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Critiques de J.M.G. Le Clézio (1107)
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Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : ..

Prix Nobel de Littérature en 2008, J.M. Le Clézio nous enchante à nouveau avec ce magnifique hymne à la Bretagne, la Bretagne de son enfance dans les années 50.

Il évoque Sainte Marine, le pays bigouden.

Britannique par son père, médecin de brousse au Nigeria, et Français par son éducation, l'auteur vit aujourd’hui entre Albuquerque, aux États-Unis, pas très loin du Mexique, et Douarnenez (Finistère). Il reste proche de l'île Maurice où émigrèrent ses ancêtres après la Révolution et du Maroc, pays d'origine de sa femme.



« J’ai vécu un peu partout, je suis étranger à tout, mais si je dois choisir un pays, une racine, ou plutôt un rhizome, c’est la Bretagne, une terre infinie et sans limite, qui ouvre sur l’imaginaire », confiait-il à La Grande Librairie, le 11 mars dernier.

Et dans ce livre, que d'émotion!



On découvre ou redécouvre une Bretagne traditionnelle, authentique avec une culture et une identité marquées.

L'auteur y exprime son amour de la langue bretonne, d'une Bretagne qui l'a guéri à une période difficile de sa vie comme il le confiera et qui lui a apporté le bienfait de la nature.

Il nous émeut quand il évoque ses retrouvailles, enfant, avec ses cousins du hameau "Le Cleuziou" (talus en breton) qui a donné le nom de Le Clézio.

Son plaidoyer pour une Bretagne proche de ses racines est captivant.



Les rappels historiques sont très bien menés: on ne peut rester insensible à l'évocation de la défaite bretonne du 28 juillet 1488, lorsque le duc de Bretagne François II est battu par l'armée du roi de France à Saint-Aubin-du-Cormier, près de Rennes.

Cette défaite signifiera la fin de l'indépendance bretonne et le début d'une période difficile puisque la Bretagne était restée dans les provinces les plus pauvres du royaume de France pendant longtemps.



Un bel hymne donc, à la Bretagne et aux Bretons et au rôle qu'ils ont joué dans la sauvegarde du pays, d'une certaine idée de la nature, du respect du mystère.

J'ai été particulièrement sensible à l'évocation de certains lieux, comme la Laïta, rivière qui marque la limite entre le Morbihan et le Finistère et qui coule près de chez moi..





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L'Africain

Violence et humanité. Le choc des antagonismes. C'est l'impression que me laisse cet ouvrage en le refermant.



"L'Afrique était puissante. Pour l'enfant que j'étais, la violence était générale, indiscutable". La violence est celle qu'engendrent le dénuement, la maladie sans espoir de guérison, le milieu hostile de la brousse africaine. C'est aussi celle du régime colonial sur sa fin de règne, peu enclin à soulager les souffrances des peuplades démunies, à mettre un terme aux luttes tribales lorsqu'elles génèrent des tragédies comme celle du Biafra. C'est enfin la violence qui atteint un enfant de sept ans, à l'âge où il fait connaissance avec son père, après la séparation imposée par les circonstances de la guerre. Transition brutale et radicale. L'enfant choyé, volontiers capricieux, se trouve confronté à la rigueur la plus stricte, parfois féroce, d'un inconnu, dans le dépaysement le plus total. "Tel était l'homme que j'ai rencontré en 1948… Je ne l'ai pas reconnu, pas compris. Il était trop différent de tous ceux que je connaissais, un étranger, et même plus que cela, presqu'un ennemi."



L'humanité ?

Il lui faudra beaucoup plus de temps pour la découvrir. Il lui faudra du temps pour s'apercevoir que ce père honni est un être qui refuse de se compromettre avec les travers de l'impérialisme colonial. Il consacre sa vie à soulager celle des autres.



Cette humanité, J-M-G Le Clézio la fera sienne. Il la fondera sur la connaissance des autres. Il conservera de son père sa vocation de voyageur, son goût pour l'expatriation. Il parcourra le monde à la rencontre des peuples malmenés par la suprématie des civilisations qui se disent développées.



