auteur ce fait souvent au dépend de l’action. Mais Il les décrit de si belle manière que l’on peut tout lui pardonner.



Enfin un petit mot sur cette fameuse peau de chagrin que reçoit Valentin du vieil antiquaire. Celle-ci peut satisfaire tous les désirs du jeune homme. Mais sa superficie, liée par un charme mystérieux à la durée de la vie de son possesseur, rétrécit à chaque souhait exaucé. Elle le fait vieillir prématurément, lui vole sa vie en créant un conflit entre le désir et la longévité. Le temps devient alors un concurrent redoutable. Un choix est indispensable entre vivre plus intensément moins longtemps, et moins intensément plus longtemps. Et enfin, seul face à sa mort, dont il peut chaque jour en calculer l'échéance, il finit par délaisser la société des hommes en renonçant à la jouissance du monde.



Il faut déguster cet auteur avec lenteur. On ne peut pas se permettre d’être gourmand sous peine d’indigestion. On lui reproche souvent ses descriptions interminables mais il est avant tout un bavard de l’écriture. On sait qu’il manifeste une certaine jouissance personnelle à en faire trop. Mais lorsque l’on voit la stature du personnage, on comprend mieux la monstruosité de son style. Le grouillement de ses mots correspond parfaitement à son ossature. Les mots de Balzac débordent souvent du cadre romanesque et nous emportent dans un torrent de bavardage qui risque de noyer le lecteur imprudent. Je suis devenu avec le temps un grand insatiable du style balzacien. Après Eugene de Rastignac dans le Père Goriot et Raphaël de Valentin dans la Peau de Chagrin, il me restera peut-être à découvrir Félix de Vandenesse du Lys dans la vallée pour terminer la liste des personnages les plus autobiographiques de Balzac.

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Une passion dans le désert

Il est soldat dans les sables d'égypte. Emporté par l'ennemi, il s'échappe mais reste en prison, dans la prison plus vaste qu'est ce désert. Il a la chance après une journée de marche d'y découvrir un refuge. Quelques palmiers dattiers, de l'eau et une caverne où il pourra fuir les dangers, croit-il ...



Il se réveille. Un bruit de respiration a troublé son sommeil, une odeur forte emplit l'espace confiné de la grotte, des yeux luisent dans l'obscurité...



Qui est là? A sa grande surprise, c'est la passion qui va surgir, une passion surprenante, inattendue, dangereuse.



En sortira-t-il indemne?



Un récit étonnant pour lequel je remercie doublement Bernard, berni_29, pour sa critique d'abord et pour la suggestion de le charger en livre audio, ensuite



Honore_de_Balzac_-_Une_Passion_dans_le_desert.mp3

René Depasse
Lien : https://www.litteratureaudio..
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La Duchesse de Langeais

Un nouveau Balzac ! Cette fois-ci, l’auteur nous offre avec La Duchesse de Langeais une véritable histoire d’amour plus dramatique que celles que j’avais l’habitude de lire.



J’ai retrouvé de nombreux points communs avec La Princesse de Clèves, notamment un amour impossible entre une jeune femme mariée et un homme admiré pour ses qualités physiques comme morales. Toutefois, ici, le roman débute de façon inattendue, dans un couvent d’Espagne, où on soupçonne un amour caché entre Sœur Thérèse et un général de l’Armée. Dès lors, Balzac nous livre une histoire atypique, qui plonge le lecteur au cœur de la société française du XIXème siècle. Nous suivons alors la rencontre entre Antoinette de Navarreins, devenue la Duchesse de Langeais, et le jeune Armand de Montriveau, qui revient tout juste d’un long périple en Afrique. C’est un coup de foudre pour l’un, mais pas pour l’autre. Toutefois, après avoir cédé aux charmes de Montriveau, Antoinette pourra-t-elle être heureuse ? Les deux amants seront-ils réunis ? C’est ce que l’on découvre au terme d’une longue aventure, aussi impitoyable que passionnante, dont la scène finale est touchante au plus haut point…



J’avoue que j’ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l’histoire, sans doute à cause des longues descriptions caractéristiques de l’écriture de Balzac ; néanmoins, l’histoire est devenue de plus en plus intéressante, et je ne voulais plus abandonner le livre avant de connaître la fin…

Ainsi, Balzac signe encore un très beau roman, même si j’ai été encore plus emportée par la merveilleuse narration du Père Goriot, roman incontournable de l’auteur de la Comédie Humaine.

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Une passion dans le désert

Une passion dans le désert est un très court roman De Balzac, d'une vingtaine de pages, autant parler d'une nouvelle.

