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Critiques de Lewis Carroll (787)
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Alice au Pays des Merveilles (Illustré)

Je participe depuis quelques années à plusieurs challenges Babelio, plus par défi personnel plus que par goût de la compétition, mais également parce qu'on y fait de belles rencontres avec les livres et les lecteurs. Ils me permettent somme toute de sortir de ma zone de confort, de diversifier mes lectures en allant vers des genres littéraires qui ne m'attirent pas toujours.



Tout le monde connaît le roman de Lewis Carroll, mais qui l'a vraiment lu ?

Sans en faire partie une de mes priorités, j'avais envie depuis longtemps de le découvrir et comme il me permettait de valider plusieurs challenges en même temps, j'ai trouvé que c'était l'occasion ou jamais de le lire.



Peut-être, vous demandez-vous quels items j'ai pu valider avec cette lecture ? C'est intéressant car on apprend beaucoup sur les livres et leurs auteurs à essayer de compléter chaque case des défis.

Il faut savoir qu'« Alice au pays des merveilles » a été censuré en Chine en 1931 car il était indécent à l'époque de faire parler des animaux. Ce roman a été écrit avant 1900, plus exactement en 1865. Il a été adapté au cinéma et a reçu l'oscar de la meilleure création de costumes.

Voici les trois items que je vais pouvoir valider et ce sont, entres autres, les raisons qui ont motivé mon choix.



Deux dernières raisons et non des moindres s'ajoutent : la magnifique édition de Benjamin Lacombe m'attirée beaucoup et j'avais envie de découvrir ce texte en même temps que mes élèves.



*

Qui n'a jamais eu envie de suivre le lapin blanc affairé avec sa montre de gousset ? de se glisser dans le terrier à sa suite et de pénétrer dans l'extraordinaire pays des Merveilles ?



C'est ce beau voyage que j'ai entrepris avec ma classe, une expérience de lecture qui comporte sa part de rêve, de magie et bien sûr, de questionnements.

Dans les rêves, tout peut arriver : les animaux peuvent être anthropomorphiser, parler, porter des habits, avoir des émotions, des sentiments. Les petites filles comme Alice peuvent parler sans contraintes, librement, sans la barrière de l'éducation et des bonnes manières.

Ainsi, le rêve devient un miroir de l'imagination et de la fantaisie débridée de l'enfant. le pays des Merveilles devient un monde singulier, étrange, saugrenu, fantasque et fou.



*

L'univers féérique et merveilleux a tout de suite plu aux enfants. Ils étaient impatients de partir à la rencontre des nombreux personnages de ce récit, le lapin blanc empressé, le chat du Cheshire, le Chapelier Fou et son éternel goûter avec le Lièvre de Mars, la Chenille bleue fumant tranquillement sur le chapeau d'un champignon, la reine de coeur coupeuse de têtes.

Ils ont aimé leur folie, leur extravagance.

Ils se sont vite identifiés à la jeune Alice.



S'ils avaient en mémoire les images du film d'animation de Walt Disney, la lecture du texte accompagnée des illustrations de Benjamin Lacombe leur a permis de saisir ce que le dessin animé a occulté. En effet, il reprend le récit de Lewis Carroll, mais de manière plus enfantine, plus simple, moins philosophique, illustrant un monde coloré, certes décalé, mais joyeux et amusant.



Ils ont ri devant les tentatives maladroites d'Alice pour ne pas se mettre à dos les habitants du pays des Merveilles. Ils ont repéré le côté très sage, policé d'Alice, mais aussi sa tendance à se rebeller, à dire ce qu'elle pense, jusqu'à être parfois insolente, voire énervante.

Ainsi, on a pu mettre le doigt sur l'ironie et l'absurdité de ses dialogues, l'univers plus angoissant et sombre que dans le dessin animé.



Donc beaucoup de qualités à ce texte, mais ils ont également trouvé le texte difficile à comprendre : l'univers du non-sens, les réflexions philosophiques ont demandé de longs moments d'échanges.



Une autre difficulté qu'ont éprouvé les enfants, ce sont le langage soutenu et les jeux de mots, complexifiés par, je pense, les difficultés de traduction.



*

Très rapidement, je me suis rendue compte qu'il y avait plusieurs niveaux de lecture.

Si ce conte est destiné au départ aux enfants, il y a une profondeur dans les idées qu'apprécieront les adultes. En effet, sur le ton humoristique et malicieux, l'auteur décrit un monde étrange, à la fois réaliste et fantaisiste, onirique et surréaliste, absurde et fou. Se cache derrière cet univers irrationnel et transposé, une satire amusante de la société de l'époque.



*

Le récit d'Alice est souvent considéré comme un récit initiatique. La petite fille ne cesse, tout au long de son rêve, de se transformer, de grandir et de rapetisser, cherchant avec ténacité la taille idéale pour franchir tous les obstacles qui entravent son parcours. Face à la chenille, Alice ne sait pas (ou plus) qui elle est. C'est donc un roman qui parle avant tout de l'identité, du passage de l'enfance à l'âge adulte, de la peur de grandir.



Mais Alice, face à la parole de l'adulte, veut garder son libre-arbitre et son âme d'enfant sans pour autant cesser de grandir. le monde des Merveilles apparaît bien souvent illogique à travers les yeux d'Alice, ses règles et ses lois manquant de sens, l'attitude de ses habitants étrange, grotesque ou insensée. En cela, l'auteur explore les thèmes de l'absurdité, de la logique et de la raison.



