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Critiques de J.M.G. Le Clézio (1107)
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Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : ..

Jean-Marie Gustave Le Clézio plus connu sous son nom de plume J. M. G. Le Clézio nous revient, en ces temps de confinement, avec un livre d'une beauté renversante, un hymne à la Bretagne et à son enfance dans la ville de Sainte Marine, à l’embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère entre 1948 et 1954. Ce premier texte appelé "Chanson bretonne" nous fait revivre les grands moments de l'auteur qui enfant contemplait les champs de blé face à l'océan ou bien encore s'amusait lors de la fête du village. On y redécouvre des fragments du quotidien en Bretagne, comme autant d'éléments d'une mosaïque éclairant, sans nostalgie aucune, car pour l’auteur « la nostalgie n’est pas un sentiment honorable », cette période de l'histoire en pays bigouden. Il fallait ainsi aller au puit pour puiser l'eau nécessaire qui était ensuite bouillie pour éliminer les risques d'infection. J. M. G. Le Clézio parle des pêcheurs, ces bouffeurs de curé mais aussi des moissons avec les paysans d'alors, du prêche en breton du vieux curé, de la langue bretonne encore très présente à cette époque. On voit revivre tout un pays, une nature célébrée avec des accents Malickiens (je songe au réalisateur contemplatif) sous la plume sublime de l'immense J. M. G. Le Clézio qui obtînt, est-il besoin de le rappeler, le prix Nobel de littérature en 2008, célébrant "l'écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante". Sa mère, Simone Le Clézio avait une affection toute particulière pour la Bretagne où elle reçu notamment la demande en mariage de son père, où elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de Le Clézio à cause de la guerre. La langue est magnifiée par de tels auteurs. On se surprend à relire des passages juste pour le plaisir d'être envahi par la douce sensation de ces mots qui coulent en nous telle une eau vive. J. M. G. Le Clézio est issu d'une famille de Bretagne émigrée à l'île Maurice au XVIIe siècle. Les chapitres sont autant de "chansons" revisitant ses souvenirs d'enfance puis son regard d'adulte sur ce pays de cœur. Il est né à Nice le 13 avril 1940. La guerre gronde et pour un enfant aussi jeune, elle est une expérience extrêmement traumatisante qui est l'objet d'un second texte, beaucoup plus court : "L'enfant et la guerre" où l'auteur nous parle de l'arrière-pays niçois où il vécut durant l'occupation. Il témoigne d'un évènement particulièrement traumatisant, cette bombe échappée d'un avion canadien et qui tomba dans le jardin juste à côté de l'immeuble où il habitait. Ce dernier trembla mais ne s'effondra pas et Jean-Marie Gustave Le Clézio eût la vie sauve. Autre expérience difficile dont il nous fait part : la faim. Pas cette faim de celui qui levé tôt le matin attend le repas du midi avec impatience.. non cette faim qui vous ferait manger la semelle de vos chaussures, une faim qui fait si intimement partie de l'enfant qu'il était alors, qu'elle le traumatise pour toute l'existence. Les deux textes sont superbes mais mon cœur breton doit avouer que je fus davantage touché par le premier récit. Je ne peux que vous inviter à découvrir ces deux contes comme il les appellent. Avec J. M. G. Le Clézio, c'est une certaine idée de la littérature, de celle qui élève l'âme, qui l'enrichit incontestablement, qui est célébrer. Lire Le Clézio c'est vibrer, se brancher sur la fréquence du cœur et c'est une expérience à nulle autre pareil.

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Voyage à Rodrigues

Ayant lu "Le chercheur d'or" il y a bien longtemps, j'ai beaucoup trop tardé à reprendre le chemin, ou plutôt le vol, comme les oiseaux, vers Rodrigues, île sur laquelle JMG vient surtout à la recherche du passé de son grand-père, de la quête de sa vie, ce trésor illusoire, et surtout de ses rêves qu'il fait partager à ses lecteurs, même s'il affirme que "les rêves ne se partagent pas".



D'abord l'écriture de pureté absolue de Le Clézio emporte le lecteur dès la première page, le long de la rivière, un oeil sur les nuages, et puis tout au long du livre, c'est un éblouissement perpétuel devant un tel talent littéraire. Ceci avec les nombreuses descriptions allant quelquefois jusqu'à la personnification de la nature, des arbres, des pierres basaltiques, des oiseaux, de la mer, du soleil, du vent, chacun jouant leur rôle d'instruments superbement dirigés par le chef de l'orchestre, l'écrivain, le vrai, celui que l'on ne rencontre presque plus.



L'histoire de ce petit territoire est également contée par l'auteur, avec beaucoup de délicatesse, permettant d'écouter bien au-delà du "langage de la vallée" et d'entendre peut-être les voix presque évanouies de ces gens qui ont survécu sur l'îlot.