Ici on est loin du décor habituel de la Comédie humaine, l'écrivain abandonne pour un temps sa confrontation avec la société des hommes, pour nous entraîner à rebrousse-poil dans le désert, ses vertiges, ses affres, sa sensualité aussi, et mieux nous perdre ainsi.

C'est une histoire qui a pour toile de fond la campagne de Napoléon en Égypte.

Mais le roman commence en 1830 où un autre récit va bientôt s'enchâsser dans ce Paris où l'on découvre la ménagerie du célèbre Henri Martin, qui semble ne pas craindre ses bêtes, premier dompteur à affronter les fauves dans leur cage... C'est alors qu'un ancien grognard à l'air goguenard, amputé de la jambe droite, s'invite près du narrateur pour lui révéler une confidence...

Il était alors un jeune soldat provençal appartenant à une expédition entreprise dans la Haute-Égypte, lorsqu'il se retrouva prisonnier des Maugrabins, en plein désert. Au cours d'une nuit, il réussit cependant à s'échapper, profitant d'un relâchement dans sa surveillance. Mais peut-être que ses ravisseurs pensaient qu'il serait fou de quitter une prison dorée où il avait le gîte et le couvert pour se précipiter dans une autre prison bien plus redoutable et au destin presque scellé d'avance : j'ai nommé le désert...

J'ai cheminé dans ce désert avec ce jeune soldat en déroute, fuyant autant le soleil accablant et la pureté désespérante du ciel oriental que les Maugrabins qui ne manqueraient pas de lui faire payer cher ses rêves de fugue... Quel était le pire des sorts ? Mourir de soif ? de chaleur ? Ou bien mourir sous la lame d'un sabre ?

Avançant dans l'immensité, vers l'infini peut-être, un oasis qui n'est pas un mirage l'accueille, fait d'ombres, entouré de palmiers chargés de dattes... C'est alors qu'il découvre presque par hasard l'entrée d'une grotte taillée dans le granit. Il suffirait d'attendre là, tranquillement, qu'une caravane passe, ou bien une troupe de soldats de l'armée napoléonienne...

De cette grotte sombre, il en fait son abri. La nuit vient, avec " la bienfaisante fraîcheur des étoiles ". Mais l'obscurité soudain est vrillée par deux petites lueurs, deux yeux d'opale qui semblaient le fixer inexorablement. Quelle était cette présence ?

Elle venait de planter ses yeux dans les yeux du soldat et plus rien ne serait comme avant...

Captif il le sera, comme moi. Captif de ses respirations, de ses yeux, de ses élans... Mais toujours prisonnier comme on peut l'être d'une reine des sables, d'une sultane du désert, tout droit bondissant depuis les Contes des mille et une nuits...

Prisonnier comme s'il n'y avait pas d'autres issues à cet enfermement, cette détention improbable et le vertige qu'elle suscite... Une passion sensuelle, exclusive et dévorante, faites de caresses et de feulements... Alors il ne reste plus qu'à apprendre à se connaître, s'apprivoiser peut-être...

Captif je l'ai été aussi, de ce texte inouï...

Est-ce la magie du désert ou celle des mots De Balzac, finement ciselés comme une dague ? J'ai été comme ensorcelé...

Un récit envoûtant et féroce !

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La Maison du Chat-qui-pelote

C’est la première fois que je lis une nouvelle de Balzac dont j’aime beaucoup les romans et c’est une vraie pépite. A travers elle, l’auteur nous décrit l’univers d’un commerçant drapier, sa vie de tous les jours entre sa femme (mariage de raison bien-sûr) ses filles qu’il convient de marier, ses apprentis qui sont prennent les repas en commun, mais doivent quitter la table avant le dessert.



Quel nom étrange pour une enseigne : « La maison du chat-qui-pelote » ! En fait, les chalands portent un nom qui peut nous surprendre, la Truie-qui-file, le Singe-vert, en référence à des animaux exposés autrefois, ou à l’architecture : « Au milieu de cette large poutre mignardement sculptée se trouvait un antique tableau représentant un chat qui pelotait ».



Ce que l’auteur résume ainsi :



« Afin de rabattre l’orgueil de ceux qui croient que le monde devient de jour en jour plus spirituel, et que le moderne charlatanisme surpasse tout, il convient de faire observer ici que ces enseignes, dont l’étymologie semble bizarre à plus d’un négociant parisien, sont les tableaux morts de vivants tableaux à l’aide desquels nos espiègles ancêtres avaient réussi à amener les chalands dans leurs maisons. »







On a une belle description de ce milieu social où l’argent est dur à gagner, donc se dépense avec modération, où les mariages ont pour but de renforcer le commerce, où la fille aînée doit se marier en premier tant pis si elle est moins belle. Donc tout devrait ronronner, dans ce destin écrit à l’avance. Quelle est la place de l’amour dans le mariage ?