L'Africain est aussi un ouvrage qui nous dit la grandeur des humbles, de ceux qui n'ont pas encore appris à se plaindre ou à quémander. Il fait partie des récits autobiographiques de l'auteur. L'écriture est simple et abordable. Le prix Nobel de littérature 2008 se met à la portée du lecteur que je suis.



Cette histoire singulière est passionnante. On y perçoit les valeurs qui ont construit le personnage, devenu, entre autre, l'écrivain consacré que l'on connaît aujourd'hui. Il dit et répète à qui veut l'entendre que notre monde est violent, qu'il faut faire œuvre d'humanité pour le rendre vivable.

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Vers les icebergs

« Vers les icebergs » ou quand notre dernier prix Nobel en date (il ne l’était pas à l’époque ) rend hommage à Henri Michaux… Celui-ci n’a-t-il pas écrit « Iceberg », justement ?…



Mais ce n’est pas ce poème d’Henri Michaux que Le Clézio transcrira intégralement ici, mais « iniji », immédiatement suivi d’un court essai - intitulé également « Iniji » - sur la poésie et le chemin escarpé qui y mène.

Avant cela, une courte introduction présentant Henri Michaux tel que le ressent l’auteur… et puis tente pages d’une grande beauté : « Vers les icebergs », une sorte de poème en prose dont on sort ébloui ; la lumière du Grand Nord, peut-être…



« Si la voix vous parle du Nord, du Nord seulement, le grand Nord, là-bas, alors votre corps tourne et s’oriente, et votre regard traverse l’espace, et vous écoutez les craquements de la calotte polaire, le vent sur la mer, et vous sentez le froid très pur, et vous voyez la lumière coupante, et votre peau frissonne au contact de cette eau, partout autour de vous, cette eau qui coule du haut en bas de la terre. Oui, c’est vers le nord que nous allons. »



Somptueux !

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Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : ..

JMG le Clézio s'inspire toujours de ses racines et de son histoire familiale pour écrire ses romans. Dans ces deux contes, « Chanson Bretonne, suivi de L'enfant et la guerre », l'auteur franco-mauricien revient sur une partie de sa jeune adolescence et de sa toute petite enfance.



Dans « Chanson bretonne », il nous fait partager ses vacances d'été dans le petit village de Sainte-Marine, dans le Finistère, entre 1948 et 1954. JMG le Clézio revient alors d'Afrique où son père travaille en tant que médecin de l'armée britannique. La Bretagne, comme le dit l'auteur, c'est familier, c'est le berceau de la famille. C'est la terre de son ancêtre qui décida au lendemain de la Révolution française de s'exiler à l'autre bout du monde, pour l'île de France, aujourd'hui île Maurice. C'est aussi son nom, Le Clézio (les enclos en breton). Lui, le petit niçois, découvre durant quelques mois le pays de ses racines.

Au gré des souvenirs de l'auteur, ce sont deux visages de la Bretagne qui se dessinent, celle d'hier et celle d'aujourd'hui. Les chapitres sans suite chronologique nous font revivre le paysage breton des années 1950 et nous parlent d'une époque aujourd'hui disparue. Jeux , fêtes, moisson, pêche, vie quotidienne d'un petit village, clins d'oeil historiques et culturels… JMG le Clézio constate bien des années plus tard les multiples transformations de la Bretagne et de ses pratiques mais sans nostalgie aucune. Oui, la Bretagne n'est plus la même mais la pauvreté du monde paysan a également disparu. Grâce à la sauvegarde du patrimoine régional, la Bretagne et les Bretons ont encore de belles années devant eux.

Autre conte, autre paysage. « L'enfant et la guerre » nous offre cette fois-ci une vision de la guerre par l'enfant qu'était Le Clézio à cette époque. La guerre, comme il l'a vécue, est-ce la guerre ? Né en 1940, c'était tout simplement sa vie. de l'appartement niçois de sa grand-mère à la cache dans le petit de village montagneux de Roquebillières, ce sont des visions fugaces, des impressions et des émotions qui ressortent de la mémoire de JMG le Clézio. Si l'ensemble est flou, certaines choses sont bien ancrées. La faim tout d'abord, ce vide au creux du ventre qui mettra des années à disparaître. le gris ensuite, couleur du village, du ciel, des murs, des uniformes, de la roche. Une jeune vie entourée de femmes, sa mère et sa grand-mère. Les souvenirs de ces cinq premières années sont ceux que tout enfant de la guerre peut avoir. Sur une photo prise à son arrivée en Afrique, en 1948, Le Clézio retrouve sur son visage les marques de la peur que les jeunes migrants ont aujourd'hui.