Et puis le temps, inexorable, la maison ou plutôt la demeure, les souvenirs, la nostalgie, l'affection pour ce grand-père inconnu mais tellement présent. Une multitude de symboles affleurent sous la plume de l'écrivain, à chacun de les saisir, de les savourer jusqu'à la délectation des dernières pages.



Là, c'est l'apothéose sur le sens de l'être, avec l'océan et les oiseaux, les traces ultimes du grand-père et des questions auxquelles il appartient à chacun de nous de donner une réponse, imprégnés que nous sortons d'une lecture magnifique par l'écriture d'un prince de la littérature.







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Diego et Frida

Je dédie cette critique à CATHY69 qui m’a conseillé ce roman pour compléter « Rien n’est noir » de Claire Berest. Effectivement, plus complet mais, je pense, encore trop présent dans ma mémoire. Normal puisqu’il s’agit également de Diego Rivera et Frida Khalo et donc l’impression de lire le même roman. Et le premier lu a souvent la primeur. Je dirais pour les identifier Le Clézio plus biographique, limite documentaire. Plus romanesque pour le plus récent. Dans les deux cas, un bel éloge à la plus grande artiste peintre mexicaine ainsi que le parcours singulier d’une femme dont le corps meurtri ne l’a pas empêchée de se battre pour obtenir le grand amour qu’elle a choisi.
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Raga : Approche du continent invisible

De J.M.G. Le Clezio, je n'avais lu que deux romans "Celui qui n'avait jamais vu la mer" et "Le chercheur d'or". J'avais beaucoup apprécié ces deux ouvrages. En lisant "Raga - Approche du continent invisible", je découvre une autre facette du talent de l'auteur. Raga n'est pas un roman, mais un récit. Un récit très fin, très intelligent, qui nous fait appréhender l'Océanie autrement qu'avec les yeux d'un touriste avide d'exotisme ou d'aventures. J.M.G. Le Clezio, évoque les coutumes, l'Histoire, la colonisation, l'asservissement de ces peuples, la perte de leur langue... La bibliographie utilisée est impressionnante. L'écriture est belle. L'émotion et la réflexion sont au rendez-vous. Raga est un livre qui incite le lecteur à découvrir un peu mieux ce "continent invisible". Excellente lecture.
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Le Chercheur d'or

Envoûtant et hypnotique, voici ce qui me reste de ce livre. A la fin du dix-neuvième siècle, Alexis, un jeune Mauricien, perd le domaine familial et son père. Il n'aura de cesse suite à ça de chercher le trésor du Corsaire dont son père gardait toutes les indications de lieu.

Le Clézio nous emmène du paradis perdu à Mananava, où Alexis et sa soeur Laure grandissent dans la plus grande liberté, à la ville des Colons, Port Louis, où il travaille pour l'homme qui les a ruinés, puis pour Rodrigues, l'île de tous les espoirs.

La vie d'Alexis n'est, en fait qu'une longue errance à la quête d'un trésor inaccessible. Les descriptions sont magnifiques, enchanteresses, on plonge dans la beauté sauvage de ces îles avec Alex, la violence des tornades, la limpidité des lagons, la luxuriance de la végétation.

Mais on assiste aussi à la violence exercée sur les populations dominées et celle, plus latente, sur les femmes en ce début de 20ième siècle qui ne peuvent rien sans homme.

Avec ce roman, Le Clézio retourne sur la terre de ses parents, tous deux Mauriciens, mais se range du côté de l'opprimé. Un beau livre.
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Désert

Désert de J.M.G. Le Clézio est un roman d'une grand poésie. Il mêle deux récits différents mais qui touchent tous deux au thème du déracinement et de l'errance, de la solitude et de la beauté de l'espace.



Le premier récit raconte l'histoire de Lalla une jeune Chleuh lumineuse et solitaire avide de liberté. Son enfance dans une cité "aux toits de papier et de goudron" s'étire jusqu'à la fin du récit où elle deviendra mère. Son voyage la conduira du désert à la France, en traversant la Méditerranée qui résonne en elle, par vagues successives, comme une chanson. Elle rencontrera plusieurs hommes sur sa route, mais ne gardera dans son coeur que son amour d'enfance le Hartani et Naman le vieux pêcheur - conteur.



Le deuxième récit est l'histoire et le mythe des rebelles touaregs qui résistèrent aux assauts des Colons dans les années 1910. C'est le déclin d'une civilisation de guerriers nomades vu à travers les yeux du jeune Nour, un enfant d'une tribu qui suit son vieux cheikh Ma el Aïnine, mi-prophète mi-magicien.



C'est un roman long et lent qui s'étire dans le temps comme une dure traversée d'un désert. On s’essouffle parfois mais on reprend la lecture avide d'atteindre son but. Mais quel est-il ? La grandeur d'un voyage n'est pas d'atteindre le bout du chemin mais d'être émerveillé en cours de route par la beauté des signes que nous offre l'espace.