Un artiste peintre vient modifier le cours des choses, et offrir à la cadette un mariage de contes de fées. Balzac décrit très bien les deux univers que tout oppose, rythmé par le travail, la tenue du commerce pour le faire fructifier et de l’autre l’univers des artistes, nobles de surcroît, insouciants, ne parlant que d’art, fréquentant les salons, dépensant sans compter et vivant sur une autre planète.



En plus de l’analyse sociologique, l’auteur nous offre une belle réflexion sur le mariage, qu’il soit d’amour ou de raison, le bonheur n’étant pas toujours du côté où l’on croit. « Le bonheur conjugal a été de tout temps une spéculation, une affaire qui demande une attention particulière. », ainsi que de très beaux passages consacrés à l’art.



On retrouve tout le talent de l’auteur, son amour des détails : la description de la maison fourmille de détails, on la visualise sans problèmes, de même les façons de s’habiller, de se comporter…



Dans les nouvelles, le style est plus sobre, il n’a pas besoin de diluer (à l’époque les auteurs étaient payés à la ligne), et celle-ci est une gourmandise à déguster, à savourer et qu’on a du mal à lâcher.



J’aime Balzac, ce n’est un secret pour personne, je l’ai découvert très tôt avec un coup de foudre pour « Eugénie Grandet », on pourra peut-être me taxer de partialité, mais cette nouvelle est un chef-d’œuvre pour moi.



Note : 10/10
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Eugénie Grandet

Un roman qui se déroule à la façon d'une pièce de théâtre, dans la maison bourgeoise de Grandet à Saumur en 1819. Grandet est riche et avare. Il est entouré de trois femmes soumises à son despotisme; sa femme, sa fille Eugénie, et sa servante. Autour d'eux gravitent, comme des vautours, deux familles avides de dévorer l'or du Bonhomme Grandet. Eugénie ferait l'épouse idéale pour ses flatteurs prêts à toutes les bassesses.



On frappe un coup à la porte et la tragédie entre en scène sous le visage du cousin Charles, dandy parisien qui apparaît comme une tâche de lumière dans ce tableau de province étriqué et morne.



Avarice et amour ne font pas bon ménage. L'un dévore la vie, l'autre lui ouvre les bras. L'éclat de l'or ne vaut pas la pureté des sentiments. L'un est pouvoir et destruction, l'autre est bonté et don de soi. Pour Grandet "la vie est une "affaire", pour sa fille elle est émotions.



L'argent qui dessèche les cœurs comme ce fut le cas de Charles. En son nom, on en oublie les Droits de l'homme, tout est permis pourvu qu'on soit riche et respecté.



"Où est l'homme sans désir, et quel désir social se résoudra sans argent ? "



Une triste réalité que nous décrit ici Balzac, dans ce 19e siècle, entre la révolution française et la fin de la monarchie, où l'argent synonyme de puissance, s'accumule dans les provinces, et se gaspille à Paris.







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L'élixir de longue vie (précédé de) El verdugo

Ce petit livre est constitué de deux nouvelles : El Verdugo puis L'Élixir De Longue Vie, dans cet ordre.



El Verdugo, (littéralement, le bourreau) est une très courte nouvelle ayant pour cadre l'occupation de l'Espagne par la Grande Armée de Napoléon en 1809. Personnellement, je m'interroge sur le classement qu'effectua Balzac de cette nouvelle dans les " études philosophiques " alors qu'elle semble plus naturellement trouver sa place dans les " scènes de la vie militaire ".



Bien évidemment, le " dilemme à perdre la tête " dont je dirai deux mots plus loin est une vraie question, mais je n'irai peut-être pas jusqu'à la qualifier d'étude philosophique.



L'histoire, très succinctement, est celle d'un jeune officier français, Victor Marchand, en place dans la ville fictive de Menda (probablement Santander dans la réalité), dont la mission est d'occuper la place et de surveiller la population pour prévenir toute velléité de rébellion.



Ses yeux s'attardent sur une belle espagnole, Clara de Léganès, fille de la famille aristocratique la plus en vue de la ville. Jusqu'au moment où, PAF !, gros problème, des bateaux anglais arrivent et semblent vouloir amorcer un débarquement.



