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Critiques de J.M.G. Le Clézio (1107)
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Ritournelle de la faim

Avant le début du roman, ce ne sont que deux pages et demie, J.M.G. Le Clézio parle de la faim qu’il a connu dans sa petite enfance, il est né le 13 avril 1940 à l’aube de la seconde guerre mondiale. Le personnage principal, Ethel, s’inspire de la vie de sa mère, ce roman est en quelque sorte une biographie où s’entremêlent fiction et réalité.

L’écriture est très belle, séduite je lirai d’autres livres de J.M.G. Le Clézio.

À lire !

P.S. : La 4ème de couverture où est mentionné le Boléro de Ravel m’a induite en erreur sur le sujet du roman, cependant c’est grâce à celle-ci que j’ai pu lire Ritournelle de la faim.
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Avers

POIGNANT

Ce bouquin m'a vraiment mis le moral en berne. A ne pas lire si vous déprimez un peu.

Au travers de 8 nouvelles, Le Clezio nous raconte les invisibles ceux qu'on ne veut pas, ceux qu'on ne veut même pas voir.

Les enfants, les enfants de la guerre, les enfants de la pauvreté, les enfants du désamour. des enfants qui luttent pour leur survie par des moyens dérisoires et qui sont très rarement aidés par des adultes.

Des adultes qui ont tout perdu, amour, travail, famille et qui se retrouvent à la rue, en marge de cette société qu'ils ont si bien connue.

Des Indiens d'amazone, peuplades primitives aux mains des narcos et autre.



Le Clezio nous offre une plongée dans les inframondes, et on en ressort le souffle coupé... et pas indemnes. Chaque récit vous prend par les tripes. Tant de misère, tant de douleur, et tant d'impuissance aussi.

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La Ronde et autres faits divers

Un recueil de nouvelles qui ne remonte pas le moral...

Le Clézio nous livre ici 11 nouvelles basées sur des faits divers : vol, accident, viol, exploitation humaine, faim... Ce n'est pas gai, loin de là. Mais ce qui est particulier ici, c'est que l'auteur arrive à donner une dimension poétique à ces événements, il arrive même parfois à glisser une note d'espoir. Il y a un rythme spécial à ces nouvelles : le décor est planté en prenant tout son temps, puis tout s'accélère avec le drame. Cela donne au tout une ambiance un peu bizarre, que j'ai trouvé encore plus malsaine pour ma part.

Une découverte de l'auteur nobélisé pour ma part. L'appétit est ouvert, je pense que j'y reviendrais.
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Bitna, sous le ciel de Séoul

Bitna, c'est le prénom d'une jeune Coréenne de 18 ans qui quitte sa famille et son village de pêcheur, pour aller poursuivre ses études à Séoul.

Sa vie n'est pas idyllique, elle est hébergée par une cousine mauvaise et acariâtre qui abuse et profite d'elle sous prétexte qu'elle lui donne un toit et le couvert.

Dès qu'elle le peut, Bitna s'échappe dans la lecture, elle lit en douce dans la grande librairie à Jongnon. Et c'est là qu'elle entend parler de Kim Se-ri (qui préfère qu'on l'appelle Salomé), une femme malade, en fin de vie. Salomé veut qu'on lui raconte des histoires, qu'on lui raconte le monde, qu'on la fasse voyager, elle qui est clouée sur son fauteuil roulant.

Alors Bitna va laisser aller son imagination, elle lui conte des récits, qu'elle invente ou pas… elle croise les histoires, les points de vue, et parfois refuse de le faire aussi, parce que la vie c'est plus compliqué que ça.

Par moment, je l'ai trouvée dure, elle se rend chez Salomé quand bon lui semble, de manière très irrégulière, refusant de se laisser aller à la compassion. Mais j'ai vite compris que c'est elle qui a raison, elle refuse de souffrir avec Salomé, elle a son propre chemin à tracer, elle doit se construire et se trouver, de la même manière qu'elle construit et cherche son nid. Elle donne quand elle peut…

Au début, j'ai pensé que J.M.G. le Clézio nous entraînait dans une nouvelle version des Contes des milles et une nuit, et c'était une erreur. Bitna ne conte pas pour sauver sa vie, elle offre la vie à Salomé qui est en train de la perdre. Et puis j'ai eu l'image de ce roi entouré de ses deux femmes, dans une pièce de Ionesco, ce roi qui se meurt, et je me demande si elle n'est pas là, la clé…

Quoi qu'il en soit Le Clézio écrit avec grâce, que ce soit cette histoire où toutes les autres que raconte Bitna, on le suit avec l'envie de connaître, nous aussi, la fin.