Le vent, très présent dans ce livre, nous souffle à chaque page des mots merveilleux. Il imprime des images fortes, douces et amères, incrustées comme des grains de sables dans nos yeux.



21 avril 2012
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Avers

Le souffle un peu coupé, je referme Avers avec un mélange de sentiments: malaise et envoûtement, culpabilité et infinie tristesse.

Le Clézio déploie, tout au long de ces 8 nouvelles, de ces 8 destinées, sa prose mélancolique, sa poésie chantante et un brin surannée.

Certaines ont été écrites il y a vingt ou trente ans, d'autres sont contemporaines, mais peu importe, les indésirables sont de tous temps et de toutes contrées. D'ailleurs il faut souvent deviner, jouer avec Google Maps, pour s'y retrouver.

J'ai beaucoup aimé suivre dans les égouts les "petits rats de Nogalés", ces mômes des rues qui passent la frontière américano-mexicaine juste pour la journée.

On verra ainsi la misère de Rodrigues, l'île si précieuse de notre prix Nobel (2008!), la fuite éperdue d'adolescents traqués entre Pérou et Amazonie brésilienne, les conditions abominables des travailleurs marocains à l'issue des trente glorieuses, la destinée terrible des indiens du Panama fuyant les narcotrafiquants pour s'abimer dans les grandes cités colombiennes, l'errance de deux frères dans un Liban de feux et de sang.

L'auteur, comme souvent, évoque les esclaves mauriciens dans un beau texte autobiographique "La rivière Taniers".

Et puis "Fantômes dans les rue" dont le narrateur parisien est...vous en aurez la surprise, car vous lirez Avers c'est certain.

En écrivant ce petit billet d'autres images s'imposent à moi : enfants ukrainiens de Bakhmout, petits syriens du tremblement de terre tentant de rejoindre la Turquie en passant par Bab-al-Hawa, miraculés de Gaziantep...



Mais revenons à Jean Marie Gustave Le Clézio, grand parmi les grands: son recueil est d'une humanité sidérante, jamais confondante ou moralisatrice, toujours implacablement mélancolique...

Difficile de passer à coté.
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Bitna, sous le ciel de Séoul

On suit l’arrivée à Séoul de Bitna qui va poursuivre ses études universitaires. Elle vient d’un village de pêcheurs du Sud, dans la province de Jeolla-do. Elle est hébergée par sa tante, qui la traite de haut et lui rappelle sans arrêt qu’elle est pauvre et que si elle n’est as contente, elle n’a qu’à retourner dans son village. Elle doit subir les caprices de sa cousine, et elle devient vite l’esclave de la maison.



Elle finit par déménager et par l’entremise d’un libraire qu’elle appelle Mr Pak, (alias Frédérik) elle répond à une annonce qui lui promet une rétribution si elle raconte des histoires à Salomé, une jeune femme atteinte d’une maladie neurologique.



En fait, une relation étrange se noue entre les deux femmes, Bitna pouvant se montrer cruelle avec Salomé qu’elle jalouse, malgré la maladie qui l’handicape, parce qu’elle est riche.



J. M. G. Le Clézio nous raconte une histoire déroutante, où la vérité n’est jamais très loin du mensonge, où l’on peut faire des rencontres étranges dans cette capitale toujours en mouvement.



Les histoires de Bitna nous font rencontrer des êtres malmenés par la vie du policier dont la mère a fui le Nord pendant la guerre avec son enfant sur le dos, qui élève des pigeons voyageurs, à Naomi, l’enfant abandonnée dans un orphelinat, en passant par une jeune chanteuse à la gloire éphémère et destructrice.



J’aime beaucoup que j’ai découvert avec « Étoile errante » il y a fort longtemps , (il n’avait pas encore reçu le Prix Nobel) et j’ai lu une grande partie de ses livres et j’ai retrouvé la poésie de sa plume, mais j’ai un peu moins apprécié ce roman, peut-être à cause de la manipulation et de la cruauté que Bitna exerce sur Salomé, et peut-être aussi parce que la culture coréenne est encore un mystère pour moi .



On est toujours dans la dualité, outre vérité-mensonge, on a la vie et la mort la misère avec les quartiers sordides, (les cafards, les rats) et la richesse, l’opposition campagne grande ville et malgré la poésie, et la magie du conte, on ressent une anxiété, une insécurité durant cette lecture. En tout cas, on sent l’attachement important de l’auteur pour Séoul et la Corée et il leur rend un bel hommage. Cependant j’ai beaucoup mieux apprécié « Alma »



Un grand merci à Lecteurs.com qui m’a permis de découvrir ce roman en version poche et de retrouver un auteur que j’apprécie.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Onitsha