Cependant, l'auteur encourage la liberté de pensée, l'imagination et la curiosité en créant une héroïne rêveuse, spontanée, mutine, intelligente, réfléchie. Alice fait preuve d'une certaine indépendance, de beaucoup de sagesse pour son âge, de maturité et d'une grande force intérieure. Elle ne se laisse pas influencer par les autres et veut continuer à s'émerveiller, s'étonner, rêver, loin de la folie du monde des adultes, mettant ainsi en avant le pouvoir de l'imagination, des songes et de l'innocence.



Un autre thème est central dans l'oeuvre d'Alice au pays des Merveilles : c'est celui du temps qui passe avec le lapin blanc toujours en retard, et le chapelier prenant éternellement le thé.



*

Je dois avouer que l'objet-album est incroyable.

Benjamin Lacombe a choisi la traduction d'Henri Parisot pour illustrer le pays des Merveilles, en raison de son atmosphère surréaliste.



Ses illustrations se réapproprient le monde enchanteur de Lewis Carroll, apportant sa vision du monde d'Alice. Elles magnifient ce grand classique de la littérature anglaise, l'embellissant d'un univers visuel baroque, victorien avec une profusion de détails et de couleurs, rehaussant l'impression de fantaisie et d'onirisme.



L'illustrateur a mis beaucoup de mouvement dans ses dessins. Il a également choisi plusieurs techniques pour être au plus près de ce qu'il voulait raconter, alternant l'encre de chine, le Posca, la gouache, l'huile ou l'aquarelle.

J'ai noté également que les illustrations, la typographie s'amusaient avec le texte, s'adaptant à une Alice qui grandit et rapetisse. Les images se déploient parfois sur quatre pages, se dépliant à l'aide de rabats pour offrir une dimension totalement immersive.



*

Pour conclure, « Alice au pays des Merveilles » est à un carrefour entre deux mondes, celui rassurant de l'enfance et celui angoissant des adultes. Face à son enfance perdue, Alice se cherche et avance, emplie d'angoisse et de peur.



Ce livre est souvent considéré comme un classique de la littérature de jeunesse parce qu'il a été écrit au départ pour des enfants. Mais son côté fantastique, ses personnages loufoques et bizarres, l'innocence du monde de l'enfance ne peuvent pas cacher bien longtemps la complexité des thèmes abordés et la multiplicité des interprétations possibles.



Un grand classique à découvrir.
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Alice au pays des merveilles

Alice est apparemment en train de rêver, donc tout est possible. L’absurde va de pair avec l’angoisse et l’humour. Alice n’a plus de repères, elle ne maîtrise plus la situation. Les situations sont surréalistes, le langage n’a plus la même fonction. Les dialogues n’ont aucun sens. La folie est la norme, personne ne s’en étonne.



La reine de cœur est tyrannique, mais rien ne fonctionne comme elle l’entend. Finalement on y trouve un peu de logique et de vérité. On n’obtient rien par la force, si ce n’est le chaos.



Une joyeuse histoire, farfelue et parfois angoissante, comme lorsque l’on se retrouve coincé dans un rêve et que les situations prennent des virages insoupçonnés. Au réveil, tout nous semble invraisemblable. Mais il reste quelque chose d’un peu réel, d’un peu vrai, bien qu’on ait du mal à en saisir le sens, car ce rêve s’échappe dès qu’on veut le saisir. Pour une fois on a pu faire des choses absurdes qui reflètent nos désirs, nos émotions.



Quels sont les angoisses, les souvenirs et les désirs d’Alice ? Difficile de le dire, on n’est pas dans sa tête.



Pour les plus jeunes, c’est un voyage dans un monde merveilleux, fantastique et drôle.

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Alice au pays des merveilles

Un vrai petit bijou d’absurde. Lu très jeune et ayant adoré ma lecture, j’ai vu et revu maintes adaptations de ce chef d’œuvre littéraire. Je l’ai offert à ma filleule, à son jeu âge, et c’est devenu à elle aussi, un classique, un livre qu’elle garde précieusement dans sa bibliothèque. Profitant du challenge Multi-Défis 2017 j’ai replongé dans ce livre. C’est quand même un exercice très intéressant à faire. L’histoire me transporte toujours autant, mais je peux y lire à présent plus qu’un degré. Carroll était un drôle de fou. C’est truffé de petites pépites ironiques, sarcastiques… un vrai régal pour l’adulte que je suis devenue. Un roman marrant, touchant, vibrant. Une histoire extraordinaire, une aventure incroyable pour cette jeune Alice. Carroll ne la ménage pas, mais pas du tout. Des personnages plus hauts que nature qui croiseront sa route. Un lapin blanc pressé, un chapelier fou, une reine de cœur tyrannique à souhait. Qu’on me coupe la tête si vous n’appréciez pas ce très bon chef d’œuvre !!!!
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Alice au pays des merveilles

Ce livre est une pure merveille. Logique puisqu'il se passe au pays des merveilles me direz-vous? Ce livre nous fait retomber en enfance, on aimerait être à la place d'Alice, suivre le lapin blanc qui se moque d'elle tout du long.



On aimerait partager toutes ses aventures. Alice, cette petite fille à la curiosité maladive qui s'ennuyait contre son arbre va découvrir un monde merveilleux avec ses codes et ses règles, très loufoques je vous l’accorde.