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Onitsha

Un livre que j'ai été longue à lire et pourtant, il m'a beaucoup plu.



On découvre l'Afrique, que l'auteur a si bien connue enfant,une Afrique magique et envoûtante. A travers le regard d'un autre enfant ( son double?), Fintan , qui , au début du livre, quitte cet univers aimé. Poignant est son départ, son adieu à cette Afrique qu'il a appris à aimer.



Le livre présente aussi la vision irréelle du père, Geoffroy, en quête du peuple étrange au signe sur le front, de la reine Arsinoë Oya , déesse troublante du fleuve.



Maou est un autre personnage que l'on aime d'emblée.



Le fleuve s'étire, plein de langueur, symbole de la vie qui s'écoule, de l'oubli de tout. Et on se prend à rêver, nous aussi, de ce continent fiévreux et mystérieux ...



Une lecture fluide,poétique, porteuse de songes...
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Le 1 nouvelles - 2017

Ailleurs...Ce mot évoque irrésistiblement pour moi les merveilleux nuages de Baudelaire. Et plutôt que vers un espace géographique lointain, il m'emmène dans les méandres du rêve et de l'imagination.



C'est le mot à partir duquel les différents auteurs réunis dans ce recueil ont écrit une nouvelle ( à l'exception des textes de le Clézio et Orsenna qui proviennent d'oeuvres antérieures). Toutes ces nouvelles ( 11 en tout) m'ont plu, certaines ont bien sûr eu plus de résonance en moi.



Les "rats de rue" de le Clézio, enfants mexicains passant la frontière par les égouts , nous serrent le coeur. En écho, " La jetée", de Nathacha Appanah présente de façon sensible le destin cruel de jeunes pauvres, dans un pays indéterminé, dont le seul moment de joie est leurs retrouvailles sur la jetée, leur ailleurs.



Deux autres textes ont capté particulièrement mon attention : tout d'abord, la très émouvante " fin de l'insouciance" de Karine Tuil, où elle trace avec amour le portrait de son père, disparu justement après la publication de son livre " L'insouciance" . Et la magnifique rencontre du personnage féminin de Catherine Poulain avec un chevreuil, au sein de la forêt canadienne.



Lydie Salvayre et Véronique Obaldé n'ont pas , à proprement parlé, écrit une nouvelle, ce sont plus des réflexions, fort intéressantes, sur cet écartèlement ambivalent entre la recherche d'un ailleurs et la volonté de rester ici.



Véronique Obaldé note:" Ailleurs, pour moi, depuis l'enfance, c'est l'autre nom du désir et du rêve ". Je suis assez proche de cette définition. Et pour vous, qu'est-ce que l'ailleurs?
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Lullaby

Un jour, Lullaby décide de ne plus aller au lycée. Elle va alors passer ses journées sur cette plage qui l'enchante, prendre le soleil devant la belle maison grecque, se laisser porter par le vent...

Une belle escapade, à la fois mystérieuse, poétique et contemplative. L'auteur nous invite à suivre Lullaby, en lâchant un peu prise, en s'éloignant le temps d'une lecture de nos repères habituels pour une courte errance en bord de mer.

Les fines, épurées et poétiques illustrations de Georges Lemoine sont sublimes et s'harmonisent parfaitement avec l'atmosphère du récit.