C'est un roman merveilleusement bien écrit mais complexe. Il s'agit surtout de l'aventure de trois personnes avec des rêves et des attentes différentes. Trois personnes dont on ne connait pas grand chose de leur passé. Il y a, en 1948, le père, un anglais, installé à Onitsha où il travaille, qui fait venir sa femme italienne, et leur fils de 12 ans. Le fils ne connait pas ce père et le regarde comme un étranger. Il y a aussi la colonie britannique remplie de préjugés et régnant sur les autochtones. L'enfant qui redoutait de partir pour l'Afrique, va y découvrir la liberté et va être marqué à vie par ces quelques mois passés au Nigeria. La mère attendait une autre Afrique, et souhaitait renouer avec son mari dont elle vivait séparée depuis très longtemps. Le père vivait d'un travail administratif qui ne le satisfaisait pas vraiment, mais n'avait qu'une idée en tête, retrouver l'emplacement de la nouvelle Méroë en marchant sur les traces d'Arsinoë.

Le roman débute par le très long voyage sur un navire qui les conduit de Bordeaux jusqu'à Port Harcourt.

Et puis il y a l'installation à Onitsha, l'incompréhension, le désaveux de la communauté britannique.

Cela se concrétise par un retour précipité en Europe.

Le roman se termine en 1968, en Angleterre et dans le sud est de la France, alors que l'enfant, devenu adulte, est hanté par la tragédie du Biafra faite de guerre, de génocide et de famine... se questionne sur ce qu'ont pu devenir les gens qu'il a connu au Nigeria et prend conscience de l'importance qu'à eu pour lui son expérience africaine.

Le roman est ponctué aussi tout au long des 251pages d'une quête, ou d'une enquête, trouver le chemin emprunté par la reine Arsinoë accompagnée de son peuple au travers de l'Afrique pour y installer la nouvelle civilisation méroïtique.

Un roman qui fait aimer l'Afrique et donne envie de se documenter sur une civilisation disparue.
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Désert

« Désert »… deux récits en parallèle ; imbriqués l’un dans l’autre…



Pour commencer – et pour finir – il y a celui de Nour, un jeune homme du désert, un « homme bleu » qui fuit vers le Nord, à travers les dunes pour rejoindre la vallée de Saguiet el Hamra, véritable terre promise, afin d’éviter la confrontation avec le colonisateur chrétien.

Ensuite, il y a celui de Lalla, la jeune fille qui coule des jours miséreux mais heureux dans un bidonville, que la promesse d’un mariage forcé fait découvrir l’exil à Marseille. Succès fait, elle décidera de retourner enfanter sur la terre de ses ancêtres…



Des nomades dans les années 1910…



Une jeune fille de nos jours…



Deux points communs : le désert et l’exil.



Il faut toute la « puissance évocatrice » de la prose Le Clézio pour nous entraîner dans l’immobilité mouvante du désert, là où l’air n’est que vibration thermique, dans le temps suspendu…mais aussi pour évoquer la solitude trépidante de la grande ville…



Deux étonnants récits entremêlés qui entrent en résonnance dans la solitude imbriquée du désert et de la ville. Plus : j’y vois également un tournant dans la carrière de Jean-Marie G. Le Clézio dont les thèmes et le style des débuts souvent influencés par le « Nouveau roman » m’ont parfois rebuté ; impression confirmée avec son roman suivant : « Le chercheur d’or ».

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Voyage à Rodrigues

Le Clézio vient sur l'île de Rodrigues à la recherche de ses origines. Il suit les traces de son grand-père, à la recherche d'un trésor de pirate. Son grand-père passera trente ans de sa vie à déchiffrer des énigmes illusoires pour trouver le trésor du pirate La Buse. C'est l'occasion pour le narrateur de nous parler de cette île, qui s'est peu à peu transformée au fils du temps. Même la nature n'est plus tout à fait la même. Les rochers se transforment imperceptiblement, les arbres poussent, grandissent puis sont déracinés par les cyclones… Le temps passe. Le Clézio revient sur les origines et l'éclatement de sa famille, l'abandon de la maison familiale, maintenant transformée en musée, au milieu de l'île Maurice. C'est un livre sur l'impermanence.

Lorsque l'on arrive à Rodrigues, on a encore le sentiment d'arriver sur une île au milieu de l'océan Indien, en dehors du temps. Tout s'y est un peu arrêté. Peut-être une sorte de naïveté perdue. Un autre espace-temps !
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Coeur brûle et autres romances

Je viens de découvrir Le Clézio, par cet écrin-Folio de sept nouvelles.

C'est un beau bracelet à sept pierres de tailles différentes.

Il y règne, dans ces histoires, des atmosphères détaillées telles que je m'y trouvais!... Signe certain que cet auteur dont j'inaugure la lecture a su , d'emblée, m'emmener.

Il y a, dans ces récits, des personnages aux destins divers parfois immobilisés.