Il ne manquait que ce signal pour donner le signal à une offensive des espagnols contre l'occupant français. Tous les soldats sous les ordres de Marchand sont tués. Lui seul en réchappe car la belle Clara l'avertit in extremis. La vengeance de l'armée française sera terrible, à n'en pas douter.



Le général ordonne, pour sauver la ville, que cette riche famille, passablement mouillée dans la tentative de rébellion, se sacrifie et qu'elle désigne elle-même l'un des membres devant survivre. Lequel survivant devra trancher de ses mains la tête de tous les autres membres de sa propre famille. Je ne vous en dis pas plus.



Je regrette seulement que Balzac n'ait pas exploité davantage cette trame qui avait tout pour être un drame à la hauteur du peintre Goya qui immortalisa des scènes de cet épisode sanglant de la guérilla contre les envahisseurs français.



J'ai cru y lire une forte source d'inspiration pour la magnifique et terrifiante pièce d'Emmanuel Roblès, Montserrat. Cependant, en l'état, cette petite nouvelle n'est guère qu'un amuse-bouche et demeure loin des meilleures performances d'Honoré de Balzac, même en qualité de nouvelliste.



Ensuite, on découvre L'Élixir De Longue Vie, une nouvelle où Honoré de Balzac revisite le mythe de Dom Juan. Il prend le parti de nous conter comment don Juan Belvidéro est devenu Dom Juan en trucidant son propre père et en adoptant un mode de vie résolument axé sur le cynisme et les jouissances de tous ordres. Il y glisse une note de fantastique et de surnaturel pas désagréable du tout.



Cette nouvelle, quant à elle, s'inscrit pleinement dans le cadre des études philosophiques de la Comédie Humaine car l'auteur nous y pose des questions métaphysiques qui peuvent être dignes d'intérêt :



Quels rapports doivent cultiver les pères avec leurs fils ? Que feriez-vous d'une certaine forme d'omniscience sur toutes les roueries et les fonctionnements du monde ? Que feriez-vous de votre vie si vous aviez la certitude d'en posséder plusieurs ? Quel jeu jouez-vous dans la vaste plaisanterie qu'est la vie, la vôtre et celle des autres ? Quels rapports entretiennent la Vertu avec le Vice ?



Donc, selon moi, un petit livre honnête, sans être exceptionnel. Mais, bien sûr, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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La Femme de trente ans

'La femme de trente ans' a été pour moi une découverte de l'univers balzacien, ou presque. Une belle découverte, assurément, assortie quand même de pas mal de surprises.



En fait, à part 'La cousine Bette' que ma cousine, justement, m'avait offert un Noël il y a bien longtemps et qui m'avait, à mon grand étonnement, beaucoup plu, je n'ai jamais rien lu de Balzac. Pas envie, drôles de titres, trop classique, sûrement ennuyeux... voilà tout ce qu'il m'inspirait. Jusqu'à ce que je lise la biographie comparée écrite par Zweig : Balzac, Dostoievski, Dickens, Trois maîtres. Cette description de l'écrivain Balzac comme artisan besogneux cherchant jusqu'à l'obsession à caractériser les archétypes humains m'a mise en appétit... et j'ai encore faim de Balzac après 'La femmes de trente ans' !



En fait, 'La femme de trente ans' est un livre un peu bizarre, plein de trous, d'invraisemblances et de changements de ton. Cela s'explique par son histoire : les 6 chapitres étaient au départ 6 textes complètement indépendants, ayant simplement en commun un même thème, celui de la femme passionnée et des difficultés qu'elle peut rencontrer... C'est apparemment pour des raisons pratiques de volume déjà composé que Balzac les a rassemblés, en changeant juste les noms des héros ! Étonnant, non ? C'est en tout cas le genre d'anecdotes qui me fait aimer un livre malgré ses petits défauts.



Il y a en revanche une grande unité au sein de chaque chapitre, correspondant peu ou prou à chaque âge de la vie d'une femme : la jeune fille en fleur, la femme de trente ans, la vieillarde (je cite), l'épouse, la maîtresse, la mère... Les portraits successifs sont frappants de justesse et de précision, et prennent à rebours les clichés et la morale de l'époque. Là, on est pile dans ce que j'attendais et espérais de Balzac... mais en mieux !



Bref, je suis tout à fait d'accord avec la thèse du livre, à savoir que 'La femme de trente ans' est bien plus passionnante qu'elle n'en a l'air...
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Les Chouans

C'est une belle surprise que ce roman De Balzac! Une tension continue au gré des affrontements et des troubles passionnés entre les protagonistes!