Comment les jeunes lecteurs accueillent-ils cette lecture ? Je suis vraiment très curieuse de le savoir !
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Le Chercheur d'or

Alexis vit une enfance heureuse sur l'île Maurice en compagnie de sa sœur et de ses parents. Son père, entrepreneur audacieux, met sa famille à l'abri du besoin, et sa mère élève ses enfants avec tout l'amour et la douceur dont ils ont besoin. Cette vie idyllique prend fin après plusieurs catastrophes : des révoltes de travailleurs dont le statut n'avait rien à envier aux esclaves d'autant, et un ouragan qui emporte les installations dans lesquelles l'entrepreneur avait placé tous ses espoirs (et donc toutes ses économies). Les malheurs s'enchaînent alors : faillite, mort du père d'Alexis, maladie de sa mère.



Plutôt que de faire face à ces difficultés, Alexis choisit la fuite : reprenant la vieille obsession de son père, il se lance à la recherche d'un trésor caché, à partir de vieux papiers laissés par un corsaire inconnu. Qu'espère-t-il vraiment ? Permettre à sa famille de retrouver sa situation sociale ? Ou simplement une vaine tentative de retrouver le paradis perdu, dont il a été si brutalement éjecté. Cette chasse au trésor devient une véritable quête initiatique, car les personnes qu'Alexis rencontre sur son chemin semble en savoir plus long que lui sur ses motivations, et sur ce qu'il cherche réellement.



Une lecture en demi-teinte pour moi, car si le roman est remarquablement bien écrit, il m'a manqué un petit quelque chose pour que les personnages me captivent. Leurs buts m'ont souvent semblé obscurs, et la symbolique de quelques moments-clés m'a échappé. Je me suis donc contenté de les observer de loin, pas très concerné par leur sort.
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L'Africain

J'ai lu presque tous les livres de J.M.G. Le Clézio qui se place en tête de mes auteurs préférés. A chaque lecture, je suis emportée par la magie de son écriture envoûtante, dans un voyage coloré, aux multiples sensations, à la rencontre d'un pays, d'un continent, d'une civilisation.

Cette fois, il part à la rencontre d'un père qui lui a été si si longtemps étranger. C'est aussi une rencontre avec l'Afrique de l'Ouest, loin du système colonial, au Nigéria et au Cameroun où son père a été nommé médecin militaire sous l'autorité de l'administration britannique. A l'âge de huit ans, en 1948, J.M.G. rejoint son père en Afrique avec sa mère et son frère. Ils ont été séparés par la guerre et il découvre un homme inconnu, meurtri et amer qui, après avoir connu un intense bonheur en compagnie de sa femme et vécu en symbiose avec l'Afrique et ses habitants, s'est retrouvé pris au piège de ce pays et sans nouvelles de sa famille restée en France après la déclaration de la seconde guerre mondiale. Vingt ans plus tard, J.M.G. Le Clézio a refait le voyage sur les traces de ce père autoritaire, inflexible et redoutable en cas de désobéissance, rendu amer par la solitude et les souffrances côtoyées, l'impuissance face aux ravages occasionnés par les guerres tribales et la colonisation. Les souvenirs qui submergent parfois soudainement l'auteur le rattachent indéfectiblement à l'Afrique, mais aussi à la vie de ses parents, celle d'avant sa naissance.
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Gens des nuages

Un des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire et qui m'a fait voyager ; où le dépaysement est total et où la liberté prend tout son sens.



Ce qui caractérise la vie des nomades, ce n'est pas la dureté ni le dénuement, mais l'harmonie.



Lisez et vous entendrez "la voix du muezzin au-dessus du désert" !



Tout est symphonie, d'un lyrisme envoûtant, d'une merveilleuse légèreté pour les simples voyageurs que sont Jemia et JMG le Clezio ; oiseaux de passage dans - "ce désert où le langage est éternel, une perfection sans temps, une vérité sans corps" (p.141).



Très bel ode à ce désert des Hommes Bleus, à ces femmes, à ces enfants aux regards sombres et brûlants.



Belles légendes de la cruche cassée, d'une colonne merveilleuse et du Rocher.

"Une vallée immense, vide, un réceptacle pour la pensée".

" La vallée ne donne aucune prise à l'idolâtrie. Il n'y a que le Rocher, le désert, les falaises sombres au loin, les méandres de l'eau cachée, le ciel où s'efface l'écriture des nuages".(p.129)



Désert de pierres - les vents violents - les mirages - la solitude !