Le Clézio les anime et les caresse d'une plume sensible, comme suspendue puis à peine en contact avec le papier sur lequel elle court. Le Clézio est tendre avec ses créatures en souffrances, en attente... ou mortes comme Kalima étendue sur le marbre froid de la morgue.

Voilà de bonnes nouvelles, comme exquise mise en bouche d'un auteur dont je vais poursuivre la lecture par d'autres de ses ouvrages.

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Ritournelle de la faim

Je me suis demandé comment j'allais vous parler de ce roman que j'ai aimé, Ritournelle de la faim, vous donner envie de le visiter, comme on ouvre une porte entrebâillée sur un jardin perdu au milieu d'une ville bruyante. Ce roman est un peu cela.

Comment dire cela sans dire, sans dévoiler les choses, l'histoire. Au fond, il n'y a peut-être rien à dévoiler. Si, un peu quand même...

Et si je vous évoquais le contour des choses, de ce qui est la marge... Autour, un peu à côté, la musique qui vient brusquement sous nos yeux, je dis bien sous nos yeux, lorsqu'on referme les pages justement après les avoir étreintes.

C'est comme une petite musique lancinante, une phrase musicale, douce au début, répétitive et puis qui monte crescendo. Nous sommes emportés dans son rythme enivrant, étourdis jusqu'à la note finale. Il y a ici la douceur, la violence et le silence. le silence après cette dernière note, nous dit Jean-Marie Gustave Le Clézio, est terrible pour les survivants. Il évoque ici, à la fin de son livre, le magnifique Boléro de Ravel, musique totalement unique dans son genre, mais il évoque aussi le décor dans lequel ce roman prend figure : avant, pendant et après la seconde guerre mondiale.

Ethel en est le personnage principal. C'est encore une enfant au début du récit.

J'ai aimé son prénom, comme le nom d'un port du Morbihan, à la même consonance, presqu'écrit pareil... C'est comme un rivage, comme un port où nous sommes prêts à embarquer au bout de la jetée...

Se laisser porter avec insouciance par la vague marine, tandis que le monde bascule tout doucement vers le chaos et la barbarie.

J'aime ce mot désuet de ritournelle. Cela me fait penser à des chansons de Rina Ketty.

Tout commence lors d'un voyage exotique à l'exposition coloniale de 1931 à Paris, où le grand-oncle d'Ethel, Monsieur Soliman, fait l'acquisition du pavillon des Indes françaises. Ce grand-oncle, c'est comme un grand-père pour Ethel, qui a su éveiller la petite fille à la curiosité du monde. Avec cette acquisition, il rêve d'ériger une grande maison en bois, la Maison mauve, au milieu d'un jardin arborescent qu'il possède, suspendu comme une balancelle au-dessus du bruit déjà assourdissant de Paris, là-bas, rue d'Armorique.

Mais oui, c'est un jardin extraordinaire. Au milieu de ce jardin, niche un rossignol.

C'est la douceur de la musique qui commence dans ce Paris exalté.

Il y a le salon des parents d'Ethel. Un salon où la vie s'anime. On parle vivement, on parle fort. On chante, on joue du piano. Les bavardages sont incessants aux oreilles d'Ethel. La politique s'invite, la musique monte crescendo. Nous sommes dans les années 30.

Le temps passe. Le rêve de la Maison mauve s'abîme, ressemble désormais à un amas de vieilles planches pourries sous une bâche noire.

Et puis brusquement, c'est un trou béant creusé dans le jardin...

Le vide vertigineux devant ce trou béant. Le vertige au bord duquel Ethel perd ses dernières illusions. C'est un trou béant creusé dans le monde peuplé d'enchantements d'Ethel. Est-ce ainsi qu'on devient adulte ?

C'est la bête immonde qui gronde, qui s'invite dans ce salon devenu trop bruyant. Le piano est peut-être désaccordé, on n'entend plus que ces notes dissonantes, ou bien ce sont les voix haineuses qui montent, s'élèvent autour de la musique, la musique qui s'emballe.

De temps en temps, le soleil vient comme un écho au bonheur d'avant. C'est alors la Bretagne qui ressemble aux vacances d'été, avec du sable dans les chaussures et du sel encore collé sur la peau.

Faire l'amour sous les pins, sur les dunes qui bordent la plage de Beg-Meil...

Et puis, il y a ce vieux piano désaccordé sur lequel Ethel jouait encore naguère un Nocturne de Chopin. Ce piano qui trône encore pour quelques instants au milieu du salon dévasté.

Ce salon dévasté qui s'apprête à devenir une pièce vide, vide de la gloire, de la jeunesse, des bavardages incessants il y a encore peu de temps.

La bête immonde est désormais là...

La guerre aussi.

La vie reprendra-t-elle un jour son cours normal, et comment après tout cela ?

Sur la route de la débâcle vers le sud devant les restes de la guerre, Ethel qui a vingt ans se demande si elle a seulement été jeune un seul instant.

Puis, la faim...