Pourtant si on creuse un petit peu on se rend compte que le pays des merveilles, n'est pas si merveilleux. Finalement ce monde, est un peu cauchemardesque, les différents protagonistes sont sous le joug de la cruelle Reine de cœur. Le dérèglement du temps y joue un rôle important. Le lapin blanc n'est pas pressé pour rien et le chapelier n'est pas devenu fou par hasard...



L'auteur a brillamment mêlé tout cela dans un conte féérique que l'on peut lire de différentes façons. Les petits s'évaderont dans un monde de rêves, les adultes le peuvent aussi, mais nombreux auront de nombreuses réflexions après la lecture.



Surtout, ne lisez pas une version de ce livre non illustré, vous y perdriez beaucoup tant les illustrations sont merveilleusement réalisées.
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Alice au pays des merveilles

Que dire de plus sur une oeuvre aussi célèbre que tout ce qui a déjà été dit. Cette lecture redécouverte a eu un goût d'enfance pour moi. Je me rappelle de la version illustrée que j'avais étant enfant et que j'adorais. Relire ce conte avec mes yeux d'adulte est un sentiment étrange et agréable.

J'aime le personnage d'Alice, petit fille espiègle, qui n'a pas la langue dans sa poche. Cette histoire complètement loufoque, ce rêve fou, est toujours aussi agréable à lire malgré les années, que l'on soit petit ou grand, que l'on soit au XIXème ou au XXème siècle.
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Alice au pays des merveilles

Alice au pays des merveilles est de ces classiques de la littérature devenus universels. Il a ouvert les portes du royaume de l'imaginaire à nombre d'enfants et a inspiré le goût pour les livres et l'envie d'en écrire à de grands auteurs.

Ses personnages sont emblématiques tels le Chat du Cheshire au sybillin sourire, la Reine de Coeur et son obsession de la décapitation, le Lapin Blanc toujours pressé, ...



D'avoir découvert cet oeuvre sur le tard m'a peut-être ôté une part de sa magie. Passé quarante ans, on n'écarquille plus les yeux comme les petits enfants (encore que...). Pour autant, j'ai aimé ce dédale d'absurde, de situations improbables et de créatures défiant l'imagination. Lewis Carroll est un merveilleux conteur, original et facétieux avec ses jeux de mots et ses détournements humoristiques de comptines et poèmes moralisateurs.



Et Alice bien sûr, fillette à l'insatiable curiosité qui ne recule devant aucune des bizarreries de ce Pays des Merveilles. Sa personnalité est d'une fraîcheur sympathique et son esprit impayable.



Le livre, déjà riche quant au fond, s'orne de surcroît des très belles illustrations de Sir John Tenniel. Un plaisir supplémentaire pour les yeux.
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Alice au pays des merveilles

Marseille le 7 mai 2011,



Cher Lewis,



Qui n'a jamais rêvé de se perdre au pays des merveilles ?



Ce monde loufoque que vous avez créé n'échappe à la culture d'aucun enfant. Vous seul pouviez réaliser ce prodige : celui de nous rappeler si étrangement à nos souvenirs d'enfance. Personnellement, je pense que si les Aventures d'Alice au pays des merveilles nous a tant marqué, c'est parce qu'en nous tous sommeille une âme d'enfant...



Pouviez-vous seulement imaginer lorsque vous avez promis d'écrire cette histoire, qu'elle allait influencer tant de générations ? Pour tout vous dire, j'en doute. Et pourtant, votre lapin blanc pressé, votre chat du comté de Chester, votre chenille qui fume ou la terrible reine de coeur ont profondémment laissé leur empreinte dans notre conscience collective.



Se peut-il qu'un humble professeur de mathématiques de votre genre, à la fois écrivain, essayiste et photographe ait révolutionné l'univers du conte de fées ? La réponse est oui. Aussi, permettez-moi de vous le dire : l'extravagance de votre oeuvre, si je puis ainsi m'exprimer, est un bel échappatoire à notre morne réalité. Qu'importe l'absurdité de vos histoires, vous avez marqué votre temps et plus encore. Vous brisez les conventions et renservez la tendance (en passant, notez que j'adore le passage du "thé extravagant"). Vous dérangez ? Tant mieux ! La littérature avait besoin de nouveauté pour en finir avec les contes classiques. Alors au placard les princesses et les grands méchants loups ! Un peu de subversion n'a jamais fait de mal à personne. Au contraire, je dirais même...



Mais encore : à lire les aventures d'Alice, on serait tenté de croire que votre source d'inspiration n'est pas seulement dûe à une imagination fertile. Je me suis même demandé si vous n'usiez pas de substances illicites. Je ne pense pas. Et pourtant, si Les aventures d'Alice sont au premier abord une histoire pour enfant, entendez-le, les champignons et les potions ingurgitées par la petite fille m'évoquent certainement les paradis artificiels. C'est pourquoi Alice au Pays des Merveilles n'est pas à mon sens, un simple livre pour enfant. Plus que cela, c'est une nouvelle porte ouverte vers la liberté d'expression. "L'absurdité logique" dont vous vous faites l'ambassadeur n'est pas sans séduire : en effet, quel moyen plus ludique de s'évader que par le véhicule de la littérature ?