A 28 ans, Balzac signe son premier roman, avec des aventures à la Walter Scott ("Ivanohé") ou à la façon de Fenimore Cooper( auquel Balzac se réfère souvent en comparant les Bretons à des Mohicans!).



Il s'empare donc d'un genre, le roman historique, avec les dernières batailles entre les Chouans (des Royalistes) et les Républicains dans la région de Fougères.

Il s'empare surtout de la géographie des lieux et emmène le lecteur sur des routes et des sentiers peu sûrs, semés d'embûches, où l'on peut tendre des embuscades!



C'est un roman qui porte la fougue de la jeunesse de son auteur avec cette recherche d'action permanente mais étonnamment maîtrisé sur 340 pages.



J'ai été séduit par la principale héroïne, Marie de Verneuil, qui dépassera en courage bien de ses concitoyens. Et celui que l'on appellera " le Gars" , le chef des Chouans a tout du chevalier sans peur mais c'est un ennemi à abattre pour Corentin, l'espion au service de Fouché, et Hulot, l'officier bougon au service de Madame de Verneuil, et du premier consul.



Même en dépit des remarques incisives et désobligeantes sur les Bretons de cette

région, que j'attribue à de la méconnaissance et au mépris de cette culture, et je mets donc mon chauvinisme de côté pour applaudir le jeune Balzac qui nous a délivré là un splendide roman d'aventures!

Guérilla, noces de sang. Envoûté!







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Sarrasine - Gambara - Massimilla Doni

En avant la musique ! En avant l'Italie ! Voici trois nouvelles judicieusement regroupées par l'éditeur Gallimard pour sa collection Folio autour de certains dénominateurs communs :



La passion, tout d'abord, amoureuse certes, mais aussi la passion pour la musique ou le chant. L'Italie ensuite, où Honoré de Balzac laisse sourdre sa propre passion pour ce pays, summum selon lui du raffinement de l'art sous toutes ses formes.



L'auteur est également un féru de musique et d'opéra — qu'on dit aujourd'hui classiques mais qui à l'époque était contemporains — et il nous le fait bien sentir, parfois même un peu trop.



Selon moi, avec ces trois nouvelles, l'intérêt va decrescendo, partant d'un bon niveau de Balzac avec Sarrasine pour finir dans le quasi pire de ce que l'auteur a produit avec Massimilla Doni en passant par du très moyen avec Gambara.



1) SARRASINE : ne vous fiez pas aux apparences...



2) GAMBARA : Quelle est la forme ultime de l'art ?



3) MASSIMILLA DONI : Attention, écartez-vous, je vais cracher sur Balzac !



Mais bien évidemment, ceci n’est que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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La Recherche de l'Absolu

La maison Claës à toujours joui d'une réputation honorable en Flandre. Famille puissante et riche , les descendants de la lignée ont toujours perpétré la respectabilité de leurs aïeux au fil du temps. L'intrigue met en scène Balthazar Claës et sa femme Joséphine, le couple vit heureux en compagnie de leurs enfants dans leur grande maison de Douai. L'harmonie et la prospérité du ménage sont exemplaires, chaque jour étant fait de joie et d'amour. Balthazar, bon père de famille et mari aimant va un jour héberger sous sont toit un vieux polonais qui va lui exposer toute une théorie scientifique concernant l'Absolu. Il n'en faut pas plus à Balthazar, ancien disciple de Lavoisier, pour manifester un intérêt sans limites aux arguments du vieil homme. C'est alors que la rivale la plus dangereuse, la science, va venir semer le trouble dans l'harmonie de la famille. Balthazar se dévouera corps et âme dans la recherche de l'Absolu mais à quel prix...



Dieu sait si j'avais du mal avec le style de Balzac et bien La Recherche de l'Absolu est vraiment grandiose. Avec des personnages forts et attachants, une histoire prenante à souhait, voilà qui m'a enfin réconciliée avec ce cher Honoré.

Ce roman met deux grands thèmes en avant. Tout d'abord les femmes, ici deux grandes héroïnes, Joséphine l'épouse de Balthazar et Marguerite, sa fille aînée. Face au démon de la science, qui emportera l'une, l'autre devra faire face aux réalités du quotidien avec courage pour tenter de reconstruire sur les ruines de la tornade qui a balayé l'harmonie du foyer. Nous suivons avec admiration à cette prise d'indépendance, au changement de ce caractère d'enfant qui laisse place à une maturité de femme qui accomplira des prouesses pour préserver sa famille. Cette force d'âme illumine le récit et contribue à embarquer le lecteur dans la bataille de longue haleine qui sera menée.