Survivre.

Le Vél' d'Hiv. La rafle.

Combien de fois n'avons-nous pas vu ces photos d'enfants qui sourient à l'objectif. Ils ne savent pas qu'ils vont mourir quelques jours plus tard.

Comment la vie peut-elle reprendre après cela ?

Paris est une plaie ouverte après la libération.

Et puis c'est le silence, après la dernière note finale.

Des arbres qui poussent, qu'on a replantés ici, des cris d'enfants des cris de joie qui reviennent, le bruit de la vie presque comme avant...

Des couples d'amoureux aux petites gueules bien sympathiques, s'embrassent sur un banc tout près de là, où fut le Vél' d'Hiv... Banc public, banc public...

Et la vie qui revient, plus tard, presque comme avant.

À la fin du livre, Jean-Marie-Gustave Le Clézio écrit ceci : « le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. »

Qu'est devenue Ethel, jeune fille de vingt ans, après ce désastre du monde ?
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Bitna, sous le ciel de Séoul

Grâce à NetGalley et aux éditions Stock, je découvre, avant sa sortie officielle prévue le 28 mars 2018, le dernier roman de J.M.G. Leclézio.

« Bitna, sous le ciel de Séoul » est le premier livre que je découvre de cet auteur. Assurément, ce ne sera pas le dernier.

Au fil des pages, j’assiste à la rencontre entre Bitna, étudiante coréenne sans le sou, et Salomé, personne jeune encore mais lourdement envahie par une maladie invalidante. Très vite, Bitna change de statut auprès de sa patronne. De jeune étudiante venant quémander de quoi payer son loyer en échange d’un peu de travaux ménagers, elle devient la conteuse dont Salomé réclame la présence, autant que la fin des histoires commencées. Grande expérience pour Bitna que de prendre conscience de son pouvoir, de la dépendance qu’elle suscite chez Salomé, de l’importance de qui détient le pouvoir de donner réponse, d’accorder un avenir, ou non, à la relation. On est proche du droit de ‘vie ou de mort’ sur autrui. Bitna le réalise, s’en effraye et choisit le partage… le temps qu’il faudra !

Bitna ne raconte que des histoires inventées, donc vraies. Elle le sait, le mensonge est vrai quand celui qui le raconte l’affirme. Et même si le conteur annonce mentir, l’histoire reste vraie quand celui qui l’écoute la croit.

De l’envol des pigeons à l’enlèvement du bébé abandonné, de la fuite d’une jeune adolescente quittant les bancs d’église pour un squat de rockeurs, des deux dragons qui ne se sont pas encore réveillés au « stalker », traqueur qui rôde entre deux mondes et, bien sûr, de Bitna à Salomé, l’auteur nous balade. Les mondes se croisent, s’entrechoquent, se répondent, se fondent l’un à l’autre et finissent par dessiner un parcours initiatique qui mènera à la mort, c’est-à-dire à la vie !

L’écriture de J.M.G. Leclézio semble, aux yeux de certains, lisse et consensuelle. C’est oublié la poésie qui peut naître de la simplicité, du dénuement, de la retenue dans la vérité comme dans la fantaisie. On ne sait plus si ce sont les histoires de Bitna qui accompagnent la vie ou si c’est la vie qui dicte ces histoires. En effet, c’est dans la réalité parfois sordide de ses villes, de ses logements, des personnes de la rue rencontrées que Bitna cueille les éléments qui, bout à bout, prendront sens et insuffleront la vie, la mort à l’oiseau au plumage bleu comme à la relation tissée entre la narratrice et Salomé.



Alimenté par son immense culture des civilisations, habité par la nécessité de donner, dans la vie, une place de choix au phrasé, aux histoires et légendes partagées, aux réflexions douces qui peuvent en naître, J.M.G. Leclézio nous invite à regarder et comprendre le monde. Une lecture tendre, poétique, imagée.

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Le Chercheur d'or

Ce livre, pour moi, est synonyme de grand bonheur : je l'ai lu il y a quelques années et ce fut un merveilleux voyage, exotique, bercé par la mer et la beauté omniprésente de la nature, dans un pays magique et embaumé, avec des sensations de douceur, chaleur, couleurs. Je l'ai relu aujourd'hui avec le même plaisir : le narrateur se dépouille de tout superflu, vivant au plus près des éléments, les observant sans relâche, les absorbant, sans souci de confort et de tout ce qui peut l'empêcher de ressentir la force qu'ils dégagent. Ce roman me ramène à l'essentiel, à l'innocence, à l'éden, au paradis perdu, à énormément de nostalgie ; je n'aime pas arriver au bout des romans de le Clézio car je sais que je vais sortir de cette bulle de fraîcheur, de pureté, de quête, de sens de la vie, de notre si petit rôle dans cette immensité. J'ai un grand respect pour cet auteur qui jamais ne s'est détourné de son chemin, qui ne se laisse pas perturber par l'effervescence et le tournis du monde et qui a su garder la même capacité d'émerveillement que les enfants, celle qu'on perd si souvent, adultes.
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Onitsha

C’est la guerre en Europe, le père est loin dans une ville du Nigeria, dont la poésie tinte aux oreilles d’un jeune garçon : Onitsha. Il est attaché à sa mère comme les enfants monoparentaux le sont, il la regarde nue se douchant un jour, et sera, c’est attendu, jaloux de son père.