En outre, vous qui rêvez tant de la représentation cinématographique, savez-vous qu'aujourd'hui au 21e siècle, on vous adapte au cinéma ? Retenez la version de Tim Burton : elle est accessible à tout esprit curieux bien qu'incomparable avec votre livre. Bref, tout cela pour vous dire que votre oeuvre est résolument moderne.



Evidemment, j'aurais aimé vous rencontrer pour discuter avec vous de tout cela. Malheureusement, vous savez aussi bien que moi que cela est impossible. Bien nous en fasse, nous appartenons chacun à notre époque et nous nous devons chacun à notre manière de vivre dans notre temps.



Comme vous l'aurez compris, j'ai aimé vous lire. Pour toutes ces raisons, MERCI !



Votre dévoué Alcapone
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Les Aventures d'Alice au pays des merveille..

**Cet avis de lecture concerne uniquement le tome 2 des aventures d'Alice, "Ce qu'Alice trouva de l'autre côté du miroir".**



C'est avec le même plaisir qu'il y a quelques années -lorsque j'ai fait la connaissance littéraire d'Alice - que j'ai retrouvé cette enfant de sept ans, véritable prêtresse de l'imagination. Avec cette suite de ses aventures au Pays des Merveilles, on replonge dans un bain de fraîcheur et d'élucubrations facétieuses en passant "à travers le miroir" de sa chambre.



Le récit est structuré comme le précédent à la différence près que plusieurs des personnages loufoques qu'Alice rencontre au Pays des Merveilles nous sont déjà familiers, à l'instar de la Reine Rouge. L'imagination fertile d'Alice et de Lewis Carroll m'a offert une parenthèse fantaisiste pleine d'humour et de gentils délires qui m'ont fait sourire et fait briller les yeux de malice, que demander de plus ?



La traduction que j'ai lue est le travail de Pauline Pucciano, un excellent travail.





Challenge RIQUIQUI 2022

Challenge XIXème siècle 2022
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Alice au pays des merveilles

Le livre que je tiens à la main est une superbe édition que j'avais achetée il y a quelques années, un album superbement illustré par Benjamin Lacombe (si vous ne le connaissez pas encore, je vous conseille vivement d'aller jeter un oeil sur son site pour vous donner une idée!). Double-pages qui se déplient selon la taille d'Alice, illustrations superbes, un livre d'une très grande qualité qui ne demande qu'à être parcouru!

J'ai donc relu Alice aux Pays des Merveilles en français, après l'avoir lu une première fois en anglais, à la fac.

Accompagnés d'un prof qui nous faisait travailler sur les jeux de mots très nombreux en version originale, ce récit prenait toute sa saveur, surtout lorsqu'il s'agit d'une découverte totale!

Relu vingt ans plus tard et en français, j'ai trouvé que ça perdait un peu de sa saveur, la plupart des jeux de mots étant intraduisibles ou ne se transformant pas aussi naturellement en français.

Reste l'imagination débordante de l'auteur, l'absurde des situations (on aime ou on aime pas. Moi, je suis fan de l'humour absurde), la poésie aussi, et enfin la fraîcheur d'Alice. Certains personnages secondaires sont drôlement bien croqués, ils étaient là devant mes yeux!

Ca n'a pas été le rerévélation attendue, mais quand même un régal pour les yeux et beaucoup d'amusement!
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Alice au pays des merveilles

Bienvenue pour un voyage en Absurdie !

Tout le monde connait plus ou moins les aventures d'Alice, ne serait ce que par le dessin animé de Disney. Mais je n'avais jamais lu le livre à l'origine de tant d'adaptations, voilà qui est fait. Malheureusement, je pense que je l'ai fait trop tard car je suis complètement passée à coté.

Par contre, je comprends que les plus jeunes soient conquis par le monde décrit et les rencontres loufoques.

Mais avec moi, ça ne l'a pas fait... Pourquoi ? J'ai trouvé l'histoire trop décousue, les dialogues inintéressants et je n'ai jamais ressenti d'empathie pour les personnages.

A priori, Lewis Carroll aurait écrit ce roman suite à des crises de migraine qui lui donnait une vision déformée de notre monde. Je ne peux que le plaindre car je suis migraineuse et je connais cette douleur. Malgré cela, je ne l'ai jamais rejoint dans son délire.
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Alice au pays des merveilles

Si j’en connaissais des extraits en texte, film ou dessin animé, je n’avais jamais lu cette œuvre en entier. C’est chose faite !

Je dois avouer que ce livre me laisse plutôt perplexe. Si j’ai beaucoup aimé le début des aventures d’Alice dans un style qui nous plonge en enfance, puis en plein mystère car on se demande comment elle va sortir du terrier et retrouver sa taille normale, ensuite les dialogues absurdes et illogiques m’ont un peu lassée. J’ai dû reposer le livre pour le reprendre plus tard car j’avais une impression de tourner en rond ou de lire des pages inutiles. La multitude de créatures rencontrées contribue à créer un monde illogique et perturbant.

En fin de compte, je pense que chacun peut y voir ce qu’il veut : rêve ou cauchemar c’est selon le ressenti du lecteur. Le récit permet de se confronter au paradoxe, à l’absurde, à la bizarrerie des choses ou des êtres. Une chose est certaine : Alice tente de comprendre, fait expérience de tout ce qui se présente et en appelle toujours à ce qu’elle sait déjà. Elle se montre curieuse, polie, mais également intrépide voire imprudente. La communication est cependant souvent difficile, elle ne dit pas toujours ce qu’il convient et fâche les créatures autour d’elle, souffrant ensuite d’une grande solitude faisant écho à son ennui profond du début.