Encore une fois, dans l'esthétisme poétique de ses mots, Le Clézio nous emporte dans ses récits. On savoure l'histoire, on savoure la plume. Chaque chapitre se délecte et amène à une certaine contemplation : des coutumes, des lieux, d'une époque révolue. Pour ceux, qui comme moi, aiment cet auteur, ils découvriront un nouveau fragment de sa vie, raconté cette fois-ci à la première personne et non pas à travers un personnage de roman. C'est un beau cadeau car c'est un petit partage avec ses lecteurs pour ce grand Monsieur qui se refuse à écrire un jour ses Mémoires.
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Le Chercheur d'or

Première fois que je lis Jean-Marie Le Clézio, je le découvre à travers la vie du jeune Alexis sur l’île Maurice. Sa jeunesse idyllique avec sa sœur et son cher ami est brisée par un coup du sort, il perd son père puis le domaine familial. Il s’embarque sur un bateau à la recherche du trésor du Corsaire… il va mettre un moment à être enfin apaisé par la compréhension du véritable trésor.

Beaucoup aimé la langue pleine de magnifiques tournures de Le Clézio, j’ai relevé de phrases très belles mais il m’a manqué un peu de rythme à cette histoire pour l’apprécier totalement. Les moments sont plus symboliques que tumultueux, c’est plus un roman contemplatif et philosophique. J’ai encore Désert du même auteur sur mes étagères, je pense laisser un peu de temps avant de le lire…

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Pawana

« Pawana », un récit à deux voix, en canon, pourrait-on dire si ce mot ne désignait pas également l’arme redoutable du tueur de baleines…



John, de Nantucket, l’enfant, est mousse sur le « Léonore », chasseur de baleines sous le commandement de Charles Melville Scammon.

Le navire appareille de Punta Bunda le premier janvier 1856, cap au Sud… destination : une hypothétique lagune de la côte sud de la Californie mexicaine supposée accueillir les baleines en fin de gestation, et leurs baleineaux tout juste nés.



Un court récit d’une violence inouïe, même si son cadre reste paradisiaque, magnifié qu’il est par la prose si belle et si efficace de Jean-Marie, Le Clézio.



Et puis il y a la belle Araceli, mal accompagnée par son infâme Emilio…



Quelques années plus tard, John reviendra sur les lieux du massacre… à la recherche de traces de son passage.

A la fin de sa vie, le capitaine Scammon se souvient… on sent comme des regrets…



A ma connaissance, un des plus beaux textes maritimes de Le Clézio…



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Avers

JMG Le Clézio, on le sait, est un écrivain qui dans ses livres, a toujours pris le parti des invisibles, les laissés pour compte de la société, ceux que l'on ne voit pas ou ceux que l'on ne veut pas voir.

Dans les huit histoires de son recueil "Avers : Des nouvelles des indésirables", il met une nouvelle fois en avant ces femmes et ces hommes que la société trouve souvent gênants, ceux que le pouvoir rejette car improductifs et inutiles. Ceux qui font tâche en somme...



Ils s'appellent Maureez, Chuche, Juan, Aminata, Renault, Abdelhak, Marwan, Mehdi, Yaya , Yoni et Népono. Ils sont d'ici et de partout.

Des foyers de l'île Rodrigue, des rues de France, des déserts du Moyen -Orient, des camps de coca du Pérou, des bidonvilles du Mexique ou des forêts panaméennes.

Ce sont des ados maltraités, des enfants-esclaves, des clodos, des émigrés, des domestiques, des enfants perdus, des déracinés et des exilés.

Ils fuient la violence de leur foyer ils fuient les soldats et les trafiquants, ils fuient la violence sociale de notre époque, ils fuient la misère de leur pays, ils fuient la guerre. Ils fuient un monde qui ne veut pas d'eux. Et ils cherchent leur voix.