"Désert jaune, ocre, cendré jonché de schistes et silex, dur, hérissé ... Un sol sonore coupé d'éboulis, fracturé, où s'accrochent des touffes de végétaux qui ressemblent à des plantes du fond des mers."



Les Aroussiyine du désert sont si différents, si loin de tout ce que nous savons. (p.146)



Ils sont un peuple des "mille et une nuits" dans un Océan d'ocres, de bleus, de Silence, et d'Eternité.



* Quelques photographies de Bruno Barbey.
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Mondo et autres histoires

Je viens de terminer ces quatre nouvelles, qui sont un appel d'air : elles ont toutes les quatre en commun un personnage d'enfant, ou d'adolescent, seul au monde et livré à lui-même, en rupture avec la société, vivant de trois fois rien dans la nature, avec un amour presque sauvage pour celle-ci, pour le soleil qui règne sur ses sensations.



Mondo est arrivé de nulle part dans la ville, et sans bruit, avare de paroles, il s'est fait une place. Tout le monde l'apprécie, mais il doit se garder des hommes en camion gris, qui ramassent les animaux égarés et les enfants. Mondo vit dans des cachettes et ne sort que lorsque la voie est libre, qu'il sera tranquille. Il rejoint ses amis, des gitans, un pêcheur... Grâce à un vieil homme sur la plage, il apprend à lire. Il est aussi recueilli par Thi Chin, une petite femme vietnamienne, qui lui fait à manger et l'héberge.



Lullaby est aussi en rupture de ban, elle a décidé de quitter le lycée, et écrit des lettres à son père, qui vit loin. Elle passe plusieurs jours en totale liberté, explorant la côte, découvrant des bâtiments abandonnés. Elle rencontre un jeune garçon avec qui elle sympathise, et s'enivre de la mer, du soleil, du vent...



Le Garçon qui n'avait jamais vu la mer est taciturne et secret ; il s'évade de l'internat pour aller voir la mer, son rêve le plus cher. Il s'installe dans une grotte sur la plage, vit de ce qu'il ramasse, se familiarise avec la puissance de la mer, sympathise avec les animaux qui peuplent les creux de rochers, les oiseaux...



Les Bergers raconte l'aventure de Gaspar, qui parvient à un village abandonné où il rencontre une bande d'enfants qui vivent seuls. Ils partent rejoindre la vallée de Genna avec le troupeau de chèvres, emmenant Gaspar avec eux. Gaspar oublie progressivement sa vie d'avant, dont on ne sait rien, et vit une saison ou deux avec les enfants, chassant à la fronde, rencontrant différents milieux naturels, animaux...



Ces quatre nouvelles se lisent à un rythme assez lent, elles instaurent plus une ambiance qu'elles ne relatent des actions, elles nous plongent dans des paysages, des sensations puissantes. C'est une vie totalement sauvage et libre qui s'y déploie, faite de tout petits riens, peu d'événements, mais pourtant une histoire, qui rejoint les éléments dans une permanence, une éternité de l'instant. L'écriture nous fait vivre une expérience méditative, une mystique de la nature. Ces nouvelles sont un appel et donnent envie de goûter à autre chose, de regarder davantage autour de soi, de faire attention au moindre brin d'herbe et chant d'oiseau, de regarder le monde dans le silence et l'immobilité.



C'est un peu encore comme si nous prenions subitement conscience du fait qu'il nous manque quelque chose, que nous l'avons toujours su, et qu'il faut à présent se mettre en route pour être au monde, pleinement.
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Étoile errante

Par les temps qui courent, on ferait bien de lire et/ou relire « Etoile errante ». Non pour y trouver des solutions, mais pour se persuader que l'Histoire repasse souvent les plats… Amers, les plats, pour le moins…

Nous sommes en 1943 et Esther fuit, avec sa mère. Elle est juive et elle fuit devant l'horreur du nazisme : un voyage qui les mènera de l'arrière-pays niçois vers l'Italie. A la fin de la guerre elle tentera de rejoindre Israël ; voyage faisant, elle croisera le regard de Nejma, elle aussi jetée sur les routes par la guerre. le contact des deux jeunes filles se réduira à ce regard et à unéchange de noms, mais les marquera toute leur vie. Comme Esther, Nejna est une exilée… dans son propre pays… Elle est Palestinienne.