Ce texte écrit en 1865 fait appel à de nombreux codes de l’époque et reste ainsi très marqué.



Bilan empreint de déception pour ce classique enfin lu.

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Alice au pays des merveilles

Le pays des merveilles….Quel voyage étonnant, déroutant et loufoque !

Alice, jeune demoiselle, après avoir suivi un lapin (avec une montre) dans un terrier, grandit et rétrécit de façon simultanée , se retrouve en train de parler à un chat du Cheschire (qui disparaît,s’il vous plait, en laissant son sourire flotter), voit un bébé se transformer en cochon, se retrouve coincée dans le temps, assiste à une partie de croquet où les accessoires sont vivants, fait la connaissance d’une reine tortionnaire mais qui n’est qu’une reine de cœur, sans oublier la chenille désagréable et ce drôle de Chapelier…

Je connaissais évidemment le Walt Disney, mais la lecture de ce conte est vraiment plus forte, plus imprégnée de fantaisie et d’absurdité. A travers ce monde totalement étrange et bizarre, et même inversé, on pourrait se dire qu’Alice fait preuve de bon sens. Mais n’oublions pas que c’est son propre rêve…

Je me suis quand même souvent demandée pendant ma lecture ce que Lewis Caroll avait pu essayer en opiacés pour imaginer et restituer ce pays des merveilles.

Mais finalement, quand on y regarde bien, tout n’est pas si merveilleux, Alice elle-même nous le dit d’ailleurs : elle n’a jamais reçu autant d’ordres de sa vie.

Serait-ce aussi une ode au droit à la différence et à la fantaisie ? Peut-on y voir aussi une contestation de l’ordre établi ?

L’œuvre de Lewis Caroll ne laisse certainement pas indifférent. Au-delà du conte, une réflexion s’installe. A découvrir.

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La chasse au Snark - Jabberwocky

Petit conte absurde et plein de gaité

N’ayant pas plus de raison que n’en a

L’homme à la cloche de sans cesse l’agiter

Ou le boucher d’affuter son coutelas.



Un sage professeur de mathématiques

Qui n’aimait fréquenter que les enfants

Et inventait des mondes fantastiques

L’écrivit un beau jour en chantonnant.



Ces Snarks si mystérieux, que sont-ils

Où donc se cache leur lointaine île

Lecteur trop curieux, tu ne le sauras



Qu’en cherchant dans ton imagination

Mais prend garde dans ton exploration

Ou jamais, jamais l’on ne te reverra !
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Alice au pays des merveilles

C'est un régal de découvrir sur le tard, encore bercé des images doucereuses des livres d'enfant et du film de Disney, cette histoire psychédélique à souhait, hyper violente et complètement déjantée.

Sous l'effet du contraste, on en ressort avec l'impression d'avoir soi-même avalé autant de substances illicites que l'auteur : expérience à recommander!
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La chasse au Snark - Jabberwocky

« The Hunting of the Snark » (en français : La chasse au Snark) est un récit plutôt court (56 pages), sous forme de poème en huit épisodes, écrit en 1876 par Lewis Carroll. C’est l’histoire d’une chasse au Snark, un animal imaginaire, mi-serpent (en anglais : Snake), mi requin (en anglais : Shark). Dès les premières lignes du poème, vous êtes plongé dans un univers absurde où le non-sens est roi, où la logique n’a plus cours.



La chasse ayant lieu sur l’océan, le Snark est un animal des profondeurs ; il a la réputation d’être dangereux et difficile à localiser. L’Homme à la Cloche (en anglais : The Bellman) pilote cette chasse : personnage « déjanté », il interdit à son timonier, en vertu de l’article 42 du Code Naval, de parler à quiconque … comme il interdit à quiconque d’adresser la parole à son timonier. Résultat ? Le bateau vogue au gré des vents et des flots sans direction aucune ; quant à la carte maritime, fournie dans sa grande sagesse (page 19) par l’Homme à la Cloche, elle n’aide pas réellement le timonier puisqu’il s’agit d’une feuille blanche, sans dessins et sans symboles conventionnels ; quant aux instructions aboyées par l’Homme à la Cloche, elles sont aussi peu compréhensibles (« Avant, bâbord toute, arrière, tribord toute ») que celles du Code de l’Amirauté. Bon, à en croire l’Homme à la Cloche, pour traverser les mers point n’est besoin de carte : la cloche suffit. Et puis, il y a l’équipage, et quel équipage : un boucher qui n’a qu’une idée fixe : chasser le Snark ; un castor apprivoisé qui se soucie aucunement de la chasse (page 33) et ne songe qu’à deux choses : ne pas s’approcher du boucher et faire de la dentelle ; un banquier qui propose à tous les membres de l’équipage une assurance à tarif réduit contre le feu et contre la grêle ; un avocat qui tente de démontrer que c’est un délit que de faire de la dentelle à bord et deux matelots plus ou moins analphabètes. La chasse s’avère nerveusement éprouvante mais … l’Homme à la Cloche veille : il demande au boulanger, qui - pour se sécuriser - n’en finit pas de raconter sa vie devant tout l’équipage (page 25), de « zapper » les 40 dernières années de son histoire personnelle ; il annonce au boucher, qui sanglote de peur (page 34), que le Snark est moins dangereux que le JubJub (animal imaginaire que le boucher et le castor croiront avoir aperçu) ; et, à tous, il annonce que le Snark est reconnaissable par son goût en bouche, par son habitude de se lever tard (il prend son petit-déjeuner à 5 heures de l’après-midi et dine le lendemain), par sa façon qu’il a d’apprécier les bonnes plaisanteries, par son adoration pour les cabines de bains et par son ambition sans bornes. On comprendra aisément que, dans ces conditions, loufoques et délirantes, personne ne puisse trouver le Snark ! Et pourtant, sur l’océan, à en croire Lewis Carroll, il y a plein de créatures dangereuses : le Bandersnatch, volatile au long cou et pourvu de mâchoires, que le banquier (page 51) affrontera en un combat inégal, le Thingumbob (un machin) dont l’équipage entendra le cri, le Boo (un fantôme) et bien d’autres. Le récit se termine dramatiquement par la disparition du boulanger, probablement happé par un Boojum.