Qui d'autre que JMG Le Clézio, grand voyageur qui connaît bien chacune des régions citées, pour nous parler de la solitude et de l'abandon de ces gens qu'il a si souvent rencontrés ? Comme dans chacun de ses récits, nous retrouvons le thème de l'exil, de l'errance et chacun de ses mots est nourri par de multiples cultures en voie d'extinction. Un réalisme triste à mourir transcendé par la beauté des mots. Comme dans tous ses recueils, JMG Le Clézio nous émeut par la poésie de son écriture fondamentale, et réaffirme la valeur inestimable de chaque être, particulièrement des plus déshérités d’entre eux.

C'est du Le Clézio. Les esprits chagrins diront qu'ils n'y trouvent rien de nouveau. Pour ma part, c'est une chance. L'auteur reste fidèle à lui-même et à ses valeurs humanistes, qui on peut le dire, ont bien besoin d'être criées aujourd'hui.

Coup de coeur spécial pour le très beau texte sur la belle et tragique histoire de Renault ainsi que pour le dernier récit sur le désastre causé par les narcos.
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L'Africain

Dans ce court récit, JMG le Clézio rend hommage à son père, qui durant 22 ans a exercé en tant que médecin militaire itinérant de l'empire britannique en Afrique. Lorsqu'il le rencontre pour la première fois en 1948, JMG le Clézio a 8 ans. Son père est alors marqué par ses années de séparation avec sa famille durant la guerre, années de solitude et d'isolement durant lesquelles son travail dans la brousse l'a vieilli prématurément. Pour le petit garçon, son père est un homme dur et autoritaire, en total contraste avec la liberté, la vie pleine et grouillante qu'il découvre en Afrique.



Souvenirs des années d'enfermement durant la guerre, souvenirs des premières sensations sur le sol africain, souvenirs d'une terre foisonnante où les corps s'éveillent enfin… JMG le Clézio enfant découvre un véritable paradis en arrivant au Nigéria. Mais le sujet de ce texte proprement biographique n'est pas lui mais bien son père, Raoul le Clézio, un homme pour qui l'Afrique était le continent d'adoption et dont il dresse le portrait. Racines mauriciennes, études de médecine, premières années aventureuses et enchanteresses avec sa femme dans l'ouest camerounais, cassure lorsque la guerre éclate et le prive de sa famille, retrouvailles tardives puis retour « en exilé » en France, la vie de Raoul le Clézio se déroule à travers le récit de son fils. Car si l'enfant ne comprend pas la dureté voire la brutalité de son père, l'homme qu'est devenu l'écrivain sait réhabiliter  un inconnu chéri.

JMG le Clézio a certainement retrouvé trop tard son père pour qui les années de séparation ont été une véritable blessure et l'ont privé de l'enfance de ses enfants. Entre ces derniers et lui-même, beaucoup d'incompréhension persistera, allant même jusqu'à des relations tyranniques. Pourtant, l'auteur ne cache pas son admiration pour cet homme qui haïssait le système colonial et vivait au plus près des hommes et des femmes qu'il soignait, conscient de leur générosité tout comme de leur folie. L'Afrique ne quittera jamais Raoul le Clézio tout comme aujourd'hui elle est partie intégrante de la vie de JMG le Clézio. Alors, si l'Africain a manqué les premières années de la vie de son fils, il est certain qu'il lui a transmis ses racines et ce goût pour l'ailleurs, le voyage et les gens.

La beauté et la sincérité des mots alliées aux photographies du père de le Clézio dans mon édition font de ce petit livre un ouvrage qui atteint parfaitement son objectif : rendre hommage au père et louer la beauté d'un continent qui a marqué pareillement un père et un fils.
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Le Chercheur d'or

Ce roman est mon premier de cet auteur nobellisé. Il raconte d'abord la mer, et avec quelle éloquence ! Cette mer des îles du Sud, aux mille nuances sans cesse renouvelées, qui baigne l'île Maurice où grandit le narrateur, au-dessus de laquelle brillent les constellations de la voûte céleste de l'hémisphère Sud, cette mer dans laquelle nous nous trouvons immergés, dans ses couleurs, ses embruns, ses sons, ses oiseaux, cette mer avec laquelle commence et se termine cette histoire.