Comme je le disais plus haut, il n'y a pas de solutions à chercher dans cet opus, un peu décousu de notre Prix Nobel… Un opus qui nous fait toucher la vanité de la guerre, et la difficulté de créer ex nihilo, l'Etat d'Israël.

Il me restera de cette lecture de merveilleux passages comme Le Clézio sait nous les faire sentir ; de magnifiques passages…

« Etoile errante » n'est pas mon roman préféré de l'auteur. Reste une lecture forte sur un thème fort et douloureux, celui de la quête d'identité « impossible » de deux jeunes filles que la guerre et la barbarie des hommes a jetées sur les routes de l'exil, au milieu de l'incurie des politiques.

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Lullaby

Voici un magnifique (petit) livre, reposant, onirique et très détendant. Un style littéraire très particulier, où différentes techniques sont utilisées pour mettre le lecteur dans l'ambiance calme qui règne dans cette histoire.

Pour tout ceux et celles qui sont stressés, fatigué, dépressifs, ou bien tout simplement rêveurs.

à lire absolument.
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Diego et Frida

Cette double biographie sur un couple mythique, c’était une lecture que j’appréhendais un peu, ayant une connaissance très limitée de ces deux peintres. Finalement, ce qui m’a le plus gêné c’est ma méconnaissance de l’histoire du Mexique. Quelques notes auraient été bienvenues. Par moment aussi j’ai eu quelques difficultés avec la chronologie, car l’auteur fait à plusieurs reprises de légers écarts vers le passé ou le futur, ce qui n’est pas en soi désagréable mais qui aurait là aussi nécessité une meilleure connaissance du Mexique. Passé ces quelques remarques c’est un livre assez envoûtant, ou tout au moins prenant. Il faut dire que la plume de Le Clézio est belle, qu’il équilibre bien la place consacrée à Frida et celle consacrée à Diego. J’ai découvert un couple fascinant, énigmatique, improbable, «l’union de l’éléphant et de la colombe ». Tenter de comprendre ce couple énigmatique est une motivation efficace pour le lecteur. Malheureusement, contrairement à Diego, le personnage de Frieda est resté pour moi assez énigmatique, avec sa forte personnalité, exigeante, et en même temps soumise. Je suis restée un peu sur ma faim même si Le Clézio a parfaitement réussi à me communiquer ce qui fascinait Diego chez Frida. Une histoire d’amour complexe qui fut pour moi une totale découverte. Ce livre est aussi une plongée dans l’histoire du Mexique dans la première moitié du XXème siècle et dans les cultures indiennes préhispaniques. Une lecture très dépaysante !
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Hasard, suivi de

Quand on veut voyager tout en restant chez soi, rien ne vaut un livre de JMG le Clézio. On ouvre un de ses livres et on est partance… « Hasard, suivi de Angoli Mala » est pour moi un court roman suivi d'une longue nouvelle. Chacun de ces récits nous offre une histoire d'apprentissage, apprentissage de la vie mais aussi apprentissage de la Nature dans ce qu'elle a de plus sublime.



« Hasard » nous raconte l'histoire de Nassima, petite-fille solitaire et rêveuse qui habite seule avec sa mère dans le Sud de la France. Sur le chemin de ronde de Villefranche, elle guette le retour du Azzar, majestueux voilier, propriété du cinéaste et aventurier Juan Moguer. Une nuit, Nassima monte clandestinement à bord du voilier qui l'a toujours faite rêver. Commence alors une aventure hors du commun, une parenthèse maritime faite de grandes étendues, de solitude et de silence. Mais après l'euphorie du bleu azur, des dauphins et des escales aventureuses panaméennes, la réalité reprend ses droits et avec elle, la fin d'un rêve.

Azzar est pour Nassima la promesse de rejoindre un père absent ou à défaut, d'en trouver un de substitution en la personne du capitaine cinéaste.