Au moment où Lewis Carroll écrit ce récit, Edward Lear jouit d’une très grande vogue, notamment grâce à son « Book of nonsense » : cet ouvrage, dans lequel l’auteur mettait en scène des créatures singulières, a probablement suggéré à Lewis Carroll son idée du Snark. « The Hunting of the Snark » est truffé de mots inventés et de mots-valises (le Snark étant lui-même un mot-valise) ; le bégaiement de Lewis Carroll pourrait être à l’origine de ces mots-valises, la hâte à s’exprimer, combinée au défaut d’élocution, ayant conduit l’auteur alors qu’il n’était encore qu’un enfant à aimer « fondre » deux mots en un seul. Les chapitres sont courts et font référence à chaque personnage du poème. Les situations sont délicieusement cocasses et absurdes (lisez en page 45 l’épisode du cochon qui est jugé pour avoir quitter illégalement son étable).



Et pourtant, il ne s’agit pas d’un poème gai. Lewis Carroll disait, citant une admiratrice qui y voyait une allégorie représentant la recherche du bonheur « Cela tient admirablement à bien des égards – en particulier pour ce qui concerne les cabines de bains : quand les gens sont las de la vie et ne peuvent trouver le bonheur ni dans les villes ni dans les livres, alors ils se ruent vers les plages, afin de voir ce que les cabines de bains pourront faire pour eux ». Le lecteur pourra même ressentir ici ou là une impression de malaise : dans cette parodie du réel, dans cette quête désespérée du bonheur, la chasse tourne mal (puisque le boulanger disparait) et les personnages, frustrés, rentrent bredouilles. Ils ont tous échoué (et l’éducation comme l’origine sociale n’y auront rien fait) car ils n’ont pas réussi à se débarrasser de leurs propres peurs. Ancré dans la tradition populaire britannique, dans un style se situant à mi-chemin entre la berceuse et la comptine pour enfant, maniant habilement l’humour, mixant le réel et la fiction, Lewis Carroll nous conte une odyssée fantastique qui ravira les petits et les grands. Si vous y ajoutez la finesse et la précision des dessins croqués par Tove Jansson, vous avez entre les mains une petite merveille : certes, il faut aimer le non-sens et le fantastique. « The Hunting of the Snark » est l’une des meilleures réussites en vers de Lewis Carroll et l’une de ses œuvres capitales. Lewis Carroll a ouvert la route qu’emprunteront, en France, Roussel, Artaud, Leiris, puis Queneau puis les oulipiens comme Roubaud, Salon, Fournel ou Le Tellier.



A lire ou à relire.
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Alice au pays des merveilles

Avec cette lecture plaisante, j'ai retrouvé de bons souvenirs d'enfance, où mes nuits étaient quelque fois envahit par la présence d'Alice de Disney et son monde imaginaire, je m'attendais à être projeté moi aussi dans un monde imaginaire comme celui d'Alice. C'est avec plaisir que j'ai retrouvé cette version de Lewis Caroll, le monde qu'il nous décrit n'est pas aussi étourdit qu'on peut le penser, c'est tout un ensemble de petites pensées, de petites réflexions sur la relation avec autrui. Un monde dans lequel on se laisse embarquer tout doucement. Un monde qui caricature le despotisme, la trahison ou encore l'amour, et pourquoi pas une parodie de justice du monde réel, en donnant la voie aux animaux et au jeux de cartes. La découverte d'un nouveau personnage nous livre une portion de ce monde et de son mode de fonctionnement. Et Alice qui n'arrive pas à trouver une bonne partie, quoi qu'elle boive ou qu'elle mange, soit qu'elle grandisse, soit qu'elle se rapetisse. Face à une cruauté ou une injustice, Alice n'arrête pas d'exprimer son écœurement, elle représente en quelque sorte la révolte dans ce monde. Un petit moment agréable!
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Alice au Pays des Merveilles (Illustré)

Alice au pays des merveilles. Tout a déjà été écrit sur l’œuvre majeur de Lewis Caroll, restait cependant à l'illustrer. Défi que relève, haut la plume, Benjamin Lacombe.

La mise en page est géniale, pleine de créativité : certaines pages se déplient en hauteur ou en largeur pour dévoiler des visuels qui évoquent l'univers onirique d'Alice. Les dessins à la fois d'une grande finesse et d'une extrême précision, sont également inquiétants, et nous font sans peine penser à l'univers de Tim Burton.