Ce n’est pas mon père, se dit Lintan , quand il débarque sur le fleuve Niger, et qu’il perçoit aussi le désappointement de sa mère Maou, qui avait rêvé de l’Afrique, « les randonnées à cheval dans la brousse, les cris rauques des fauves le soir, les forêts profondes pleines de fleurs chatoyantes et vénéneuses, les sentiers qui conduisaient au mystère. Elle n’avait pas pensé que ce serait comme ceci, les journées longues et monotones, l’attente sous la varangue, et cette ville aux toits bouillants de chaleur. »



Récit du voyage que Le Clézio a fait avec sa mère, de Nice à Port Harcourt, et dans les mêmes conditions.



Sauf que ce qui semble mal commencer devient une tendre histoire. Lintan l’enfant part pied nus en brousse, court avec les autres enfants, rencontre et regarde, observe et découvre, il se régale de la vie sauvage, pense être né là, dans la proximité du fleuve, vit tout ce qui peut enchanter les enfants en Afrique et parallèlement invente un roman( comme Le Clezio l’a fait avant lui).



Le père, plutôt absent, invente aussi une histoire, celle de la reine noire de Meroe, la capitale de Nubie, qui aurait migré depuis le Nil jusqu’au fleuve Niger. Pour ce faire, Le Clézio adopte une mise en page différente, mi page, comme dans son autre roman « Désert ».

C’est bien de fleuves dont il s’agit, le Niger omniprésent, c’est lui qui apporte les nouvelles, lui par qui les nouveaux arrivent, lui qui illumine tout le roman. Car c’est un roman lumineux, un peu comme Maou, inactive et sereine, sachant cependant s’opposer aux agissements d’un colon anglais, prétentieux et cruel, voulant faire construire une piscine par des prisonniers enchainés.



Elle découvre la lenteur « un mouvement très long et régulier, pareil à l’eau du fleuve qui coulait vers la mer, pareil aux nuages, à la touffeur de l’après midi, quand la lumière emplissait la maison et que les toits de tôle étaient comme la paroi d’un four. La vie s’arrêtait, le temps s’alourdissait. »



L’eau est toujours présente dans ce roman, celle du bain de la mère, du voyage qu’ils font ensemble de Bordeaux à Dakar puis de Dakar par la mer jusqu’à Cotonou et enfin Port Harcourt, enfin les deux fleuves, le Nil et le Niger, la jeune femme au profil égyptien, Oya, « l’eau », qui perd les eaux devant Fintan.



L’eau, plus que la guerre, évoquée au début du livre, raison de l’éloignement du père, et guerre du Biafra des années après, pour le pétrole sous marin. « Pour la main mise sur quelques puits de pétrole, les portes du monde se sont fermées sur eux (les enfants sacrifiés) les portes des fleuves, les iles de la mer, les rivages. Il ne reste que la forêt vide et silencieuse. »

Je lis ce roman comme un histoire d’eaux, et de femmes : Maou, Oya, Marima, et l’héroïne du père, la reine de Meroe et sa descendance de femme en femme , jusqu’à Arsinoe.

Ceci est ma lecture, très partiale ( l’eau, les femmes, la sérénité africaine), cependant Le Clezio a écrit, avec Onitsha, aussi, un livre très documenté, qu’il met comme en parenthèse par sa manière de scinder les pages en deux, et qui demande une érudition que je n’ai pas.

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Désert

Cette histoire se passe dans le désert. On y voit des Bédouins, le peuple des "Hommes Bleus" parcourant le Sahara. Un peuple libre.

Le désert est immobile, il reste toujours le même. Les dunes changent sous l'action du vent, pourtant elles restent les mêmes. Dans le désert, on est libre, le désert est libre lui aussi. Celui qui n'a pas traversé le désert ne sait pas vraiment qui il est, le désert le sait. L'âme du désert est libre. le vent sent l'âme du désert, il connaît la douceur du sable, il est libre. le soleil aime le désert, le désert aime le soleil. La vérité du désert rend libre.

Les dunes connaissent le vent, elles connaissent l'âme du désert, elles connaissent la sagesse du sable, elles connaissent la vérité du soleil, elles connaissent l'impassibilité du temps, elles connaissent l'humilité des pierres, elles savent qu'elles sont libres. le sable comprend tout cela. Il est fier et libre!

Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie.

Un roman d'aventure mené à mille à l'heure !