Azzar comme hasard, un bateau symbole de rencontres fortuites qui parfois décident de toute votre vie, en bien comme en mal. Juan Moguer en fera les frais, ainsi que son voilier avec lequel il ne fait qu'un : raconter la vie de l'un, c'est raconter la vie de l'autre, de sa gloire à sa déchéance.



Si « Hasard » est une ode au monde de la mer et de ceux qui font corps avec elle, de l'Italie aux îles de la Martinique en passant par le Panama, « Angoli Mala » nous entraîne dans la forêt du Darién, espace sauvage à frontière de la Colombie et du Panama. Pour cette nouvelle, JMG le Clézio s'inspire d'une légende indienne où Angoli Mala prend les traits d'un jeune orphelin, Bravito, qui revient sur sa terre natale. Avant que la folie ne l'emporte au coeur de la forêt, il fera l'apprentissage de la vie, de la violence et de l'amour. Une nouvelle fois dans ce récit où le conte se mêle à la réalité, la nature est reine. Elle est ici plus sauvage et plus vibrante que jamais.



JMG le Clézio est un poète, un grand voyageur et un humaniste. A travers le beau, il sait également dénoncer la violence des hommes, leur cupidité et leur arrogance. Engagé, l'écrivain nous parle des exploités, des miséreux, des petites putes qui ont encore l'air d'écolière et qui attendent leurs riches clients dans les rues de Medellin en Colombie, des indiens à la frontière qui se font exproprier et qui oublient leur malheur dans l'alcool, des contrebandiers et des policiers corrompus qui répandent leur poudre blanche jusqu'au coeur des bouges de Yaviza, au Panama.



Voilà, pendant quelques jours, je suis partie en Colombie et au Panama, j'ai vogué sur l'océan étincelant, j'ai parcouru la forêt sauvage et ses torrents. J'y ai vu les merveilles de la Nature, j'y ai vu les dégâts de l'homme.



C'est du le Clézio, rien de nouveau. C'est juste une écriture inspirante et obsédante.
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Désert

Mondo m'avait subjuguée complètement, éblouie par ce livre, je retrouve cette magie avec Désert, moins puissant et plus dans la sensation, la contemplation de ces grandes étendues, ces lumières, et autres variations spécifiques au désert.

La construction est également intéressante, parcourir deux histoires dans un seul roman, pour point d'attache : le désert. Elles sont différentes et se passent à des époques différentes, mais on ressent l'attachement très fort l'un comme l'autre au désert.

L'écriture est tout aussi sublime, le style Le Clézio m'emporte toujours, c'est en cela que j'apprécie de le lire , même si parfois l'histoire n'est pas toujours dans mes cordes.

Un livre que j'avais toujours mis de côté, entre ceux qui ont été complètement conquis et ceux qui sont restés indifférents, j'hésitais à me lancer dans l'aventure et la grande traversée du désert m'effrayer quelque peu.

Au final, ce fut un très beau voyage, avec des personnages forts, une réelle impression de me plonger au cœur du récit et de pouvoir profiter du paysage.

Deux livres sont venus s'ajouter à ma pal plus je lis cet auteur plus je l'apprécie.

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Voyage à Rodrigues

Pour ceux qui ont aimé « Le chercheur d’or », lecture du « voyage à Rodrigues» indispensable. Publié l’année d’après, ce petit roman/journal constitue comme une sorte de grosse apostille au précédent, tout au moins pour sa partie sur l’île de Rodrigues…



L’île de Rodrigues : la plus petite et la plus désertique des îles Mascareignes, auxquelles elle appartient tout en étant rattachée administrativement à l’île Maurice. C’est là que le grand père de l’auteur, un ancien juge banni passera trente ans à la recherche d’un hypothétique trésor de corsaires ; à noter que Maxime, le héros du « Chercheur d’or » n’y passera que quatre ans…



Descendant d’une famille de Bretons émigrés à l’île Maurice au XVIIIe siècle, Jean-Marie Le Clézio nous offre un petit (156 pages) roman/journal où il est question de la recherche d’un trésor ; en fait bien plus que ce simple trésor…

Bien entendu, il ne trouvera rien dans l’Anse aux Anglais, si ce n’est bien son grand père, et par là même ses racines…



Comme dit plus haut, ce « Voyage à Rodrigues » constitue un complément indispensable au « Chercheur d’or » : on y observe un parallèle saisissant entre Maxime (le héros du « Chercheur d’or ») et Le Clézio lui-même, dans la mesure où l’un se cherche et l’autre est la recherche de ses origines… mais l’un n’est-il pas consubstantiel à l’autre ?