En dehors de ses personnages féminins, la science est le véritable point de mire du roman. Passion destructrice qui emportera doucement Balthazar dans la folie, délaissant les siens et causant leur ruine. Notre héros, accumulant les expériences sans résultats mais ne pouvant se détacher de cette diabolique compagne qui telle une drogue le grignote et lui fera courir toute sa vie après une chimère. Nous assistons un peu à une lutte sans merci entre le bien et le mal, c'est avec hâte que je tournais les pages afin de savoir qui l'emporterai sur qui.

J'ai pris un grand plaisir à lire ce livre, les 100 premières pages qui sont uniquement des descriptions et pourraient refroidir de prime abord sont finalement très utile pour la mise en place de l'histoire. Une fois rentrés dans le vif du sujet, ce roman ne se lâche plus jusqu'à la fin.

Je remercie mon ami B, avec qui je partage la passion de collectionner les affichettes de marabouts, de m'avoir conseillé ce livre. La Recherche de l'Absolu étant son Balzac préféré, je devais lui faire honneur en le lisant à mon tour. Foncez, c'est un vrai bijou!

A lire !
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Le Père Goriot

Un de mes premiers classique que j'ai lu en 4ème. ..

Celui qui m'a conduit vers la littérature...

Contrairement à mes petits camarades de l'époque, j'ai adoré les détails interminables des pièces, les portraits détaillés des personnages, leurs vêtements ou costumes, l'ambiance feutrée des pensions de famille. Cela m'aidait à imaginer les scènes.

Je pense que je le relirai un jour ...
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La comédie humaine - La Pléiade, tome 1

Voilà quelque temps que je médite d'écrire un petit commentaire non tant sur l'œuvre elle-même dont vous savez depuis le temps tout le bien que je pense et pour laquelle j'ai déjà posté des commentaires ailleurs, mais plutôt sur cette édition.

Cette collection de Classiques Garnier parue en 2008-2009 (il ne s'agit que d'un rachat de nom car les " véritables " Classiques Garnier à reliure jaune avec appareil critique de haut vol n'existent plus depuis belle lurette) présente vraiment beaucoup d'avantages.

Le livre est parfaitement équilibré, pas trop lourd, agréable en main avec une couverture rigide de qualité. Les notes, ni trop nombreuses ni trop absentes sont situées en bas de page et n'obligent pas à d'incessants va-et-vient, ce qui est parfois lassant dans certaines éditions.

Je ne vous cache pas que même s'ils sont plus encombrants que les Pléiades (pas imprimé sur du papier bible donc un peu plus volumineux) je les préfère largement, notamment pour le confort de lecture qui est un vrai bonheur dans cette série.

Les regroupements, bien que bon an mal an suggérés par le classement de Balzac, n'est pas inintéressant. Ce volume 1, pas choisi au hasard bien que respectant dans l'ordre des quatre livres les prescriptions de l'auteur, est une sorte de best of à lui tout seul.

Choix admirable pour donner envie de se plonger dans la Comédie Humaine.

Bref, si vous hésitez sur le choix d'une collection sympa pour vous offrir cette fresque littéraire, je vous conseille sans hésitation celle-là qui vous donnera bien du plaisir. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. : Pour information, ce volume contient les quatre romans ou nouvelles suivants (dans cet ordre) : Le Père Goriot, Le Colonel Chabert, La Messe De L'Athée et L'Interdiction. J'ai apporté à chacun d'eux un avis plus détaillé quant à l'œuvre directement sur chacun des titres.
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Illusions perdues