Le chercheur d'or, c'est l'histoire d'Alexis, qui part à la recherche du trésor caché du Corsaire inconnu. Mais sa recherche s'avère la métaphore de la quête éperdue de l'enfance, du paradis perdu, et de la découverte du sens de sa propre vie. Dans le dénuement, dans la symbiose avec la nature, à l'image des indigènes qui peuplent l'île, moins Alexis trouve son trésor, et plus il touche son vrai but… Ce roman atteint une dimension universelle, en faisant vibrer cette puissante nostalgie enfouie en chacun de nous, conscience aigüe et douloureuse du temps qui passe, et qui ne laisse que ruines sur nos paysages d'enfance…

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Ritournelle de la faim

Petits bouts de vie, émigrés de Maurice ou de Russie débarquant dans le Paris d'avant guerre, Éthel et son grand oncle Soliman, Xénia amie d'enfance, le père Alexandre ruinant sa fortune et son couple, l'amoureux anglais Laurent..



Patchwork rafistolé avec des références musicales et historiques comme ces français de la L.V.F. (ligue des volontaires français contre le bolchevisme) qui soutenaient Pétain et sa clique pour persécuter les juifs, références que je ne suis peut-être pas capable d'apprécier et je n'ai été que modérément séduit par ce Nobel 2008.
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Onitsha

La lecture d'un roman de M. Le Clézio est toujours un enchantement. Ici, après un long voyage en bateau, il nous transporte en Afrique, et à travers les yeux de Fintan on vit quasi en live, toute la magie de ce pays. Les difficultés d'adaptation, connaitre et accepter une autre culture, ne sont pas toujours facile pour un enfant.

Maou la maman, de son côté s'intègre plutôt bien avec les femmes du village, affectionne le peuple et prend aussi la défense des prisonniers et autres domestiques maltraités. Elle sera mal vu par les colons qui eux abusent et profitent bien de leur position.

Quant à Geoffroy, il se prend de passion pour la dernière pharaonne Méroé, et s'investit dans des recherches minutieuses et prenantes.

L'aventure est vivante, l'ambiance, tout est fait pour nous emporter dans ce pays.

Le retour est difficile tant pour Fintan et ses parents et pour le lecteur.

Une très belle lecture une fois encore avec cet auteur.
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Désert

L'un des plus beaux livres qu'il m'ai été donné de lire... Le récit se déroule entre deux époques : celle des hommes bleus et de Nour : jeune bédouin qui dans les années 1910, traverse le Sahara à la suite du Chek Ma El Aïnine et le récit de la vie de Lalla, jeune marocaine qui fuit un mariage forcé.



Le Clézio explore les thèmes qui lui sont chers : le déracinement, le voyage, le destin des hommes de peu.



Le rythme du récit est comme une lente litanie qui hypnotise son lecteur. On fit par ressentir, en tournant les pages le vent sec du désert. Le Clézio imagine des personnages au destin hors du commun et pourtant si humains. Ma El Aïnine est resté à jamais gravé dans ma mémoire comme son désert est gravé dans mon coeur.
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Étoile errante

La vie d’Esther (étoile en hébreu ) est une suite de départs, d’aventures, de souffrances et d’errances qui commence quand ses parents se réfugient en zone libre pour fuir l'occupation nazie.

Son chemin va croiser fugacement celui de Nejma ( étoile en arabe ) pour mettre en lumière le sujet du conflit israélo-palestinien. Indirectement et sans prendre parti, me semble-t-il, ce texte pose la question délicate de savoir comment un peuple qui a tant souffert peut affliger à un autre peuple ce qu'il a enduré...
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Celui qui n'avait jamais vu la mer

Paul Eluard a écrit que le hasard n'existait pas qu'il n'y avait que des rendez-vous... Il y a pas mal d'années maintenant, sur un trottoir de ma ville j'ai trouvé ce livre perdu par un lecteur... Je crois que ce n'était pas un hasard, mais bien un rendez-vous! Je n'avais jamais lu Jean-Marie-Gustave Le Clezion je l'ai découvert grâce à cette offrande de livre de littérature jeunesse. J'ai savouré le texte et le style d'écriture. Et monsieur Le Clezio est un auteur que j'aime retrouver régulièrement. Très bon livre.
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Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : ..