A la fin de l'ouvrage, nous trouvons quelques bonus liés à la personnalité de Lewis Caroll, des photos de la vraie Alice ainsi que quelques lettres qui ont survécu à l'épreuve du temps et à leur auteur.

Ce livre nous permet de nous replonger dans ce classique avec un autre œil, la lecture est clairement enrichi.

Un très, très, bel objet à avoir dans sa bibliothèque !!
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Alice au pays des merveilles

Charles Dodgson, alias Lewis Carroll, étudia puis travailla à l'université d'Oxford. Il écrivit Alice au pays des merveilles en 1862, d'après une histoire qu'il avait inventée pour Alice Lidell, la fille du doyen. En effet, le bégaiement qui l'handicape grandement devant les adultes disparaissant avec les enfants, il ne se fait d'amis que parmi ceux-ci.

Chacun connait l'histoire d'Alice. La jeune fille tombe dans un terrier en poursuivant le lapin blanc. Elle arrive alors au pays des merveilles et y rencontre une ribambelle d'étranges personnages. L'histoire prend fin lorsqu'elle se réveille, s'étant en fait tout simplement assoupie dans son jardin.



Comme l'indique à juste titre la préface de Jean-Jacques Mayoux (éditions Garnier Flammarion, 1979), les aventures d'Alice sembleront toujours décousue aux petits Français. En effet, les personnages sont tirés d'histoires que l'on racontait aux petits Anglais au XIXème siècle, et soigneusement parodiés. Faute de les connaitre, nous passons fatalement à côté d'une partie de l'oeuvre. Les traductions, si fidèles soient elles, nous font également perdre de nombreux jeux de mots.

Cependant, le roman est très court et plaisant à lire. Je le conseille à qui voudrait un moment de divertissement via la lecture d'un classique !



Challenge ABC 2014/2015

Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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Alice au pays des merveilles

Plus je lis des critiques d'Alice au Pays des Merveilles, plus je suis persuadée de la chance extraordinaire que j'ai eu de lire ce livre avant de voir le dessin animé de Disney et de faire travailler ma propre imagination, sans qu'on m'impose une quelconque vision des personnages et des décors;
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La chasse au Snark - Jabberwocky

Prendriez-vous un appétissant «snark» entre deux lectures plus consistantes? Cela vous dirait de gouter le célèbre menu-valise concocté par chef Gros Oeuf en personne, brouillé lui-même à cette tâche délicatement insensée ?**

**Tout en sachant, bien-sûr, qu'aux fins de cette collation littéraire, y compris même le roi de tous les hommes, voire de tous les chevaux, ne pourra ensuite recoller ce coquin de Gros Coco parlant: pour faire une bonne «omne-lettre», voyez-vous, il faut non seulement pouvoir le retourner dans tous les sens, mais aussi en conserver précieusement les coquilles!

Cela choquerait peut-être votre esprit puriste et rationnel?

Qu'à cela ne tienne, car je vous annonce, et de ma propre veine :



Y'aura aussi du lard et du cochon, ainsi que d'autres réjouissances,

Des mots plein les cartons, quoique la pièce de résistance,

C'est bien le «Snark», une créature bien foutraque!

Pas une «knack»! Surtout pas une saucisse!

Mi-escargot : «snail», mi-requin : «shark»,

ça se mange avec du rosbif, si tant est qu'on le chasse..!



«The hunting of the Snark » – «An Agony in eight fits» (je ne comprends pas pourquoi le sous-titre «Une Agonie en huit crises» ne figure pas dans la page de garde de l'édition française-?-) est composé de 141 quatrains disposés en huit «chants», huit parties dénommées «fits» (dont la traduction «crise» personnellement ne me plaît pas des masses, j'aurais préféré par exemple, toujours dans le sens médical du terme – de «fièvre», de «folie» - le mot pourtant moins connoté d'«accès»).

Le poème décrit le voyage en mer de l'Homme à la Cloche (Bellman) et de son drôle d'équipage, tous en «B» ludiquement habillés ! - un Cireur de souliers (Bootblack), un Avocat (Barrister), un Banquier (Banker), un Castor (Beaver), un Boucher (Butcher), un Boulanger (Baker), etc..- partis donc chasser le Snark, en compagnie et sous les ordres du premier. Exploit, comme on le comprendra vite, non destitué de risques, car la partie est semée d'embûches et ne peut pas être menée d'une manière banale. Tous les moyens y sont d'ailleurs permis :



Chassez-le avec un dé à coudre

chassez-le avec passion

Poursuivez-le avec des fourchettes et de l'espoir

Menacez-le dans sa vie

avec une action de chemin de fer

Charmez-le avec des sourires et du savon !