Le repos forcé m’a donc permis de lire en toute quiétude le roman entamé fin décembre. Toutes les conditions étaient requises pour l’apprécier dans les meilleures conditions car ce n’est pas le genre d’œuvre qu’on peut lire dans le métro. Le roman de Balzac est découpé en trois parties et il n’y a pas de chapitres intermédiaires permettant des pauses impromptues. Il faut se lancer dans la lecture de longs passages sans craindre d’être stoppé dans son élan et ne reposer le livre que lorsque l’intrigue le permet. Ce roman est le condensé ou l’illustration parfaite de sa géniale Comédie Humaine. Comment un homme peut-il écrire autant, si bien, avec une telle cohérence globale ? Je ne vais pas me lancer dans une analyse poussée du roman encore moins de l’œuvre titanesque de Balzac, d’autres plus calés que moi l’ont déjà fait et le referont encore. Néanmoins je constate une nouvelle fois que la lecture des grands classiques de la littérature permet de remettre les choses à leur place, de nombreux livres sont édités, beaucoup sont très agréables à lire mais entre un bon livre et un chef-d’œuvre il y a une différence que même le béotien remarque. Aussi quand je parcours certaines critiques dithyrambiques sur des best-sellers à peine éclos des imprimeries Brodard et Taupin à La Flèche (Sarthe) -par exemple- je leur accole un bémol d’emblée. Pour en revenir aux Illusions perdues (et non pas Les illusions perdues) « l’absence d’article défini – cas unique chez Balzac- montre clairement le caractère absolu de la désillusion » vous en sortirez étourdi et sonné par le machiavélisme des personnages où l’intérêt et l’ambition priment sur tout autre sentiment, les alliances se font et se défont au gré des rebondissements. Lucien de Rubempré pauvre poète monté d’Angoulême à Paris nous permettra d’évoluer dans le monde de la littérature, de la presse, du théâtre, de la bourgeoisie et de l’aristocratie où tous ont partie liée selon le sens du vent. L’intrigue est puissante, atterrante quand Lucien trahira ses amis ou ruinera sa famille, éblouissante quand Balzac démonte sous nos yeux tous les mécanismes économiques et moraux qui enrichissent ou ruinent ses personnages. Paru vers 1840 le livre reste terriblement moderne et tout aussi extraordinaire. Chef-d’œuvre s’il faut encore le répéter.
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La Cousine Bette

Dans la famille Fisher, je demande la cousine.

La Cousine Bette s'appelle Lisbeth Fisher précisément, mais tout le monde s'attache à l'appeler Bette, jusqu'à ce facétieux Balzac qui, ici, n'hésite pas à donner de temps en temps et affectueusement, à travers les mots de certains personnages, du « ma bonne Bette ». Or, bête elle ne l'est pas, méchante allez savoir... Laide et pauvre, sûrement. Sa laideur et sa pauvreté auront sans doute cristallisé son destin dans le chemin complexe empli d'épines et de méandres, que nous dépeint ici de manière somptueuse Honoré de Balzac.

Dans la Cousine Bette, le personnage éponyme n'est pourtant pas le personnage principal.

Le personnage principal revient à sa cousine, la belle Adeline Hulot.

Il serait fastidieux de tenter de vous résumer tous les chassés-croisés multiples et biscornus qui sillonnent et tissent le ressort narratif. Ce n'est d'ailleurs pas mon intention, d'une part je risquerais de vous perdre et d'autre part un billet littéraire, tel que je l'imagine, n'est pas précisément dédié à cela.

En quelques mots, la Cousine Bette est le récit d'une vengeance implacable, celle d'une vieille fille, Lisbeth Fischer, qui va oeuvrer à la destruction systématique d'une famille - sa propre famille.

Pour situer le roman sous l'angle historique, il s'agit pour Balzac d'illustrer la déchéance d'une famille sous la Monarchie de Juillet. Dans cette oeuvre s'exerce sa férocité redoutable qui se fait un plaisir de dépeindre la réalité telle qu'elle est, dans toute sa médiocrité et sa noirceur. L'influence du contexte historique n'est sans doute pas anodin dans l'effet recherché et obtenu.

Alors, bien sûr toujours chez Balzac il y a cette atmosphère particulière liée à l'argent. Chez Balzac, l'argent a une odeur, celle du soufre. S'entremêlent ici comme ailleurs dans ses autres romans des opérations financières soit frauduleuses ou soit au détriment d'un des personnages. Ici on ne déroge pas à la règle.

La Cousine Bette est appelée presque à la rescousse à Paris par Adeline Hulot, sa chère et belle cousine, qui supporte tant bien que mal les infidélités de son vieux mari, le Baron Hulot, vieux beau, libertin éperdu. le Baron Hulot entretient des femmes l'une après l'autre et dilapide sa fortune et celle de ses enfants, incapable de surmonter son penchant. Sur ce terrain, il est le rival du beau-père de son fils, un certain Célestin Crevel, qui, quoiqu'il aborde ses relations comme des affaires et se préserve ainsi de la ruine, est tout aussi aveuglé par son désir. Ils ont même eu une amante commune, c'est dire...