Bref, un récit d’une grande puissance évocatrice sur fond d’insularité ; vent, embruns, pierres, qui font la spécificité de cette île perdue. Le tout porté par le style incomparable de notre dernier prix Nobel de Littérature en date…Superbe.

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Étoile errante

Un bijou littéraire !



Esther la Juive et Nejma la Palestinienne, des étoiles errantes : deux destins et un cri de douleur : la guerre. L'exil est un point commun (Israël, terre promise pour l'une et camp de réfugiés pour l'autre). Cependant, Nejma et Esther ne se retrouveront jamais ; il leur restera uniquement ce regard et l'échange de leur prénom sur un cahier.



L'écriture poétique et vibrante de JMG le Clézio nous enchante et sait nous transporter au plus profond de l'âme de Nejma et Esther. De toute beauté !





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Le flot de la poésie continuera de couler

Ce livre est un bel objet inclassable. Il est multiple, riche, par certains côtés déconcertant et par d'autres passionnant.

C'est un recueil de poèmes chinois de la dynastie Tang (618-907), traduits par Dong Qiang, centré surtout sur les poètes Li Bai et Du Fu (8e siècle).

C'est aussi la narration et la description de la rencontre de Le Clézio avec cette poésie.

C'est encore un exposé très éclairant sur la métrique chinoise.

C'est enfin un magnifique album de peinture.

Il s'en dégage une harmonie douce.

Pourtant, la période était particulièrement agitée et nos deux poètes, qui étaient amis, ont eu une vie chahutée, même tragique. Mais ils étaient aussi taoïstes et cherchaient l'union des contraires: la permanence dans l'impermanence, la création dans la destruction.

Le Clézio évoque le contexte et la nature de cette poésie. Si l'on est habitué à le lire, on sera peut-être décontenancé par cette écriture descriptive, très simple. On en sera peut-être un peu déçu.

Il n'est pas facile non plus de rentrer dans cette poésie dont nous ne possédons pas les codes. Elle nous paraît parfois fade.

Mais peut-être est-ce simplement parce que la traduction peine à en rendre toutes les dimensions.

Comment rendre en traduction l'effet pictural immédiat d'un poème chinois? En Chine, la poésie est aussi peinture et calligraphie indissociablement. La disposition même des pictogrammes participe de l'effet poétique comme l'explique Dong Qiang de façon lumineuse.

Alors traduire simplement les mots ne rend qu'une seule de ces diverses dimensions.

Ce n'est pas que la poésie chinoise ne soit pas universelle. C'est qu'elle s'exprime dans des codes difficilement transposables.

Ce beau livre en est toutefois un début de révélation.



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Voyage à Rodrigues

" En écrivant cette aventure, en mettant mes mots là où il a mis ses pas, il me semble que je ne fais qu'achever ce qu'il a commencé, boucler une ronde, c'est-à-dire recommencer la possibilité du secret, du mystère"

Ces quelques lignes très émouvantes résume à mon sens cette enquête prodigieuse à laquelle s'est livrée Le Clézio pour parler du trésor que son grand-père a cherché des années dans l'île de Rodrigues.

Ces mots nous transportent dans cet îlot battu par le vent, nous voyons sans peine ces oiseaux survolant la mer.

Quelle écriture, quelle poésie, une alchimie entre la terre et le ciel, le passé et l'avenir, le devenir.

Fascinant petit roman, à lire sans aucun doute.

"La fin de toutes les aventures est là, figée dans l'éternité, et Jason est sans doute le seul qui ait trouvé ce qu'il cherchait, l'or de l'immortalité"



Sublime, non ?
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