Les quatrains de l'original ont été remplacés, dans cette traduction-adaptation de l'oulipien Jacques Roubaud publiée par Gallimard en 2010, par des sizains dont la disposition graphique «centrée», en milieu de page, recrée en même temps des espacements plus importants entre certains groupes de mots (et que je n'arrive pas à reproduire avec la strophe ci-dessus: la Nature chez Babelio déteste apparemment le vide!!!) ) , invitant, me semble-t-il, à pratiquer une lecture à haute-voix et sur un rythme proche des «limericks» britanniques, c'est-à-dire avec cette scansion si typique, so british, et son accentuation marquée sur certaines syllabes à l'intérieur de chaque vers. Ou pour dire les choses autrement, comme si ceux-ci étaient lus avec cette élocution saccadée, particulière, au charme tout à fait exquis, propre à la délicieuse Fanny Ardant…



Faut-il chercher un sens ou pas au nonsense? Aragon, l'un des plus fervents admirateurs de l'oeuvre de Lewis Carroll, auteur également d'une des nombreuses versions françaises du poème, rappelait «la nécessité de traduire même le non-sens». Elémentaire, cher Aragonson! Car, autant pour les traducteurs que pour ses lecteurs, pratiquer le chasse au Snark devrait relever, avant tout essai moche et simplificateur de compréhension, d'un cheminement glissoire, d'un effort d'élision volontaire et d'illusion nécessaire : le sens ultime de cette fable n'est surtout pas à figer, à tirer par les cornes, mais plutôt à laisser courir, à juste affleurer, sans s'exgraber, sans galumpher d'impatience et, complètement exaspéré, finir par s'écrier : «Fudge!».

Sens of humour, humeur des sens… ! La raison pure, cette vieille mémé tyrannique à binocles, n'a rien à y faire !! Il faut d'ailleurs bien la prévenir à l'avance qu'à force de vouloir à tout prix s'y mêler, et à tout y démêler, elle risque une bonne déculottée et, qui plus est, à l'image du Boulanger, de «s'évanouir» complètement en fin de partie. Car à force de vouloir capturer coûte que coûte le snark, c'est au dangereux boojum auquel on devra peut-être faire face. Circonscrivez et ligotez le snark…voici le boojum qui revient au galop!



Le rapport entre les mots et le sens auquel ces derniers renvoient pose bien de questions: de Platon à Saussure, la justesse et la rationalité du langage semblent difficiles à établir de manière catégorique par la pensée, elle-même par ailleurs, selon Snark Lacan, «structurée comme un langage»! On ne s'en sort pas. On dirait qu'on tourne tout le temps en boucle ! Avec le langage - bon sang !, nous ne ferions en fin de compte que danser la Capucine : il faut toujours aller en chercher chez la voisine…Circulez!

Les mots ne seraient alors rien d'autre que des conventions aléatoires ? Quoi qu'il en soit, et n'en déplaise à la logique courante, le nonsense dont M. Carroll, malgré son talent naturel pour les mathématiques (ou grâce à dernier..?!), fut l'un des plus émérites précurseurs, a de tous temps exercé une fascination inébranlable sur l'esprit humain : des incantations primitives par l'intervention de formules et de mots étrangers à la langue ordinaire, aux «nursery-rhymes» et autres comptines, où le rythme sautillant prime sur le sens, la conscience éprouve un plaisir particulier à se dépouiller des faux habits et de la fausse rationalité du langage, de son impuissance à pénétrer le mystère insondable des choses: le roi est nu !On s'en réjouit en dansant autour de l'immense puits sans fond du réel!

Chasser le Snark, serait-il ainsi une image de cette quête impossible, d'un sens à la vie et à tout ce qui existe, que la combinatoire arbitraire du langage se révèle incapable d'arrêter d'une fois pour toutes ? À l'aide de ce dernier, en tout et pour tout, on ne peut que l'entrevoir, ce sens , «le poursuivre avec des fourchettes et de l'espoir, «le charmer avec des sourires et du savon» : le sens se faufile, nous échappe sans cesse et…c'est peut-être tant mieux ! Parce qu'au bout du compte, dès qu'on estime l'avoir enfin cerné, figé, c'est face à face avec l'innommable boojum de la folie qu'on risque de se retrouver, le jugement secoué d'un spasme, la raison elle-même capturée, «évanouie» telle le Boulanger sur son tertre échu. Certains mystiques, et les fous connaissent bien cette chanson!



Au milieu du mot

qu'il essayait de dire

Entre sa joie et son rire fou

Il s'était doucement

et soudainement évanoui

Car ce Snark était un boojum voyez-vous





Enfin, si jamais, au terme de ce copieux snack, on se sent encore d'appétit, il ne faudrait surtout pas manquer les savoureuses mignardises proposées en dessert : onze mots-valise provenant de la première strophe du Jabberwocky, dans huit traductions françaises différentes, commentées ici par le linguiste Bernard Cerquiglini. Cet exercice ludique, brillant d'érudition, proposé autour d'un texte qui constitue «le rêve et le cauchemar» absolus de tout traducteur digne de ce nom, permettra entre autres, et si l'on veut bien, de composer une version, sa version «customisée» de la célèbre strophe, à partir des différentes propositions de traduction répertoriées (un peu comme dans ces vieux jeux d'habillage de poupée en carton, comportant des accessoires multiples et au choix, que j'avoue, en l'occurrence, avoir un tout petit peu redécoupés sur les bords) . Voici ma version :



Il brilgue, et lubricilleux les toves *

Gyraient et sur la plade gamblaient **

Tout chétristes étaient les borogoves ***

Les verchons fourgus bourniflaient ****



*(F. Warrin, 1935)

** (A. Bay, 1975)

*** (J. Brunius, 1944)

**** (H. Parisot, 1946)



Plein d'étoiles donc, et avec le sourire, pour cette salutaire cure de désintoxication langagière, à renouveler régulièrement chaque hiver..!

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