La Cousine Bette voit tout de suite comment tirer profit de cette situation pour elle. Jalouse de cette famille qui n'a que condescendance et mépris pour elle depuis des lustres, elle voit dans ces relations adultères une occasion inespérée d'enfoncer encore un peu plus cette famille adorée dans sa perdition. Elle va alors imaginer tisser dans l'ombre des relations dévastatrices et immorales entre les protagonistes et surtout elle va les mettre en oeuvre.

Il s'agit ici aussi pour la Cousine Bette de se venger de la beauté de sa cousine Adeline dont elle souffre depuis l'enfance, puis de sa réussite sociale qu'elle ne supporte pas, et enfin du mariage de sa nièce Hortense avec l'artiste qu'elle avait pris sous sa protection et auquel elle portait un amour pour le moins ambigu. Elle décide d'oeuvrer sans relâche à l'anéantissement de ses proches, impitoyable.

Avec une sorte de délectation presque jubilatoire, nous voyons cette famille Hulot tanguer comme un paquebot digne du Titanic qui aurait éperonné un iceberg nommé la Cousine Bette. Cependant, il est utile de préciser que la charge de la responsabilité du naufrage vaut autant pour l'iceberg, c'est-à-dire la manière de la cousine Bette d'être à la manoeuvre, que pour l'état du paquebot qui était déjà bien gangrené de l'intérieur, c'est-à-dire une famille Hulot marquée par la présence d'un certain Baron capable d'entraîner à lui seul l'ensemble de la famille vers le naufrage.

Aussi, la Cousine Bette est bien aidée dans son entreprise par la victime toute désignée.

Étrangement, Bette ne se pose pas en ennemie de ses cousins, bien au contraire. Alors qu'elle travaille chaque jour à leur perte, elle se fait passer pour leur unique soutien et leur dernière amie dans la suite des débâcles qu'ils traversent. Hypocrite au plus haut point, la vieille fille est prête à vivre chaque jour près de ceux qu'elle haït pour mieux assister à leur chute, pour être certaine d'avoir une place aux premières loges pour admirer le spectacle de leur souffrance et de leur désespoir.

Après vous avoir posé ce décor harmonieux, je vous laisse deviner l'ambiance qui s'en est suivie : manoeuvres, manigances en tous genres, petits arrangements, chantages, bref ! La belle vie, quoi !

Ici les hommes sont fourbes, couards, avides, aveuglés. Quoi ! Vous imaginiez peut-être l'inverse ?

Finalement, la Cousine Bette a juste le beau rôle très facile de pousser certains pions déjà positionnés sur la scène, - la scène non pas de crime mais presque -, juste un peu plus les uns vers les autres. C'est juste un petit rôle modeste et ingrat de facilitatrice.

C'est donc un personnage très complexe construit avec beaucoup de subtilité que nous offre ici ce charmant et facétieux Balzac.

Mais la Cousine Bette n'est pas le personnage le plus pervers du roman, je vous laisse le soin de découvrir qui la détrône à ce titre et bien plus largement.

Que dire des thèmes qui s'invitent ? Bien sûr c'est la vengeance, une vengeance implacable qui porte l'ensemble du roman comme l'arc d'une nef. À la source de cette vengeance, il y a la jalousie et à la source de la jalousie, il y a beaucoup de blessures et d'incompréhension. Balzac dit tout cela aussi, de manière subtile, sans forcer le trait, nous invitant à porter ce regard de compréhension, évitant d'enfermer la Cousine Bette dans une forme de manichéisme. Elle vient avec son histoire, sa fragilité, sa douleur, sa méchanceté peut-être, son désespoir sûrement.

S'agissant de la morale, je trouve que Balzac est cruel avec son lecteur et s'en joue à chaque instant avec beaucoup de cynisme. Je ne parle pas de la fin, d'ailleurs je n'en parlerai pas, tiens !

J'ai aimé ici retrouvé Balzac dans son art des portraits, son habileté à mettre en scène les épisodes clefs de son récit, par son talent pour la chute romanesque, il dépeint les hommes de son temps comme un peintre, c'est beau et sans concession.

Mise à part Adeline Hulot, Balzac n'épargne aucun de ses personnages et dépeint leur médiocrité avec plaisir et dureté. Mais derrière cette satire, se lit aussi une pointe de compassion pour ces êtres fragiles soumis à des forces qui les privent de toute bonté. C'est cruel.

Mais le personnage le plus ambigu dans cette histoire, celui qui tire toutes les ficelles, triomphant par son art de la manipulation du lecteur, illusionné par le narrateur, ne serait-ce pas finalement un certain Balzac lui-même ?



« L'amour de soi, pris comme principe de toutes nos maximes, est la source de tout mal.» Emmanuel Kant.
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