Voici quelqu’un qui parle de la Bretagne comme il faut, sans militantisme ni enrobage folklorique. C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai lu ce livre. Je suis breton, et cette Bretagne des années 50 qu’il présente, c’est celle de ma mère, elle était née en 40 comme lui. Il met les mot justes sur cette époque, ce climat, ces gens, il explique les choses sans amertume, sur la perte de la langue bretonne, son renouveau, c’est la vraie Bretagne, celle de maintenant, celle où il pleut l’été, avec ses ajoncs ses dunes et les marées, celle d'avant où il y avait encore des maisons avec le sol en terre battue et les lits clos et où les moissons étaient encore une fête. A travers ses mots, j’ai revécu ceux de ma mère qui ne sont pas très différents, avec une boule au fond de la gorge. JMG Le Clézio touche juste, avec finesse par l’élégance de ces mots.

La deuxième partie concerne la Guerre, mais même si cela se passe dans l’arrière pays niçois, j’y ai aussi retrouvé des analogies avec ce que ma mère m’a raconté, l’entassement dans les maison avec les réfugiés (Brestois chez nous), l’innocence de l’enfance, le père absent… JMG Le Clézio sait mettre les mots qu’il faut sur son vécu, d’une pudeur poétique et d’une réalité de sentiments. Je vais garder ce livre auprès de moi pour l’ouvrir de temps en temps.
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Ritournelle de la faim

J'ai toujours un peu d'appréhension en ouvrant un livre de Le Clézio. Si certains de ses romans m'ont transporté (à commencer par le Chercheur d'or), je dois avouer que d'autres me sont par contre tombés des mains...

De sorte que, vu depuis ma petite expérience de lecteur, ce n'est pas un écrivain que je peux considérer comme une valeur sûre. Peut-être est-ce un bien : avec Le Clézio, je sais que je ne dois pas m'attendre à un univers connu à l'avance, qui serait pour moi plein de certitudes douillettes. Et à chacun de ses livres, en somme, il me faut aussi me réinventer en tant que lecteur. C'est vivifiant, certes, mais pas toujours confortable. Ajoutons à cela qu'il est parfois compliqué de se dire déçu par un monstre de la littérature contemporaine, surtout quand on prétend soi-même jouer à l'écrivaillon de province...

Bref.

C'est la critique toute en sensibilité de Berni_29 qui m'a donné envie de lire Ritournelle de la faim, qu'il en soit ici mille fois remercié. J'ignore jusqu'à quel point l'histoire est inspirée par la figure de la mère de l'écrivain. le livre est le récit de sa jeunesse, cette petite quinzaine d'années qui font passer un être de l'enfance à l'âge adulte. Des années, bien souvent, pendant lesquelles les rêves viennent se fracasser sur le pavé gris et luisant de la réalité. La métaphore, dans le roman, est transparente : c'est celle de ce jardin que possède le grand-oncle d'Ethel, niché dans un recoin de Paris, où il s'agit d'édifier une merveilleuse maison en bois dans laquelle on sera heureux pour toujours. Mais le grand-oncle meurt sans avoir pu réaliser sa promesse. La maison ne verra jamais le jour, et dans le jardin dévasté il ne poussera qu'un minable immeuble de rapport. Les rêves et le bonheur se sont enfuis à tout jamais.

À elle seule, cette histoire possèderait sa force. Mais il y a aussi que ces quinze années de la vie d'Ethel se déroulent entre 1931 et 1945. La jeune fille voit la lèpre fasciste coloniser les esprits, et les bourgeois bien-pensants de son entourage s'en accommoder benoîtement, tout convaincus que les malheurs du monde ne touchent jamais que les autres. Après les rêves d'Ethel, c'est aussi leur univers étriqué qui vole en éclats dans les remous de la guerre et de l'Occupation. L'exode vers la zone libre, les privations, le déclassement, le déchirement des êtres, la misère, la faim... Et Ethel au milieu de tout cela, assistant à la décrépitude puis à la mort de son père, et qui décide bientôt de faire ses propres choix. Lorsque le cauchemar prend fin, il ne lui reste plus qu'à partir très loin. Car quand l'histoire s'achève, « le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis ». Un grand livre.
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Pawana

Et une belle trouvaille dans la Boîte à Livres, une!