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Le flot de la poésie continuera de couler

J.M.G.Le Clezio a décidé de vulgariser la poésie chinoise , plus particulièrement, celle de l'époque de la dynastie Tang. Cette idée a germé dans son esprit avec l'aide de Dong Qiang, qui apporte son éclairage sur les syntaxes chinoises et offre des traductions inédites ( ceux qui prétendent s'en être rendus compte seront qualifiés de "mytho "par les jeun's :) ).

C'est une magnifique balade teintée d'histoire qui ressort de cet ouvrage .

L'auteur s'évertue à placer les poèmes dans leur contexte historique et explique brillamment pourquoi la Chine produit de telles oeuvres quand l'occident se couvre de cote maille pour pénétrer dans le moyen age et construire des châteaux forts.



La poésie fait partie de l'ADN de la Chine et était imposée comme épreuve pour accéder aux plus hautes fonctions. d'où cette pléiade d’œuvres . Mais il ya également une tradition historique , liée notamment aux préceptes du taoïsme.



Ici, beaucoup de Li Bai , la star de l'époque , frivole, alcoolique, épris de nature et manipulateur de mots hors pair.

Mais également un gros coup de projecteur sur Du Fu, bien moins connu et sans doute aussi talentueux , un véritable espoir pour les écrivains en mal de reconnaissance !

Il y a bien sur beaucoup de poèmes qui semblent tellement simples que l'on a du mal à croire à tout ce qu'ils évoquent.

La nature , les femmes , la tolérance étaient à l'honneur quand bien même ces poètes ont surtout connu la guerre.

Remarquable ouvrage , qui a pris grand soin de préciser le contexte de façon didactique pour que la poésie, bien qu'atemporelle , prenne tout son relief.



Pour les plus compétents en poésie, dont je ne fais pas partie, l'auteur français que s'apparenterait le plus à la poésie des Tang serait Gérard de Nerval. mais le mieux est sans doute de lire ce très beau livre pour se faire une idée plus précise.

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Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : ..

Alan Stivell et JMG Ar Kléziou, mettent à l'honneur la Bretagne. Ces Bretons d'adoption n'ont jamais cessé de la magnifier.



Jean-Marie Gustave le grand talus, plus connu sous le nom de J-M-G le Clézio, a vécu sa petite enfance à Nice, le temps d'une guerre, faite de manque et de noirceur.

A côté, les années 50, chaque été en Bretagne, au bord de la mer, pas de touristes, c'était le pied pour un gamin de 10 ans qui découvrait la beauté des paysages, le parfum du foin coupé, les gens de son âge et la féérie d'un château où se célébraient des fêtes irréelles avec les gens du coin. Il y reviendra chaque été pendant des années.



La précision de ces lieux et des personnages tiennent seulement dans ses souvenirs d'il y a soixante-dix ans à Sainte-Marine, sur la côte, près de Quimper. La place de ces souvenirs produit cette chanson parfois onirique.



J'ai goûté chaque chapitre, chaque phrase comme un hymne à la culture du lieu, un terroir qui s'affranchit des us et coutumes des grandes villes. Un hymne à la Bretagne et à sa culture qui se maintient tant bien que mal en dépit d'un état autoritaire et globalisant. Illustré par le bannissement de la langue bretonne dans les cours d'école en ce temps-là.



Alors, on ne sera pas étonné de trouver un "Breizh atao" ("Bretagne libre") après avoir lu les descriptions des dégâts, ces changements de paysages, de bocages, comme des agressions à la vie, dus au remembrement et à l'arrivée de l'agriculture intensive, décidée au-delà des limites de la Bretagne.



L'autobiographie n'est pas un genre que je recherche mais Le Clézio m'a convaincu de l'utilité de celle-ci.

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Printemps et autres saisons

Ce recueil de nouvelles m'a éblouie, par sa beauté douloureuse, sa poésie de l'errance et de la quête de soi-même.



Il nous présente des destins féminins particuliers. Cinq nouvelles, cinq saisons, cinq parcours . Ces femmes ont en commun une grâce, un éclat orientaux ou exotiques. Arabe, gitane ou venant des îles , elles connaissent toutes une vie tourmentée, tortueuse , tournée vers un ailleurs qui reste souvent inaccessible.



La première nouvelle, beaucoup plus longue que les autres, est fort émouvante. La narratrice, abandonnée par sa mère, se cherche et connaît l'exil du coeur. J'ai aimé aussi l'histoire de cette gitane passionnée, frémissante. Gaby, la jeune créole arrivée brutalement dans le froid de l'hiver en métropole m'a plu également.



Les textes sont subtils, délicats, avec une dimension philosophique et humaine qui leur donne une force indéniable, en accord, paradoxalement, avec la fragilité des destins évoqués. Jeunes femmes en recherche d'amour et d'identité, si attachantes, si seules. Découvrez-les!
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