Pawana est le mot en dialecte amérindien nattik pour baleine. C'est aussi une remarquable novella de J. M. G. Le Clézio publiée en 1992. L'écrivain raconte en utilisant deux voix : John de Nantucket, mousse puis matelot, et Charles Melville Scammon, commandant du baleinier la Léonore. Même si je n'ai pas encore lu Moby Dick, on sent l'ombre de ce monument littéraire sur le récit de ces deux hommes.



Car oui, il est question de chasse (massacre) à la baleine. A coups de harpons, de crocs féroces, ces géantes magnifiques sont tuées et arrimées au navire pour être ensuite dépecées, leur graisse fondue par tonneaux entiers pour obtenir la précieuse huile. Pris dans leur frénésie sanglante, les hommes tuent plus que ce qu'ils ne peuvent transporter et laissent aux oiseaux et requins les prises les moins importantes. Imbécilité et irrespect complet.



Ce qui ressort du récit, c'est un sentiment de gâchis total, de profanation d'un espace alors vierge où les baleines grises venaient mettre bas et qui est irrémédiablement souillé par la cupidité de cet animal bipède qu'on nommé humain.

Sans pathos, Le Clézio décante l'amertume et le désenchantement qui étreint ses deux protagonistes.



Pawana est un texte beau et fort, triste et cruel, qui a de quoi marquer l'esprit. J'ai aimé le lire même si les scènes de chasse me révulsent complètement.
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Le Chercheur d'or

J’aime bien cet auteur, sa belle écriture, ses récits au goût d’ailleurs, qui fleurent bon les voyages, les paysages exotiques, l’aventure, les usages anciens, les rythmes calés sur la nature. Le Chercheur d’or a la couleur du bleu des mers du Sud, la suavité du sirop de canne à sucre, les senteurs épicées créoles, la noirceur des ciels d’ouragans, la brillance de la sueur qui ruisselle des peaux. L’auteur y évoque à travers le parcours d’Ali, la course après la plus obsédante des chimères, l’or, qui aboutit à la découverte de soi-même, de l’essentiel : l’amour, en nous, partagé, tout autour de nous. Un thème traité par de nombreux écrivains sans que cela ni ne lasse ni ne serve. Le veau d’or demeure l’idole dominante de la planète. La voie de l’éveil ne semble pouvoir être qu’un chemin personnel. L’histoire aurait selon moi pu faire l’économie du détour par la guerre 14-18 et rester dans les parages des Mascareignes et de ses satellites. Ces chapitres n’apportent rien, brisent la dynamique et éloignent de l’intrigue rodriguaise dans lequel nous plonge délicieusement Le Clézio. Néanmoins, ce fut un bon moment de lecture.
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Voyage au pays des arbres

Lecture dédiée.



Aux amoureux de la nature, des arbres, des oiseaux, du souffle du vent.

Aux jeunes rêveurs qui aiment voyager...jusqu'à la lune !

À ceux qui ont l'imagination débordante.

À tous ceux aussi qui n'ont pas peur de se promener la nuit en forêt.

Aux enfants qui grimpent et parlent aux arbres.

À ceux aussi qui dansent autour des peupliers.



À tous ceux-là, je leur souhaite une joyeuse lecture !
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Ritournelle de la faim

Mais pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt?



J'ai acheté ce livre dès sa sortie, en 2008, et...je l'ai oublié!

Quel dommage...mais à l'occasion du challenge Nobel, je suis tombée dessus en fouillant ma bibliothèque.



Premier livre de J.M.G. Le Clézio pour moi et quelle belle découverte!



Une très belle écriture, très fine, de superbes descriptions qui nous plongent au cœur de l'histoire. On s'attache très vite à Ethel, l'héroïne. On est triste avec elle, on ressent sa rage, son dépit.

Et quelle magnifique histoire!

C'est la vie d'un enfant de l'entre-deux guerres, la vie d'une famille bourgeoise qui va tout perdre. L'espoir de temps meilleurs pendant la montée du fachisme. Les promesses des politiciens auxquelles on aimerait croire. Puis la guerre et l'exode. Et la faim.



L'histoire d'une vie, d'une colère grandissante puis du calme revenu...sur fond de Boléro de Ravel. Avec la même puissance.
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